Pour Nicolas Bouvier, l’art populaire n’est pas spécifique à une seule région. C’est ainsi que l’on retrouve en Souabe et en Alsace les lettres d’amour si bien connues en Suisse. Comme on retrouve, à l’identique, les rosaces sculptées des anciens meubles rustiques suisses sur le bonnet des femmes kalmouks, au fond de la Sibérie. Ainsi l’art populaire, écrit Nicolas Bouvier, nous permet de « parcourir la planète sur un tapis volant par archétypes interposés ».
Mû par son infatigable curiosité pour cet art anonyme, il en a rassemblé une collection d’images importante. Des papiers découpés aux enseignes, des costumes aux masques, du mobilier aux arts du textile, des images de cuir au verre peint et gravé, il décrit et illustre avec une érudition raffinée les arts populaires suisses dans leur richesse et leur diversité. Et ajoute malicieusement : « Le métier d’iconographe est de nos jours aussi répandu que celui de charmeur de rats ou de chien truffier. »