Alors les grandes paroles silencieuses vinrent; le grand message fut envoyé d’un continent à l’autre par-dessus l’océan.
La grande nouvelle chemina toute cette nuit-là au-dessus des eaux par des questions et des réponses.
Rien pourtant ne fut entendu.
Les grandes paroles invisibles allaient et se croisaient, qui intéressaient tous les hommes; cependant aucun d’eux ne les entendit, qui étaient dessous, sur la mer, qui étaient dessous, sur la terre – quand elles vinrent, et elles venaient encore, mais rien dans le ciel ne changea.
Les grandes paroles passèrent non vues, ne troublant rien dans l’air au-dessus des vaisseaux chargés de marchandises et des transatlantiques blancs, dans un ciel seulement remarqué à cause de ses étoiles plus grandes qu’elles n’avaient jamais été encore, – et, au-dessus de la houle du large, elles passèrent dans un complet silence.
Une certaine nuit, ces mots, puis telles questions posées et la réponse à ces questions; – alors tout va tellement changer pour tous les hommes, qu’ils ne se reconnaîtront plus eux-mêmes, mais en attendant rien ne change; tout reste si tranquille, si extraordinairement tranquille sur les eaux, avec une aube qui se lève et devant sa belle couleur blanche fume la cheminée d’un grand navire qu’on ne voit pas.
Aujourd’hui comme toujours et comme si c’était pour toujours, – et il y a seulement que les grandes paroles invisibles ont été prononcées, communiquant le résultat de longs calculs et de minutieuses recherches: la terre qui retombe au soleil.
Par un accident survenu dans le système de la gravitation, rapidement la terre retombre au soleil et tend à lui pour s’y refondre.
Alors toute vie va finir. Il y aura une chaleur croissante. Elle sera insupportable à tout ce qui vit. Il y aura une chaleur croissante et rapidement tout mourra. Et néanmoins rien encore ne se voit.
Rien encore ne s’entend; silence partout et puis silence. Le message lui-même à présent s’est tu. Ce qui devait être dit l’a été; silence.
Le matin est venu sur la mer où le navire va remontant vers l’horizon la grande pente faite de beaucoup de petites pentes, auxquelles il s’attaque successivement comme la fourmi aux ornières.