Domaine français
Parution Mar 2025
ISBN 978-2-88907-455-6
160 pages
Format: 140x210
Disponible

Domaine français
Parution Mar 2025
Disponible

Jérôme Meizoz

Le hameau de personne

Domaine français
Parution Mar 2025
ISBN 978-2-88907-455-6
160 pages
Format: 140x210

Domaine français
Parution Mar 2025

Résumé

Emaney s’est volatilisée après avoir quitté mari et enfants. Fasciné depuis des années par cette femme qui l’ignore, Fracasse, poète fantasque et maladroit, retrouve sa trace dans le hameau de montagne où, devenue styliste, elle s’est retirée avec ses chiens et ses écrans. Là-haut ne vivent plus que Javerne, marginal et tranquille, la silencieuse Maïko et quelques ânes philosophes. L’hiver s’installe, la neige étouffe tout et Emaney fleurit sur les réseaux sociaux: en femme publique, elle y met soigneusement en scène son quotidien, vend ses vêtements et prodigue des conseils de créativité. Mais au hameau, ses angoisses se révèlent vertigineuses. Quant à Fracasse, il l’épie à en devenir fou.
Dans ce huis clos d’altitude, les voix s’entrechoquent: récit des témoins, journaux intimes, courriels et jusqu’à une intelligence artificielle. Qui manipule qui? Roman choral, Le hameau de personne raconte les solitudes connectées dans une société obsédée par la maîtrise de l’image.

Auteur

Jérôme Meizoz

Jérôme Meizoz, né en 1967 dans le canton du Valais, est écrivain et professeur à l’Université de Lausanne. Son premier livre Morts ou vif a été désigné «Livre de la Fondation Schiller Suisse 2000». En 2005, il reçoit le prix Alker-Pawelke de l’Académie suisse des sciences humaines (ASSH), et en 2018 Faire le garçon (2017) remporte le Prix suisse de littérature. Parmi ses ouvrages littéraires, Les Désemparés (2005), Père et passe (2008), Fantômes (2010, avec Zivo), Séismes (2013), Temps mort (préface d’Annie Ernaux, 2014),  Haut Val des loups (2015), Absolument modernes! (2019) et Malencontre (2022).

 

 

Agenda

Sam. 10.5.2025 , 16h00

Rencontre autour des 50 ans des éditions Zoé à La Liseuse (Sion)

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Dans les médias

« (…) Sur cette intrigue de base limpide, Jérôme Meizoz tisse un étonnant roman choral, qui dépasse largement l’histoire d’amour contrariée. Il choisit ce cadre montagnard pour mieux observer le monde et nos solitudes contemporaines, trompées par l’hyper-connexion. Mais il est aussi question de la création et de l’écriture elle-même. Autant de sujets que l’écrivain et professeur à l’Université de Lausanne entremêle avec virtuosité. Il use en outre de sa liberté d’auteur pour s’immiscer dans le roman et se présenter en train de solliciter l’aide de l’intelligence artificielle. Sans trop en révéler, disons que l’expérience paraît assez rassurante : les propositions de l’IA ne sont pas convaincantes du tout et même «cousues de fil de cuivre, si j’ose dire». L’heure n’est pas venue pour ChatGPT de rivaliser avec les vrais écrivains. » Éric Bulliard

« Un village isolé dans les montagnes, une styliste de mode venue s’isoler, un amoureux transi et un « rêveur pacifique, introverti, embarrassé de lui-même » : le décor et les personnages sont posés pour ce huis clos alpestre de haute intensité. Car il ne faut pas se tromper sur l’ambiance faussement tranquille de ce hameau perdu. Les jours, certes, y passent lentement, surtout l’hiver, mais les esprits ont tendance à se replier sur eux-mêmes et à perdre le contact avec le réel. L’isolement a ses gouffres.

(…)

Mais quelle fin ? Faisant irruption dans son roman, le narrateur écrivain avoue hésiter. Il s’est évertué jusque-là à varier les modes d’écriture : dialogues, récits, extraits de journaux intimes, posts sur les réseaux sociaux, poèmes… Il complète maintenant cette recherche permanente sur la forme d’une réflexion sur la trame. Comment achever une œuvre sans tomber dans les poncifs ? Jérôme Meizoz, malicieux et complice avec son lecteur, dévoile avec lui les arcanes de l’écriture. » Franck Mannoni

« Dans Le hameau de personne, chaque personnage est en quête de quelque chose et en même temps dépendant d’autrui. Le hameau représente le vieux monde, même si internet est accessible. Jérôme Meizoz exploite cette perméabilité et nous pousse à réfléchir sur nous-mêmes. (…)

L’écriture de Jérôme Meizoz est portée par un rythme, une musicalité. De l’audace aussi. Ainsi proclame-t-il au début du chapitre 3 : «Poser le décor, c’est ennuyeux, donc j’y vais à gros traits.» Gonflé, Meizoz! «C’est vrai, je n’aime pas les descriptions, surtout lorsqu’il s’agit de faire voir la montagne, explique-t-il. Très vite, on tombe dans les clichés type Heidi. Emaney, c’est mon Heidi à moi. Elle est punk et abîmée.»

Il sait enchanter sa plume avec des métaphores et autres figures de style, y compris (tiens, tiens) quand il s’agit de décrire un lieu. La phrase suivante n’est-elle pas miraculeuse ? « La moitié de l’année, le bled ressemble à une soupière dans laquelle le diable aurait versé du brouillard. » Blaise Calame

 

« Méditation sur l’art (dont celui de finir ou non), sur le silence et la vérité, variation sur une société de l’image où la rencontre est impossible entre solitudes déconnectées d’être trop connectées, cet «anti-roman» séduit par sa mise en abyme. Et par l’écriture imagée et sobre de Jérôme Meizoz, qui continue de creuser de manière sensible un territoire – le Valais d’origine – tiraillé de forces contraires. » Anne Pitteloud

« Rosalba a plaqué mari et enfants, pris le nouveau prénom de Emaney, et crée des vêtements qu’elle vend sur les réseaux sociaux depuis une maison isolée en altitude. Javerne, discret producteur de cultures illicites, vit dans le même hameau, et Fracasse, grand romantique timide fasciné depuis l’adolescence par Rosalba, s’y est installé pour l’épier de loin. En compagnie de quelques ânes forcément taciturnes et d’une femme
muette, ils tentent tous les trois de négocier avec le réel, jusqu’à ce qu’une fin intelligente les rattrape. » Laurence de Coulon

« Tout le texte de se donner comme une virtuose mise en scène et en abyme de ce commerce d’apparences qu’est devenue notre société, où les écrans ont remplacé les miroirs. La création est forcée de comparaître dans la vitrine des réseaux, et le roman lui-même concède son impuissance face à la tyrannie des images. «En fait, les mots n’ont rien de commun avec l’expérience du regard, bien plus entêtante qu’eux. Tout au plus, ils s’efforcent d’en traduire quelques bribes.»
(…)
Sociologue de la littérature, spécialiste de la posture d’écrivain et de sa transformation en marque, Meizoz conjugue avec brio forme et fond, jusqu’à faire du roman un laboratoire du fictionnel. Dans son hameau d’ailleurs, personne ne parvient à ses fins, pas même lui. Dès lors, comment finir? En interrogeant ChatGPT, puis en envoyant un mail à l’éditeur pour lui proposer de choisir la meilleure version…

Non, l’écrivain ne s’éparpille pas. Dans son paysage d’élection, il creuse un sillon qui, passant s’il le faut par l’altérité du sauvage ou du robot, cherche inlassablement à relier l’art et la vie. »

Un article de Thierry Raboud à lire ici

« De romans en romans, Jérôme Meizoz affûte ses outils littéraires pour saisir une vérité qui, par essence, se dérobe. Celle de l’intimité des êtres. L’écrivain valaisan, qui enseigne à l’Université de Lausanne, approche une nouvelle part de mystère dans Le hameau de personne, un intrigant huis clos montagnard où accents poétiques et regard sociologique se mêlent à la narration.
(…)
«Comme tous les auteurs, je suis réticent devant ce qui est en train de se passer avec l’IA, moins par peur que la machine nous remplace que pour le problème des droits d’auteur, et la diffusion de fake news à large échelle. Ici, mon but n’était pas critique, mais plutôt de réfléchir à la création: est-ce qu’on peut être aidé par une machine? Qui met le point final? Car c’est un livre en miroir, il y a l’histoire qu’on raconte, puis l’histoire du livre qu’on écrit.» Au terme de sa traversée, pas de doute, le roman porte bien la patte d’un humain. Au menu: un peu de suspense, du tragique, mais des sourires aussi, avec cette légère ironie qui flotte sur la montagne. »

Un article de Caroline Rieder à lire ici

« (…) Des vieux, quelques ânes, une ambiance crépusculaire: «Le hameau de personne» est «un morceau du passé échoué dans notre présent d’inquiétude». Pas de quoi rire, se dit-on d’abord, sans savoir qu’on sera démenti par le final cocasse et déconcertant de ce roman où l’auteur goûte à des libertés nouvelles. (…)
Au total, trois solitudes qui s’exaspèrent. Trois êtres en fuite, rejetant le monde tel qu’il va, et sur lesquels plane une menace incertaine. Les signes sont parmi eux et on tente de les déchiffrer.
À chacun sa voix. Emaney célèbre la Nature (avec majuscule) et le corps qui ne ment pas. Fracasse a des lettres et cite volontiers le philosophe Wittgenstein. Javerne, lui, est plus brut de décoffrage. Usant par ailleurs d’une multitude de formes narratives (journal intime, blog, poème, articles, scènes dialoguées…), Jérôme Meizoz les ajuste par un travail de marqueterie très réussi. À la fin, même ChatGPT est appelé à la rescousse de ce roman spéculaire, qui s’interroge sur lui-même: la littérature a-t-elle vraiment un avenir sous le règne de l’intelligence artificielle? » Michel Audétat

« Voilà une manière de huis clos en pleine montagne ; c’est un roman choral et chacun y va de sa version, de son ressenti, de son chapitre, c’est curieux, lent, déroutant et infiniment plaisant à lire. Une manière de poésie alpestre ou alpine, c’est selon… » Ronan Manuel

« Par un jeu subtil de points de vue et de discours alternés, Jérôme Meizoz construit un roman polyphonique où les apparences, la réputation et les mondes numériques jouent un rôle central, jusqu’à venir en aide au romancier. »

Jérôme Meizoz était l’invité de Nicolas Julliard dans l’émission Quartier Livre, à écouter ici

Extrait

Poser le décor, c’est ennuyeux, donc j’y vais à gros traits. De toute façon, la réalité est inaccessible, chacun se la fabrique. L’essentiel tient dans le film intérieur. Nous y voilà, Rosalba va surgir. Dans un endroit qui ressemble à un chalet vieillot. Un hameau de montagne posé sur le versant nord. Une fontaine près de l’ancienne école qui abrite aussi la chapelle. Autour, une forêt humide de sapins et au-delà, des éboulis couverts de mousses, un peu d’herbe maigre. C’est là qu’elle vit désormais.
Personne ne connaît sa personne. Rosalba.
La voilà, elle sort de son lit, elle déborde, toujours là où on ne l’attend pas. Elle passe le seuil de sa chambre pour rejoindre la douche. Les pièces tout en boiseries regorgent de tissus. Une mosaïque de couleurs. Un mannequin d’essayage, des pelotes d’aiguilles.
Rosalba altière, indifférente. Elle ne se voit pas agir et c’est ainsi qu’elle est superbe, sans conteste, loin de tout regard.
Elle a quarante ans bien sonnés, un mari sommaire
laissé derrière elle, les gosses en plaine dans une villa
tapageuse. Haie de cyprès, piscine et bagnoles aux
couleurs vives.
Les gens lui reprochent bien sûr d’avoir abandonné ses enfants, on dit toujours ça aux femmes. Quand les hommes partent, eux, on les plaint de voir moins souvent leur progéniture.
Quarante ans, avec ce qui reste devant. Et pour la première fois, sa vie portée à l’incandescence.
Personne ne connaît sa personne. Rosalba.

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