Domaine français
Parution Août 2014
ISBN 978-2-88182-926-0
208 pages
Format: 140 x 210 mm
Disponible

Domaine français
Disponible

Max Lobe

La Trinité bantoue

Domaine français
Parution Août 2014
ISBN 978-2-88182-926-0
208 pages
Format: 140 x 210 mm

Résumé

Mwána vit dans un pays au cœur de l’Europe, avec ses cousins blancs qu’il connaît bien. Certains parmi eux sont décidés à chasser les moutons noirs de leur territoire. La traque est lancée, les esprits s’échauffent. C’est dans ce contexte que Mwána cherche un emploi. Et rien n’est gagné.
Le jour où il décide de dépenser ses derniers centimes pour entendre la voix de sa mère restée là-bas, au Bantouland, sa vie se fige dans une parenthèse douloureuse. Mwána ne la reconnaît plus. Ah Nzambé ! Il traverse des moments cailloux dont il sait malgré tout savourer le sel. Grâce à son esprit vif et profondément joyeux, grâce à Ruedi le rouquin, à Madame Bauer la passionaria, ou encore grâce à Kosambela, sa sœur très catholique.
Avec La Trinité bantoue, Max Lobe précise et approfondit cette écriture inventive, chatoyante et visuelle initiée dans 39, rue de Berne qui l’a révélé comme un auteur prometteur.

Auteur

Max Lobe

Né à Douala en 1986, Max Lobe grandit dans une famille de sept enfants. Il arrive en Suisse à l’âge de 18 ans, deux ans après l’obtention de son Bac. À Lugano, il suit des études de Communication et journalisme. Passionné d’histoire et de politique, il suit un Master en Politique et Administration publique à l’Institut des Hautes Etudes en Administration Publique de Lausanne. Il est établi aujourd’hui à Genève. Ses textes, tous publiés aux éditions Zoé, comprennent notamment 39 Rue de Berne (2013), Confidences (2016, Prix Amadou Kourouma 2017), ou encore La Promesse de sa Phall’excellence (2021).

S’inspirant de la littérature traditionnelle africaine ainsi que des réalités de l’immigration en Suisse, Max Lobe traite des thématiques comme l’homophobie, la religion, la violence et de la situation des personnes sans-papiers.

Distinctions

Max Lobe, lauréat du Premio Salerno Libro d’Europa 2018 (Festival Salerno Letteratura), pour la traduction italienne de  La Trinité bantoue 

Dans les médias

« Chez Max Lobe, les questions graves et contemporaines de l'emploi, des religions, des aides sociales, du frottement des cultures sont traitées de manière aussi réaliste que joyeuse. Drôlerie et tragique se mêlent avec une forme d'allégresse inimitable. »

« (…) On rit beaucoup à la lecture, le narrateur caricaturant  les traits de caractères suisses et bantous avec la même curiosité. Max Lobe tisse son texte d'oralité africaine, dont les expressions sont savoureuses aux oreilles romandes (…). Un roman à la fois rafraîchissant et profond, un style unique en devenir. » (Marianne Grosjean)

Le divin chauve

Avec la trinité bantoue, Max Lobe, le jeune et truculent Camerounais de vingt-huit ans, signe un décapant roman-journal. Ici, la déroute sociale et les moeurs, enchâssées et tendues, tanguent mais ne rompent pas. L'espoir n'est jamais perdu. Lauréat du prestigieux prix du Roman des Romands 2013-2014 pour son hilarant 39 rue de Berne, Max Lobe étire la veille burlesque de ses contes éveillés dans une langue populaire et inventive. (…)

Eugène Ebodé

« Dans  La Trinité bantoue, Max Lobe invente une langue qui tient la froidure à distance

Entre Genève et Yaoundé, et plusieurs allers-retours au Tessin, les phrases du romancier ont un rythme sans pareil. Dans ce troisième roman, il affirme encore sa partition douce-amère pour aborder le racisme, le chômage et la maladie

 

Lire La Trinité bantoue, c’est entrer dans un rythme, une pulsation. Mine de rien, insensiblement, on démarre une promenade qui nous fait voir le paysage connu autrement. La politique suisse, le chômage sont décrits ici par les yeux d’un personnage qui vient de loin et de très près à la fois. Mwana est né à Yaoundé au Cameroun (Bantouland dans le livre) et a fait ses études à Genève où il vit, dans une dèche noire, avec son amoureux grison, Ruedi. (…)

Il [Max Lobe] coud des mots, des expressions, joue des répétitions et des contraires pour traduire une atmosphère, une émotion. (…)

Est-ce cette liberté face aux langues qui permet une grande justesse pour dire l’intimité ? L’intimité du corps, l’intimité du rire aussi. Comme lors de cette scène à l’hôpital au Tessin entre Mwana et sa mère très malade qui parviennent à avoir un fou rire. Quand on vit dans plusieurs langues, plusieurs mondes, la langue de l’intime est un tressage si particulier qu’il relie les proches aussi fortement que des mains nouées.

A la liberté des langues répond la liberté du ton. Pas de bons sentiments, ni de politiquement correct chez Maxe Lobe. Le portrait de la pasionaria de l’ONG anti-racisme où travaille Mwana se suffit à lui-même. Comment un pays peut-il à ce point se focaliser sur une affiche et des moutons noirs ? se demande Mwana qui a faim, en ce qui le concerne.

La Trinité bantoue avance ainsi entre piques et fous rires. Sans se départir de l’enchantement d’un conte qui finit bien. Très bien même. »

Lisbeth Koutchoumoff

« (…) Dans cette chronique où vie intime, sociale et politique sont entremêlées, Max Lobe nous montre une Suisse bien loin de la Suisse du secret bancaire. Un pays aux multiples langues, au français mâtiné de “ bantounais ” ou à l’italien ponctué de français… Une terre d’immigration où chacun s’arrange avec les difficultés de la vie. Comme il peut. On y trouve des personnages aux caractères bien trempés telle Kosambela, la sœur de Mwana, garante de la continuité de la culture bantoue en terre helvète… moyennant quelques petits arrangements avec l’orthodoxie ou Madame Bauer, ardente défenseur de la cause des immigrés… devant les caméras de télévision !

Intéressante aussi la place du narrateur. Compagnon d’un Helvète pur souche, il a la place inconfortable de celui qui n’est plus tout à fait Bantounais et qui ne sera jamais tout à fait Helvète. Grand écart garanti ? En tout cas, c’est un excellent poste d’observation mais aussi le réceptacle idéal de toutes les ondes de chocs. (…) »

« (…) Dans une langue unique, inventive, très imagée, chantée presque – on entend la musique des mots – le romancier fait la synthèse de ces deux cultures en apparence aux antipodes. Il croque avec une profondeur mêlée d’humour ces deux terres et les êtres qui les peuplent, questionne les problèmes de société auxquels ils sont confrontés, aborde avec pudeur les drames intimes qu’ils traversent. On se laisse emporter par cette fable moderne et intelligente, qui offre un éclairage neuf et singulier sur des questions mille fois ressassées. » Laurence Houot

« (…) On retrouve le style bien reconnaissable de Max Lobe : un peu d’humour, des thèmes graves, beaucoup de dérision et une écriture profondément lyrique. Les personnages dépeints sont hauts en couleur avec une mention particulière aux femmes extraordinaires : la frangine Kosambela, la mère de Mwana et puis Madame Bauer, véritable bulldozer social comme on en rêve. La Trinité bantoue exprime le lien entre deux cultures (européenne et africaine), fait vivre les coutumes et croyances ancestrales, celles qui plombent ou qui donnent de l’espoir. Via son héros-gueule cassée, Max Lobe donne à travers son texte, une belle leçon d’humanité, de courage et d’abnégation : il nous offre aussi le temps de quelques pages une magnifique relation filiale. Forcément touchante. » Philisine Cave

« (…) Sans forcer le trait, avec une légère pointe d’humour, Max Lobe dépeint les difficultés d’intégration, la pauvreté et le chômage dans un pays perfectionniste, dont le PIB par habitant laisserait pourtant supposer qu’ici personne ne vit dans la précarité. (…) » Cécile Pellerin

« (…) Il y a dans l’écriture de Max Lobe une aisance narrative nourrie de couleurs africaines, mais aussi d’humour et de rythme. La langue bouge et va toujours chercher le contact, en contraste avec une littérature romande souvent plus prompte à en décrire le manque. C’est ainsi que Mwana traverse ses ses “ moments cailloux ” et accomplit  et accomplit les deuils qui le propulsent dans l’âge adulte, emporté par son irrésistible pulsion de vie. Ce roman est plus qu’habile, mieux qu’attachant : c’est une fontaine de générosité émotionnelle. » Jean-Jacques Roth

« En suivant les tribulations d’un sympathique antihéros, le jeune auteur camerounais Max Lobe ausculte avec empathie la société suisse… et son propre pays d’origine. (…) Ni les poncifs larmoyants sur la condition des immigrés, ni les idées reçues sur la société suisse ne viennent encombrer un récit où le bonheur de vivre l’emporte sur l’adversité. (…) C’est donc avec une douceur ironique que l’auteur de 39 rue de Berne s’attaque aux sujets les plus difficiles : le racisme, la religion, la maladie, l’homosexualité… (…) » Nicolas Michel

« Mwána finit par obtenir une place de stage auprès de Madame Bauer, une politicienne, dans le cadre de sa campagne contre le racisme. Est-ce que la foi finira par soulever les montagnes ? Est-ce que Mwána réussira à se faire embaucher à hauteur de ses espérances ? Le lecteur l’apprendra en parcourant le magnifique roman de Max Lobe qui signe ici un texte à la fois âpre, bouleversant et profondément humain, sans oublier une bonne dose d’humour qui aide à supporter tous les travers existentiels que vivent ses personnages. Un ouvrage qui traite tous les maux de notre siècle : une incessante lutte contre le racisme, le chômage et autres tabous sociétaux. Autant de questions qui secouent notre jeunesse, sans oublier la maladie qui vient frapper à n’importe quel moment et à n’importe quelle heure, face à laquelle on se trouve pour la plupart du temps impuissant. Reste la foi. Un ouvrage très bien écrit qui cogne autant qu’il remue. »

 

http://www.lagalerielitteraire.com/#!La-Trinité-bantoue-Max-Lobe-Chronique/cmbz/555857e90cf298b2d3c28ed9Valérie Debieux

« (…) Max Lobe qui signe ici un texte à la fois âpre, bouleversant et profondément humain, sans oublier une bonne dose d’humour qui aide à supporter tous les travers existentiels que vivent ses personnages. Un ouvrage qui traite tous les maux de notre siècle : une incessante lutte contre le racisme, le chômage et autres tabous sociétaux. Autant de questions qui secouent notre jeunesse, sans oublier la maladie qui vient frapper à n’importe quel moment et à n’importe quelle heure, face à laquelle on se trouve pour la plupart du temps impuissant. Reste la foi. Un ouvrage très bien écrit qui cogne autant qu’il remue. »

Valérie Debieux

Droits vendus

Anglais
Acquéreur Hope Road
Année 2020

Allemand
Acquéreur Austernbank Verlag
Année 2018

Portugais
Acquéreur Editora Ayine
Année 2018

Ukrainian
Acquéreur KIS Publishing
Année 2016

Italien
Acquéreur 66thand2nd
Année 2016

Extrait

I

Voilà près de trente minutes que je suis là, dans les hauts de Lugano, perché sur une grande colline, à attendre désespérément un bus qui ne vient pas. Le soleil est à son plus haut niveau et tape fort sur mon crâne nu, mon Kongôlibôn. Près de moi, il y a une vieille dame. Elle porte une élégante robe de couleur vanille. De longs cheveux blancs balaient ses épaules nues. Il fait tellement chaud que son fond de teint coule et découvre les ridules qui tapissent le pourtour de ses yeux. Cette dame ne cesse de parler. Elle maugrée. Elle grogne. Elle doit être en train de se plaindre de ce retard flagrant des transports publics. Et dire qu’on paye toujours plus cher, je crois comprendre. C’est en italien qu’elle s’exprime. Je lui souris. Je ne sais même pas pourquoi. En réalité, je ne pige pas grand-chose à cette langue. Juste des bribes de ressemblance au passage. Mais comme ma sœur Kosambela a l’habitude de dire, le français et l’italien, c’est un peu les Bantous et les Helvètes: ce sont des cousins éloignés et peut-être même proches. Du coup, je peux comprendre un tout petit quelque chose de ce que la vieille dame raconte.

De l’autre côté de la rue, il y a un abribus pour tous les véhicules publics allant dans le sens inverse de celui que j’attends. Il y a là deux adolescents. Comme pour nous, leur patience s’amenuise. Ils ont l’air exaspéré. Un monsieur en débardeur blanc détrempé passe non loin de là avec une brouette orange marquée des lettres de la ville. C’est une brouette de la voirie muni- cipale. En sifflotant, le monsieur vide les poubelles. Au moins ça, semble admettre le regard de la vieille dame qui, à mes côtés, ne cesse de se plaindre.

Près de l’éboueur, une affiche attire mon attention. On y voit trois moutons blancs sur un paisible pré carré rouge marqué d’une croix blanche. Un de ces moutons blancs, souriant, chasse de cet espace, à coups de pattes arrière, un mouton noir. Sur l’affiche il est mentionné « creare sicurezza ».

Je me grille tranquillement une cigarette en contemplant cette affiche dont l’illustration me paraît plutôt drôle. Je me souviens à cet instant que l’expression « mouton noir » était une des expressions favorites de mon père qui travaillait, lui, dans l’armée régulière du Bantouland. À part mouton noir, il disait très souvent : espèce de KGB (pour espion), criailleur sénégalais ou motamoteur (pour qui parle beaucoup). Lorsqu’on parlait de traîtres dans les rangs de l’armée, ou de mauviettes, ou encore de morts sur le champ de bataille, mon père disait toujours en jubilant: ce ne sont que des moutons noirs !

La grande cloche d’une église au loin se met à sonner. Je me rends compte que cela fait bientôt trois quarts d’heure que j’attends mon bus. À une autre époque, pas si lointaine d’ailleurs, j’aurais opté pour un taxi, moi. C’est ce que vient de faire une autre dame qui n’a pas voulu faire le pied de grue pendant plus de cinq minutes. Mais voilà, il y a un peu plus d’une année, alors que je terminais avec bravoure mes études en cycle de master, j’ai appris parallèlement que je perdais mon job.

J’étais commercial ambulant chez Nkamba African Beauty. Après près de cinq ans de bons et loyaux services, mon patron, Monsieur Nkamba, m’a remercié. Il l’a fait sans aucun état d’âme. Il ne s’est pas vraiment expliqué. C’était comme ça : il mettait un terme à notre collaboration. Un point un trait. On n’avait d’ailleurs aucun contrat écrit. Je vendais ses produits et lui me versait mon gombo. Le tout se passait en mode silence. Entre nous. Entre nous frères du Bantouland. Qu’est-ce que je dis? Nkamba n’en était qu’originaire. Car depuis quelques mois seulement, il était passé de l’autre côté. Il avait fièrement renoncé à sa citoyenneté bantoue. Il s’était fait Helvète. Uniquement Helvète. Je suis un vrai-vrai Eidgenosse de souche, moi ! il disait en bombant la poitrine. J’ai même entendu dire qu’il jetait son bulletin de vote très à droite. Mais de ça-là, je me fiche. Le plus important pour moi, c’est mon travail. Et ça, je ne l’ai plus.

Quand Monsieur Nkamba m’a annoncé qu’il ne voulait plus de moi, je n’y ai pas cru. Que me reprochait-il ? Que pouvait-il me reprocher ? Je faisais du chiffre. Du très bon chiffre même. Je n’avais jamais rien mis dans ma poche. Je ne m’étais jamais mal comporté avec ses clientes. Bien au contraire, nous entretenions de très bonnes relations commerciales. Je n’ai jamais eu une conduite répréhensible ni envers lui, ni envers personne dans ce business pourtant si louche et dont les marchandises entraient frauduleusement ici. Je n’ai jamais refusé d’accomplir la moindre tâche qu’il m’ait confiée. Car je n’étais pas seulement son commercial, mais aussi son homme à tout faire. Mwána peux-tu aller me prendre mes fils à l’école ? Mwána peux-tu aller me récupérer mon costume chez le blanchisseur ? Mwána peux-tu faire ci ou ça ? Et même Mwána, n’aurais-tu pas de belles filles-là à me présenter ? Puis il ajoutait en caressant son ventre encore plus gros que celui d’une femme à terme : tu comprends qu’un homme ne peut pas manger du riz tous les jours, n’est-ce pas ?

Je lui étais fidèle et loyal. Mais lui n’a pas hésité à me foutre à la porte.

Je l’ai supplié. Je n’aurais pas pu faire autrement: c’était mon gagne-pain. Ce job me permettait de payer mes études, de subvenir à mes besoins et même d’envoyer un petit gombo à Monga Míngá, ma mère, restée au Bantouland. Monsieur Nkamba ne payait aucune charge et moi je ne payais aucune cotisation. C’était ça notre part de contrat. Du coup, tout le gombo frais que je gagnais là-dedans glissait directement dans ma poche, dans mon ventre et plus récemment dans celui de mon Ruedi aussi.

Ça ne sert à rien d’insister, m’avait dit Monsieur Nkamba en se caressant ses gros doigts, tous bagués d’or. Aucune compassion. Sans dire au revoir, je suis sorti de son bureau trop exigu pour sa corpulence de mastodonte. J’ai claqué si fortement la porte que tout le mépris et le dédain que je ressentais maintenant à son endroit ont résonné dans un vif éclat.

Depuis, je n’ai plus revu Monsieur Nkamba. Aujourd’hui, je regrette d’avoir quitté Monsieur Nkamba dans de telles conditions. Peut-être aurais-je dû continuer à le supplier. Peut-être aurait-il fini par écouter mes suppliques. Peut-être ce serait-il souvenu de notre si bonne collaboration pendant près de cinq ans. Peut-être aurais-je même dû proposer une renégociation des clauses de notre contrat, revoir mon salaire à la baisse, renoncer à mes bonus sur la vente de ses produits contrefaits. Peut-être aurais-je dû menacer de le dénoncer auprès des autorités helvètes. Peut-être…

Pendant que j’attends le bus, ce n’est pas cette histoire avec Nkamba African Beauty qui me dérange. Monsieur Nkamba a fait son choix. Moi, je finirai certainement par me trouver un vrai boulot à la hauteur de mes compétences, me dis-je avec une maigre conviction qui dégouline de mon crâne nu.

Ce n’est pas le retard de bus qui m’importe. On a l’habitude de dire de nos cousins éloignés qu’ils sont des gens d’une ponctualité irréprochable. Oui, mais il peut tout à fait arriver qu’ils soient en retard – et bien en retard, eux aussi. Ce n’est pas non plus la colère de la vieille dame près de moi qui m’importe: elle peut toujours râler comme elle veut, elle finira simplement par attendre ce putain de bus qui fait son escargot. Ce n’est même pas cette affiche politique-là, placardée là-bas en face de moi et dont j’apprendrai des semaines plus tard le caractère détestable que beaucoup lui trouvent, qui m’importe. Non. Même pas mes chaussures Louboutin rouges que je m’étais fièrement achetées à l’époque où tout allait bien. Ce qui me préoccupe le plus en ce moment-ci, ce sont ces deux Mbánjok que je trimballe avec moi! Deux gros sacs d’au moins trente kilos chacun.

Ce qu’il y a là-dedans ? De la bouffe ! Eh oui ! De la bouffe et rien que ça. Qui vient tout droit du Bantouland.

 

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