Domaine français
Parution Mar 2013
ISBN 978-2-88182-890-4
96 pages
Format: 140 x 210 mm
Disponible

Poche
Parution Avr 2022
ISBN 978-2-88927-9-876
144 pages
Format: 140x210 mm
Disponible

Préface de Claire Devarrieux

Jérôme Meizoz

Séismes

Domaine français
Parution Mar 2013
ISBN 978-2-88182-890-4
96 pages
Format: 140 x 210 mm

Domaine français
Parution Avr 2022
ISBN 978-2-88927-9-876
144 pages
Format: 140x210 mm

Préface de Claire Devarrieux

Résumé

Tableau impressionniste d’une bourgade durant la décennie 1970, Séismes raconte le parcours troublant d’un enfant vers l’âge d’homme. Sidéré par la perte de sa mère et l’étrangeté des adultes, le narrateur égrène ses récits de chocs, instants rares où la vie se livre à son maximum d’incandescence. Accordée à l’oralité des rues, sa voix dit la sensualité des odeurs, du toucher dans un récit à l’épaisseur singulière.
Dans tout ce livre règne une gaieté cruelle, proche de celle d’un Fellini ou d’un Prévert, pour tenir en respect la « tristesse qui fermente en silence comme un vin abandonné ».
Grâce à une écriture minimale, d’un rythme envoûtant, Jérôme Meizoz rejoint l’émotion par l’épure.

Auteur

Jérôme Meizoz

Jérôme Meizoz, né en 1967 dans le canton du Valais, est écrivain et professeur à l’Université de Lausanne. Son premier livre Morts ou vif a été désigné «Livre de la Fondation Schiller Suisse 2000». En 2005, il reçoit le prix Alker-Pawelke de l’Académie suisse des sciences humaines (ASSH), et en 2018 Faire le garçon (2017) remporte le Prix suisse de littérature. Parmi ses ouvrages littéraires, Les Désemparés (2005), Père et passe (2008), Fantômes (2010, avec Zivo), Séismes (2013), Temps mort (préface d’Annie Ernaux, 2014),  Haut Val des loups (2015), Absolument modernes! (2019) et Malencontre (2022).

 

 

Agenda

Ven. 14.3.2025 , 18h30

à la librairie Le Temps d’un livre (Genève)

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Sam. 15.3.2025 , 15h00

en rencontre à la librairie Des livres et moi (Martigny)

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Sam. 22.3.2025 , 12h00

au Salon du livre de Genève

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Sam. 22.3.2025 , 15h00

au Salon du livre de Genève

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Sam. 22.3.2025 , 16h30

en dédicace au Salon du livre de Genève

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Sam. 12.4.2025 , 15h00

chez Payot Sion

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Sam. 10.5.2025 , 16h00

en rencontre autour des 50 ans des éditions Zoé à La Liseuse (Sion)

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Dans les médias

« Par bribes, Jérôme Meizoz livre des souvenirs intimes, doux et rudes, des fragments de dialogues saisis au vol, des rêves et des odeurs. On s’y perd, emporté par un rythme à la fois nonchalant et implacable qui pourrait être celui d’une respiration. » Clément Grandjean

« (…) Le premier des vingt-quatre courts récis qui composent ce nouveau parcours déblaye d'un coup toute vélléité imaginaire:  »Quand mère s'est jetée sous le train, il a bien fallu trouver une femme de ménage.«  Tranchante comme un scalpel, cette initiale lance la tonalité dominante et déstabilise d'entrée le lecteur. Inconsolable, le guide narratif va donc dévoiler des tranches de vie successives en nous laissant, par effet de rémanence, cette note primitive en tête. Dès lors, le village et ses habitants vont apparaître, en des travellings avant et arrière du point nodal: le suicide.

Comment recomposer un monde quand on n'a que dix ans? La grande force de Meizoz, c'est son regard colectif, ses yeux pluriel associés à la fratrie ( »Nous, les enfants« ). (…)

Avec des mots très simples dont peuvent user les enfants et les déclassés, s'esquisse un découpage subtil de l'espace. A hauteur d'homme ou, plus bas, de petit homme, si bien qu'une lecture verticale s'insinue dans le déroulement de chacun des  »tableaux« . Dans ce champ dramatique, Meizoz délimite sans lyrisme et sans pathos le cadre somme toute étroit des existences réglées par le travail, le rituel catholique et les fêtes, les rivalités sourdes et l'opaque ballet des relations entre adultes.

Sans chronologie apparente, chaque récit renvoie au Valais francophone des années 1970 (…).

En une centaine de pages, non seulement on a plongé au coeur d'expériences fondatrices mais on a vu se recomposer le corps disloqué de la mère, corps social qu'elle paraissait porter dans sa langue simple, empathique, sa langue maternelle. C'est comme si Meizoz faisait don de son propre langage à ce village,  »don de soi«  au familier pour révéler non le cheminement d'un seul mais les interactions de tous.  »Je suis plein d'une tristesse qui fermente en silence comme un vin abandonné.«  Certes, quoi que ce vin-là, alcoolat doux-amer, on en déguste, par petite gorgées, la saveur d'écriture. » Christian Ciocca

« (…) Le narrateur de Séismes donne d'entrée de jeu le ton du roman: concis et tranchant. Avare de mots mais riche en ressenti, il se raconte à travers des moments de vie marquants. De l'enfance à l'âge d'homme, du traumatisant suicide de sa mère aux anecdotiques jours de paie du père, son quotidien est narré par des instants frivoles ou pesants mais toujours déterminants. Un récit à la fois drôle et cruel sur un parcours de vie parsemé de torpeur et de tremblements. » Alinda Dufey

« Il y a cette phrase saisissante, promesse d'un récit âpre:  »Quand ma mère s'est jetée sous le train, il a bien fallu trouver une femme de ménage.«  Mais Séismes, recueil de brèves nouvelles, n'en dira pas beaucoup plus, préférant, par touches, tracer les contours du Valais des années 30 à 70, plutôt que de raconter le destin d'une famille. Cette mosaïque de souvenirs raconte l'école catholique, le scoutisme, le service militaire, les punitions et les jeux d'enfants, la timidité devant les filles. Le visage de l'auteur, professeur en littérature française à l'Université de Lausanne, né à Vernayaz en 1967, apparaît en filigrane derrière ce  »patient labyrinthe de lignes« . Mais c'est un dédale qui n'a pas résisté aux séismes de l'intime et dont plusieurs murs sont tombés.

(…)

Ces textes parcimonieux, à la chronologie floutée, sont très beaux dans leur résumé d'une humanité  »pleine d'une tristesse qui fermente en silence comme un vin abandonné« . Et parce qu'ils savent dire le soulèvement de l'animalité et de la sexualité. (…)

Jérôme Meizoz (…) est préoccupé par l'exode du passé. Patiemment, il en capture l'ombre dans tous ses livres. » Julien Burri

« Jérôme Meizoz est un styliste de flamme dont les phrases éblouissent. On s'étonne devant ces mots, comment peuvent-ils convoquer autant? Comme des petites boîtes qui s'ouvriraient sur des vallées endormies. Ou des grains de mica qui pourvoient en éclatant une énergie gigantesque. On revient en arrière, on relit. Et se déploient de nouveau, plus fortement encore, les silences intimes, les chocs successifs qui font devenir grand un petit garçon de 9 ans dans le Valais des années 1970. (…)  » Lisbeth Koutchoumoff

« (…) Une syntaxe délicieuse autant qu'irréprochable. (…) » Claire Devarrieux

« (…) La réussite de ce livre, c'est de nous restituer chaque événement dans sa force brute, au plus près du coup reçu dans ces  années d'enfance; coup reçu et non paré, blessure de la chair à vif, pas encore cicatrisée par la raison, l'habitude, la maturité… car pour retrouver ces  »Scènes d'enfance«  dans leur primitive fraîcheur, ne fallait-il pas oublier son jugement, ses interprétations, ses théories d'adulte pour essayer de voir, de revoir le monde avec des yeux tout neufs d'enfant ou d'adolescent? Pari tenu, et gagné. » Anne Mooser

«  (…) Jérôme Meizoz a trouvé ici, plus fortement encore, cette langue qui marie l'intime et l'épopée, ce souffle de légende dans un mouchoir de poche. Le récit est d'une précision sismographique mais garde la trace fraîche et étonnée de l'enfance puis, le temps passant, cette sensation pénible d'engourdissement propre à l'adolescence. » Lisbeth Koutchoumoff

« (…) Certains vantent la flamboyance éblouissante du style, la force brute des épisodes, l’âpreté du récit. D’autres soulignent la simplicité du lexique, l’humble concision du texte, l’effacement du narrateur. Qu’est-ce donc que cet ouvrage résolument épique et intime, à la fois recueil et roman, dont on peine à définir la nature souterraine du charme ?

(…) Un premier récit s’ouvre au lecteur, le plaçant ex abrupto à l’épicentre du séisme : « Quand mère s’est jetée sous le train, il a bien fallu trouver une femme de ménage ». Une cause tragique, un effet cocasse ; les rails en or de l’insouciance, l’aiguillage brutal de la réalité ; les mots d’un enfant, le recul amusé d’une narration rétrospective : elle dit déjà tout, cette phrase initiale qui fracasse le passé sur le présent, rapide comme une chute et dense comme l’instant d’une crise. En vingt-quatre fragments, Séismes racontera les cahots et les revirements qui, sur la route de l’âge adulte, dessinent la topographie accidentée d’une identité en construction.

(…) Sociologue de la littérature, l’auteur de Séismes se distingue cependant par sa prestesse à saisir des collectivités – la famille, la fratrie, la classe, le village… Souvent, le « je » s’évase en « nous », puis devient « on ». Une autofiction sans nombrilisme, une écriture qui enjambe les âges sans écart stylistique, le rythme de la nouvelle et le tempo du roman : voilà comment vibre cet étonnant volume. » Timothée Léchot

Coups de cœur

« Une singularité touchante qui ne renie pas quelques traits d’humour, un beau roman d’apprentissage où transpirent les frémissements de ce qui nous grandit dans les traverses de la vie, les quelques cailloux que l’on pose en chemin, ceux qui claquent et ceux qui demeurent malgré tout. » Mathieu Lartaud

Extrait

 

Quand mère s’est jetée sous le train, il a bien fallu trouver une femme de ménage. Père était sur les routes dès l’aube pour le travail, je l’entendais tousser longuement le tabac de la veille, mettre rageusement ses habits, avaler en vitesse le pain et le fromage. Puis il criait un nom d’enfant, le mien, par la cage d’escalier, pour que l’école ne soit pas manquée. L’appel était si brusque, incontestable, malgré le diminutif affectueux, qu’il signait d’un coup le retour à la vie diurne. Père claquait la porte et le silence régnait dans l’appartement jusqu’au soir.

Il a bien fallu trouver une femme de ménage pour faire les gestes de mère, mais seulement ceux qui s’adressaient aux sols, aux vitres, aux tissus. Une femme de ménage pour les chemises de père, impeccables tous les matins, pour les chaussettes de père qu’il ne savait pas repriser.

Elle a été là un matin d’été, une voisine, petite femme ronde, fumeuse, sévère mais non sans bonhomie. Elle me connaissait depuis toujours, j’avais joué sur la Place, tous les enfants s’éclaboussaient à la fontaine. Elle emmenait avec elle sa fille de trois ans. J’en avais presque dix.

Ce doit être les vacances, ou la fête d’un saint local qui nous donne congé. Je suis à l’étage avec l’enfant qui court un peu partout, rit, grimace, s’amuse dans ce nouvel espace. En bas, j’entends l’aspirateur cogner contre les meubles, la serpillère serrée dans le seau, et le briquet claquer à chaque cigarette.

Tout de suite je m’attache à elle, mignonne, menue, irrésistible. Elle me fait confiance, me suit dans chaque déplacement, cherche à jouer. Je lui donne des livres, des peluches. Elle sourit.

Je suis plein d’une tristesse qui fermente en silence comme un vin abandonné. Et le sourire ne me comble pas, il me faut consoler un être, un autre. D’intuition, je crée le stratagème, le jeu simple et mauvais sort de moi d’un coup, sans besoin d’y songer, venant de loin, d’en bas.

J’attire la petite dans la chambre et en ressors très vite, en fermant la porte derrière moi. Elle sent la clôture soudaine, le silence, mon absence. Elle se met à geindre d’abord puis elle pleure à chaudes larmes. On l’a abandonnée, séquestrée. Je compte alors les secondes, car ses pleurs me pèsent. Cinq secondes, parfois dix. Et puis j’ouvre et lui porte secours. La voilà dans mes bras, consolée.

J’aime surtout ses larmes, et ce moment où elle se rassure, se calme, trouve dans mes bras un état serein. Le spectacle des pleurs puis du retour au calme m’est nécessaire, mais je ne sais pourquoi. Il faut répéter la scène, faire et refaire le geste réparateur. Eprouver à travers elle l’abandon puis la protection. Depuis que personne ne peut plus le faire pour moi, je sais trop bien réconforter les autres.

La petite retrouve son visage paisible et rond, elle sourit à nouveau. D’un jour à l’autre, toute à son émotion de l’instant, elle ne se souvient pas du stratagème.

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