Domaine allemand
Parution Fév 2011
ISBN 978-2-88182-687-0
272 pages
Format: 140 x 210 mm
Disponible

Domaine allemand
Disponible

Matthias Zschokke

Circulations

Domaine allemand
Parution Fév 2011
ISBN 978-2-88182-687-0
272 pages
Format: 140 x 210 mm

Résumé

Amman, Budapest, Baden-Baden, Saint-Luc, New York, et en entrée, Berlin. De la ville omniprésente dans son œuvre, Matthias Zschokke nous entraîne dans le vaste monde. Avec son sens si aiguisé de l’observation et son regard plein d’humour et d’empathie, il nous guide de mégapoles en coins perdus, saute de l’une à l’autre au fil des mots.

Plus que le voyage, c’est le génie des lieux qui l’intéresse, comme des personnages qui se révèlent peu à peu. Et même si le lecteur peut puiser dans cet ouvrage quelques bonnes adresses, il s’agit avant tout ici de littérature. La subjectivité et la poésie qui habitent cette mosaïque de petits récits ne laissent aucun doute sur la nature de cette invitation au voyage.

 

Auteur

Matthias Zschokke

Matthias Zschokke, né à Berne en 1954, a d’abord choisi une carrière de comédien. Mais les quelques années qu’il passera au Schauspielhaus de Bochum, dirigé à l’époque par Peter Zadek, le convaincront à tout jamais qu’il n’est pas fait pour cet art-là. En 1980, il part s’installer à Berlin et se lance à corps perdu dans trois autres activités artistiques, écrivain, dramaturge et cinéaste.

Ces trois professions, il les mène de front, « comme on assaille une forteresse, en attaquant de tous les côtés ». Jour après jour, il se rend dans une usine désaffectée où il dispose d’un étage entier pour réfléchir au monde qui l’entoure. C’est là qu’il écrit six œuvres en prose, sept pièces de théâtre et trois films. Des œuvres que la critique, immédiatement séduite par son style reconnaissable entre mille, commente et encense abondamment, à commencer par Max, son premier roman, qui lui vaudra le Prix Robert Walser en 1981. Cinq ans plus tard, son talent du cinéaste lui vaut le Prix de la Critique allemande pour son film Edvige Scimitt. Puis en 1989, tandis que la prestigieuse revue théâtrale allemande Theater heute l’élit meilleur jeune auteur de l’année après la création de sa pièce Brut à Bonn, son second film, Der wilde Mann, se voit primé à Berne.

Prix Gerhard Hauptmann en 1992 pour sa pièce Die Alphabeten, et plus récemment, Grand Prix bernois de littérature pour l’ensemble de son œuvre, Matthias Zschokke est l’unique écrivain de langue allemande à avoir reçu le prix Femina étranger, pour Maurice à la poule, en 2009. Il n’a pourtant jamais été un auteur « en vogue ». Son nid, c’est en marge des phénomènes de mode en tous genres qu’il a choisi de le faire et c’est de là qu’il observe le monde.

Dans les médias

« Une balade en villes – Budapest, Amman, Genève, etc. – en compagnie d’un écrivain à qui rien n’échappe et qui pare de poésie et d’humour le détail le plus infime de son environnement. » (Lionel Chiuch)

 

« Au moins au début, il faut éviter de lire Circulations de Matthias Zschokke en public, dans un café ou un bus par exemple. Parce que l’on rit, mais d’un bon rire franc, pas d’un petit ricanement poli. Il faut assumer donc. » (Lisbeth Koutchoumoff)

L’Avis des lycéens:

« Circulations est un livre unique en son genre. A-t-on jamais vu une oeuvre mêler avec autant d’agilité la précision d’un guide touristique, la vicacité du guide de voyage et le regard attentif du poète? Matthias Zschokke nous surprend de Porto à Pétra, de Zurich à Amman, de New York à Coire, petite station de ski des Alpes suisses. Hétéroclite, précis, attentif à la singularité des lieux, l’auteur s’ouvre à la compréhension du monde, par la description des villes traversées, des habitudes sociales, de la gastronomie, de la qualité du service dans les hôtels et les restaurants qui lui servent d’étapes. (…) »

« Le toujours délicieux Zschokke se met en route, de Grenchen (SO) à New-York, avec une prédilection pour Ammann. Sensibilité à fleur de peau, sens de l’observation et cet humour sous-jacent qui lui est propre caractérisent ces courts récits de voyages. »

Extrait

 

BERLIN. Berlin n’est pas le lieu du secret, du romantique individuel. Optez pour la première chambre venue; en règle générale, elles sont grandes, propres, pratiques, et leur prix est raisonnable.

Après y avoir pris vos quartiers, vous voudrez sortir et aller faire un tour en ville. Où que vous soyez descendu, vous sentirez aussitôt monter en vous le pressentiment d’avoir atterri dans le mauvais coin et d’être en train de rater le plus important. N’écoutez pas cette voix intérieure. Tentez de garder votre calme et de ne pas prendre vos jambes à votre cou. Sans quoi vous allez pédaler dans le vide et désespérer. Il m’a fallu des années pour accepter qu’à Berlin, aucun endroit n’est mieux que celui où je me trouve à l’instant. Depuis, je m’entraîne quotidiennement à refouler cette crainte perpétuelle que le bonheur se trouve là où je ne suis pas, et j’essaie de découvrir la beauté dans l’horreur. C’est alors seulement que la ville commence à s’ouvrir à vous. Considérez donc l’hôtel dans lequel vous avez fini comme le meilleur qui soit, la route de dégagement perdue sur laquelle vous vous traînez en ce moment comme une route qui vaut le détour, le café où vous êtes entré, renonçant à chercher mieux, comme un café chic, et Berlin se muera en une oasis de détente. Savourez la surabondance de place et la liberté qu’elle offre. Le mieux serait de vous y mettre dès le petit-déjeuner. Prenez-le à l’hôtel. Croyez-moi, le café proche où ce serait meilleur et plus confortable n’existe pas. Ce qui finit dans votre assiette ou votre tasse est ce qui finit dans toutes les assiettes et toutes les tasses à Berlin. Appréciez-le d’entrée de jeu et vous vous épargnerez des fatigues inutiles.

Certes, je considère comme une capitulation devant une ville étrangère que de s’y réfugier dans un musée. À Berlin, je ferais toutefois une exception et j’irais voir l’une ou l’autre chose, sans zèle culturel excessif, juste comme ça en passant, par exemple le gros homme à la Galerie de Peinture, qui est merveilleusement bien accroché et d’une beauté si hilarante qu’à lui seul, il vaut déjà le déplacement. Mais ne vous agrippez pas après ça à tous les Rubens, Dürer, Le Caravage et Rembrandt, d’ailleurs, où que vous soyez, ne vous attaquez pas à tout, vous n’y arriverez jamais. Quittez le musée à moitié vu, rendez-vous en face sur la Potsdamer Platz et prenez-y un verre dans l’ancien Weinhaus Huth. Regardez sur le menu la photo qui montre la place telle qu’elle était quand Berlin-Ouest était encore emmurée. Puis passez la porte et visitez ce que l’on y a mis depuis. Franchissez les petits ruisseaux artificiels, mettez-vous au bord de l’étang artificiel, vagabondez dans la galerie marchande déprimante et étonnez-vous de ce que nous, les hommes d’aujourd’hui, nous produisons et considérons comme essentiel. Tandis que vous vous laisserez appâter d’une construction à la suivante, vous arriverez dans des friches industrielles de plus en plus désertes. À un moment donné, au carrefour le plus balayé par les vents, vos pieds feront grève. Cédez-leur. Faites signe au premier taxi qui passe et faites-vous emmener à votre prochaine destination au tarif courte distance (si le trajet fait plus de deux kilomètres, le compteur se met en marche automatiquement et vous payerez le tarif normal). Ou prenez un vélo-taxi, une façon bienfaisante de poursuivre sa route ; la brise qui vous enveloppe est rafraîchissante ; on se sent heureux comme un enfant dans sa poussette. Montez dans le bus, le tram, le métro ou le train de banlieue (achetez une carte journalière ou hebdomadaire, ça en vaut toujours la peine), et faites-vous transporter par exemple à la Französische Strasse, au restaurant Borchardt. Le café y est bon, la cuisine aussi, et la salle présente des dimensions généreuses. De là, vous pourrez visiter le Bebelplatz, où l’on a brûlé les livres avant la Seconde Guerre mondiale, ou le Marché des gendarmes, deux belles places qui comptent dans leur environnement immédiat au moins quatre autres restaurants en lice pour les étoiles – et chaque semaine, une nouvelle adresse vient s’ajouter, tandis qu’une ancienne disparaît. Tu vois l’étoile fil… Trop tard ! Voilà le rythme auquel les choses évoluent dans ce coin-là.

Puis continuez sur la Friedrichstrasse. Ne cherchez pas à découvrir pourquoi elle est célèbre. Faites-y un peu les cent pas comme s’il y avait quelque chose à voir. Entrez dans les différents immeubles avec cour intérieure, et surtout dans le Quartier 206 avec son Departmentstore au premier étage, où l’on trouve des choses choisies et d’autres surprenantes. Entrez aussi dans les Autohäuser, les garages Audi, VW, Bugatti, Rolls-Royce. Les Berlinois le font volontiers, surtout le dimanche après-midi. Ils vont s’asseoir dans les voitures et se prennent en photo mutuellement. Après ça, allez jeter un coup d’oeil au Grandhotel en face. C’est le dernier hôtel modèle qui a été construit sous le gouvernement de la RDA. On a fait venir tout exprès des architectes italiens et l’on a importé du marbre et d’autres matériaux nobles de l’ouest. Mais comme on était à court d’argent, les étages sont un peu trop bas de plafond, les fenêtres, un peu trop petites, et toutes les dimensions, un peu trop ramassées. Maintenant, il est là, moqué et mal-aimé, et pourtant il est imprégné d’un désir de luxe si ardent qu’on voudrait le prendre dans ses bras. Asseyez-vous sur la balustrade dans sa cour intérieure et buvez un apéritif. Savourez la liberté avec laquelle on se meut à l’entour, sans aucun code vestimentaire – les Berlinois ne s’habillent pas de façon particulièrement appétissante ; celui qui a de l’argent le montre et celui qui n’en a pas, aussi.

Si c’est dimanche après-midi et qu’il fait beau, prenez à présent le bus 100 à Unter den Linden. Descendez au Tiergarten, c’est le grand parc central de la ville. Promenez-vous au milieu des gens qui rôtissent. C’est reposant et ça vous remet au beau fixe n’importe quelle humeur. Si en revanche vous deviez être épuisé entretemps par tous ces chemins sans fin, rentrez à l’hôtel qui vous attend avec des lits larges et une grande salle de bains. Mettez-vous debout dans la baignoire et rincez-vous les jambes à l’eau froide. C’est vivifiant.

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