Domaine allemand
Parution Nov 2024
ISBN 978-2-88907-428-0
912 pages
Format: 140x210 mm
Disponible

Traduit de l'allemand par Lionel Felchlin

Domaine allemand
Disponible

Traduit de l'allemand par Lionel Felchlin

Gottfried Keller

Henri le Vert

Domaine allemand
Parution Nov 2024
ISBN 978-2-88907-428-0
912 pages
Format: 140x210 mm

Traduit de l'allemand par Lionel Felchlin

Domaine allemand

Traduit de l'allemand par Lionel Felchlin

Résumé

Henri Lee a cinq ans lorsque son père meurt. Sa mère élève seule cet enfant tour à tour turbulent et distrait, captivé par ses rêveries, souvent inquiet, loin d’être innocent. Renvoyé de l’école, il est adolescent lorsqu’il quitte pour la première fois la ville où il a grandi. C’est à la campagne que sa vocation lui apparaît: il sera peintre.
Avec ce roman de formation inspiré de sa propre vie, Gottfried Keller restitue dans sa langue imagée et ample le regard émerveillé de l’enfance, les élans de la jeunesse et la naissance de l’amour. En quête de son art, Henri admire le ciel au-dessus des montagnes et parcourt à pied une Europe recouverte de forêts. Il connaît la joie, la honte, le doute, le désir, et nous invite à le suivre dans ses errances et ses ambiguïtés, ses heures de désespoir comme ses instants de grâce.

Auteur

Gottfried Keller

Gottfried Keller (1819-1890) a été successivement et alternativement peintre, poète politique, romancier (Henri le Vert et Martin Salander), dramaturge et homme politique (en tant que chancelier d’Etat à Zurich). « Le rire perdu », la dernière nouvelle des Gens de Seldwyla, retrace la vie politique de Keller, de l’euphorie de la transformation libérale de la Suisse en 1848 à la désillusion. Comptant parmi les maîtres du réalisme européen, Keller teinte son écriture d’un « supplément d’imagination » qui peut façonner la réalité en idylle aussi bien qu’en grotesque, tandis que son goût pour l’ironie bascule parfois dans une satire mordante.

Dans les médias

« Le Suisse Gottfried Keller (1819 – 1890) s’inspira de sa propre biographie pour inventer l’histoire d’Henri Lee, dit «Henri le Vert», jeune fanfaron avec lequel la vie n’est pas tendre. (…)
Le grand classique de la littérature germanophone est enfin retraduit en français. Dominik Müller, germaniste, et Lionel Felchlin, traducteur, partagent leurs clés de lecture. »

Un entretien mené par Julien Burri à lire dans Le Temps

« Pour une claque, elle est monumentale! Henri le Vert est l’ouvrage majeur de Gottfried Keller, auteur suisse né et décédé à Zurich (1819-1890) avec le statut d’«écrivain national» – ses nouvelles comme Les Gens de Seldwyla ont aussi fait sa fortune. Ce roman réaliste de 900 pages exemptes de longueurs est un chef-d’œuvre du 19s siècle. (…) Inexorable et palpitante est sa narration. On chemine dans l’ouvrage en compagnie d’un jeune Suisse qui rêve de devenir peintre. (…) On ne peut résumer un tel chef-d’œuvre sans en déflorer l’immense plaisir. Signalons toutefois que ce roman a connu jusqu’à présent deux traductions en français. (…) Mais la troisième, celle de Lionel Felchlin, vibrante et frémissante, emporte toute notre adhésion. Cette version d’Henri le Vert fait à la fois l’effet d’un long fleuve faussement tranquille et d’un torrent de montagne qui cherche son lit dans une heureuse vallée. Tout bonnement génial! » Thibaut Kaeser

« Pour un lecteur actuel, demeure intact le charme tout pictural de ses descriptions oniriques de la campagne suisse, des randonnées montagnardes et de l’excitation orgiaque des fêtes de villages dont les habitants remettent en scène l’épopée de Guillaume Tell, à l’occasion d’un carnaval dégénérant en des bacchanales quasi païennes et s’achevant dans un érotisme déjà débridé. Suivant une vocation contrariée de peintre paysagiste, comme Keller lui-même – qui la transposa dans l’écriture -, Henri, le protagoniste, sait faire contempler la nature dans la beauté de ses détails avec le regard d’un coloriste. (…)

Le récit des échecs, ponctués d’instants de grâce, subis par Henri le Vert vient magnifiquement orchestrer dans le roman la fameuse opposition entre la poésie du cœur et la prose des relations sociales. (…)

Si le culte de la beauté n’offre qu’un improbable substitut au socle d’une croyance que la civilisation ébranle peu à peu, le message porté par ce merveilleux roman d’hier et d’aujourd’hui tient au seul bien inaliénable qu’il laisse à l’individu engagé dans la modernité : la liberté. » Nicolas Weill

« Cette fraîcheur de rosée. Cette lumière dans l’écriture. Cette liberté narrative qui autorise toutes les audaces : récits dans le récit, rêves, légendes, échappées fantastiques, digressions philosophiques… Ce n’est pas pour rien que Nietzsche tenait Gottfried Keller pour l’un des trois ou quatre écrivains qui ont fait honneur à la langue allemande.
L’occasion de se baigner dans cette prose fluide nous est donnée par la nouvelle traduction d’Henri le vert que publient les Éditions Zoé. (…) Celle-ci constitue en elle-même un événement.

Henri le Vert illustre ce qu’on appelle le roman de formation; il aurait même fondé ce genre littéraire avec le Wilhelm Meister de Goethe. On recommande le pas du promeneur pour traverser cette œuvre immense, en prenant le temps de s’attarder aux scènes mémorables, qui sont légion. Il y a la fabuleuse arrière-boutique de Mme Margret, où l’on parle de fantômes et de sorcellerie, ce qui enflamme l’imagination de l’enfant. (…) Enfin, il y a bien sûr ces très belles pages décrivant l’éveil d’un cœur amoureux et les tourments du jeune homme timide qui ne sait choisir entre Anna, «gracile et délicate comme un narcisse», et la rieuse Judith, qui déborde de sensualité. Tiraillé entre des aspirations contradictoires, Henri se montre parfois vaniteux, présomptueux, voire insupportable, mais il ne cesse d’être touchant. Lire Henri le Vert, c’est se faire un ami pour la vie. » Michel Audétat

Coups de cœur

« Une merveille de la littérature de langue allemande. Chef d’œuvre du Bildungsroman, toute la beauté et la subtilité du style Keller. INCONTOURNABLE. »

Extrait

C’est ainsi que je restais chez moi, sans la moindre envie de sortir et de rejoindre mes camarades. De loin en loin, j’observais tout au plus par la fenêtre le spectacle de la rue, pour me retirer aussitôt, comme si ce passé sinistre me rattrapait. Parmi les ruines et les souvenirs de mon aisance disparue, il y avait une grande boîte de couleurs avec des tablettes de qualité, à la place de ces petites pierres dures qu’on donne souvent aux enfants. Je savais déjà par le petit Meier qu’on ne devait pas creuser dans ces tablettes avec le pinceau, mais les délayer dans de l’eau au fond d’un godet. Elles donnaient des teintes riches et saturées. Je me mis à faire des essais et appris à les mélanger. Je me rendis notamment compte que le jaune et le bleu permettaient toutes les nuances de vert, ce qui me réjouit au plus haut point. Je découvris aussi les tons violets et bruns. Depuis longtemps, je contemplais d’un œil admiratif un vieux paysage à l’huile, accroché à notre mur, qui figurait un soir. Le ciel, en particulier le passage mystérieux du jaune au bleu, la régularité et la douceur m’attiraient fortement, autant que le feuillé, qui me semblait incomparable. Même si le tableau était plus que médiocre, il était remarquable à mes yeux, car je voyais la nature familière reproduite pour elle-même avec une certaine technique. Je passais des heures devant lui, debout sur une chaise, et plongeais le regard dans l’étendue sans repères du ciel et l’enchevêtrement infini des feuilles. Je ne fis pas preuve d’une grande modestie quand j’entrepris soudain de copier l’œuvre à l’aquarelle. Je la mis sur la table, puis tendis une feuille de papier sur une planche et plaçai des vieilles soucoupes et assiettes autour de moi, car il n’y avait pas de tessons chez nous. Je me débattis ainsi tant bien que mal contre les difficultés de ma tâche pendant plusieurs jours, mais j’étais ravi d’avoir devant moi un ouvrage aussi important et soutenu. J’y travaillais de l’aube au crépuscule en prenant à peine le temps de manger. La paix qui respirait dans ce tableau pavé de bonnes intentions atteignait mon âme et, de mon visage, devait irradier jusqu’à ma mère, qui cousait à la fenêtre. Si je sentais peu l’écart entre la nature et l’original, j’étais encore moins dérangé par le fossé infini qui séparait mon œuvre de son modèle. C’était un tissu de taches informes et laineuses où mes immenses lacunes en dessin s’unissaient intimement avec mon manque de maîtrise des couleurs. Cependant, si l’on compare ma réalisation à cette peinture à bonne distance, on peut y noter aujourd’hui encore une impression générale qui n’est pas tout à fait méconnaissable. En somme, j’étais satisfait de mon travail, je m’oubliais en me mettant parfois à chanter comme jadis, avant de prendre peur et de me taire aussitôt. Mais je m’oubliais toujours plus et fredonnais plus souvent. Les mots aimables de ma mère surgirent l’un après l’autre comme des perce-neige au printemps et, une fois mon paysage terminé, je sentis ma réputation rétablie et la confiance de ma mère retrouvée.

Du même auteur

Les Gens de Seldwyla
Les Gens de Seldwyla

Roméo et Juliette au milieu des champs et de la verdure, un boudeur invétéré qui renonce à son art de la bouderie en chassant un lion, un chat rusé qui se paie la tête d’un sorcier, un chêne millénaire qui appelle aux prémices de l’écologie, un petit tailleur…

Martin Salander
Martin Salander

Roman réaliste à la Balzac, Martin Salander est centré sur la figure d’un père de famille, « l’homme au sac de voyage », pris entre modernité et tradition. Composé autour des grandes scènes de la vie bourgeoise, les arrivées et les départs, les mariages et les fêtes, les dîners et…