Le garçon qui a écrit ces rédactions est mort peu après sa sortie de l’école. J’ai eu quelque peine à obtenir de sa mère, une dame charmante et digne de respect, de me les confier afin qu’elles soient publiées. Elle tenait beaucoup, comme on peut bien le comprendre, à ce cahier qui est pour elle un souvenir tendrement douloureux de son fils. Il fallut l’assurance, de mon côté, que je n’y apporterais aucun changement, que je publierais ces rédactions telles que Fritz les avait écrites, pour qu’elle se décidât à me les remettre. Elles pourront paraître très peu enfantines à beaucoup d’endroits, et à d’autres, non moins nombreux, trop enfantines. Mais qu’on veuille bien se dire que rien n’y a été changé de ma main. Un petit garçon peut dire des choses très sages et presque au même moment des choses un peu folles: comme dans ces rédactions. Je pris congé de la mère en la remerciant aussi aimablement que je pus. Elle m’a confié beaucoup de détails touchant la vie de son fils, et ils s’accordent merveilleusement avec les traits qui transparaissent dans ces travaux d’écolier. Il est mort tôt, ce rieur si gai et si sérieux. Ses yeux, que je me représente immenses et brillants, n’auront rien vu du grand monde qu’il désirait tant découvrir. Ils auront eu au moins le don de rester grands ouverts dans le petit qui était le sien, et je suis sûr que le lecteur qui lira ces rédactions ne me contredira pas. Adieu, petit garçon. Adieu, lecteur.