parution mars 2019
ISBN 978-2-88927-653-0
nb de pages 128
format du livre 140x210 mm

où trouver ce livre?

Acheter en version eBook :
en Suisse / en France

Catherine Lovey,

Carl Spitteler,

Fabio Pusterla,

Adolf Muschg,

Pascale Kramer,

Daniel de Roulet,

Collectif

Helvétique équilibre. Dialogues avec le Point de vue suisse du prix Nobel de littérature 1919

Traduit de l’allemand et de l’italien par Étienne Barilier, Anita Rochedy, Marina Skalova, Mathilde Vischer, Lionel Felchlin Camille Luscher

résumé

En 1919, Carl Spitteler (1845-1924) devient le premier Suisse à recevoir le prix Nobel de littérature. Notre point de vue suisse, son discours prononcé au début de la Première Guerre mondiale en faveur de la paix et de la neutralité, avait marqué l’esprit de Romain Rolland ou Blaise Cendrars. Le voici dans une nouvelle traduction. Cent ans plus tard, huit écrivains, alémaniques, romands et tessinois, entrent en dialogue avec l’écrivain. Quel rapport la Suisse et ses habitants entretiennent-ils avec leurs voisins européens ? Avec la question des migrants ? Les frontières sont-elles toujours aussi définies qu’il y a un siècle ? Quelles valeurs rattache-t-on aujourd’hui à cette fameuse neutralité helvétique ? Neuf textes et autant de points de vue sur des questions brûlantes. 

Né à Liestal, Carl Spitteler est un observateur critique des dogmes dominants au début du XXe siècle. Huit écrivains, de langues et de générations diverses, proposent en écho leur « point de vue suisse » : Adolf Muschg, Pascale Kramer, Fabio Pusterla, Daniel de Roulet, Dorothee Elmiger, Catherine Lovey, Tommaso Soldini et Monique Schwitter

Édité par Camille Luscher

Catherine Lovey

Originaire du Valais, Catherine Lovey est née en 1967 au sein d’une famille de paysans de montagne. Elle se plonge très tôt dans la lecture et dans l’écriture. Après des études en relations internationales, complétées par un diplôme en criminologie, elle travaille en tant que journaliste de presse écrite, spécialisée sur les questions économiques et financières.

En 2005, elle publie son premier roman L’Homme interdit, suivi de Cinq vivants pour un seul mort (2008) et d’Un roman russe et drôle (2010). Véritable romancière, Catherine Lovey crée des univers narratifs de crise qui poussent ses héros à mettre en doute leur identité même. La disparition y est un motif récurrent. Ses personnages cherchent à instaurer de la clarté à travers des mots qui paraissent solides et ne cessent pourtant de leur échapper. Ils partent en voyage, s’engagent dans des recherches, essaient d’attraper la réalité pour y mettre bon ordre. Tout autour, le monde vacille.

« Catherine Lovey est une journaliste spécialisée en criminologie. Elle sait écrire et disséquer les âmes. Qu’espérer de mieux ? Le prochain Lovey. » (Anthony Palou, Figaro Madame, 10.12.2005)

 

Carl Spitteler

Carl Spitteler (1845-1924), après des études de droit et de théologie, décide de se consacrer à l’écriture. En 1887, Nietzsche remarque une de ses chroniques dans le Bund et le recommande auprès d’éditeurs en Allemagne, ce qui marque un tournant dans sa carrière.

Carl Spitteler est un fin observateur de son époque, prêt à se mêler d’affaires politiques, notamment avec Notre point de vue suisse, prononcé en 1914. D’abord violemment critiqué en Allemagne et en Suisse, le discours devient par la suite un véritable monument et Spitteler est érigé au rang d’écrivain national, défenseur de la neutralité et des valeurs du fédéralisme.

Carl Spitteler reçoit le Prix Nobel de littérature en 1919 pour son épopée versifiée Le printemps olympien. Romain Rolland, lauréat de 1915, qui avait soutenu la nomination de Spitteler, appréciait le message pacifiste porté par Notre point de vue suisse et y reconnaissait sa propre vision « au-dessus de la mêlée ».

Fabio Pusterla

Fabio Pusterla est né à Mendrisio en 1957. Essayiste, il est aussi traducteur et auteur de cinq recueils poétiques. Grand passeur de littérature française en italien, il a traduit sept ouvrages de Philippe Jaccottet. Il a reçu en 2007 le Prix Gottfried Keller pour l’ensemble de son œuvre.

Pascale Kramer

Pascale Kramer est née en 1961 à Genève, elle vit à Paris. Elle est notamment l’auteur de L'Implacable brutalité du réveil (Prix Schiller, Prix Rambert et Prix du roman de la Société des Gens de Lettres). Son dernier livre, Un homme ébranlé, est paru au Mercure de France en janvier 2011.

Daniel de Roulet

Né en 1944 à Genève, Daniel de Roulet a gagné sa vie comme architecte et comme ingénieur dans l’informatique. Ces vingt dernières années, il s’est consacré à un cycle romanesque constitué de dix romans. Ils retracent, à travers l’histoire de deux familles, l’épopée du nucléaire qui va d’Hiroshima à Fukushima, du triomphe de la science à la mise en cause de sa démesure. Ce cycle romanesque a fait l’objet d’un essai de déconstruction/reconstruction à travers des outils numériques, à l’École Polytechnique de Lausanne.

Plume au Vent

"Un groupe d’écrivains actuels réagit [au Point de vue suisse de Carl Spitteler]. Les approches sont intéressantes et parfois étonnantes. Le lecteur se fera une opinion : en ressort-il un « helvétique équilibre » tel que le présentait Carl Spitteler ?"

Nonfiction.fr

"La neutralité suisse : vieux cliché dont on pourrait penser, tant il est éculé, qu’il ne recèle aucune forme de vérité. Pourtant, les dix textes composant Helvétique équilibre prouvent, chacun à leur façon, le contraire."

Lire la chronique d’Augustin Voegele en entier ici

Swissinfo

"Drôle et dramatique est l’équilibre helvétique, tel que vu en tout cas par huit écrivains, romands, alémaniques et tessinois, invités à «entrer en dialogue» avec Carl Spitteler."

Un article de Ghania Adamo à lire en entier ici

Le Temps

"Sous forme de dialogues, des auteurs alémaniques, romands et tessinois réagissent à cette prise de parole puis dressent un constat de la Suisse aujourd’hui. Sont évoqués les rapports du pays avec ses voisins européens, les questions autour des migrants, des frontières. Enfin, ils reviennent sur la neutralité helvétique: à quoi rime-t-elle aujourd’hui, à quelles valeurs est-elle rattachée? De bonnes raisons de relire Carl Spitteler, donc." 

Un article de Megan Arnaud à lire en entier ici

La Gruyère

"Huit écrivains de langues et de générations différentes s’expriment sur le discours de Spitteler et ses échos actuels. Les contributions vont de la pertinente analyse du texte proposée par Adolf Muschg à une nouvelle épatante de Tommaso Soldini."

Un article d’Eric Bulliard à lire en entier ici

RTS - Culture

"Quel rapport la Suisse et ses habitants entretiennent-ils avec leurs voisins européens? Quelle politique mener avec les migrants ? Les frontières sont-elles toujours aussi définies qu’il y a un siècle ? Quelles valeurs attache-t-on aujourd’hui à la neutralité helvétique ? Autant de questions débattues par les auteurs et autrices, à l'aune du texte d'origine qui bénéficie d'une nouvelle traduction en français."

Un article à lire en entier ici 

RTS - Espace 2

"En 1919 Carl Spitteler recevait le Prix Nobel de Littérature. Pour le centenaire de cet hommage, plusieurs manifestations fédérales vont tenter de rappeler l’apport de Spitteler à "l’esprit suisse" et ses particularités. Dialogue sans doute nécessaire à une meilleure compréhension entre minorités linguistiques et culturelles."

Camille Luscher et Stefanie Leuenberger étaient les invitées de Christian Ciocca dans Verus-penser. Une émission à réécouter ici

Echo Magazine

"Trois éditeurs ont eu l’idée de republier [Notre point de vue suisse de Spitteler] en demandant à huit écrivaines et écrivains de réagir à son texte. Le résultat est excellent. Car si la Première Guerre appartient à l’histoire, la conscience d’une menace est bien présente aujourd’hui et la méfiance grandit. (…)

La Valaisanne Catherine Lovey [observe] : « En ce moment précis de la deuxième décennie finissante du XXIe siècle, il n’y a presque pas un endroit du globe dont le destin n’ait pas été confié, y compris par les démocraties, à un déséquilibre total. » Et, bien sûr, « pas une femme au milieu de ces détraqués ».

Excellentes raisons de relire Spitteler et de réfléchir à ce qui peut empêcher le suicide collectif."  Patrice Favre 

Le Quotidien Jurassien

"Un ouvrage qui explore des points de vue, qui étale des faisceaux de réflexion, et qui questionne notre notion d’identité. Éclairant, en ces temps chahutés."  Julie Kuunders

RTS - Espace 2

Pascale Kramer, invitée de Geneviève Bridel dans Nez à nez pour parler de sa contribution au livre collectif Helvétique équilibre. A réécouter ici

Le Courrier

"Camille Luscher, éditrice du recueil Helvétique équilibre a fait traduire chacun des textes par un ou une traductrice différente pour obtenir une richesse de point de vue. Elle livre des explications concernant les enjeux de traduction du texte de Dorothee Elmiger."

A lire en entier ici

Viceversa littérature 18 - De la tête aux pieds

Notre corps est ce qui nous lie à la vie. Mais aussi à la maladie et à la mort. Le corps est à la fois solide et vulnérable. Nos émotions sont ancrées en lui, elles suscitent des réactions physiques, et inversement, nos sensations physiques influencent nos sentiments et nos pensées. Les injonctions sociales sont fortes: nous devons prendre soin de notre corps, maîtriser des codes vestimentaires et gestuels qui varient selon les lieux et les époques et qui sont une forme de langage. Nous devons écouter notre corps. Mais comment parle-t-il et que nous dit-il? Et comment les autres interprètent-ils ses messages? Quand vivons-nous en harmonie avec notre corps et quand nous sentons-nous trahis par lui ? Quels choix s’offrent à nous dans les moments où nous souhaitons agir sur son fonctionnement, rétablir ses dysfonctionnements, modifier son apparence ? Comment faire corps avec son propre corps ? Des auteurs et des autrices des quatre régions linguistiques de la Suisse et une illustratrice s’emparent de cette thématique.

histoire de l'homme qui ne voulait pas mourir

Longtemps, la narratrice ne sait rien de son voisin de palier, sinon qu’il s’appelle Sándor, qu’il est hongrois et homme d’affaires. Mais quand celui-ci tombe malade, peu avant qu’un virus ne se propage sur la planète, un rapprochement s’opère entre ces deux êtres dépourvus de points communs.
À travers le portrait d’un individu énigmatique, de plus en plus fragile et bouleversant, Catherine Lovey nous livre celui de notre époque, sur laquelle elle pose un regard précis et frondeur.

Viceversa littérature 17 – Au contraire (2023, Viceversa Littérature)

Viceversa littérature 17 – Au contraire

Il arrive que les circonstances nous forcent à prendre parti, parfois à nous opposer à ce qui nous est demandé, afin de défendre nos valeurs et nos idéaux. Cette résistance peut s’exprimer par des gestes ou des paroles violentes, elle peut aussi être sans éclat, se manifester avec douceur, ou encore prendre une forme passive. Ce mouvement d’insoumission existe à tout âge. Alors, on agit au contraire de ce qui est attendu, à contre-courant… Quelles sont les conséquences de cette attitude de défi, qu’elle soit exprimée avec fracas ou dans la retenue ? Quelles formes peut-elle prendre, notamment dans la création artistique, un travail s’accomplissant souvent en dépit de ce qui s’y oppose ?

Simone F. Baumann • Laura Bortot • Michel Bührer • Yla von Dach • Fanny Desarzens • Dorothee Elmiger • Laura Di Corcia • Michel Layaz • Leontina Lergier-Caviezel • Tania Maliartchouk • Anna Ruchat • Natacha Ruedin-Royon • Isabelle Sbrissa • Raphael Urweider • Matthias Zschokke •

Viceversa littérature 16 - La part sauvage (2022, Viceversa Littérature)

Viceversa littérature 16 - La part sauvage

Quelles sont les raisons et les implications de notre désir de retour à un « état naturel », que nous idéalisons peut-être, et pour lequel nous éprouvons de la nostalgie ? Comment s’infiltrent dans la littérature les friches, les broussailles, les forêts obscures ? À quoi ressemblerait un texte dont la croissance serait sauvage ?

Douna Loup • Alexandre Lecoultre • Rebecca Gisler • Julia Weber • Matteo Ferretti • Flurina Badel • Marie-Hélène Lafon • Silvia Ricci Lempen • Tom Tirabosco

Viceversa littérature 15 – Histoires de famille

Qu’elle soit biologique ou par affinités, nucléaire ou élargie, la famille suscite d’immenses attentes. Mais la famille idéale, celle dont on voudrait faire partie, existe-t-elle ? Transmission d’un nom, d’une langue, de valeurs morales, héritage d’objets ou de maisons, déceptions, mensonges, secrets et luttes de pouvoir, la famille est en tout cas une mine pour faire des histoires. En inventer, en raconter. Le patrimoine familial se compose aussi de mots. Les écrivains en ont une conscience aigüe, ce qui leur permet d’interroger leur vécu, de débusquer du nouveau, tout en nous y associant intimement, nous laissant entendre l’écho de notre propre expérience.

Fabio Andina • Michelle Bailat-Jones • Yvonne Böhler • Zora del Buono Gianna Olinda Cadonau • Ludmila Crippa • Elisa Shua Dusapin Yael Inokai • Barbara Klicka • Naim Kryeziu • Line Marquis • Thierry Raboud • Noëlle Revaz • Maria Rosaria Valentini • Ivna Žic

Quand vos nuits se morcellent (2018, domaine français)

Quand vos nuits se morcellent

En vingt-sept brefs chapitres, cette lettre au peintre suisse Ferdinand Hodler exprime la fascination qu’exercent les toiles du grand artiste sur l’auteur, en particulier celles qu’Hodler a peintes de l’agonie de Valentine, son grand amour. C’est aussi un texte d’hommage à la femme. Pour de Roulet, Valentine a joué un rôle crucial dans l’art de Hodler, c’est elle qui a su libérer sa peinture. Lorsqu’ils se rencontrent, Hodler est un peintre reconnu, sollicité, fêté, mais Valentine révèle en lui une énergie et une liberté exceptionnelles qui lui permettent  d’entrer en contact avec son génie singulier.

A l’occasion du centenaire de la mort du peintre, Daniel de Roulet imagine l’amour entre ces deux figures en jouant avec les archives. Le lecteur, à la suite de l’auteur, tombe amoureux du peintre, de sa maîtresse et de sa peinture.

 

L'Implacable Brutalité du réveil

Dans la nouvelle résidence où elle vient de s’installer avec Richard et leur petite Una, Alissa se sent chaque jour plus angoissée : le nourrisson ne suscite pas en elle l’amour tant attendu, seulement une accablante responsabilité. Les climatiseurs brassent la chaleur de l’été californien, mais ne dissipent pas le sentiment d’abandon croissant d’Alissa.

Carnets ferroviaires. Nouvelles transeuropéennes

Que ce soit de Lausanne à Paris, de Vienne à Genève ou de Glasgow à Londres, chacun des treize auteurs de ce recueil situe son histoire à bord d’un train qui parcourt l’Europe. À l’occasion d’un long trajet en chemin de fer, l’une se souvient de son voyage dix ans plus tôt, elle traque la différence entre son être d’hier et d’aujourd’hui. Un autre se remémore la géniale arnaque dont il a été l’auteur, un troisième retrace l’incroyable hold-up ferroviaire du South West Gang dans l’Angleterre de 1963.

Ces nouvelles donnent une vue d’ensemble inédite sur la manière de concevoir l’Europe comme espace physique et symbolique. Les auteurs étant de générations très diverses, le lecteur appréciera les différentes manières d’appréhender notre monde proche et de s’y situer.

Nouvelles de Aude Seigne, Blaise Hofmann, Anne-Sophie Subilia, Gemma Salem, Bruno Pellegrino, Arthur Brügger, Daniel Vuataz, Marie Gaulis, Fanny Wobmann, Catherine Lovey, Julie Guinand, Guy Poitry, Yves Rosset.

Préface de Daniel Maggetti, postface de François Cherix

Monsieur et Madame Rivaz (2016, domaine français)

Monsieur et Madame Rivaz

Ce roman raconte la vie trépidante et ordinaire d’une jeune femme du XXIe siècle à l’esprit don quichottesque et qui, prise dans l’œil du cyclone, ne comprend ni ne maîtrise grand chose de ce qui lui arrive à elle en particulier et au monde en général. Avec une ironie mordante, l’écriture énergique, les réflexions de Catherine Lovey nous font traverser un monde archi contemporain, fourmillant de récits et de personnages, et nous promènent le long de milieux très différents, des hôpitaux aux paquebots, de l’université à la montagne. 

Monsieur et Madame Rivaz raconte l’histoire d’une femme qui va au combat pour retrouver un sens à la vie et au monde d’aujourd’hui. C’est un livre sur la possibilité ou l’impossibilité de la bonté.

Visiter le site officiel de l'auteure : http://www.catherine-lovey.com/les-romans/monsieur-et-madame-rivaz

Germaine de Staël, retour d'exil

Quatre lectures autour de Madame de Staël opèrent dans ce petit livre un réel décapage de la figure de la fille de Jacques Necker, ministre de Louis XVI. Un premier texte met en perspective le retour, à Paris,  en 1814, de cette personnalité ;  retour rendu possible grâce à l’abdication de Napoléon. On y voit combien l’œuvre et la pensée de Germaine est moderne, notamment parce qu’elle appartient comme toute sa génération à une période de transition entre ancien régime, dont elle tient la plus grande partie de son éducation, et les divers essais de mise en place d’un régime plus libéral. Victime de la politique réaliste de Napoléon, elle s’exile à Coppet où les libéraux viennent se rallier autour d’elle.

Deux textes sur ses rapports violents avec Napoléon permettent de comprendre l’opposition entre ces personnalités majeures du début du XIXe siècle, qui se jalousaient, se respectaient, se haïssaient. L’une avec ses idées, l’autres avec ses forces armées. Leurs divergences idéologiques, politiques et artistiques, notamment leur conception différente du rôle sociale de l’écrivain, les opposaient.

Enfin, un parallèle brillant et audacieux est proposé entre la pensée de Sade et de la fille de Necker. Mélancolie, rôle des passions, intensité des sentiments, ennui, l’empreinte mortifère de la Terreur, la double présence de la mort et du suicide se retrouvent chez l’un comme chez l’autre. Des traces de la pensée de chacun dans leur œuvre respective s’y décèlent.

Textes de Léonard Burnand, Stéphanie Genand, Doris Jakubec et Dusan Sidjanski.

Histoire de la littérature en Suisse romande

Au moment où les littératures des marges intéressent de plus en plus, où les diverses régions francophones affirment leur identité propre face au centralisme parisien, la Suisse romande représente un exemple particulièrement intéressant de métissage culturel au carrefour des grandes cultures européennes. Voici un ouvrage de référence qui fait le point sur l’état actuel de nos connaissances de la littérature en Suisse romande, du Moyen Age à nos jours. Une somme de plus de 1750 pages réalisée par les meilleurs spécialistes qui étudient d’Othon de Grandson à Jean-Luc Benoziglio, en passant par Ramuz, Cendrars, Cingria ou Jaccottet. La plupart des auteurs dont il est question dans les dernières parties de cette Histoire sont bien vivants. Leur nombre, la diversité de leurs écrits, la richesse des thèmes traités témoignent de l’extrême intensité de la vie littéraire en Suisse française. C'est bien sûr un défi, que de parler d'auteurs vivants dans une perspective historique.

Nouvelles de la Grande Guerre (2014, classiques du monde)

Nouvelles de la Grande Guerre

Il y a maintes façons de rendre compte d'un conflit de l'ampleur de la Première Guerre mondiale. L'histoire, petite ou grande, analyse les faits, les chiffres, l'enchaînement chronologique des batailles, les réalités sociales passées par le filtre de l'analyse et du temps. La littérature, elle, rassemble ces mêmes données dans un unique bourbier, celui de l'absurdité humaine. Le camp ici n’a plus d'importance, les chiffres sont informes, parce que trop énormes, et les causes se mélangent avec les corps. Seul reste l'humain, un et indivisible.

Rassembler dans un même recueil quelques-unes des grandes nouvelles écrites aux quatre coins de l'Europe pendant ou juste après la guerre est donc une autre façon de raconter l'histoire. Mis bout à bout, ces récits singuliers d'êtres singuliers rendent compte de l'unicité des destins pris dans un seul et même engrenage, la guerre.

 

Robert Walser, Arthur Conan Doyle, Henri Barbusse, Richard Weiner, Liviu Rebreanu, Alexis Tolstoï, Stefan Zweig, Rudyard Kipling, Albert Londres, Italo Svevo

Textes réunis par Laure Pécher

L'Homme interdit (2011, Zoé poche)

L'Homme interdit

« J’ai reconnu le sac de linge sale de mon hôtel, mes pantalons et mes chemises, étalés sur une table noire. Certains de mes vêtements étaient emballés dans un plastique jaunâtre, déjà étiquetés. J’ai vraiment commencé à comprendre qu’aux yeux de la police judiciaire, je n’étais pas juste un pauvre type dont l’épouse s’est volatilisée. »

Visiter le site officiel de l'auteure : http://www.catherine-lovey.com/les-romans/l-homme-interdit/

Adrien Pasquali, Chercher sa voix entre les langues

Questionner les frontières – du monde réel, de la raison et de la folie, du silence et de la parole, ou celles des langues. Tenter de guérir d’un défaut d’origine par l’exercice de la traduction. Passer enfin de l’étude des autres ou du pastiche à l’invention de soi : telle fut l’ambition d’Adrien Pasquali, dont l’œuvre protéiforme ressemble à une autobiographie de l’esprit. Fils d’immigrés italiens né à Bagnes (en Valais) en 1958, auteur d’une thèse de doctorat sur Ramuz et d’une œuvre critique abondante, il était devenu l’un des meilleurs auteurs de sa génération. Il s’est donné la mort à Paris en 1999, vouant sa trajectoire d’écriture à un fondamental inachèvement.

« Migrant » d’une langue à l’autre d’autant plus fasciné par les récits de voyage qu’il ne voyageait pas ; écrivain hanté par les pièges et les jeux du langage ; chercheur curieux de génétique textuelle que le travail sur autrui ramène en définitive à soi : ce sont là les multiples facettes intimement solidaires d’Adrien Pasquali, que cette première monographie critique mettra en perspective en convoquant pour ce faire trois générations de chercheurs. Puisse-t-elle permettre de mieux faire lire et aimer la voix énigmatique de celui qui, en 1998, décrivait sa situation comme une « impasse irrésolue »…

Voyage à reculons (2011, Minizoé)

Voyage à reculons

« Ses traits  qu’un œdème a noyés paraissent enfin lavés de la souffrance. Mais la violence, apaisée chez lui, commence à infuser en nous. »

Bejin, Urumqi, Kashgar. A la faveur d’un voyage sur les traces d’Ella Maillart, la narratrice ne peut échapper au ressassement. De son monde à elle, et de la mort de Gaston, dix ans plus tôt à l’Asie brutalement modernisée, elle passe sans reprendre souffle. La violence sourde qui couve dans les rues de Kashgar lui fait revivre sans compassion celle qui existait dans son couple.

Pascale Kramer est née en 1961 à Genève, elle vit à Paris. Elle est notamment l’auteur de L'Implacable brutalité du réveil (Prix Schiller, Prix Rambert et Prix du roman de la Société des Gens de Lettres). Son dernier livre, Un homme ébranlé, est paru au Mercure de France en janvier 2011.

Postface de Florence Heiniger

 

 

 

Petites histoires policières (2010, domaine français)

Petites histoires policières

Histoire du tatou (2010, Minizoé)

Histoire du tatou

« Il est inutile de le tirer par la queue :

On le sait par expérience, le tatou ne cède pas

si facilement. »

Le tatou est à la fois courtois et tenace, il lit Cervantès, chantonne en marchant, lentement, à contre-courant. Si le tatou incarne la figure du rebelle, Fabio Pusterla maintient pourtant une subtile tension entre poétique et politique.

Fabio Pusterla est né à Mendrisio en 1957. Essayiste, il est aussi traducteur et auteur de cinq recueils poétiques. Grand passeur de littérature française en italien, il a traduit sept ouvrages de Philippe Jaccottet. Il a reçu en 2007 le Prix Gottfried Keller pour l’ensemble de son œuvre.

Postface de Pierre Lepori

Traduit de l'italien par M. Vischer

Nicolas Bouvier, espace et écriture (2010, domaine français)

Nicolas Bouvier, espace et écriture

Nicolas Bouvier a effectué le trajet de Genève à Tokyo dans les années 50. Des livres ont jailli de ses voyages, si forts qu’ils ont inspiré nombre de vocations de voyageurs et d’écrivains. Voyageur-poète, écrivain-musicien, artisan de l’image et du verbe, Nicolas Bouvier incarne dans son œuvre sa manière d’être au monde. Pour lui rendre hommage, un colloque lui a été consacré à Brest en 2008. Ce livre en est le prolongement.

Les auteurs, issus d’horizons intellectuels et géographiques différents – Jean Starobinski, Michel Butor, Jacques Lacarrière, Gilles

Lapouge, le photographe Jean Mohr, un spécialiste de poésie japonaise, une musicologue, des voyageurs, des écrivains et des universitaires –, soulignent le caractère humaniste et universel de l’œuvre de Nicolas Bouvier.

 

Le français notre maison (2010, domaine français)

Le français notre maison

Comment prendre la défense du français sans le pétrifier ?

Et d’abord faut-il le défendre ?

Ce livre accueille des contributions de critiques, de journalistes et d’écrivains  qui réfléchissent à ce que représente la langue en général et le français en particulier. Tous cherchent un équilibre entre une alerte sévère contre un français appauvri, mou, moutonnier, conformiste et une ouverture généreuse, qui, ne sacralisant pas la langue, reste ouverte à l’écoute du frottement enrichissant des langues les unes avec les autres.

Par des expériences, des rêves, et des exemples, ils montrent comment veiller à la profusion, à la richesse, aux nuances de la langue comme à son inventivité. Certains pourfendent l’usage de l’anglais, tous aimeraient surtout que les fenêtres du français restent bien ouvertes, afin de laisser respirer la langue. 

Un roman russe et drôle (2010, domaine français)

Un roman russe et drôle

Un homme est enfermé dans une colonie pénitentiaire en Sibérie. Il a tout perdu. Son immense richesse, son pouvoir, ses projets. Il s’appelle Mikhaïl Khodorkovski. Une femme, Valentine, se demande s’il existe encore des héros. Elle est fascinée par le destin de ce prisonnier russe. C’est une idée folle, bien entendu. D’ailleurs, tout le monde lui dit que ce type est un bandit, un sacré profiteur. Mais Valentine Y. s’entête. Elle quitte son pays, s’enfonce dans la Russie.

Cette histoire, qui se déroule aujourd’hui, est naturellement très romantique.

Visiter le site officiel de l'auteure : http://www.catherine-lovey.com/les-romans/un-roman-russe-et-drole/

Château de Chillon. Le fief de la rêverie romantique

"Il est des édifices qui dépassent leur fonction, leur temps, les mesures mortelles, qui sont entrés dans une aventure idéale, où leur destinée se joue hors de nous" (Paul Budry, 1938). C'est le cas du château de Chillon, haut lieu du pays de Vaud; savoyard, bernois, puis indépendant. Rousseau en fit le décor de l'épisode le plus dramatique de La Nouvelle Héloïse, il fascina Byron, Lamartine, Hugo, Flaubert, Töpfer, Ramuz. Ce petit livre offre au lecteur, grâce aux recherches de Danielle Chaperon et Adrien Guignard, les plus beaux textes inspirés par le château, dont le célèbre Prisonnier de Chillon.

Les Tribulations d'un voyageur helvétique

 

A une époque où les gens choississent une destination sur la carte du monde comme ils optent pour un mets sur la carte des menus, qu’est-ce que voyager peut encore signifier ? Les distances parcourues et le nombre de pays ou de régions visités ne sont certainement plus un critère. On n’impressionne plus personne avec une addition de kilomètres.

Si l’on veut parler de voyage, il faut évidemment se tourner vers les écrivains. On ne voyage vraiment que dans sa tête. C’est sans doute l’intérêt, aujourd’hui, d’un concours littéraire sur ce thème-là.

Parmi les douze textes choisis pour la publication, l’un raconte comment une fille de dix-huit ans révoque les programmes de voyage que sa mère a préparés pour elle en Inde et conquiert sa propre liberté. Une autre se livre à un poignant voyage funèbre pour aller disperser les cendres de sa mère dans des îles grecques, selon ses dernières volontés, et une narratrice se rend pour la première fois en Palestine d’où ses parents ont pris la fuite en 1948. D’autres récits invitent au voyage sur l’île de Gorée, au Cameroun, en Patagonie, sur l’île de la Réunion, au Pakistan, sur le Nil, à la mer d’Aral et enfin au Mali.

Cinq vivants pour un seul mort (2007, domaine français)

Cinq vivants pour un seul mort

«Jeudi dernier, mon ami Markus Festinovitch s’est jeté par une fenêtre. C’était mon meilleur ami. Il avait garé sa voiture sur Oberholzstrasse. Il visitait un logement rénové en compagnie de Gabriella. Je ne sais pas depuis combien de temps Gabriella était sa maîtresse. Peut-être deux ans. C’est ce que je dirais. L’appartement donne sur Kohnzingerstrasse. On voit le fleuve depuis neuf des quatorze

fenêtres de cette habitation, elles sont toutes hautes et très larges, sauf celle par laquelle Markus s’est jeté, qui est plus petite et assez difficile d’accès. »

Visiter le site officiel de l'auteure : http://www.catherine-lovey.com/les-romans/cinq-vivants-pour-un-seul-mort/

La Suisse côté cour et côté jardin (2007, domaine français)

La Suisse côté cour et côté jardin

 

Cent dix-sept auteurs potentiels se lancent dans l’aventure d’un concours organisé par la FNAC en Suisse romande et en France voisine. Stimulés par le thème « La Suisse côté cour et côté jardin », ils racontent un jeune immigré dont les rêves s’écroulent face à la cruelle réalité genevoise ; les péripéties loufoques de comédiens vindicatifs qui aimeraient trouver leur place dans la pièce qu’ils jouent au risque de piétiner leurs partenaires ; un vieux couple qui se révolte contre les procédures de l’an 2055 ; deux maniaques de la propreté qui ne parviennent pas à se rencontrer ; une jeune suicidée ; des amoureux qui défient Satan et l’infidélité ; un appartement insolite ; et un malade incapable de parler sans faire de vers. Les textes choisis par le jury sont de tons et de genres extrêmement variés.

Comme le dit dans sa préface Sylviane Dupuis, écrivain et dramaturge, « on assiste un peu partout au “retour du texte” au théâtre. Le projet d’écrire pour la scène a encore du sens et continue de solliciter l’imagination et l’invention de formes. » 

Et si une Suisse fantastique m'était contée

 

Ces contes fantastiques terrifient, émeuvent, font rire ou les trois à la fois : plongées dans la folie, rencontres romantiques avec un fantôme du passé ou avec une fée, diaboliques avec un loup-garou ou un démon antédiluvien. Que faire lorsque le personnage d’un auteur prend vie, armé d’intentions inconnues ? Comment se débarrasser d’un père égoïste et encombrant, ou convaincre sa petite amie de ne pas s’envoler hors des frontières sans véhicule adéquat ? Que faire, enfin, si déjà sans emploi, on se réveille un matin seul au monde ?

Ces nouvelles ont été choisies parmi plusieurs centaines de textes anonymes, envoyés par des écrivains débutants de toutes les régions de Suisse romande et de France voisine, à l’occasion d’un concours organisé par la FNAC sur le thème « Et si une Suisse fantastique m’était contée… ».

Préface de Pascale Kramer

L'Homme interdit (2005, domaine français)

L'Homme interdit

"C'est à ce moment-là que ça m'est tombé dessus. Une fois à bord. J'étais coincé dans la ceinture du siège, forcé à l'inactivité, mon contrat était derrière moi, alors la nouvelle de la dsparition de ma femme m'est tombée dessus. Je suppose que, par un processus inconscient, j'ai épelé longtemps cs mots dans ma tête, avant qu'un sens n'en émerge. Je ne peux pas dire que j'aie saisi le fait que mon épouse avait disparu, ni mesuré les implications exactes de cette information. Mais, dans cet avion, j'avais soudain franchi une étape, en reliant le mot "disparition" au prénom "Rachele", celui de mon épouse, tandis que l'hôtesse déposait sur ma tablette un sandwich au cresson. Tout ce que je déteste."

 

L'Homme interdit est le premier roman de Catherine Lovey.

Visiter le site officiel de l'auteure : http://www.catherine-lovey.com/les-romans/l-homme-interdit/

Petits meurtres en Suisse (2005, domaine français)

Petits meurtres en Suisse

Robert Walser, l'écriture miniature (2004, domaine allemand)

Robert Walser, l'écriture miniature
Traduit de l'allemand par Marion Graf

Textes polaroïds (2002, domaine français)

Textes polaroïds

Chiens et chats litteraires (2001, domaine français)

Chiens et chats litteraires

"Les chats ont d'autres idées que les chiens sur la vie", notait Octave Mirbeau - et sans doute d'autres lectures, serait-on tenté d'ajouter. Chiens et chats, en tout cas, ont littéralement investi le territoire littéraire, y imprimant les plus visibles et lisibles des empreintes. Ce livre, pistant leurs traces, en décrypte les aspects ludiques ou graves à travers l'histoire littéraire, culturelle ou philosophique. S'y ajoutent des créations d'auteurs et une riche iconographie qui donnent un nouvel éclairage à cet indispensable et contrasté duo.

Courir, écrire (2000, Minizoé)

Courir, écrire

Adieu à Adrien Pasquali (2000, domaine français)

Adieu à Adrien Pasquali

Bannières (1999, domaine français)

Bannières
Cinq discours d'un Suisse à sa nation qui n'en est pas une
traduit de l'allemand par E. Barilier

Notre Point de vue suisse (1995, Minizoé)

Notre Point de vue suisse

En été 1914, la Première Guerre mondiale éclate et la Suisse est bientôt divisée entre les Romands, pro-français, et les Alémaniques, partisans de l’Allemagne. Carl Spitteler réagit aux tensions qui partagent le pays en prononçant le 14 décembre 1914 son discours intitulé Notre point de vue suisse. Cinq mois après le début des hostilités, ce n’est pas une réaction à chaud, mais un texte mûrement réfléchi, présentant la neutralité, le plurilinguisme et le fédéralisme comme des valeurs suisses indiscutables.

Texte disponible dans une nouvelle édition ici.

Traduit de l'allemand par C. Guilland
Lettre ouverte aux Suisses à propos d'une ville éphémère (édition bilingue)
Traduit en allemand par Hanspeter Gschwend

Correspondances par-delà la frontière (1993, domaine français)

Correspondances par-delà la frontière

Notre temps est à l'orage (1990, domaine allemand)

Notre temps est à l'orage
Traduit de l'allemand par E. Barilier

Dits Zoé 1975-1985 10 ans d'édition (1985, domaine français)

Dits Zoé 1975-1985 10 ans d'édition

Helvétique équilibre. Dialogues avec le Point de vue suisse du prix Nobel de littérature 1919: extrait

Carl Spitteler, "Notre point de vue suisse"

Discours tenu devant la Nouvelle société helvétique, groupe de Zurich, le 14 décembre 1914

Mesdames et Messieurs,

C’est à contrecœur que je sors de ma solitude pour m’exprimer en public sur un sujet qui ne me regarde pas de prime abord. En fait, il ne me regarderait pas si tout était pour le mieux. Mais comme ce n’est pas le cas, j’accomplis mon devoir de citoyen en tentant, si tant est que la parole d’un modeste particulier puisse y contribuer, d’agir contre une situation consternante et non sans danger. Nous n’avons pas su éviter l’apparition de divergences d’opinion entre la partie germanophone et la partie francophone du pays à l’occasion de la guerre. Je ne parviens pas à prendre ces divergences à la légère. Ce n’est pas une consolation qu’on me dise : « En cas de guerre, nous ferions quand même bloc comme un seul homme. » « Quand même » est une mauvaise conjonction. Devrions-nous désirer l’avènement d’une guerre pour mieux prendre conscience de nos affinités ? Ce serait un peu cher payé. Nous pouvons nous en tirer à meilleur compte. D’une façon plus belle et indolore. En tout cas, je ne peux rien voir de fructueux dans un éloignement, bien au contraire. Ou voulons-nous, comme le font certains étrangers, négliger les opinions de nos confédérés qui parlent une autre langue du seul fait qu’ils sont en minorité ? « Mise à part la fraction de la Suisse romande, qui navigue tout entière en eaux françaises… » En Suisse, nous ne laissons personne à part. Même si la minorité était dix fois plus faible, nous lui accorderions tout autant d’importance. Il n’y a pas de fractions en Suisse. Mais affirmer que la Suisse romande navigue « tout entière en eaux françaises » est un reproche injuste. Elle navigue aussi bien que la Suisse alémanique en eaux helvétiques. Elle l’a démontré assez souvent sans la moindre ambiguïté. Elle ne tolère d’ailleurs même pas le nom de Suisse « française ». Ainsi je crois que nous devons naturellement nous soucier de nos rapports avec nos confédérés francophones, et le désaccord doit nous causer du souci.

« Que s’est-il donc passé au juste ? »

Il ne s’est rien passé. On s’est tout simplement laissé aller. Mais quand deux personnes se laissent aller dans une direction opposée, elles s’éloignent l’une de l’autre. Il y a bien une excuse. Elle a pour nom : la stupéfaction. Dans notre vie émotionnelle et intellectuelle, comme dans les autres domaines, l’éclatement si subit de la guerre a fait l’effet d’une bombe. La raison a lâché les rênes, la sympathie et l’antipathie se sont déchaînées et nous ont entraînés dans leur cavalcade. Et l’entendement, haletant à notre suite, n’est pas parvenu, de sa faible voix, à retenir l’attelage. Mais si j’observe bien, il est finalement arrivé à destination. Nous sommes maintenant, je le crois et l’espère, dans la disposition d’esprit de la personne qui décide de rebrousser chemin et de faire une halte. L’essentiel est dès lors acquis, le pire est évité. Seules subsistent une certaine confusion des opinions, une certaine perplexité et une incertitude sur la direction à prendre. Y mettre un peu d’ordre est la tâche du moment, et donc aussi ma tâche.

Nous devons avant tout prendre conscience de ce que nous voulons. Voulons-nous ou ne voulons-nous pas rester un État suisse qui représente une unité politique envers l’étranger ? Si tel n’est pas le cas, si chacun veut se laisser porter par sa sympathie personnelle et les attraits de l’extérieur, je n’ai rien à vous dire. Qu’on laisse alors les choses suivre leur cours, peu m’importe, vaciller et se disloquer. Mais si tel est le cas, nous devons nous rendre compte que les frontières du pays symbolisent aussi des limites pour les sentiments politiques. Tous ceux qui vivent de l’autre côté des frontières nationales sont nos voisins, et jusqu’à nouvel ordre nos chers voisins ; tous ceux qui vivent de ce côté-ci sont plus que des voisins, je veux dire nos frères. Et la différence entre voisin et frère est immense. Même le meilleur voisin peut nous tirer dessus au canon si les circonstances s’y prêtent, tandis que le frère lutte à nos côtés dans la bataille. Une plus grande différence n’est guère imaginable.