Notre Europe angoissée et désenchantée rejette ses propres valeurs : les Lumières seraient une immense erreur ; l’espoir de changer le monde serait vain pour toujours, l’Histoire serait finie, et la science nuisible. On prétend donc donner à la raison son congé. Retour du religieux ? Non : ressac de la superstition.
Or bafouer ainsi toute pensée rationnelle et raisonnable, fût-ce au nom du coeur, c’est laisser libre carrière à la barbarie : le fanatisme, religieux ou non, se nourrit de nos peurs et de nos paresses d’esprit. Car la raison, que l’on prétend aujourd’hui mépriser, est beaucoup plus que la raison. Elle est désir de faire la lumière sur l’oppression, l’hypocrisie, le jeu des intérêts, les violences commises au nom de la religion. La raison dénonce et débusque l’inhumain. Et le progrès n’est l’affaire de la science, encore moins de la technique : c’est l’affaire de la conscience.