Domaine allemand
Parution Déc 2009
ISBN 978-2-88182-660-3
208 pages
Format: 143x210mm
Épuisé

Traduit de l'allemand par Marion Graf

Domaine allemand
Disponible

Traduit de l'allemand par Marion Graf

Poche
Parution Juin 2020
ISBN 978-2-88927-775-9
224 pages
Format: 105 x 165 mm
Disponible

Traduit de l'allemand par Marion Graf
Postface: Peter Utz

Robert Walser

Petite Prose

Domaine allemand
Parution Déc 2009
ISBN 978-2-88182-660-3
208 pages
Format: 143x210mm

Traduit de l'allemand par Marion Graf

Domaine allemand

Traduit de l'allemand par Marion Graf

Domaine allemand
Parution Juin 2020
ISBN 978-2-88927-775-9
224 pages
Format: 105 x 165 mm

Traduit de l'allemand par Marion Graf

Résumé

Publié en 1917, Petite Prose illustre de manière exemplaire cette période charnière de la vie de Robert Walser que sont les années biennoises, après Berlin et avant Berne. Dans ces vingt et un textes, Walser explore avec jubilation tous les registres de la prose brève. Mêlant l’autobiographie et la fiction, il alterne la satire mordante et une vibrante méditation sur le néant. Pour Pierre Deshusses, « Walser cisèle l’abrupt et ce recueil nous le prouve une fois de plus » (Le Monde).

 

Auteur

Robert Walser

Entre l’homme exemplaire qui a passé 23 ans interné à Herisau à ne s’occuper que de remplir strictement les tâches imposées, tel un moine, en ne se permettant que la promenade, les jours de congé, et le rebelle qui a dit «personne n’a le droit d’en savoir sur moi plus que moi-même», il y a la force d’un écrivain qui fait un avec son narrateur et son héros; qui se connaît lui-même mais ne s’adaptera jamais au monde social; qu’un rien surprend, quand il cherche un sujet partout dans une pièce, sous le lit et ailleurs, et qu’il s’exclame soudain devant le plus banal objet sous ses yeux, un parapluie défraîchi accroché à un vieux clou : voilà le sujet le plus admirable ! On ne peut que l’aimer à le suivre dans ses textes longs ou ses petites proses. On a envie de le voir joué au théâtre, d’en faire sa lecture quotidienne. Sa modernité tient certainement à la quantité de courts textes qui peuvent être lus rapidement, et à ses thèmes qui parlent à chacun.

Dans les médias

« Grand écrivain de langue allemande, [Robert Walser] atteint le sommet de son art avec sa petite prose. Une langue simple et précise qui nous emmène vagabonder le long des lacs du Seeland, dans l'insoutenable légèreté de La petite prose et sur Le Territoire du crayon où se lisent toutes les illusions perdues du poète. Comme l’oiseau fait son nid, petit à petit, les mots choisis de Robert Walser déploient leur grandeur modeste. Le long de cette broderie de belles-lettres, le plaisir se fait dentelle. »

« Faites-vous plaisir, entrez dans le petit monde de Walser, adoptez-le, il vous fera voir le vôtre d’une autre façon. »
Une chronique de Noé Gaillard à lire en entier ici

« La plume de Robert Walser se promène au gré  des chemins avec ou sans bifurcation, à la limite de l’absurde, de la parodie, avec une manière singulière de jongler avec les mots. Tout est raffinement chez lui, tout est ironie. Les bonnes questions, insiste Robert Walser, sont toujours absurdes pour la plupart alors qu’il est inévitable qu’on puisse être stupéfait devant des objets qui ne parlent pas. Sa galerie de portraits est étonnante, elle ébranle les certitudes, s’élève contre la cohérence qui nous empêche de musarder. « La vie est pour moi une salle à manger où je suis seul à table ». Il est temps de s’investir dans cette œuvre déroutante qui nous oblige à renouveler notre regard. » Alfred Eibel

« Paru en 1917, le recueil Petite Prose livre toutes les facettes et l’immense talent de Robert Walser. Écrit au début des années biennoises de l’écrivain, le lecteur découvrira au travers de proses brèves, vingt et un textes précisément, une galerie de savoureux portraits alliant tout à la fois fiction et réalité, imaginaire et éléments autobiographiques, réflexions méditatives et cette ironie ou dérision qu’aimait tant également manier l’écrivain suisse. S’enchainent alors une virtuose et vivante variation de surprises, d’étonnements et d’éblouissements. L’écriture de Walser y danse selon une chorégraphie littéraire personnelle sans limites. « Petite Prose » révèle, en effet, tout le talent littéraire de Walser alternant les rythmes et les styles, de la phrase courte aux accélérations intempestives. » L.B.K.

Extrait

Basta

Je suis né à telle et telle date, j’ai grandi à tel et tel endroit, j’ai fréquenté l’école comme il se doit, je suis ceci et cela et m’appelle tel et tel, et je ne réfléchis pas beaucoup. Rapport au sexe je suis un homme, rapport à l’Etat, je suis un bon citoyen et pour ce qui est du rang, j’appartiens à la bonne société. Je suis un membre propret, tranquille et sympathique de la société humaine, ce qu’on appelle un bon citoyen, j’aime boire ma bière avec raison et je ne pense pas beaucoup. Évidemment, j’aime surtout bien manger, et tout aussi évidemment, je suis loin d’avoir des idées. Loin de moi toute réflexion pointue; loin de moi d’avoir des idées, et c’est pour cela je suis un bon citoyen, car un bon citoyen ne réfléchit pas beaucoup. Un bon citoyen mange sa soupe, et basta !

Je ne me creuse pas spécialement la tête, je laisse cela à d’autres. Qui se creuse la tête se rend désagréable; qui pense beaucoup passe pour un homme peu commode. Jules César déjà pointait son doigt dodu sur le maigre Cassius aux yeux caves, il le craignait parce qu’il devinait qu’il avait des idées. Un bon citoyen ne doit inspirer ni crainte ni soupçon ; réfléchir beaucoup n’est pas son affaire. Qui pense beaucoup se rend désagréable, et il est absolument inutile de se rendre désagréable. Mieux vaut ronfler et dormir qu’écrire et réfléchir. Je suis né à telle et telle date, suis allé à l’école à tel et tel endroit, je lis à l’occasion tel et tel journal, j’exerce tel et tel métier, j’ai tel et tel âge, je semble être un bon citoyen et je semble aimer surtout bien manger. Je ne me creuse pas particulièrement la tête, car je laisse cela aux autres. Cela n’est pas mon fort, de beaucoup me casser la tête, car qui réfléchit beaucoup attrape mal à la tête, et avoir mal à la tête est absolument inutile. Mieux vaut dormir et ronfler que se casser la tête, et un verre de bière bu avec raison vaut mieux qu’écrire et réfléchir. Je suis très loin d’avoir des idées, et ma tête, je ne veux me la casser sous aucun prétexte, je laisse cela à des chefs d’État en chef. Voilà pourquoi je suis un bon citoyen, c’est pour avoir la paix, pour ne pas avoir à me creuser la tête, pour être loin d’avoir des idées et pour ne pas devoir craindre anxieusement de trop réfléchir. J’ai peur des réflexions pointues. Quand j’essaie de faire une réflexion pointue, je vois trente-six chandelles. Je préfère prendre un bon verre de bière et laisser toutes les réflexions pointues aux chefs d’Etats en chef. Pour moi, les hommes d’Etats peuvent faire toutes les réflexions pointues qu’il veulent, et jusqu’à ce qu’ils en aient la tête cassée. Moi, je vois trente-six chandelles quand je me creuse la tête, et ce n’est pas bien, et pour cette raison, j’évite le plus possible de faire travailler ma tête et je reste bien gentiment distrait et étourdi. Tant que les chefs d’Etat en chef sont les seuls à se creuser la tête jusqu’à voir trente-six chandelles et que leur tête explose, tout va bien, et nous autres, nous pouvons paisiblement boire notre bière avec raison, aimer surtout manger bien, et dormir et ronfler paisiblement pendant la nuit, en admettant que ronfler et dormir valent mieux que se creuser la tête et mieux qu’écrire et réfléchir. Qui se creuse la tête ne fait que se rendre désagréable, et qui affiche des intentions et des opinions passe pour un homme peu commode, or un bon citoyen ne doit pas être un homme peu commode, mais un homme commode. J’abandonne en toute sérénité les réflexions pointues et les casse-tête aux chefs d’État en chef, car nous autres ne sommes qu’un membre solide et insignifiant de la société humaine, et un soi-disant bon citoyen, ou petit-bourgeois, qui aime boire son verre de bière avec raison et manger sa nourriture aussi bonne, grasse et correcte que possible, et basta !

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