C’est devant La Chambre de Vincent, une toile de Van Gogh, que le regard de l’auteur est bouleversé. Lui reviennent, pudiques et intimes, les images de son enfance passée dans un internat suisse dont les parents attendent que leur fils y apprenne « à « être un homme » au pays des meilleures écoles du monde ». Emotion authentique de l’adulte qui se souvient et raconte sa vie dans le cercle étroit des « internes profonds », ces étrangers entre tous les étrangers qui restent à l’école quand les autres vont passer congés et vacances en famille. Intensité des relations avec les enseignants, apprentissage de l’autonomie forcée et de la solitude, premières amours aussi chastes qu’ardentes. Retour en mémoire, aussi, des images du père auquel il voue un respect et un attachement admiratifs.
Ainsi, l’art et le destin tragique de Van Gogh, et la sensibilité particulière de l’auteur à ses toiles sont autant de voies vers le souvenir et vers une réflexion sur le retrait, le suicide et la mort. Le génie de Van Gogh est peut-être célébré ici dans ce qu’il révèle à la fois d’universel et d’intime à chacun d’entre nous.