Cendrars en toutes lettres
Parution Nov 2017
ISBN 978-2-88927-462-8
752 pages
Format: 140x210 mm
Disponible

Correspondance établie, annotée et présentée par Marie-Paule Berranger

Cendrars en toutes lettres
Disponible

Correspondance établie, annotée et présentée par Marie-Paule Berranger

Blaise Cendrars

Blaise Cendrars – Jacques-Henry Lévesque. 1922-1959. Et maintenant veillez au grain!

Blaise Cendrars

Blaise Cendrars – Jacques-Henry Lévesque. 1922-1959. Et maintenant veillez au grain!

Cendrars en toutes lettres
Parution Nov 2017
ISBN 978-2-88927-462-8
752 pages
Format: 140x210 mm

Correspondance établie, annotée et présentée par Marie-Paule Berranger

Cendrars en toutes lettres

Correspondance établie, annotée et présentée par Marie-Paule Berranger

Résumé

Jamais Blaise Cendrars (1887-1961) ne s’est autant dévoilé, jamais il n’a si précisément découvert ses secrets de composition, ses rythmes d’écriture, ni ses relations avec le monde de l’édition ! Sa correspondance avec Jacques-Henry Lévesque (1899-1971), fils de l’ami comédien Marcel Lévesque, mais surtout secrétaire personnel, confident et essayiste, ouvre le journal de bord de la création. Ces trente-sept ans d’échanges, entre 1922 et 1959, tour à tour amers, drôles et provocateurs, nous introduisent dans un monde tumultueux, traversé d’élans de vie et de prophéties désespérées, d’aspirations mystiques et d’âpres considérations  stratégiques.
La nouvelle édition, entièrement revue et enrichie d’apports essentiels grâce aux fonds d’archives, permet de saisir au plus près l’élaboration à la fois inspirée et minutieusement pesée de chacun des livres de l’auteur. Les matériaux des récits en cours d’élaboration sont  testés sur le destinataire de ces lettres envoyées à Paris ou à New York ; ils reçoivent de ce dialogue épistolaire un nouvel éclairage.
Fidèle lecteur et ami privilégié, Jacques-Henry Lévesque a toujours vu en Cendrars un précurseur de toute avant-garde, en qui la vie et la poésie s’exaltent mutuellement. C’est cette expérience concrète que nous invitent à saisir, au vif de l’humeur marquée par l’histoire, les 740 lettres de Et maintenant veillez au grain !

Auteur

Blaise Cendrars

Blaise Cendrars (1887-1961) est une figure majeure de la littérature francophone du XXe siècle. Poète, romancier, journaliste, il a parcouru le monde et l’a retranscrit en une langue puissante et novatrice. Son expérience en tant que soldat français lors de la Première Guerre mondiale, durant laquelle il perd sa main d’écriture, a nourri une grande partie de son œuvre. Il a également entretenu une correspondance avec de nombreuses figures intellectuelles et artistiques françaises de l’époque.

Dans les médias

« Un fort volume, allant de 1922 à 1959 qui nous permet d'entrer dans les coulisses de la création littéraire, du monde de l'édition, et de suivre le regard [que Cendrars] pose sur ses œuvres passées, avec ici ou là quelques superbes saillies. En juillet 1944, depuis Aix, il écrit [à Lévesque] : « Tout ce qui est du temps est approximatif. L'essence du temps est volatile. » Et c'est ainsi que Cendrars est grand ! » Thierry Clermont

« Cette réédition orchestrée par Marie-Paule Berranger révèle un Blaise Cendrars à plusieurs visages, plus sédentaire qu’aventurier. A la variété de postures correspond une variété de tons : tantôt lyrique (1938), lorsqu’il répond à l’invitation d’une jeune femme de 23 ans qui habite dans la forêt  des Ardennes ; tantôt grave et quasi mystique quand il affirme la vie en ascète de l’écriture à Saint-Segond : « La création est in-fi-nie ». » Maxime Maillard

Extrait

17. [Lettre dactylographiée, sous enveloppe.]

L’Angostura

Avenue de la Marne

Biarritz (Basses-Pyrénées

Le 29 novembre 1929

Mon cher Jacques, je suis bien content des bonnes nouvelles que vous me donnez vous concernant. Vous avez raison, travaillez.

Ce que vous me dites de la jeune littérature est bougrement moche, par contre, s’il est vrai qu’il y a un nouvel appel d’Orient. À une époque où la poésie a pris, par exemple, le visage de la Réclame. La Publicité est le fait nouveau. C’est un art, qui a son langage, son architecture (connaissez-vous le nouveau garage Marbœuf ?), sa sculpture (les mannequins de la maison Siegel), sa peinture (Cassandre) et une matière formidable : le Néon ou la vapeur de mercure, sa terminologie (quand on vous dit merde, traduisez : serviette-éponge), un million de machines travaillent pour lui, typo, lino, hélio, off-set, des ouvriers, des spécialistes, des vendeurs, des agents dont c’est le nouvel évangile et comme public le monde entier, et simultanément! Le jeune télégraphiste dont le navire est en train de couler au large des Sandwich entend encore, entre deux S.O.S., la tour Eiffel qui lui conseille de porter des sous-vêtements du docteur Rasurel ! Devant un pareil fourbi que voulez-vous que devienne la PPPEIIIINTUUUURE PUUUUUUURE, la POOOOEEEE-IE PUUUUUUUUUURE, sinon un petit jeu pour pédérastes mondains, ou une curiosité ethnographique pour Américains en vacances ! Et je ne vous parle pas des chiffres et du roulement d’argent!

Depuis Victor Hugo l’Orient aura joué de bien vilains tours à la poésie française.

D’ailleurs historiquement, et seules exceptées les Croisades, l’Orient n’a rien apporté à la civilisation des Blancs.

Une preuve historique est le fait suivant, qui m’a toujours beaucoup frappé :

Les Blancs ont été en contact avec l’Orient bien avant d’avoir découvert l’Amérique. Qu’est-ce qu’ils y ont fait? Rien. De la colonisation, primaire au point qu’aujourd’hui encore ils n’y ont que des comptoirs. Et en Amérique ? Colonisation faisant souche, émigration massive faisant souche, établissement permanent et non pas comptoir. Résultat : une nouvelle civilisation.

Je ne vais pas vous développer ça : mais c’est typique. Alors, les poètes, qu’est-ce qu’ils vont foutre en Orient, aujourd’hui ? J’ai horreur de l’Orient.

Mes bonnes amitiés à Louise, à vous

ma main amie

Blaise

 

2, Rue des Marronniers,

Paris XVIe

 

Lundi [3mai 1930]

Mon cher Jacques,

J’ai été très content d’avoir de vos nouvelles.

Comme je déjeune mercredi en petit comité avec Vogel, je vais tâcher d’arranger séance tenante votre affaire.

Cette préface dont vous me parlez m’a valu plus de lettres d’engueulades que d’éloges. Dans dix ans on trouvera que c’était très bien.

Je descends samedi à Biarritz, jusqu’à la fin du mois ; si jamais les épreuves de Bringolf étaient prêtes entre-temps, je vous les ferai adresser. Merci de bien vouloir les relire. Je vous en prie, coupez, taillez, sarclez, comme c’est une traduction de l’allemand il restera toujours beaucoup trop de scories. N’hésitez pas, tout ce qui vous paraîtra emberlificoté, obscur de sens, trop profond ou mal dit, arrangez-le ou coupez-le. De même les phrases qui vous sembleraient trop longues.

Ma main amie

Blaise

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