Domaine allemand
Parution Nov 2020
ISBN 978-2-88927-722-3
656 pages
Format: 140 x 210 mm
Disponible

Traduit de l'allemand par Lionel Felchlin & Marion Graf
Postface: Dominik Müller

Domaine allemand
Disponible

Traduit de l'allemand par Lionel Felchlin & Marion Graf

Gottfried Keller

Les Gens de Seldwyla

Domaine allemand
Parution Nov 2020
ISBN 978-2-88927-722-3
656 pages
Format: 140 x 210 mm

Traduit de l'allemand par Lionel Felchlin & Marion Graf

Domaine allemand

Traduit de l'allemand par Lionel Felchlin & Marion Graf

Résumé

Roméo et Juliette au milieu des champs et de la verdure, un boudeur invétéré qui renonce à son art de la bouderie en chassant un lion, un chat rusé qui se paie la tête d’un sorcier, un chêne millénaire qui appelle aux prémices de l’écologie, un petit tailleur qui passe pour un grand comte polonais à son insu…
Les Gens de Seldwyla est un cycle de nouvelles ou petits romans, des tableaux d’une communauté suisse imaginaire, mordants d’ironie, de psychologie et d’instinct politique, dans lesquels Gottfried Keller présente une société déchirée entre tradition et modernité. Selon Nietzsche « un trésor de la prose allemande » qui garde aujourd’hui encore toute son actualité et sa saveur et paraît pour la première fois dans son intégralité en français.

Auteur

Gottfried Keller

Gottfried Keller (1819-1890) a été successivement et alternativement peintre, poète politique, romancier (Henri le Vert et Martin Salander), dramaturge et homme politique (en tant que chancelier d’Etat à Zurich). « Le rire perdu », la dernière nouvelle des Gens de Seldwyla, retrace la vie politique de Keller, de l’euphorie de la transformation libérale de la Suisse en 1848 à la désillusion. Comptant parmi les maîtres du réalisme européen, Keller teinte son écriture d’un « supplément d’imagination » qui peut façonner la réalité en idylle aussi bien qu’en grotesque, tandis que son goût pour l’ironie bascule parfois dans une satire mordante.

Dans les médias

« L’art de Gottfried Keller consiste pour moi à ne vous donner que le strict minimum d’informations et que celles-ci soit les plus justes et précises possible. Il sait vous mettre en condition pour que s’il écrit « Rose » ou « bleu » vous ayez en même temps la vision de toutes les nuances et la certitude de choisir la bonne couleur. J’ai un gros faible pour le texte qui ouvre la deuxième série : « C’est l’habit qui fait l’homme » (…). L’explication finale entre la jeune femme et le tailleur est d’une rare finesse… Les autres textes sont de la même subtilité ».

Une chronique de Noé Gaillard à lire en entier ici

« Le classique à découvrir absolument : Les Gens de Seldwyla de Gottfried Keller. Adoré par Nietzsche. C’est drôlissime, d’une finesse incroyable, c’est absolument merveilleux. »

Coup de cœur de Philippe Touron, Librairie Le Divan, dans La Grande Librairie. A revoir ici (1:04)

« Les éditions Zoé publient pour la première fois en français l'ensemble des nouvelles de Gottfried Keller formant le cycle  »Les Gens de Seldwyla« . Grâce à la traduction de Lionel Felchlin, l'univers de l'auteur zurichois fait merveille par sa douce ironie et son réalisme souvent cru.

Seldwyla est une paisible bourgade de la Suisse rurale du 19e siècle, localité imaginaire où se concentrent plusieurs types d'Alémaniques, observés par Keller avec une distance à la fois amusée et empathique. Leur particularité tient à ne rien faire comme tout le monde, à réussir dans leur jeunesse en spéculant puis à ruiner leur fortune la quarantaine passée.

Si Lionel Felchlin, l'excellent traducteur des  »Gens de Seldwyla« , apparente volontiers Keller au mouvement réaliste en vogue au 19e siècle, il lui ajoute un désenchantement politique sur la Suisse du dernier tiers de son siècle. (…) Là, réside la profondeur de sa littérature, la précision des descriptions, la typologie des caractères et le tragique des situations qui happent les personnages en marge des conventions.

Relire Keller aujourd'hui, n'est-ce pas se convaincre, comme nous y invite tout grand écrivain, du lourd poids du contrôle social, du cynisme des puissants et de la beauté d'une nature éternelle que les hommes ont entrepris de détruire? Non sans humour, quel tour de force! »

Lionel Felchlin était l’invité de Christian Ciocca sur RTS – Culture. Une émission à réécouter ici

« On ne connaissait Seldwyla que de loin. On y entre désormais par la grande porte, dans cette ville imaginaire « si joyeuse et étrange » traversée d’histoires inouïes. Sous la plume satirique de Gottfried Keller (1819-1890), Les Gens de Seldwyla suivent leurs penchants déraisonnables jusqu’au carnavalesque rabelaisien, jusqu’au drame shakespearien. Et l’on se régale des déconvenues de ce tailleur portant habit trop noble pour lui, de ce candidat au bonheur qui finira cloutier, de ces trois pingres peigniers, de ce remake de Roméo et Juliette aux amours embourbées au coin d’un champ. Une Helvétie à la renverse, où la folie douce assaille la morale petite-bourgeoise de flèches d’ironie. » Thierry Raboud

« Le livre, d’une étonnante souplesse quand on le plie légèrement, produit un délicieux grincement. C’est presque un générique ; les textes aussi grincent avec leurs personnages souvent peu reluisants, méchants, inconséquents, pusillanimes et parfois cruels. Disons qu’ils grincent comme la réalité quand il faut s’en accommoder, vaille que vaille, parce qu’elle est ce qu’elle est et rarement ce qu’on aimerait qu’elle soit.

Ces histoires qui tiennent du conte, enchaînant bonheurs et malheurs en de soudaines accélérations narratives dont Gottfried Keller a le secret, finissent bien, le plus souvent, même si l’auteur, dirait-on, ricane en sourdine de tant de bonheur petit-bourgeois. Elles tiennent aussi de la parabole, mais une parabole doutant de la morale qu’elle induit, allant parfois jusqu’à diffuser une ironie proche de la satire.

Les dix récits ont pour cadre Seldwyla, ou ses alentours, une ville imaginaire dans une Suisse on ne peut plus réelle, mais dans un canton jamais désigné. Même si les Seldwylois apparaissent atypiques dans leur propre pays, à savoir irréfléchis, peu persévérants, bons vivants, rieurs, ils n’en sont pas moins des acteurs et des témoins de la transformation d’une société agricole et artisanale en une société industrielle et capitaliste.

Ce lieu imaginaire et insaisissable, campé dans une réalité parfaitement identifiable, constitue le creuset qui permet à l’art narratif de Keller de prendre toute sa mesure; ses fondements réalistes s’enrichissent de tonalités frisant le fantastique, d’un grossissement du trait jusqu’au grotesque, sans oublier le léger parfum d’ironie flottant sur l’œuvre entière. »
 
Un article de Jean Bernard Vuillème à lire en entier ici

Les Gens de Seldwyla dans la sélection du Monde : « Un choix d’ouvrages parus cet automne, trop précieux pour que nous finissions l’année sans les avoir salués » :

« À sa manière, cette œuvre majeure nous dépeint un univers rempli de Suisses sympathiques, mais prompts à verser parfois dans l’ignoble. Critique sociale des mœurs bourgeoises en un milieu villageois déjà miné par l’irruption de la vie moderne, l’ironie domine cette description d’un « Clochemerle » alpin et bien des traits portent toujours. » Nicolas Weill

« Le merveilleux écrivain suisse allemand Gottfried Keller n’est guère connu en France. Pourtant, le philosophe Friedrich Nietzsche jugeait que les nouvelles, parues entre 1856 et 1874, qui composent Les Gens de Seldwyla constituent un « trésor de la prose allemande » . Keller y raconte les aventures fantaisistes d’habitants d’une bourgade imaginaire. On lira donc comment Pancrace le boudeur, parti dans le vaste monde parce que sa sœur avait pris de sa part de purée, sera corrigé de son défaut par une femme superficielle et un lion féroce, ou les aventures de Wilhelm l’instituteur et de dame Gritli, qui se retrouvent à échanger une correspondance amoureuse pour satisfaire aux exigences littéraires du mari de la dame… Tous finiront par y trouver leur compte. Mais la tendre bonhomie des contes ne va pas sans la satire aiguisée et souriante d’un monde qui change. » Lise Wajeman

« L’auteur touche à l’intemporel des relations humaines, dans un art de la narration qui happe, et avec une ironie qui ravit. Dans ce qui arrive à ces habitants de la ville imaginaire d’une Seldwyla à l’organisation sociale originale se dessine aussi les préoccupations futures sur le vivre ensemble. » Caroline Rieder

« Chef-d’œuvre selon Nietzsche, les nouvelles de Gottfried Keller, proches du conte, sont en effet peintes d’une couleur dont la fraîcheur saute aux yeux et aux oreilles (quand sonnent les cloches dans la lumière d’un jour clair). On est emporté par le plaisir de la lecture : s’y trouvent retournements du destin et happy ends. Mais à part quelques incursions du côté de la cahute d’un sorcier grugé par un chat qui parle, l’auteur reste les pieds bien ancrés au sol, en tenant du réalisme suisse. »

Un article de Frédérique Fanchette à lire en entier ici

« [Ces] nouvelles se lisent comme des contes perspicaces et charmants, écrits dans une langue à la fois simple et personnelle. Dominik Müller, qui signe la postface, écrit que « Seldwyla est autant en Suisse que dans le royaume de la poésie ». Embarquement immédiat pour ce beau voyage. »

Un article de Benjamin Chaix à lire en entier ici

« Les nouvelles, selon la définition de Goethe, doivent raconter une histoire autour d’un événement extraordinaire. Avec celles-ci, dont Nietzsche disait qu’elles sont un trésor de la prose allemande, c’est génial. Une ville suisse imaginaire, où les gens vivent bizarrement, se distingue résolument des villes voisines ; tout cela dans une cohérence assumée. Des personnages, spéciaux, dont on se demande ce qu’ils vont devenir. Des circonstances inattendues font démarrer l’histoire. Récits à rebondissements, évoquant le dénuement, un risque tragique mais offrant un épilogue généralement heureux, même s’il est parfois teinté d’une douce ironie. Toutes les nouvelles ont un goût savoureux [et] sont tout simplement remarquables. »

« Gottfried Keller (1819-1890) écrivain suisse de langue allemande, l’un des meilleurs de son temps. Ses contes, ses nouvelles ou petits romans rassemblés ici le démontrent avec évidence. (…) Ce qui intéresse Keller, ce sont les gens ordinaires situés dans leur paysage. Son œuvre se situe entre romantisme et réalisme. Certains textes passent brusquement de la poésie à des pensées chimériques. » Alfred Eibel

« Maîtrisant à la perfection le genre de la nouvelle, Keller en effleure toutes les nuances, du récit initiatique au conte, associant motifs anciens et faits du jour, comme dans « Roméo et Juliette au village » où le topos shakespearien se voit renouvelé et élucidé par un « péché originel ». Simulant souvent le ton distant et affable du conteur, le narrateur ne manque en fait jamais de démasquer, par la bande, les faux-semblants, la bêtise ou le ridicule (et, de fait, on rit beaucoup). Son ironie se cache partout, coiffant tel paragraphe solennel d’un détail incongru, nichant l’hétéroclite au cœur de tel autre personnage ou encore sabordant systématiquement les dénouements par une mention aussi cruelle que faussement innocente. Il s’en dégage une morale qui semble s’adresser au lecteur d’aujourd’hui : celle qui ne découle pas de principes, mais de la lucidité découvrant les réelles motivations des actes humains. » Charles Delort

« On est plongé dans une évocation imagée et passionnante des modes de vie du XIXème siècle. Gottfried Keller excelle dans la description des différents caractères, et sait aussi manier une ironie parfois virulente. Les habitants de Seldwyla n’ont pas fini de vous étonner ! » Annette Zimmermann

« Les contes de Gottfried Keller sont, « en plein », magiques. Mais ils ont, « en déliés », tous marqués par son amour des hommes, et fleuris d’une faune et d’une flore particulièrement généreuses, dans les belle vallées et montagnes de sa Suisse natale. Ses dialogues sont parsemés des dictons et des coutumes de la petite ville fictive de Seldwyla. Aussi frais et parfumés que les bonbons suisses aux herbes ! Mais ce qui est tout aussi délicieux c’est de voir en arrière-fond de chacun des contes, les traces de ses convictions anticonformistes, non-violentes et anticléricales. Véritable enchantement. Dépaysement assuré. »

Un article à lire en entier ici

Coups de cœur

« Les Gens de Seldwyla rappelle les grandes chroniques de village du XIXe. Délice à emporter et à dévorer histoire après histoire ! » Simon

Extrait

Les trois honnêtes artisans peigniers

Les gens de Seldwyla ont démontré qu’une ville entière d’êtres injustes ou insouciants peut subsister malgré le changement des époques et des relations ; les trois artisans peigniers, en revanche, prouvent que trois justes ne peuvent pas vivre longtemps sous un même toit sans finir par s’empoigner. Ce n’est pas une question de justice divine ou de justice naturelle dans la conscience humaine, il en va d’une justice exsangue qui du Notre Père a supprimé la phrase « Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés », parce qu’ils ne font ni ne subissent d’offenses, ne nuisent ni ne sont utiles à personne, veulent travailler et faire fortune sans rien dépenser et trouvent un intérêt à la fidélité au travail, mais aucun plaisir. De tels justes ne brisent pas de lanternes, ils n’en allument pas non plus et aucune lumière n’en jaillit ; ils s’affairent à toutes sortes de choses, l’une étant aussi bien que l’autre tant qu’elle n’implique aucun danger ; ils préfèrent s’établir là où il y a beaucoup de gens injustes de leur point de vue ; s’il n’y en avait pas parmi eux, ils ne tarderaient pas à s’user comme des meules entre lesquelles il n’y a pas de grains. Quand un malheur les frappe, ils s’en étonnent et gémissent comme si on les écorchait, car ils n’ont jamais fait de mal à personne ; ils considèrent le monde comme une vaste institution policière bien protégée où nul ne doit craindre de sanction s’il balaie régulièrement devant sa porte, ne laisse pas de pots de fleurs sans surveillance et ne verse pas d’eau par la fenêtre.

À Seldwyla, il y avait une fabrique de peignes dont le propriétaire changeait d’ordinaire tous les cinq à six ans, même si c’était une bonne affaire quand elle était bien gérée ; les épiciers qui fréquentaient les foires des environs venaient en effet s’y approvisionner. À part les indispensables étrilles en corne de toutes sortes, on y fabriquait, pour les belles du village et les servantes, de merveilleux peignes de parure en corne de bœuf transparente, dans laquelle les compagnons (les maîtres ne travaillaient jamais) imprimaient un beau nuage écaillé de couleur brun rouge, selon leur imagination : en tenant les peignes contre la lumière, on croyait voir de splendides levers et couchers de soleil, des cieux rouges moutonnés, des tempêtes ou d’autres phénomènes naturels mouchetés. L’été, comme ils aimaient voyager et se faisaient rares, les compagnons étaient traités avec courtoisie et obtenaient largement de quoi vivre et manger ; l’hiver, quand ils étaient libres et cherchaient un hébergement, ils devaient s’aplatir et faire des peignes tant qu’ils pouvaient pour un salaire moindre ; la patronne posait un bol de choucroute sur la table, jour après jour, et le patron s’exclamait « C’est du poisson ! ». Si un compagnon osait lui rétorquer « Excusez-moi, c’est de la choucroute ! », il recevait son congé sur-le-champ et devait errer en plein hiver. Dès que les prés verdissaient et que les chemins étaient praticables, ils s’écriaient « Non, c’est de la choucroute ! » et faisaient leur balluchon. Même si la patronne s’empressait de rajouter du jambon sur la choucroute et que le patron disait « Mon Dieu, je croyais que c’était du poisson ! Bon, c’est sûrement du jambon ! », les compagnons rêvaient de partir, car ils devaient dormir à trois dans un lit à deux places et en avaient assez des coups de coude et des flancs gelés pendant l’hiver.

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