« Deux passions donc, l’une christique empreinte de souffrance, l’autre aiguisée par les sentiments amoureux. Elles ont aussi en commun le fait que la sensualité des jeunes héroïnes, innocente pour Emerentia et troublante chez Virginia, se heurte au dogmatisme catholique et à la culpabilité chrétienne.
Si S. Corinna Bille n’était pas une féministe déclarée, ses deux textes font aujourd’hui résonner (et même raisonner) notre actualité appauvrie par des revendications façon #MeToo. Son écriture poétique, qui mêle la nature et les émotions dans le regard apprenant de ces deux femmes en devenir, peut constituer un socle identitaire puissant quant à la place des femmes.
La place de S.Corinna était dans l’écriture qu’elle a pu vivre pleinement. Dans un documentaire réalisé quinze jours après la mort de l’autrice, Maurice Chappaz, son second époux lui aussi écrivain et poète suisse de renom, détaille : « Écrire n’était absolument pas séparé de la vie. A un moment donné on ne faisait peut-être même pas la distinction entre lire un poème, regarder un arbre, vivre une heure de marche sur une route, goûter quelque chose et le fait d’écrire. » Et Deux passions brûle de cet absolu. » Bérénice L’Epée