Domaine français
Parution Oct 2022
ISBN 9782889279036
5056 pages
Format: 140x210 mm
Disponible

Domaine français
Disponible

Gustave Roud

Oeuvres complètes

Domaine français
Parution Oct 2022
ISBN 9782889279036
5056 pages
Format: 140x210 mm

Résumé

Grand marcheur, déchiffreur infatigable du Jorat, cette région de plaine et de collines où il a vécu toute sa vie, Roud a suscité de son vivant l’admiration de ses lecteurs et de ses pairs, qui tous ont souligné le caractère envoûtant de sa prose lyrique.   Gustave Roud regarde la nature à l’œil nu, et la nature ne le distrait pas, commente par exemple Jean Paulhan en 1957. Le poète ne considère pas la campagne de l’extérieur : il entretient une relation intime, intense, avec le vivant – arbres et fleurs, forêts, champs et prairies, oiseaux et bêtes sauvages, ciel et constellations, étangs et rivières. Parlant des paysages, des saisons, des gestes et des corps des paysans, ses textes témoignent de la quête d’un paradis immanent. À la fois chant du monde et méditation sur la fin de la ruralité traditionnelle, la poésie de Roud apparaît aujourd’hui comme précurseur des écritures contemporaines qui tentent de renouer le lien défait entre l’humain, son habitat terrestre et les vies qui le peuplent. Cette édition critique des Œuvres complètes rassemble, en quatre volumes enrichis d’un choix de photographies de Roud, la production littéraire du poète (vol. I), du traducteur (vol. II), de l’auteur du Journal (vol. III), du critique littéraire et du critique d’art (vol. IV). Elle rend compte du rôle majeur que Roud a joué dans la vie culturelle de son époque, comme collaborateur et rédacteur pour divers éditeurs, Henry-Louis Mermod et la Guilde du livre notamment, ainsi que pour des revues littéraires ou destinées au grand public. Assortie d’index, pourvue d’introductions, de notices et de notes qui exploitent la riche documentation archivistique et historique conservée en particulier dans les fonds du Centre des littératures en Suisse romande (Université de Lausanne), l’édition, qui propose des textes inédits dans chaque volume, permet de satisfaire les intérêts et curiosités multiples que suscite l’œuvre de Gustave Roud, aussi bien auprès des amateurs de poésie que des chercheurs en littérature du XXe  siècle.

Les Œuvres complètes de Gustave Roud se présentent sous la forme d’un coffret de quatre volumes comptant 5120 pages, 90 photos couleurs et de très nombreuses illustrations noir blanc.

Le volume 1 (1456 pages) comprend les œuvres poétiques : recueils, textes publiés en revue et textes inédits.

Le volume 2 (1088 pages) rassemble l’essentiel des Traductions : recueils consacrés à Novalis, Hölderlin, Rilke, Trakl dont Roud est un des premiers traducteurs en français; traductions publiées en revue ou dans des volumes collectifs – notamment de Wilhelm Müller, Goethe, Clemens Brentano, Hildegard von Bingen ou encore Eugenio Montale.

Le volume 3 (1280 pages) livre les notes de journal (1916-1976) dans toute leur diversité archivistique – feuillets épars, manuscrits et dactylogrammes, carnets, cahiers, agendas. Événements du jour, réflexions sur soi, descriptions de paysages, projets, propos sur l’art, poèmes…

Le volume 4 (1296 pages) réunit l’ensemble des articles et études critiques que Roud a consacrés, tout au long de sa vie, à des poètes, écrivains et peintres, le plus souvent contemporains.

Bruno Pellegrino, Julien Burri, Alessio Christen, Raphaëlle Lacord, Stéphane Pétermann et Elena Spadini, sous la direction de Claire Jaquier et Daniel Maggetti

Auteur

Gustave Roud

Poète, Gustave Roud (1897-1976) est l’auteur d’une œuvre rare. Les trois volumes d’Écrits, publiés par Philippe Jaccottet en 1978, qui rassemblent l’ensemble de son œuvre poétique, sont de plus en plus lus. Ses textes poétiques répondent à des préoccupations contemporaines via une écriture d’une grande pureté classique : L’imaginaire roudien séduit les amateurs de poésie mais intéresse aussi les champs suivants : écocritique, géographie littéraire, études sur le paysage, ou encore queer studies.

Dans les médias

« L’œuvre de Roud est d’une grande cohérence, et ses positionnements personnels et esthétiques la traversent tout entière. »

« Il y a certes dans l’œuvre des éléments contextuels, que notre édition permet du reste d’appréhender. Mais comme tout écrivain de qualité, Roud peut être lu sans être familier de la Suisse romande : les réalités qu’il aborde et les questions qu’il creuse ont une portée esthétique et existentielle accessible à n’importe quel lecteur. »

Entretien de Daniel Maggetti avec Philippe-Emmanuel Krautter à lire ici

« Quelle somme sous nos yeux ! Quatre tomes, nourris de nombreux textes inédits, qui rassemblent pour la première fois sa production de diariste, de critique, de prosateur lyrique et de traducteur, tout en réaffirmant grâce à une riche documentation la position centrale de l’auteur dans la vie culturelle de Suisse romande. L’aspect monolithique du coffret peut certes intimider — plus de 4 kg tout de même. Mais il faut y entrer comme dans un paysage, puis vagabonder d’une illumination à l’autre en cet univers de tout temps, que le poète célèbre entre concrétude et mysticisme, mélancolie et exaltation. Une visite souplement guidée, grâce à l’efficacité du dispositif éditorial qui accompagne d’introductions, de notices et de notes les différents textes de Roud, certains difficiles à appréhender sinon. (…)

Plutôt qu’une stèle définitive, ces quatre volumes composent donc autant de bornes sur les voies d’un marcheur dont la trajectoire, dans le champ de la poésie francophone du siècle passé, est parmi les plus libres et universelles. »

Un article de Thierry Raboud à lire ici

« Dans le milieu littéraire romand, c'est l'un des événements de l'année: la publication des Œuvres complètes de l'écrivain, poète et photographe vaudois Gustave Roud (1897-1976) aux éditions Zoé. Le coffret de quatre volumes compte plus de 5000 pages.

Considéré comme l'un des plus grands poètes de Suisse romande, successeur de Charles Ferdinand Ramuz, Gustave Roud a voué sa vie tant à l'écriture poétique qu'à entretenir une relation intime avec le quotidien, son environnement, le terroir du Jorat en particulier et la nature en général dans son Journal. Il a aussi pratiqué avec passion la traduction, la critique d'art et la photographie. »

Un entretien de Daniel Maggetti à lire ici

« Gustave Roud lui-même parlait comme d’une « pincée de cendre » des deux volumes d'Écrits parus aux Éditions Mermod en 1950. Son œuvre poétique est associée à cette image de minceur, de densité, tandis que lui-même s’est retrouvé figé dans la figure du poète solitaire reclus dans sa maison de Carrouge (VD), arpentant sans fin les collines et les champs du Haut-Jorat. Ce sont ces deux clichés que fait mentir le monumental coffret de ses Œuvres complètes, paru hier aux Éditions Zoé, plus de quarante-cinq ans après sa mort (1897-1976): ses quatre volumes compilent plus de 5000 pages, ponctuées de 88 illustrations couleur et de nombreuses photos en noir et blanc – celles de l’écrivain-photographe, qui capturait la nature, le corps des paysans, les gestes ancestraux des campagnes en mutation.

Soutenu par le Fonds national suisse et codirigé par Claire Jaquier, professeure à l’université de Neuchâtel et spécialiste de l’œuvre de Roud, et Daniel Maggetti, directeur du Centre des littératures en Suisse romande (CLSR), le chantier a réuni durant quatre ans six jeunes chercheurs et chercheuses. Leurs introductions, notes et notices qui accompagnent les textes réunis dans ce beau coffret azur permettent aujourd’hui de prendre la mesure et la cohérence d’une œuvre jusque-là disséminée.

(…)

On s'immerge avec émerveillement dans cette écriture d’une grande douceur, qui se distingue par une attention vive au monde naturel et des images saisissantes de justesse et d’inventivité, témoignant de la quête d'un «paradis» immanent et d’une conscience aiguisée de la fin de la ruralité traditionnelle. »

Lire l’article d’Anne Pitteloud et l’entretien avec Claire Jaquier ici

« Une langue à la fois mélodieuse et charpentée. Quelque chose nous prend sous un charme puissant et c’est peut-être la première chose qui frappe. »

Claire Jaquier, invitée de Renaud Malik dans l’émission « Forum ». A regarder ici

« Gustave Roud, un créateur puissant à l’aura francophone. »

« Cette plongée dans la prose roudienne, au fil de sa poésie, son journal, ses traductions et son activité de critique, restitue une époque, un style, des thèmes récurrents. Et sa modernité! Tour d’horizon avec Claire Jaquier et Daniel Maggetti, qui ont dirigé la publication. »

Un article de Caroline Rieder à lire ici

« Une vie durant, dans le sillage des romantiques allemands, Novalis en tête, Gustave Roud a bâti une œuvre parmi les plus importantes de la poésie de langue française du XXe siècle, toute tendue vers l’écoute de la nature, du vivant, de tous les signes d’un «paradis humain» à reconstituer. (…)

Si ces Œuvres complètes font date (seule la correspondance n’y est pas incluse), c’est qu’elles placent en pleine lumière tout un pan de la production du poète, considéré jusque-là comme secondaire et mis de côté lors de précédentes éditions. A la façon d’une porte qui ouvrirait sur un jardin insoupçonné, cette édition permet de prendre pleinement la mesure du champ d’action de Gustave Roud, qui dépassait largement la dizaine de recueils publiés. «Non, Gustave Roud n’était pas l’auteur que de quelques recueils étiques, parus de façon éparse, et sans aucun appareil critique, ce qui ne permettait pas de percevoir sa manière de travailler. Le temps est enfin venu de déployer son œuvre dans toute son étendue et toute sa puissance», explique Daniel Maggetti, directeur du Centre des littératures en Suisse romande, qui a dirigé, avec Claire Jaquier, ces Œuvres complètes, fruit d’un chantier de quatre ans, financé par le Fonds national suisse. (…)

A cet ensemble s’ajoute un appareil critique qui accompagne avec une grande élégance la poésie du poète et qui met à jour sa démarche: celle d’un écrivain-photographe qui déployait sa prose lyrique sur une multitude de supports, capable et désireux de s’adresser à des publics divers, aussi bien aux initiés de la Revue de Belles-Lettres ou d’Aujourd’hui, qu’aux lecteurs de L’Illustré (où il signera plusieurs reportages accompagnés par ses photos), de la Revue des PTT, de L’Année hippique, de Tourisme pédestre ou de magazines féminins. Il écrira et lira aussi des chroniques pour la radio.

Gustave Roud vivait ainsi, chichement, de sa plume dans une approche très ouverte, loin de toute sacralisation du texte poétique. Pour chaque contribution, on retrouve sa langue immédiatement reconnaissable, ce rythme de la marche, cette musicalité. Des trésors sont ainsi à portée de main comme Découverte de Portalban, Seuil de l’hiver ou Fin d’hiver au Jorat. »

Un article de Lisbeth Koutchoumoff à lire ici

« Pourquoi est-il essentiel de continuer à lire et à faire découvrir la poésie, les écrits et la photographie de l’auteur vaudois disparu en 1976 ? »

Claire Jaquier et Daniel Maggetti, invités de Nicolas Julliard dans l’émission « Quartier livre », à écouter ici

« Dans le milieu littéraire romand, c'est l'un des événements de l'année : les Oeuvres complètes de l'écrivain, poète et photographe vaudois Gustave Roud sont désormais disponibles aux éditions Zoé. Une oeuvre contemplative et intemporelle qui se savoure sur 5'000 pages. »

Un article à lire ici

« De belles découvertes, le lecteur en fera bien d’autres en se plongeant dans ces quatre volumes. Mais qu’en est-il des spécialistes ? Ce chantier a-t-il modifié leur perception de Gustave Roud ? Claire Jaquier admet avoir découvert dans la correspondance des anecdotes amusantes – et parfois cruelles – sur les rapports de l’écrivain avec les éditeurs, mais surtout avoir dû quelque peu nuancer sa vision de Roud comme poète de l’intériorité : «En lisant sa poésie, on se dit que c’est un solitaire, ce qui est vrai. Affectivement, il a vécu une vie solitaire, mais il a entretenu de nombreuses amitiés et de riches contacts professionnels. Par ailleurs, son œuvre poétique accorde une grande place au dialogue, à la salutation, à l’invocation. Elle est à la fois dialogique et polyphonique. Le “je” lyrique est certes présent, mais sans aucune dimension solipsiste. Les voix humaines et les voix du monde sont omniprésentes. Le poète s’adresse à des entités de tout ordre, oiseaux, fleurs, arbres, étoiles, nuages, rivières et les fait parler dans un esprit qu’on pourrait qualifier d’animiste. » »

Un article de Mireille Descombes à lire ici

« En 1978, deux ans après la mort de Gustave Roud, Philippe Jaccottet rassemblait ses Écrits en trois volumes. Le poète de Carrouge, marcheur infatigable dans ce Jorat qu’il n’a cessé de chanter et de photographier, y apparaissait comme un poète rare, discret. Auteur de dix recueils de prose poétique parus de son vivant (d’Adieu en 1927 à Campagne perdue en 1972), il avait en parallèle mené un important travail de critique (artistique et littéraire), que les Œuvres complètes réunissent enfin. Ces quatre volumes imposants, enrichis d’un appareil critique fort éclairant, reprennent aussi de nombreux textes parus dans diverses revues, le journal intégral, ainsi que les traductions. Partout, c’est l’émerveillement face à cette prose chatoyante, en quête d’accord avec la nature et les choses. Sept chercheuses et chercheurs ont travaillé sur ce projet, pour, au final, confirmer la place majeure de Gustave Roud dans la poésie francophone du XXe siècle. » Éric Bulliard

« Les quatre énormes volumes d’œuvres complètes que les éditions Zoé ont l’audace d’installer devant tout le monde ne nous disent pas autre chose : les mots sont forts dans leur silence. Ils sont plus forts que les joujoux d’Internet. Ajoutons, à ce silence, celui de la photographie, dont Roud est un adepte fervent. Ce Virgile des alpages ne dédaignait pas l’objectif de haute précision. On retient. (…)

Écrire des poèmes, célébrer la courbe d’une colline, la ligne d’une épaule, celle de l’ami laboureur, le bien-nommé Aimé. Rien que des événements physiques, les sources de la beauté, au premier rang desquels «la moisson». Car la moisson est une fête, un commencement et une fin. La vie, la mort, le recommencement au cœur de la nuit : voilà ce qui est à vivre. Quelqu’un a-t-il mieux à proposer ? On danse dans les villages, les amoureux se cherchent et se trouvent. II y a des drames sentimentaux qui nous bouleversent plus que des guerres. (…)

Il est curieux de constater, un siècle plus tard, que cette fière humilité au blason hölderlinien continue d’incarner une aventure de la vie intérieure qui n’a pas renoncé à la lumière du jour. Admirable façon d’assumer à la fois le règne de l’ombre et celui de l’éclat. L’initiative éditoriale de Zoé vient ici jouer comme la reprise et la relance d’une aventure poétique profondément européenne. Un art singulier d’être soi. » Michel Crépu

« Vaudois, Gustave Roud ? Enraciné, oui, capable de dire : «Tu es mon maître, ô Pays (…) tu es le maître de mes joies ». Son œuvre parle de cette chance inespérée à quiconque porte au cœur un pays blessé. À chaque page, nous vient la pensée, douce et douloureuse : heureux l’homme qui reconnaît qu’il voit toute lumière à travers celle de son pays natal et ses paysages qui ont le secret de le mener vers le silence et la beauté. II y a, dans ce qu’écrit Roud, une force unique de présence et de célébration. (… )

Chacun de ses mots nous parvient depuis une très longue patience. II laisse à d’autres le clairon des chants et se contente d’affirmer : «Je saurai prendre au piège des vers de délicates merveilles » (Feuillets).

Ces merveilles, ce sont la main du moissonneur qui aiguise sa faux, le combat des ombres légères et du soleil, les cerises qu’on met en bocaux, le chant limpide d’une fauvette, la vie mystérieuse des bêtes sauvages qui traversent un instant nos vies. » Emmanuel Godo

« Chaque halte de Roud reste un arrêt du temps et sur image pour nous contacter à la Présence, celle que la nature campagnarde nous octroie en reliant la terre et le ciel. Avec Ramuz il reste un des deux chantres de paysages suisses de  »sur-vivance« . Il s’agit d'offrir par l'écriture la communion avec le monde. L'homme au plein de sa vigueur se sent assez fort pour ne douter pas de son regard et de l'extase des paysages. » Jean-Paul Gavard-Perret

« Quarante-cinq ans après la mort de Gustave Roud, la publication de ses Œuvres complètes par les éditions Zoé permet de donner une vision complète à la fois de la production littéraire du poète, de l’auteur du Journal, du traducteur et du critique d’art. Elles rendent par ailleurs compte du rôle majeur que Roud a joué dans la vie culturelle de son époque, comme collaborateur et rédacteur pour divers éditeurs ainsi que pour des revues littéraires ou destinées au grand public. Elles rendent enfin justice à une œuvre lyrique marquante dans la poésie francophone du XXe siècle. » Isabelle Falconnier

« (…) Les éditions Zoé publient ses Œuvres complètes, et cela constitue un évènement, car on s’aperçoit qu’à beaucoup d’égards Gustave Roud nous est resté peu connu. A sa disparition, il laisse juste une dizaine de livres. C’est grâce au poète et écrivain Philippe Jaccottet (1925-2021) que les lecteurs français ont vraiment pu approcher ces recueils au lyrisme troublant, à l’entêtante métaphysique. (…)

[Le] Journal, aujourd’hui entièrement restitué (cahiers, carnets, agendas, notes éparses), est au centre des quatre volumes des Œuvres complètes. Tenu sans interruption de 1916 à 1976, il est l’écriture première, le creuset, le réservoir de tous les autres textes. Impressions, descriptions, réflexions portées par l’instant, bouleversements de l’âme, allégresse ou tourments du corps, tout s’y rejoint, s’y rassemble. Pour sa poésie, Roud en reprend des passages entiers qu’il remanie à peine. D’autres fois, il entortille les souvenirs, les moments passés, dans une rhapsodie nerveuse, intense. Et le Journal irradie tout autant l’ensemble de ses travaux. Que ce soient ses très nombreuses critiques artistiques, littéraires, sous forme de préfaces, d'articles, commentaires, dans les journaux dont on s’aperçoit ici de l'étendue et de la variété, ou encore ses traductions. Car l’édition révèle également toute cette activité de passeur. Transposition créatrice. On savait ses affinités, sa proximité sensible avec Novalis, Hölderlin, Trakl, l’attention particulière qu’il avait eue aux Lettres à un jeune poète, de Rilke, mais on ignorait qu’il s'était attaché aussi bien à la bénédictine et poétesse du XIIe siècle Hildegard de Bingen qu'aux écrits de l’Égypte antique. »

Un article de Xavier Houssin à lire ici

« (…) Dans sa vie éveillée, le poète né en 1897 cherche aussi à abolir le temps, à effacer ce qui sépare les morts des vivants. « Je suis fait d'absences et de présences », note-t-il et parfois il croit sentir celle de sa mère, disparue en 1933. Avec la marche à pied véritable, Gustave Roud trouve une manière d'exténuer le corps, état propice à l'illumination poétique. Depuis une « ballade » de quatre jours alors qu'il avait 19 ans, il a pris le goût de cette ivresse, qui le fait se sentir en adhérence avec le paysage, avec les arbres, les bêtes croisées. Il aime s'enfoncer dans la nuit, sa canne à la main et en compagnie de son « ombre trébuchante ». Mais c'est à la lumière du jour, que les paysans du Haut-Jorat ont pris l'habitude de voir sa mince et longue silhouette vêtue comme à la ville, équipée de calepins il écrit surtout dehors, assis sur un banc, un tronc et d'un appareil photo. »

Un article de Frédérique Fanchette à lire ici

« Le poète a passé toute sa vie (1897 – 1976) dans sa ferme familiale du Haut-Jorat, en Suisse romande. Sa prose lyrique vibre de ses admirations, au cours des promenades dans une campagne désormais « perdue ». II y goûtait les moindres nuances des saisons, observait les jeunes paysans, véritables intercesseurs au seuil d’un paradis. II a témoigné dans une langue poétique incomparable de la « sève mystique » qu’il ressentait « en chaque veine du monde ». » Gérard Bocholier

« Les œuvres complètes de Gustave Roud (1897-1976) paraissent enfin. Auteur majeur de Suisse romande, acteur culturel considérable en sa patrie, poète, traducteur, critique littéraire et photographe, trouvera-t-il enfin, auprès des Français, l’audience que sa prose lyrique incandescente mérite ? (…)

Ce poète a vécu de mystiques échanges terrestres, qu’il a su traduire par une écriture aux harmonies ultrasensibles. Elle nous découvre une « immense prière éparse qui le cerne à chaque pas », « admis vivant à l’éternel ». » Gérard Bocholier

« Avançons cette hypothèse, qui frôle la certitude: le grand événement littéraire de l'an dernier n'est pas l'exhumation des textes disparus de Céline mais bel et bien la parution en quatre volumes de l'œuvre de Gustave Roud aux éditions Zoé, soit ses œuvres poétiques, ses traductions, son Journal (tenu pendant soixante ans…) et ses textes critiques. L'extraordinaire qualité de l'édition et le haut niveau des collaborateurs qui la commentent, auxquels il faut ajouter la présence de documents et photos, vont enfin permettre de prendre l'entière mesure du parcours poétique de Roud. (…)

Roud a une manière très particulière de bâtir sa phrase, imprégnée dirait-on de structure latine, et très certainement redevable d'une Saison en enfer. Oscillant entre fantasmagorie et tableau, sa phrase cherche, en accumulant les visions et les sensations, à faire de son déroulement une expérience à chaque fois unique. (…)

Chantre et témoin, orphelin et mal-aimé, peintre des ruines agricoles et des muscles endurcis, pictorialiste du sensible, aussi élégiaque que précis, homme blessé mais tenace, Roud reste un incroyable écrivain à découvrir, un continent à part entière, irréductible, magnifique, un écrivain à l'affût de cet  »instant suprême […] où l'homme sent crouler sa risible royauté intérieure et tremble et cède aux appels venus d'un ailleurs indubitable.« 

Une chronique de Claro à lire ici

« (…) Ce qui ressort aussi de cet homme, et ce dont toute son écriture transpire, comme les torses qu’il photographie des jeunes faucheurs de sa campagne, c’est une sensibilité à fleur de peau, aussi calmement dite et vécue qu’elle se mine souvent de déchirements que les livres révèlent. Mais sans apitoiement ni pathos. (…)

Tout ce qui fait extériorité et qui ne s’oppose plus à la vie intérieure, est scruté par Roud comme une matière sensuelle, où le désir ne cesse de se projeter afin de vérifier ce qui en lui demeure désir. Intacte expérience par laquelle la pointe de son écriture, mais aussi celle du viseur de son appareil photographique, capte la basse continue d’une persistance des choses là même où elles ne cessent de se modifier, de se corrompre, de disparaître. (…)

Roud offre une largesse de sensations à ses proses qui dilate la joie profonde de la rencontre, y compris la plus furtive, et cherche le noyau du réel venant à lui-même plus qu’une fidélité à la forme réaliste. » Emmanuel Laugier

« (…) Oui, tout est tension dès les premières pages du journal de ce jeune poète qui d’emblée est plus qu’un «cher confident» à la manière confinée du cher Amiel, tout est déjà porté vers la poésie réellement agie autant que désirée, la moindre note est déjà comme un esquisse de poème et tout de la présence du monde, du village au paysage et de la solitude à la multitude – tout va vers le don et l’abandon avec une prodigieuse attention. »

Un article de Jean-Louis Kuffer à lire ici

« L’admirable qualité de présence au monde de sa poésie ne va pas sans une réverbération humaine, par laquelle la nature tout entière se fait chair. Sans cesse esquissés dans les notes du Journal, les plus infimes détails (qui n’en sont jamais) passent dans les poèmes composés : plis de craie des chemises, hâle plus ou moins fauve des carnations, bras nus plongés dans les fontaines, regard de sources où le paysage se reflétant s’élargit… L’élan lyrique qui vient secouer le mélodieux tissu de la prose roudienne, les retombées dans une solitude après un furtif jaillissement de source entre deux hommes que la vie sociale déchire me paraissent encore, plus de trente ans plus tard, sa plus haute caractéristique. » Olivier Barbarant

« On ne lit pas rapidement une telle somme dont l’appareil critique éclaire bien des aspects d’une œuvre protéiforme : il semble utile de présenter cette belle édition. »

Une chronique de Tristan Hordé à lire ici

« (…) L'occasion de découvrir l'attachement d'un poète à sa terre, sa passion pour les paysans, et le rythme d'une œuvre scandée par de grandes traversées du pays natal. L'occasion, aussi, de s'immerger dans une langue « douce, harmonieuse, fluide, qui n'aime pas le heurt, pas le choc des mots — une langue envoûtante » (Claire Jaquier). »

Claire Jaquier, invitée de Pascal Paradou dans l’émission « De vive(s) voix » à écouter ici

« Gustave Roud photographe rend visite à Rousseau. La Maison de Rousseau et Littérature montre les images du poète. Beaucoup d’érotisme sous les couches de protestantisme vaudois! »

Un article d’Etienne Dumont à lire ici

« L’intégralité des écrits de Roud y est rassemblée : œuvre poétique, traductions. journal et textes sur la littérature et les beaux-arts. Largement de quoi émerveiller de nouveaux lecteurs ! Et pour compléter cette roborative lecture, on pourra faire le voyage jusqu’à Carrouge (canton de Vaud) afin de parcourir le sentier littéraire Gustave Roud, au départ de la maison du poète (sentier.gustave-roud.ch). Une belle découverte de cette paisible campagne du Jorat où le poète vagabondait, attentif aux signes ténus d’un monde rural et d’une nature avec lesquels il entretenait une tendre relation. » Guillaume Lebaudy

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