Domaine français
Parution Jan 2003
ISBN 978-2-88182-468-4
160 pages
Format: 140 x 210 mm
Disponible

Domaine français
Disponible

Poche
Parution Août 2022
ISBN 978-2-88907-059-6
176 pages
Format: 105x165 mm
Disponible

Michel Layaz

Les Larmes de ma mère

Domaine français
Parution Jan 2003
ISBN 978-2-88182-468-4
160 pages
Format: 140 x 210 mm

Domaine français
Parution Août 2022
ISBN 978-2-88907-059-6
176 pages
Format: 105x165 mm

Résumé

Pourquoi cette mère, avec le cadet de ses fils, marque-t-elle autant de différences ? Et pourquoi des larmes le jour de l’accouchement ? Ce troisième fils, elle le vante et elle le persécute, elle le distingue et elle le tourmente. Devenu adulte, le dernier fils reconstitue son enfance grâce aux objets qu’il voit ou découvre dans l’appartement parental. Et si les objets se mettaient à parler ? Et si les objets détenaient la clé de l’énigme ? Grâce à une écriture précise, tendue, ce livre où se succèdent des épisodes cocasses et dramatiques, révèle l’intime en évitant l’écueil du sentimentalisme. Les mots sont à leur place sans jamais forcer et le lecteur voit son imagination croître au fil de ces récits d’enfance qui ne manqueront pas de résonner dans sa propre histoire.

Auteur

Michel Layaz

Né à Fribourg en 1963, Michel Layaz fait partie des principaux auteurs romands contemporains. Commencée en 1993 avec Quartier Terre (L’Âge d’Homme), son œuvre littéraire compte aujourd’hui une quinzaine de romans, dont plusieurs primés. Parmi ceux-ci Ci-gisent (Zoé, 1998), écrit à la suite d’un séjour à l’Institut suisse de Rome, Les Larmes de ma mère (Zoé, 2003 ; Prix Dentan et prix des auditeurs de la Radio Suisse romande), ou encore la Joyeuse complainte de l’idiot (Zoé, 2004). Plus récemment, son texte Louis Soutter, probablement (2016) remporte un prix de littérature suisse, le prix Bibliomedia et le prix Régis de Courten; Sans Silke (2019), quant à lui, obtient le prix Rambert. En 2021 paraît Les Vies de Chevrolet.

Agenda

Ven. 25.10.2024 , 18h30

au théâtre La Grange (Lausanne)

Jeu. 7.11.2024 , 19h00

aux Sandales d’Empédocle (Besançon)

En savoir +

Ven. 8.11.2024 , 17h00

en dédicace chez Payot Nyon

Sam. 9.11.2024 , 11h00

en dédicace chez Payot La Chaux-de-Fonds

Distinctions

Michel Layaz, lauréat du prix Michel-Dentan 2003 pour  Les Larmes de ma mère 

Michel Layaz, lauréat du prix des auditeurs de la RTS 2004 pour  Les Larmes de ma mère 

Dans les médias

« Un état des lieux mémoriel [où] les objets détiennent la clé du mystère, permettent d’accéder une nouvelle fois au monde de l’enfance. »

Un article à lire ici

« Eh bien non, ce n’est pas d’une souveraine qu’il sera ici question, mais d’une mère qui, à sa manière, a régenté la vie de son fils. L’écrivain fribourgeois Michel Layaz a fait de ce dernier le narrateur d’un roman remarquable, paru en 2003, mais qui vient d’être réédité. Troisième garçon d’une femme qui n’en espérait visiblement pas tant, aussi adulé que persécuté, il raconte son enfance à travers les objets qui l’ont marquée. Une canne à pêche, un tourniquet, un ruban, des escarpins verts, une statue africaine peuplent ainsi ce royaume troublant où trône une photo. Prise juste après l’accouchement, elle montre le bébé dans les bras de sa mère, en proie à une crise de larmes. Un « flux effrayant » qui sous-tend tout le récit, où s’alternent deux des visages de l’amour: celui de la fusion et celui de la prison. » Céline Prior

« Grâce à une écriture précise, ce livre révèle l’intime en évitant l’écueil du sentimentalisme. »

« C’est une urgence. Une manœuvre de survie. Malgré l’impact et les séquelles, le narrateur de Les Larmes de ma mère se doit de dire, d’exprimer. Sous peine de perdre la faculté d’aimer.

Alors, avec la complexité de l’adulte qui arrive enfin à parler « comme un grand » de ses souvenirs simples d’enfant, il raconte. Il raconte les deux fléchettes, la poêle en fonte, le bouchon, le couteau à viande, la chambre carrée, le grand bougeoir, la pièce d’or… Les bibelots se transforment en mots. Les objets sont anecdotiques, c’est-à-dire à la fois sans importance – du moins quand c’est un regard adulte qui se pose dessus – et révélateurs. Exhumée lors de l’inventaire réalisé au moment de vider l’appartement parental désormais inhabité, cette bimbeloterie exutoire va mettre à nu l’enfance, la mère, la relation filiale, la famille, la déviance qui n’est jamais dite, la colère et la haine, la libération. » Bérénice L’Épée

« Avec style, Michel Layaz dissèque une enfance oppressante et peuplée de moments aussi forts que déroutants. Sa phrase ciselée dit à merveille les violences cachées, les plaies impossibles à cicatriser, le réconfort que peuvent procurer les mots. » Alexandre Fillon

« La démarche de Michel Layaz pourrait se borner à l'explication schématique, alors qu'elle devient ici implication vivante, vécue par une langue qui restitue, dans leurs nuances, tous les désarrois, les humiliations, les infimes blessures à cicatrices durables, mais aussi les effusions, les petits bonheurs, les premiers troubles sensuels, les échappées dans le sillage d'un magicien ou d'une femme bien en chair, les premiers refus aussi et les premières prises de conscience personnelles, dont le meilleur exemple est donné dans l'épisode poignant du cousin  »anormal«  dont l'eau de vidure de la baignoire emporte toutes les avanies de ce bas monde. » Jean-Louis Küffer

 

« À sa façon, romantique et moderne, cette confession est aussi un roman d'apprentissage où l'on voit un jeune garçon affirmer son identité et s'affranchir de la tutelle maternelle, à force de courage et au prix de pas mal de souffrances, en se fixant pour règle de  »tout lui dire et ne rien révéler« . Ce qui est, faut-il le souligner, à l'exact inverse de la démarche du romancier ! » Isabelle Martin

« Quant à la maîtrise de l'écrivain – la maîtrise de l'auteur des Larmes de ma mère – elle est désarmante comme celle du conteur, mais non pas éphémère comme elle, parce qu'elle est conservée dans une langue souple et de grande ampleur, qui sait allier le réalisme descriptif, l'ouverture évocatoire et la concision poétique. » Jean Kaempfer

« Les Larmes de ma mère sont un récit sensible, subtil et troublant, où l'auteur réfléchit à la manière d'écrire la mémoire.
(…)
En décernant le Prix Dentan 2003, il y a quelques jours, à Michel Layaz, le jury a récompensé un véritable écrivain qui construit, livre après livre, son propre univers, porté par une langue précise, ample, poétique. » Patrice Borcard
 

« Dans le beau recueil sensuel de souvenir d'enfance de Michel Layaz, construit autour de l'évocation nostalgique d'objets ludiques, menaçants ou interdits, la mère, regrettée, objet d'un culte oedipien, est peinte en flou, prisonnière d'un secret jamais dissipé. Entre mutilations affectives et frustrations physiques, elle apparaît comme une méchante, une voix qui  »perce les veines« , un ton de  »haine froide« , des yeux d'une  »fureur funèbre« . C'est par une crise de larmes qu'elle a accueilli ce fils banni,  »bon à jeter à la poubelle« , dont elle jette la seule photographie où elle est avec lui. Depuis, le  »petit mâle à ignorer«  expie poétiquement son impuissance à susciter en elle un intérêt. Les Larmes de ma mère s'acharnent à percer le mystère de ces phrases et pulsions qui restent pour le narrateur des  »plaies inguérissables« . » Jean-Luc Douin

« Par sa violence et sa musique secrète, le livre de Layaz libère des fantômes qui hanteront pour longtemps ses lecteurs. » Jean-Michel Olivier

« Les mots, parfois j’y crois très fort, et parfois j’y crois très peu (…). Les mots sont capables à la fois de tromper, de manipuler, de fourvoyer, d’irriter, et en même temps ils sont capables d’apaiser, de libérer, de sauver.» Michel Layaz, au micro de la journaliste Florence Heiniger
Un entretien à retrouver ici

« (…) Michel Layaz construit un récit tout en nuances de ce terrible malentendu, puisque ce sont les objets familiers et familiaux qui vont parler, suggérer le drame, via l’usage souvent contradictoire qu’en a eu la mère, le père ou le fils. » Louis-Philippe Ruffy
Une émission à retrouver ici

Droits vendus

Russe
Acquéreur ANO Redaktsiya jurnala "Inostrannaya Literatura"
Année 2019

Anglais
Acquéreur Seagull Books London
Année 2016

Français (poche)
Acquéreur Points Seuil
Année 2006

Bulgare
Acquéreur Colibri
Année 2003

Extrait

En passant devant la commode du hall d’entrée, je me suis souvenu que ma mère y rangeait parfois certains de nos objets, à mes frères et à moi-même, qu’elle avait décrétés inutiles, objets qui restaient là comme au purgatoire jusqu’à ce qu’elle les condamne ou les gracie. J’ai d’abord ouvert le dernier tiroir ; celui du haut, puis, par je ne sais quel illogisme, celui du bas. En me relevant, j’ai tapé de la tête le tiroir que j’avais oublié de refermer. Le choc a provoqué la chute de la statue. J’ai pris la chaise pour mieux voir : la malheureuse avait la tête brisée. La mienne ne l’était pas moins ! Je ne pouvais mentir, cacher ma faute, je devais affronter mon père, lui dire le mal que j’avais infligé à la statue radieuse, et puis souhaiter qu’il me pardonne, compter sur sa compréhension, son discernement. J’attendais dans le hall qu’il arrive. Une gueule de molosse me mordait les chevilles, m’empêchait de bouger. Je haïssais autant ma maladresse que ce bilboquet du diable capable de décapitations. Quand la porte d’entrée s’est ouverte, d’un regard, mon père a compris: la commode, la tête coupée, ma peine, mes regrets, mon attente, il a compris tout cela, mais une fureur est venue battre ses tempes, un instinct qui peut s’emparer du plus brave des hommes, le brûler, injecter en lui une sauvagerie de pirate, de tortionnaire, une violence qui ne pourra se dissiper sans une action d’éclat, un cri, un geste sonore. Le visage calme, mais avec les mâchoires serrées, comme s’il avait voulu les broyer, réduire ses dents en poussière, mon père m’a giflé.
Assis sur mon lit, tranquille, je caressais du bout des doigts mes joues brûlantes, soulagé que ce moment soit passé, sans haine contre mon père, persuadé de la nécessité de cette gifle, de la réconciliation à venir.
Douleur et affliction ne dureraient pas
Il suffisait de fermer les yeux et de renaître. L’impact d’une détonation peut provenir d’un tissu qu’on froisse ! Sur le seuil de la chambre, dans une robe grise, imposante et impavide comme les personnages des bas-reliefs assyriens, se profilait ma mère. Son corps refusait d’aller plus loin, de passer le seuil de la chambre, mais sa voix, d’un autre temps encore, victorieuse, sa voix venait jusqu’à moi, me secouait, me soulevait, sa voix me perçait les veines, s’insinuait, me crispait, sa voix disait, de ce ton de haine frivole qui méprise et condamne la domesticité alentour : «Va ! Va regarder ce que tu as fait ! Va voir dans quel état tu as mis ton père ! Tu entends ? … Va voir ton père ! »  Assis  dans  le  crapaud4   rouge  au  tissu  usé,  dans  ce  fauteuil  que  ma  mère  jugeait épouvantable mais qui avait accompagné son mari depuis l’adolescence et qu’elle avait fini par tolérer  comme  on  tolère  un  défaut  inaliénable  (par  exemple  des  os  pointus,  une  tache  de naissance, une bouche qui tombe, des doigts trop courts, une mauvaise vue), assis dans son crapaud, mon père avait le corps penché en avant, qui tremblait. Il cachait sa face de malheureux. Quand il a senti ma présence, il a retiré ses mains. J’ai vu le visage d’un homme qui pleurait, un visage qui montrait ce qu’il serait vingt ans plus tard, avec les yeux qui se ratatinent, avec les rides gui s’élargissent, avec cette fatigue irréversible qui se propage sur chaque parcelle de peau, la flétrit, la grisaille, la consume, mais je voyais aussi qu’il était prisonnier de ce fauteuil, comme si une enveloppe métallique l’entourait, avec des barreaux serrés, avec une porte cadenassée, mon père enfermé dans cette cage comme un animal sur qui on se livre à diverses expérimentations et qu’on libérera peut-être, une fois achevées les séances d’analyse, si le responsable du laboratoire le veut bien.

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