Poche
Parution Mai 2023
ISBN 978-2-88907-043-5
112 pages
Format: 105 x 165 mm
Disponible

Préface de Christine Le Quellec Cottier

Blaise Cendrars

J’ai tué, suivi de J’ai saigné

Zoé Poche
Parution Mai 2023
ISBN 978-2-88907-043-5
112 pages
Format: 105 x 165 mm

Préface de Christine Le Quellec Cottier

Résumé

Dans J’ai tué (1918), prose poétique vertigineuse, Cendrars relate l’assaut d’une tranchée qui le conduit à poignarder un soldat allemand ; dans J’ai saigné (1938), il raconte la perte de son bras droit et sa convalescence aux côtés des autres blessés de guerre.
Réunies ici en diptyque, deux nouvelles sur la douleur et la perte, la résilience et la guérison.

Première édition poche en 2015

 

Auteur

Blaise Cendrars

Blaise Cendrars (1887-1961) est une figure majeure de la littérature francophone du XXe siècle. Poète, romancier, journaliste, il a parcouru le monde et l’a retranscrit en une langue puissante et novatrice. Son expérience en tant que soldat français lors de la Première Guerre mondiale, durant laquelle il perd sa main d’écriture, a nourri une grande partie de son œuvre. Il a également entretenu une correspondance avec de nombreuses figures intellectuelles et artistiques françaises de l’époque.

Dans les médias

« À l’heure des bruits de bottes parcourant la planète, il faudra redécouvrir aux éditions Zoé ces deux courts textes écrits par le poète et romancier Blaise Cendrars, à partir de son expérience personnelle du premier conflit mondial. Celui qui allait devenir l’un des grands écrivains de langue française du XXe s. n’était encore qu’un jeune homme, né en Suisse, embrassant la cause française en s’engageant volontaire dans cette guerre qui allait submerger toutes les valeurs jusqu’alors établies. Les premières lignes écrites à l’encre de sang décrivent un chaos généralisé dans lequel même la nature semble dépassée par le déchaînement de violence. Puis vient le temps redouté de l’attaque, rien n’est prévisible sinon l’inéluctable. L’absurdité de la guerre se déploie par l’intensité de l’écriture incandescente de Cendrars, bien plus encore que ne saura le faire par la suite le 7e art. (…) Un petit ouvrage à découvrir de toute urgence aux éditions Zoé avec une préface éclairante de Christine Le Quellec Cottier. »

Un article de Philippe-Emmanuel Krautter à lire ici

« (…) sans emphase, de façon simple, rythmée et imagée, avec une rigueur quasi-cinématographique, l’auteur de la Main coupée décrit la montée au front, puis expose son meurtre légal, avant de fustiger l’incommensurable absurdité de l’une des plus grandes boucheries jamais commises au nom de la « nation ». L’histoire du petit berger des Landes dénonce les méfaits de guerres causés par la bêtise, la bureaucratie, la technique ou la servilité hiérarchique. Il faut absolument lire ces deux textes fulgurants : d’abord, parce que leur auteur nous y aide à résister à l’esprit de guerre, hélas, toujours présent, ensuite, parce qu’il nous donne, à plusieurs titres, d’intenses leçons de vie. Cendrars, ce grand artiste intemporel, a vraiment écrit pour les générations futures ! (…) »

« (…) Dans un style rapide et soutenu, l’écrivain mythique pose en quelques mots l’ambiance de ce qui va être un cataclysme incompréhensible et traumatisant pour des millions d’hommes. Un cataclysme dont peu ont eu la lucidité de décrire l’indicible horreur. (…) Loin des clichés convenus ou d’un humanisme benoît, Cendrars apporte une vision réaliste sur la Première Guerre mondiale. (…) » Daniel Bujard

« Bourlingueur, bagarreur, buveur et auteur incontournable de la littérature du XXe siècle, Blaise Cendrars livre dans ces deux nouvelles un récit poignant du conflit. Il y a le choc de donner la mort, raconté en une prose aussi impitoyablement rythmée que le pas des bottes, et il y a la redécouverte d'un corps diminué, rendue plus supportable par la souffrance des autres. Un siècle après leur écriture, ces pages conservent l'odeur du sang et de la poudre. » Clément Grandjean

« Cendrars écrit au scalpel… Il donne une leçon d’anatomie de la guerre avec ces deux textes… et vous remarquerez qu’il est directement concerné mais que son Je s’efface. Comme si la douleur générale anesthésiait la douleur individuelle. Il me semble que nous avons là un de ces livres dignes d’être étudiés autant pour ce qu’ils racontent que pour leur façon de raconter. » Noé Gaillard

« Écrit avec le recul des années, le récit dépasse largement le drame personnel de l’auteur pour rendre hommage à ces anonymes bien plus mal en point que lui, à l’abnégation des infirmières, à la résilience, ou dénoncer l’inhumanité des médecins de guerre. Au-delà du témoignage explose la littérature. » Caroline Rieder

« Le Suisse Blaise Cendrars a combattu dans les tranchées françaises et y a perdu un bras. J'ai tué, écrit à chaud, dans une prose hachée et incantatoire de toute beauté, est une sorte de plan séquence halluciné sur un assaut et l'attente qui l'a précédé. (…)

Le second récit commence lorsque Cendrars se réveille amputé sur un brancard. II enchaîne les scènes avec une sorte de gouaille qui tient l'apitoiement à distance mais pas l'émotion. À l'hôpital, Cendrars souffre, observe, écoute. « Si l’esprit humain a pu concevoir l'infini c'est que la douleur du corps humain est également infinie et que l'horreur elle-même est illimitée et sans fond. » Heureusement, il y a l'infirmière en chef, dont la bonté absolue offre une autre vision de l'infini… » Astrid de Larminat

« L’envie de hurler est omniprésente, de bout en bout de ce livre si court et pourtant si intense, si dense, si bouleversant… La colère, l’injustice qui grondent et qui finissent par totalement nous absorber, ne sont que les réactions instinctives, primitives, face à la bêtise et à la cruauté humaines. Tant de médiocrité, de violence, de luttes de pouvoir, à la recherche qui d’honneur, qui de médaille de toutes sortes. C’est pathétique. D’une tristesse incommensurable…

J’ai lu quantités d’ouvrages traitants de la guerre. Ces deux textes sont pourtant parfaitement uniques, personnels, d’une profondeur et d’une candeur admirables et tendrement dévastatrices. On reste littéralement sans voix et immobile à l’achèvement de cette lecture. Ces deux magnifiques textes forment un témoignage exceptionnel, inoubliable, inestimable. »  Virginie

Coups de cœur

Deux textes percutant autour de la Grande Guerre !

Cendrars et sa plume acerbe nous plonge au cœur de son expérience de soldat à la fois « tueur » et « blessé »

Poignant !

Extrait

Ils viennent. De tous les horizons. Jour et nuit. 1000 trains déversent des hommes et du matériel. Le soir, nous traversons une ville déserte. Dans cette ville, il y a un grand hôtel : moderne, haut et carré. C’est le G.Q.G. Des automobiles à fanion, des caisses d’emballage, une chaise-balançoire de bazar. Des jeunes gens très distingués, en tenue impeccable de chauffeur, causent et fument. Un roman jaune sur le trottoir, une cuvette et une bouteille d’eau de Cologne. Derrière l’hôtel, il y a une petite villa enfouie sous les arbres. On n’en voit pas bien la façade. Une tache blanche. La route passe devant la grille, tourne et longe le mur du parc. On marche soudain sur une profonde litière de paille fraîche qui absorbe le bruit traînard des milliers et des milliers de godillots qui viennent. On n’entend que le frôlement des bras balancés en cadence, le cliquetis d’une baïonnette, d’une gourmette ou le heurt mat d’un bidon. Respiration d’un million d’hommes. Pulsation sourde. Involontairement, chacun se redresse et regarde la maison, la petite maison du généralissime. Une lumière filtre entre les volets disjoints, et dans cette lumière passe et repasse une ombre amorphe. C’est lui. Ayez pitié des insomnies du Grand Chef Responsable qui brandit la table des logarithmes comme une machine à prières. Un calcul de probabilités l’assomme sur place. Silence. Il pleut. Au bout du mur, la paille cesse. L’on tombe et repatauge dans la boue. C’est la nuit noire. Les chants de marche reprennent de plus belle.

 

Catherine a des pieds d’cochon

Les chevilles mal faites

Les genoux cagneux

Le crac moisi

Les seins pourris

 

Voici les routes historiques qui montent au front.

 

À nous les gonzesses

Qu’ont du poil aux fesses

On les reverra

Quand la classe (bis)

On les reverra

Quand la classe reviendra

………………………………

Soldat, fais ton fourbi

Pas vu, pas pris

Mes vieux roustis !

Encore un bicot d’enculé

Dans la cagna de l’adjudant

………………………………

Père Grognon

Descends ton pantalon

Tiens, voilà du boudin (ter)

Pour les Alsaciens, les Suisses et les Lorrains

…………………………………………………………

Pan, pan l’Arbi

Les chacals sont par ici

………………………………

C’était par un soir de printemps

Dans l’extrême-sud une colonne en marche

……………………………………………………

Vlà l’bat’ d’Af’ qui passe

Qui passe et repasse

Sauf les Tonkinois

Qui vont s’la tirer dans trois mois

………………………………

 

Du même auteur

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