L’Heure bleue ou la nuit des pirates propose un univers poétique tout à fait singulier ! On croit y reconnaître des histoires, y poser des jalons, on suit des pistes : mais les histoires sont à double fond, les jalons truqués, les pistes trompeuses. Cette histoire de pirates englués dans les mers du Sud serait donc une fable qui parle de liberté, de désir, de pouvoir, d’idéaux perdus, d’illusoires espérances.
Mais alors, qui sont ces pirates ? Des aventuriers, des comédiens jouant aux flibustiers comme dans les meilleurs films du genre, des révoltés ayant largué les amarres, des marginaux exclus et oubliés, une bande de voyous libertaires, un groupe de « terroristes » désenchantés, des adolescents rêveurs à la recherche d’improbables idéaux…
Zschokke se garde bien de trancher : il se promène en équilibriste à la crête des questions urgentes et vitales sans avoir l’air d’y toucher. Il pratique l’art du désamorçage. Quoi de plus fascinant pour le théâtre que ce jeu labyrinthique avec le sens !