Nicolas Bouvier (1929-1998), voyageur ouvert au monde entier et aux langues inconnues grâce à son oreille musicienne, n’a pas croisé Charles-Albert Cingria (1883-1954) sur les routes et les chemins, autour de Genève, de Paris ou de Rome, ni n’a fait halte dans les mêmes bibliothèques à la recherche des mêmes manuscrits. Mais il a lu ses chroniques, ses proses, ses récits fantastiques ou fantasmagoriques, ses traductions des maîtres anciens, entrant ainsi en dialogue avec lui, cherchant les raisons de ces instants magiques où le monde dévoile son secret, son sens lumineux, sa beauté légère.
Ce qui intéresse Nicolas Bouvier lisant Cingria, homme au charisme épique, c’est la manière d’écrire le voyage, l’art de circuler et d’aller et venir tout en observant le proche et le familier comme s’il était neuf et inconnu.
«Un mètre carré, et l’univers», c’est la formule de Cingria pour déambuler, s’étonner, vivre, méditer, écrire.
Le titre de ce livre, choisi par Nicolas Bouvier, souligne le rapport très libre qu’il entretient avec Cingria : lâcher prise et rouler sans entrave.