Domaine allemand
Parution Oct 2015
ISBN 978-2-88182-957-4
272 pages
Format: 140 x 210 mm
Disponible

Traduit de l'allemand par Marion Graf

Domaine allemand
Disponible

Traduit de l'allemand par Marion Graf

Robert Walser

L’Enfant du bonheur

Domaine allemand
Parution Oct 2015
ISBN 978-2-88182-957-4
272 pages
Format: 140 x 210 mm

Traduit de l'allemand par Marion Graf

Domaine allemand

Traduit de l'allemand par Marion Graf

Résumé

Après ses Lettres, les Editions Zoé traduisent les proses de Walser parues dans le Berliner Tageblatt. Les quatre premiers textes (1907-1908) correspondent au genre prisé du jeune Walser : la composition. Ils font entendre la voix d’un écrivain déjà profondément singulier. Tous les autres, soixante-huit, sont écrits entre 1925 et 1933, spécialement destinés à ce quotidien berlinois au moment où Walser est à la tête d’une véritable entreprise de feuilletoniste pour les journaux de Suisse, d’Autriche, d’Allemagne et de Prague. Ils abondent en digressions, excentricités lexicales, rouerie langagière pour traiter les sujets du temps, nationalismes, émancipation de la femme, automobile, opéra, cinéma et littérature. Sa vitalité aiguise le sens du paradoxe et sape brillamment l’échelle des valeurs en cours.

 

Auteur

Robert Walser

Entre l’homme exemplaire qui a passé 23 ans interné à Herisau à ne s’occuper que de remplir strictement les tâches imposées, tel un moine, en ne se permettant que la promenade, les jours de congé, et le rebelle qui a dit «personne n’a le droit d’en savoir sur moi plus que moi-même», il y a la force d’un écrivain qui fait un avec son narrateur et son héros; qui se connaît lui-même mais ne s’adaptera jamais au monde social; qu’un rien surprend, quand il cherche un sujet partout dans une pièce, sous le lit et ailleurs, et qu’il s’exclame soudain devant le plus banal objet sous ses yeux, un parapluie défraîchi accroché à un vieux clou : voilà le sujet le plus admirable ! On ne peut que l’aimer à le suivre dans ses textes longs ou ses petites proses. On a envie de le voir joué au théâtre, d’en faire sa lecture quotidienne. Sa modernité tient certainement à la quantité de courts textes qui peuvent être lus rapidement, et à ses thèmes qui parlent à chacun.

Dans les médias

Encore quelques tours de valse avec Robert Walser

« Kafka, lorsqu’il ouvrait la “ Neue Rundschau ”, se jetait sur les petites proses de Robert Walser comme un toxicomane sur sa dose. On le comprend : elles sont étranges, ensorcelantes, délicieusement addictives. “ L’enfant du bonheur ” réunit celles que l’écrivain biennois avait publiées dans le Berliner Tageblatt entre 1907 et 1933. Certaines de ces proses figuraient déjà dans “ Nouvelles du jour ” ou “ Retour dans la neige ”. Les voici désormais au complet, unifiées par la traduction de Marion Graf.

Les genres se mêlent : spéculations, récits, paraboles, dialogues, portraits, réflexions littéraires… Et c’est souvent tout cela à la fois, dans un mouvement tourbillonnaire où fusionnent la vie intérieure et les réalités du monde. Son nom évoque la valse ; Walser et un écrivain qui danse sur une musique indistinctement triste et gaie, inquiète et rêveuse.

“ L’enfant du bonheur ” est un titre par antiphrase. Robert Walser semble au contraire n’avoir jamais guéri des blessures de son enfance qui lui ont été infligées par un père inconsistant et une mère colérique. Créant l’étrangeté de ces textes, le sentiment de ne pas avoir sa place au monde se diffracte en une multitude d’attitudes paradoxales. On dirait un extravagant qui chercherait à se rendre invisible. Un dissimulateur qui parlerait de sincérité. Un indigné qui voudrait toujours donner raison à ses semblables. Un derviche tourneur qui aspirerait à l’immobilité…

On songe à Fernando Pessoa qui disait : “ Je ne suis personne. ” Comme l’écrivain portugais aux nombreux hétéronymes, Robert Walser a été hanté par l’idée de n’être rien. A partir de 1929, il s’efface derrière les murs de l’institution psychiatrique. Le jour de Noël 1956, il quitte la clinique d’Herisau pour une promenade dans la nature. Son corps sera retrouvé sous la neige qui l’avait recouvert. Comme une page blanche. »

Michel Audétat

« (…) Dans ses proses où s’illustre de façon délicieuse l’art de dire “en passant”, l’enfant de Bienne allie l’humilité du petit à la perspicacité, jamais ostensible mais volontiers ironique, du lettré. Car Walser est un lecteur boulimique, qui ne dresse pas de hiérarchie entre le grand classique français et le roman sentimental à trente centimes accessible en kiosque. (…) Walser brode son motif avec une joyeuseté pensante, jamais à court de détours et de rebonds. (…) Ailleurs, il module d’une écriture plus heurtée, scandée par les points virgules et les propositions sans liens logiques entre elles, pour nous faire éprouver le rythme des rencontres généré par Un voyage en automobile. (…)  Tel est Walser, surgissant et joueur, évanescent et percutant, aux antipodes de la grandiloquence des discours qui suivirent la Première Guerre mondiale. (…) »

Maxime Maillard

« (…) Faisant feu de tout bois, Walser brode son motif avec une joyeuseté pensante, jamais à court de détours et de rebonds. Là, il improvise sur le thème “La faiblesse peut-être une force”, jouant de l’antithèse comme d’un pipo enchanteur, avant d’interrompre le flot de son propos : “Ici, mon esprit poétisant fait une petite pause, car je suis pris de doute sur la façon de poursuivre.” Avant d’ajouter, quasi bouffonnement : “Déesse de l’art du récit, viens à mon aide !”

Surgissant et joueur, évanescent et percutant, aux antipodes de la grandiloquence des discours qui suivirent la Première Guerre mondiale, Walser préfère la menotte d’une sommelière souriante à l’emphase romanesque de son temps, l’autodérision plutôt que l’inspiration romantique. Convaincu que l’inactuel sommeille en puissance dans l’actuel, et qu’il n’y a ni bon ni mauvais sujet, il se promène, en habitant souverain de son royaume de signes, modelant au passage une fable, un propos, une chose vue. Une petite prose. »

Maxime Maillard

« Robert Walser (1878-1956) écrit comme joue un enfant. Un “ enfant du bonheur ”, pour reprendre le titre de ce recueil. “Comme mes mots bondissent devant moi !” Il y a une forme de légèreté virevoltante dans ces écrits publiés par le quotidien Berliner Tageblatt entre 1907 et 1933. (…) Loin d’être le doux rêveur que l’on imagine parfois, il porte une grande attention à l’actualité. Les textes rassemblés ici par ordre chronologique évoquent des faits divers, des films, des opéras, les femmes, les saisons, mais aussi l’atmosphère politique et sociale dans cette Europe de l’entre-deux-guerres. Toujours avec l’air de ne pas y toucher. Savoureux. »

Pierre Deshusses

« (…) Les proses de l’Enfant du bonheur rendent compte d’un vagabondage absolu propre à Walser, à sa manière d’être affermi par la songerie. »

Mathieu Lindon

« (…) Ce qui étonne au fil de la lecture des ces chroniques aux sujets anodins – la lecture d'un roman au titre rarement cité, une promenade, la description d'un lieu, d'un homme ou d'une femme, une lettre, vraie ou fictive, adressée à une connaissance –, c'est la liberté que se donne l'écrivain dans le choix de ses thématiques et dans la manière dont il les traite, et celle que lui accorde la rédaction du journal en publiant ce feuilleton qui n'en est pas vraiment un, n'abordant que très rarement des sujets d'actualité, donnant plutôt à voir la volatilié de l'esprit de l'auteur, sa capacité à changer brusquement de ton, reconnaissant que tout cela parfois  »sonne un peu drôle, un peu fantastique« , avouant qu'il n'hésite pas à  »pousser les impressions vers la bizarrerie« .

Affranchi des règles, Robert Walser construit ainsi son laboratoire qui devient œuvre, confessant au détour d'une phrase qui semble légère à la première lecture ce qui peut apparaître en définitive comme le moteur et le sens de toute écriture:  »Ce que j'ai réussi à formuler ne me pèse pas, du moment que j'oublie aussitôt tout ce qu'il m'arrive d'écrire.«  Ne s'encombrant pas la mémoire d'un projet qui deviendrait tout à la fois chaîne et boulet, ni des formes narratives traditionnelles qui elles ausse pourraient se révéler asphyxiantes, l'écrivain avance dans le texte comme dans un pays, faisant de la promenade le principe de toute création, juxtaposant la page et le paysage, qu'il soit mental ou réel. » Philippe Claudel

« L'œuvre de l'écrivain suisse de langue allemande Robert Walser (1878-1956) offre une expérience de lecture singulière, unique. À chaque nouveau livre traduit – et les éditions genevoises Zoé accomplissent en ce domaine un très remaquable travail – cette singularité se creuse, s'approfondit. Jusqu'au vertige. Un vertige qui n'est pas suscité par le merveilleux ou l'étrange, mais qui naît, pour ainsi dire, de l'ordinaire et de la banalité des situations directes et données pour vécues, notamment, d'une manière privilégiée, dans les textes courts. Une banalité revisitée par l'écriture à la fois rêveuse, vagabonde et scrupuleuse, presque maniaque, de l'écrivain. (…)

L'insolente originalité de ces proses [celles contenues dans L'Enfant du bonheur], leur caractère toujours parfaitement inattendu, la fantaisie débridée et pourtant maîtrisée de leur propos, laissent rêveur sur la liberté qui régnait alors dans la presse… (…) » Patrick Kéchichian

 

« … Tout en nuances, en tours extravagants, en notations lucides, parfois saugrenues, toujours imprévisibles… » Francis Wybrands

Lire l'article en entier sur:

https://www.revue-etudes.com/archive/article.php?code=17438

« …Bienheureux Walser, mélancolique, miné de tristesse, nostalgique de ce qui n’aura jamais été, animé d’une joie d’être sans limites. Soixante-douze feuilletons parus dans le Berliner Tageblatt, de 1907 à 1933, composent ce recueil. (…) » Francis Wybrands

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« […] La plume, alerte, élégante, fluide, révèle un art très sûr de l’air du temps et des atmosphères d’une époque riche, à l’heure du charleston et autres bas-bleus de ce temps. […] » Philippe Leuckx

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