A la veille de sa retraite, le commissaire Höchstettler, franc-tireur perspicace et sympathique, adopte un comportement qui fait scandale : il rend visite aux auteurs de délits demeurés impunis, et parvient aisément à les confondre, preuves à l’appui. Mais c’est pour les laisser courir. Mieux, il entreprend un cambriolage en compagnie de deux d’entre eux. Le commissaire est-il devenu criminel ? Tout au contraire, on comprend bientôt que chacun de ses actes, si stupéfiant soit-il est inspiré par la compassion pour les hommes et la passion de la justice – la vraie, pas celle des commissariats et des prétoires.
Une telle passion, la société ne peut que la contrarier, de toute son inertie et de toute sa violence. Plus les causes défendues par le commissaire seront nobles et vitales, plus il lui sera difficile de les faire triompher. C’est ainsi qu’il va se trouver pris au piège d’une affaire tragique où son courage et son intelligence risquent bien d’être écrasés par la sempiternelle coalition des intérêts, des ambitions et des bienséances.
Dürrenmatt n’a pas achevé ce roman. Mais la puissance de l’auteur est là tout entière, et son audace, et son humour. Brusquement interrompu, comme étranglé par le silence, son cri de révolte n’en est que plus déchirant.