Im Bureau
Der Mond blickt zu uns hinein,
er sieht mich als armen Kommis
schmachten unter dem strengen Blick
meines Prinzipals.
Ich kratze verlegen am Hals.
Dauernden Lebenssonnenschein
kannte ich noch nie.
Mangel ist mein Geschick ;
kratzen zu müssen am Hals
unter dem Blick des Prinzipals.
Der Mond ist die Wunde der Nacht,
Blutstropfen sind alle Sterne.
Ob ich dem blühenden Glück auch ferne,
ich bin dafür bescheiden gemacht.
Der Mond ist die Wunde der Nacht.
Au bureau
La lune jette sur nous un regard,
elle me voit, pauvre commis,
dépérir sous l’oeil sévère
de mon patron.
Je me gratte le cou, confus.
Jamais je n’ai connu dans la vie
de soleil durable.
Le manque est mon destin ;
ainsi que devoir me gratter le cou
sous l’oeil du patron.
La lune est la blessure de la nuit,
les étoiles sont des gouttes de sang.
Même éloigné du bonheur florissant,
à modestie, du moins, suis réduit.
La lune est la blessure de la nuit.
Langezeit
Ich tu mir Zwang,
zu scherzen und lachen.
Was soll ich machen,
die Zeit ist lang.
Gewohnten Gang,
im müden Herzen,
gehn alte Schmerzen,
die Zeit ist lang.
Ich muss den Hang,
zu weinen, bezwingen,
nebst andern Dingen,
die Zeit ist lang.
Langueur
Je me contrains
à rire et à plaisanter.
Que dois-je faire,
le temps est long.
Suivent leur cours
de vieilles peines
dans mon coeur las,
le temps est long.
Ce goût des pleurs,
je dois le vaincre
entre autres choses,
le temps est long.
Morgenstern
Ich mache das Fenster auf,
es ist dunkle Morgenhelle.
Das Schneien hörte schon auf,
ein grosser Stern ist an seiner Stelle.
Der Stern, der Stern
ist wunderbar schön.
Weiss von Schnee ist die Fern’,
weiss von Schnee alle Höhn.
Heilige, frische
Morgenruh in der Welt.
Jeder Laut deutlich fällt ;
Die Dächer glänzen wie Kindertische.
So still und weiss :
Eine grosse schöne Einöde,
deren kalte Stille jede
Äusserung stört ; in mir brennt’s heiss.
Étoile du matin
J’ouvre la fenêtre
sur la sombre clarté du matin.
La neige a cessé de tomber,
une grande étoile est à sa place.
L’étoile, l’étoile
est merveilleusement belle.
Blanc de neige, le lointain,
blancs de neige, les sommets.
Sainte, fraîche
paix du matin dans le monde,
chaque bruit tombe, distinct ;
les toits brillent comme des tables d’enfants.
Tant de silence et de blanc :
vastes et belles solitudes
où chaque parole trouble
le froid silence ; en moi, quel feu !
Helle
Graue Tage, wo die Sonne
sich wie eine blasse Nonne
hat gebärdet, sind nun hin.
Blauer Tag steht blau da oben,
eine Welt ist frei erhoben,
Sonn’ und Sterne blitzen drin.
Alles das vollzog sich stille,
ohne Lärm, als grosser Wille,
der nicht Federlesens macht.
Lächelnd öffnet sich das Wunder,
nicht Raketen und nicht Zunder
Braucht’s dazu, nur klare Nacht.
Clarté
Les jours gris où le soleil
prenait des airs
de nonne pâle sont passés.
Jour bleu, tout bleu là-haut,
un monde flotte librement,
soleil, étoiles y étincellent.
Tout s’est accompli en douceur,
en silence, en un vouloir immense
qui ne fait pas d’histoires.
Miracle éclos dans un sourire,
ni fusées, ni amadou,
il a suffi d’une nuit claire.