L’Europe n’a plus conscience d’être une civilisation. Au nom de ses crimes anciens, elle a renié le meilleur d’elle-même. Mais en ce début de XXIe siècle, elle n’a plus rien à renier parce qu’elle a tout oublié. Appauvrie et démunie, elle veut être bien avec tous ses voisins, proches et lointains. Elle veut surtout faire le Bien : nos artistes, nos politiques, nos médias, et jusqu’à notre langage, sont maniaques de la vertu.
Hélas, c’est la vertu des faibles. Notre Bien est peureux, négatif, superficiel, et surtout il est vide. Et si, au lieu de vouloir être bons, nous essayions d’être nous-mêmes ? Et si, face aux grandeurs des autres civilisations, nous songions à notre grandeur propre, qui n’est pas de chercher la perfection, mais de nous vouloir perfectibles, et de chercher le bien sans jamais quitter des yeux la beauté ni la vérité ?