Domaine français
Parution Avr 2022
ISBN 978-2-88927-9-708
160 pages
Format: 140x210 mm
Disponible

Domaine français
Disponible

Jérôme Meizoz

Malencontre

Domaine français
Parution Avr 2022
ISBN 978-2-88927-9-708
160 pages
Format: 140x210 mm

Résumé

Tout le monde l’appelle Le Chinois. On se moque doucement de lui, de ses poèmes, de ses « théories à la con ». L’année de ses quinze ans, il s’est épris de Rosalba. Elle, elle n’a rien vu, rien su et épousé l’héritier de la prospère Casse automobile. Au fil du temps, cet amour non partagé s’est librement déployé dans l’esprit fertile du Chinois. Le jour où Rosalba se volatilise, la police diffuse sans succès un appel à témoins. Pour comprendre cette histoire dont il perd sans cesse le fil, Le Chinois interroge les proches de la disparue. Toutes leurs voix dessinent l’inquiétant motif d’un miroir éclaté. Anti-polar et célébration de l’imagination amoureuse, Malencontre oppose à l’âpreté du réel les forces de l’humour et de l’invention.

Auteur

Jérôme Meizoz

Jérôme Meizoz, né en Valais, est écrivain et professeur à l’Université de Lausanne.

Son premier livre Morts ou vif a été désigné «Livre de la Fondation Schiller Suisse 2000». En 2005, il reçoit le prix Alker-Pawelke de l’Académie suisse des sciences humaines (ASSH), et en 2018 Faire le garçon (2017) remporte le Prix suisse de littérature. Parmi ses ouvrages littéraires, Les Désemparés (2005), Père et passe (2008), Fantômes (2010, avec Zivo), Séismes (2013), Temps mort (préface d’Annie Ernaux, 2014),  Haut Val des loups (2015) et Absolument modernes! (2019).

 

 

Dans les médias

Jérôme Meizoz, invité dans l’émission « Le Grand Soir », à écouter ici

« Malencontre dépeint une enquête tout sauf policière, aux couleurs locales, influencée par les expériences du quotidien d’un intellectuel criblé d’angoisses. (…) Comme à son habitude, Jérôme Meizoz, manie les mots avec une poésie et une dextérité fascinante dans cette histoire aux parfums du connu. » Elodie Wehrli

« Jérôme Meizoz construit ses mondes par petites touches impressionnistes qui donnent corps aux personnages et aux décors. Aussi bien dans Malencontre que dans Séismes, le phrasé est court, avec des mots du terroir sans chichis. (…)

Dans les deux ouvrages, le récit est endeuillé par le suicide d’une mère qui se jette sous un train. L’écriture Fait-elle office d’exorcisme ? Quoi qu’il en soit, l’auteur se distancie de cette absence maternelle grâce à l’humour. Il en a à revendre quand il décrit nos petits travers helvétiques sur les richesses que l’on n’emporte pas dans la tombe, sur l’amour bling-bling pour les bolides rutilants ou encore la vénération grotesque des numéros de plaques de voiture, attachés à leurs propriétaires pour la vie, comme le numéro AVS. A lire pour rire un peu de soi ! » Marie-José Brélaz

« Mon livre est plutôt un anti-polar plus proche d'auteurs qui aiment rire avec leurs lecteurs, rire d'eux-mêmes et des modes. Par exemple, un des clichés du roman noir, c'est la femme victime. Moi j'aime mieux la femme active, voire agressive. »

Une interview de Jérôme Meizoz par Laurent Nicolet à lire ici (p.54)

« Un clan louche, une victime innocente, des secrets : les ingrédients sont réunis pour un roman policier, et pourtant « Malencontre » n'en est pas un, plutôt le portrait fragmenté d'un lieu alpin et de ses habitants, et l'histoire à la fois sublime et ridicule d'un amoureux éconduit. » Laurence de Coulon

« Enquête en forme de faux polar, portrait d’une communauté valaisanne dominée par une famille au machisme pesant,  »Malencontre«  explore la part fantasmée de l’autofiction chère à l’écrivain romand Jérôme Meizoz. »

Jérôme Meizoz était l’invité de Nicolas Julliard dans l’émission « Quartier Livre », à écouter ici

« L’auteur valaisan propose cette fois-ci un anti-polar dans un décor de casse automobile au cœur d’un village. Il s’amuse à déjouer les codes du roman noir, à tordre le cou aux clichés de la femme victime, mais le livre est avant tout un prétexte pour parler d’amour fantasmé… »

Rencontre avec Jérôme Meizoz dans l'émission « Tandem », à regarder ici

« Patchwork de chapitres lapidaires faufilés de souvenirs, d’entretiens, de dérives imaginaires, qui s’amusent à déjouer les attentes et désamorcer les convenances polardesques en renonçant à toute explication. Le Valaisan Jérôme Meizoz est un écrivain de la mosaïque, composant à même le ciment littéraire tesselles fictionnelles, éclats documentaires et fragments autofictifs. Où l'on retrouve le décor d’un village alpin, jamais nommé comme chez Giono, dont le roi est ici le patron d'une monumentale casse automobile au fonctionnement clanique.

Au fil des pages allusives et des multiples interstices que l’auteur creuse, non sans humour, entre intime et collectif, ville et montagne, ruralité et intellectualité, amour et mort, un tableau sociologique apparaît. Oui, comme dans un bon polar. » Thierry Raboud

« Le style de Meizoz se reconnaît aussi au mélange des genres, dans un récit intégrant passages descriptifs, poèmes, liste de livres, et tendant presque vers le conte à la fin. Sans oublier la critique sociale, omniprésente dans ses romans. Dans son excursion rêvée en altitude avec Rosalba, [le narrateur] trouve une station aseptisée garantissant « un pur spectacle sans conséquence », avec pour mots d’ordre « spécialité, terroir ou authenticité ».

Sauf pour cet employé vantant en toute bonne foi « les produits du tiroir ». Quant à la casse automobile, elle raconte à la fois la société de consommation avec ces voitures qui s’empilent jusqu’à boucher l’horizon, et un univers machiste et violent, où les femmes servent avant tout de reproductrices pour le clan. Le tout crée, à l’image des précédents livres, une voix unique, complexe, tendrement drôle et poétique. »

Un article de Caroline Rieder à lire ici

« Jérôme Meizoz conte les aventures d’un écrivain en manque d’inspiration qui choisit de consacrer son ouvrage à Rosalba, son amour de jeunesse avorté. Un récit qui explore la puissance de l'imaginaire et prend soudain la forme d'un faux polar lorsque la jeune femme disparaît. Commence alors pour le narrateur une longue enquête auprès des habitants, sorte de sociologie villageoise, un portrait tour à tour collectif et intime sur la personne de Rosalba. L’écriture est très belle et certains passages du texte dignes d’un recueil de poésie. » Aurélie Jaquet

« Évitant habilement le « truc » de confier à un événement extérieur inattendu le sujet de roman qui manque à son héros plumitif, Jérôme Meizoz l’envoie par des chemins de traverse à la fois drôles, ingénieux et touchants, sur la piste des raisons qui font que l’inspiration, cette fois, se dérobe bel et bien…

Malencontre est une petite intrusion dans l’envers du décor de la littérature, mais surtout un portrait de femme absente qui fuse à chaque page, étrangement grave et émouvant dans cette ambiance de vrai-faux suspense un peu décalée. » Joëlle Brack

« On reconnaît des motifs chers à l’auteur de Séismes et de Faire le garçon, le regard tendre et distant qu’il porte sur son lieu d’origine, le décalage ressenti chez les « mandarins » parisiens. Émotif et rêveur, antithèse des machos qui règnent sur la casse, son narrateur n’a jamais eu de relation avec Rosalba et préfère au fond l’imaginer. « Dans mon cœur et mon esprit, l’espace des possibles restait grand ouvert. » Jolie manière d’affirmer la prééminence de la fiction, littéraire ou amoureuse, sur « les étroites parois » d’un réel qu’il peine à habiter. » Anne Pitteloud

« On l'appelle « le Chinois ». Tout le monde se moque de lui. C'est un piètre poète, en mal d'inspiration, la tête toujours dans les livres, qui débite des phrases de Mao Tsé-toung et des « théories à la con ». Voilà pour le portrait. (…)

Quand, un jour, sa belle Rosalba disparaît, les rumeurs circulent. A-t-elle fui ? Est-ce un meurtre ? Le Chinois part sur ses traces. Sa drôle d'enquête l'emmène sur les terres du « clan », un groupe de gangstas-machos, jusque dans une famille de Hollandais qui a fait fortune en Papouasie. Que s'est-il vraiment passé ? Un livre absurde et truculent. » Alice Develey

Mathias Enard ouvre « La Salle des machine » (France Culture) à Jérôme Meizoz et son roman « Malencontre » : une conversation passionnante « dans les interstices du réel », où l’imaginaire amoureux devient moteur de création littéraire.

A écouter ici

« Formidable ironiste, comme toujours, Jérôme Meizoz laisse son narrateur en panne d’inspiration tournicoter autour d’une casse automobile. La page blanche gribouillée d’idées et les carcasses de voiture se fondent dans une même esthétique de pièces détachées. Tout en fragments, Malencontre couture des témoignages, des réminiscences, des citations… « Le monde morcelé semait en moi des doutes »… La « malencontre » du titre dit cet éparpillement, cette difficile rencontre entre la littérature et un sujet. » Pierre-Edouard Peillon

« Cette histoire kaléidoscopique fait l’unanimité. Une ode aux amours fantasmées, dont la persistance déjoue l’âpreté du réel. Un anti-polar en forme de miroir social éclaté, qui s'épanouit sur les débris épars du clanisme des régions reculées, des déterminismes liés au genre et au statut social. Un très beau roman qui dresse un portrait un brin inquiétant mais truffé d’humour d’une région. » Jean-François Albelda 

« Il y aurait tous les ingrédients d’un polar, mais l’intérêt est ailleurs : avec brio, Jérôme Meizoz fait le point sur l’imagination amoureuse. (…) En se plongeant peut-être plus que jamais dans la fiction, Jérôme Meizoz gagne certainement en liberté d’imagination et en possibilités ludiques. Il s’affronte aussi plus frontalement au défi de la transposition romanesque, si bien qu’il arrive qu’on se demande si les carnets d’écriture que compulse le narrateur ne sont pas aussi ceux de l’écrivain. »

Une chronique d'Alain Ausoni à lire ici

« C’est une sorte de faux polar, construit sur un faux rythme. C’est aussi une vraie réussite. (…)

Sur cette histoire simple en apparence, Jérôme Meizoz construit un roman habile, qui évoque un amour frôlé et se demande ce qui aurait pu se passer si… Malencontre rappelle aussi que l’on ne connaît jamais vraiment les gens, que tout est question de point de vue, que tout portrait demeure forcément morcelé et partiel. L’auteur d’Absolument modernes en profite pour confronter l’imaginaire à la trivialité du réel. Et pour décrire, avec son humour subtil, une communauté villageoise où règnent les non-dits et le mépris à peine dissimulé des intellectuels qui pérorent avec leurs « théories à la con  », alors qu’ils feraient mieux de s’aérer la tête: « Sinon, tous ces bouquins vont te pourrir le crâne! » » Éric Bulliard

« Le narrateur, ou l’auteur, qu’importe, commence par quelques pages où il fait de lui un portrait en écrivain impuissant : défaut d’imagination, incapacité à ficeler une intrigue, défiance des clichés alors que c’est tout ce qui nait sous sa plume, sentiment d’échec. Le ton est donné : drolatique, plein d’autodérision, légèrement sarcastique.

(…)

Vous êtes entré au pays des merveilles et de l’illusion quand soudain le récit se transforme, abandonne l’histoire d’amour et devient un roman policier. Car Rosalba disparait. D’abord parce qu’elle se marie, ensuite parce qu’elle échappe à son mari et s’enfuit, mais on ne saura jamais où, en dépit d’une enquête qui hésite entre le réalisme et la parodie.

(…)

Il y a dans Malencontre une foultitude de pistes de réflexion, de flèches qui visent juste et de cruels rappels pour qui est sensible à la chose littéraire passée au crible d’un esprit tranchant. »

Un article de Cécile Dutheil de la Rochère à lire ici

« Un livre complètement atypique qui se lit dangereusement bien. » Josianne Létourneau, Librairie du Square (Montréal)

« Une très belle plongée dans la psychologie d’un petit village. » Dominique Bressoud, Librairie Une petite prose (Boudry)

Jérôme Meizoz, invité d’Emmanuel Khérad dans « La librairie francophone ». A écouter ici

« Un amour non réalisé est une immense poche d’imaginaire. La puissance du fantasme irrigue le nouveau roman d’un auteur qui est aussi un fin observateur de la pratique littéraire. (…) Les non-dits, les ragots créent progressivement un univers étrange et inquiétant dont joue avec brio l’auteur qui multiplie les voix sociales et les sensibilités individuelles dans un roman troublant et intense. »

« Fragmenté, le texte construit sa cohérence au moyen d’une numérotation par paragraphe. Les phrases peuvent ainsi épouser l’élan qui les motive. Puis, s’arrêter. L’espace coïncide avec la parole : il n’y a plus à tirer en longueur. Et la prose s’en porte bien. Elle garde une forme brute et impressionne par sa fulgurance.

C’est une double enquête pour retrouver une femme et la capacité d’écrire, toutes les deux absentes. À la fin, les retrouve-t-on ? »

Un article de Maxime Hoffmann à lire ici

« En chapitres brefs, drôles et inquiétants, Jérôme Meizoz met brillamment en scène cet amour irrésolu. » David Spring

« Malencontre le dernier roman de Jérôme Meizoz, au phrasé court et au texte fragmenté, emmène le lecteur dans un Valais réinventé avec des personnages, pour certains, taillés à la serpe. Aux ingrédients du roman policier avec son histoire de casse automobile, son clan macho et une jeune femme victime innocente, se mêle l’esquisse sociologique d’une communauté villageoise pleine de non-dits et de ragots. C’est aussi l’histoire d’amour chimérique non partagé d’un jeune intellectuel angoissé, émotif et rêveur. (…)

Dans tous ses récits, études ou essais, Meizoz se livre à une critique, à la fois subtile, tendre et incisive des puissants et des normes, de l’assignation des garçons à la virilité dans un monde rural catholique et d’« une société d’obéissance, arcboutée contre le modernisme, hantée par la peur du sexe et qui exerce un contrôle sur les femmes, leur corps, leurs gestes » (Annie Ernaux, préface à Temps mort ). » Roland Pfefferkorn

Coups de cœur

« Jérôme Meizoz est intriguant dans cette nouvelle publication: un anti-polar qui enquête sur une disparition et pas des moindres: celle de Rosalba, l'amour des quinze ans du Chinois, narrateur. Au milieu de ce village, un lieu prédominant: La Casse automobile où les carcasses s'entassent, au gré des rencontres du narrateur se dévoilent les différentes facettes de Rosalba, du village et de ses habitants, et bien sûr de lui-même. Un roman apparemment simple et pourtant… » Claire Oberson

Extrait

Dans le cours si morne de la vie, quelque chose était arrivé. On ne savait pas très bien quoi. Sur le moment, je pensai que Rosalba n’avait plus supporté le rôle de femme-ventre, de guérisseuse blessée, résignée et patiente, généreuse comme la rente foncière. Un jour, peut-être, elle en avait eu marre d’être désirée sans joie et utilisée sans répit.

D’une manière ou d’une autre, elle s’était sauvée. Elle n’avait pas simplement fui, elle avait assuré son salut.

Et j’avais en tête ce refrain :

Si tu me quittes

Est-ce que j’peux venir aussi ?

J’ai songé aussi que son air fragile avait fait illusion. Mais comment aurais-je pu m’en douter, à l’époque des mobylettes ?

On nous disait toujours, à nous les garçons, que les filles étaient délicates, qu’il ne fallait pas leur donner des coups, surtout pas aux fesses ni au ventre (laissant poindre que ce ventre était le feu central, ancestral).

Leur force était cachée, on ne pouvait pas la nier.

Rosalba avait donné la vie, pensais-je, et l’ôter était en son pouvoir. Longuement, je songeai à cela, au masque de retenue sur son visage et à ma faiblesse d’enfant sans mère, qui n’avait de boussole que le regard des filles.

Raconter, après coup, l’histoire de celle qui ne m’a pas aimé, cela pourrait passer pour une compensation. Ou peut-être même une vengeance. De manière imprévisible, pourtant, cela m’emplissait d’une joie gamine.

Ma fascination pour Rosalba, j’en pris alors conscience, avait pu se déployer depuis très longtemps dans une rêverie sans contraintes. Les enfants le savent, qui découvrent le monde en jouant, avant de s’y cogner avec le sérieux des adultes.

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