Domaine français
Parution Avr 2019
ISBN 978-2-88927-624-0
208 pages
Format: 140x210 mm
Disponible

Douna Loup

Déployer

Domaine français
Parution Avr 2019
ISBN 978-2-88927-624-0
208 pages
Format: 140x210 mm

Résumé

Elle veut pouvoir aimer plusieurs hommes. Danis, son mari et le père de ses deux filles – leur couple est simple et lumineux, mais menacé par le quotidien. Et l’amant, histoire opaque.
Sept livrets à lire dans un ordre aléatoire, qui racontent la relation à l’autre, le désir, le besoin de possession, la révélation qu’est la sexualité, la mort aussi : ce sont les vies d’Elly mère et amoureuse, femme aux multiples vérités. Le chant lancinant de Douna Loup, sa cadence intérieure sa fraicheur et sa curiosité lui donnent l’audace de s’aventurer au-delà des tabous.

Autrice

Douna Loup

Née à Genève, Douna Loup a grandi dans la Drôme, a travaillé à Madagascar et vit désormais à Nantes. Elle a publié au Mercure de France L’Embrasure (2010, Prix Schiller découverte, Prix Michel-Dentan et Prix Senghor du premier roman), Les lignes de ta paume en 2012, L’Oragé en 2015. En 2019 paraît aux éditions Zoé Déployer, suivi de Les Printemps sauvages (2022, Zoé poche 2023). Son écriture se caractérise par un rythme entêtant et sensuel, par une langue qui revient à la ligne quand elle veut, et qui traduit le sentiment de liberté auquel aspirent ses personnages. Avec Boris, 1985 (Zoé, 2023), Douna Loup dit « je » pour la première fois.

Dans les médias

« Déployer est une fugue sur le dilemme amoureux, les variations d’une crise, de « l’ébranlement » qui menace les trois protagonistes devant l’infidélité, la jalousie, les mensonges « tassés dans le bas du corps » (…).  C’est aussi une histoire de renoncement aux promesses. De réinvention de soi et des liens. Déployer n’a rien d’un vaudeville. L’amour n’est jamais loin de la mort. Le désir de la terreur. La peur de l’abandon de la tendresse. (…) La langue sensuelle de Douna Loup est très physique : le corps y tient les premiers rôles, pas seulement le corps sexuel d’Elly mais aussi le corps vivant, le « cercle organe » que forme le vieux couple, son fonctionnement somatique, son interdépendance secrète. (…) [Douna Loup] fait dire à son héroïne un peu perdue : « Ce qu’il faut savoir pour lire la suite de l’histoire, c 'est que je ne connais rien à la suite de l’histoire. Et c ’est cela le plus important. » C’est cette irrésolution qui attend le lecteur qui entrera dans le cercle. »

Un article de Véronique Rossignol à lire en entier ici

« Chez Douna Loup, déploiement des sentiments, de l’âme et du corps va de pair avec liberté de style. Le lecteur le sait dès qu’il ouvre Déployer, dont les cahiers ne sont pas reliés entre eux. (…) Manière de rappeler que le livre, l’objet livre en papier, est un terrain de jeu et de combinaisons qui n’appartiennent qu’à lui, qu’il met à contribution le corps et les sens pour façonner un récit. (…) Ce roman en pièces détachées, sans plan de montage, délicatement rhapsodique et circulaire, fait aussi la part belle au quotidien, essentiel : le jardin, la musique, les tartes aux pommes. (…) Malgré la richesse des thèmes abordés, le texte n’est pas dispersé pour autant : tendu, pluriel, ramifié et poreux, il inclut même l’indicible. Ouvrir Déployer, c’est respirer une goulée d’air, parfois inflammable, c’est se réchauffer le corps et le cœur. »

Un article de Julien Burri à lire en entier ici 

« Le personnage solaire en est une femme, qui s'appelle Elly, et les sept textes tournent autour d'elle comme des planètes depuis lesquelles il est possible de l'observer pour faire connaissance. (…)  Chaque être humain que l'on aime n'est-il pas une galaxie, à explorer indéfiniment ? En tout cas, dans le système d'Elly et de ses sept planètes, Douna Loup dévoile suffisamment du mystère de cette autre, fragile et solide à la fois, pour la rendre attachante… »

Une chronique de Francis Richard à lire en entier ici

« L’histoire d’un couple, avec personnages annexes, se noue et se dénoue dans une prose poétique et enflammée. Une fois le puzzle complété, on a le sentiment d’avoir lu un livre d’une grande cohérence. » P. My

« Une expérience de lecture singulière. A travers ce jeu de déconstruction – reconstruction du récit, ce sont les méandres et les désirs contradictoires du personnage que le lecteur rejoue. » Augustin Trapenard

Revoir « 21cm de plus » en entier ici

« Riche, poétique, sensuel, jeu de piste intérieur et littéraire, ce roman protéiforme fait circuler les émotions avec maîtrise et s’avère une expérience de lecture passionnante ! »

Un article d’Aline Sirba à lire en entier ici

« L’auteure publie «Déployer» et explose la forme linéaire du roman pour explorer la quête d’une femme à travers la sexualité, la jalousie, la maternité et le couple. »

Une interview de Douna Loup par Laurence de Coulon à lire en entier ici

« Le nouvel ovni littéraire de Douna Loup, Déployer (…) chamboule tout à fait nos habitudes de lecture. (…) [L'auteure] décortique intelligemment les mécanismes du couple, de la jalousie et de la possessivité : elle interprète l’intimité, cette proximité de chair et d’esprit de deux êtres, comme un espace circulaire, où l’on ressent physiquement ce qu’y fait son autre, comme un organe à soi. »

Un article de Lucie Tardin à lire en entier ici

« Dans Déployer, Douna Loup fait exploser le livre et son personnage. (…) La vie, l'amour, la mort, l'Autre, la jalousie, les thèmes brassés sont bien connus de la littérature, mais la langue de l'auteure, poétique et parfois très crue, parvient à les renouveler. »

Douna Loup, invitée d’Anik Schuin dans Versus-Lire. Une émission à réécouter ici

« L’instinct du lecteur devient vecteur du récit. A chacun de vivre l’expérience comme il le souhaite. L’auteur réussit un vrai tour de passe-passe, ou tour de force, puisqu’on ne perd jamais le fil de cette vie de femme, mère, amante, amie. (…) Le lecteur tisse sa toile littéraire et se laisse emporter dans un univers tout en nuances, parfois en violence. (…) Avec fraîcheur et au-delà des tabous, Douna Loup effleure les multiples amours qui peuvent habiter le cœur d’une femme. Un beau récit, touchant, poétique et très juste, qui tire une grande force de sa forme audacieuse. (…) Déployer s’inscrit comme une profonde respiration dans nos vies trop étriquées, une invitation à faire le point. Inspirant. » Julie Kuunders

« Ces sept feuillets à lire dans n’importe quel ordre sont d’une rare puissance poétique. »

Regarder « Un livre, un jour » en entier ici

« Douna Loup fait éclater le cadre du récit et de la lecture. Un texte fascinant non seulement pour ce qu’il raconte, mais parce qu’il offre un point de vue nouveau sur le monde, invitant à explorer sans peur, par le corps autant que par les sentiments. » Julien Burri

« Elly, comme tant d’autres, partage ses aspirations entre vie de famille et vie personnelle, amour et sensualité, engagement et fantasmes. Ses vies multiples, et la liberté que s’octroie chacune par l’écriture, se matérialisent par sept brefs et magnifiques livrets de quelques chapitres, quelques lignes même, à lire sans ordre et combiner à l’infini : alors se déploie, parfois chatoyante, souvent douloureuse, la vraie vie d’Elly, cette femme qui « essaie d’aller bien » et de « courir libre dedans ». »

Coups de cœur

La vie déborde !

Les pieds dans le désir, la tête dans les étoiles, Douna Loup s'ouvre au vide et au plein du monde.

Fabuleux !!

On crie au génie !

« Une aventure intérieure qui questionne le désir dans ses grandes largeurs et portée par une langue ô combien incarnée. »

Mathieu

 

« Sept livrets, 5040 possibilités de lectures, au plus près du sensible, de l’amour, de la vie. C’est beau. Oui, tout simplement beau. Vibrant. Peut-être parce que ça ressemble à s’y méprendre à l’amour, et ses 5040 facettes. C’est surtout une belle expérience de lecture qu’on vous engage à tenter. »

Extrait

Cette nuit là il y avait une consigne. Ne pas parler de V. Nous nous étions entendus là-dessus pour avancer ensemble dans la nuit cette nuit-là. Nous marchions dans les rues, je les trouvais trop pleines et animées et cela me heurtait, les visages et les lumières des autres me heurtaient. En vérité nous cherchions la nuit. Nous avions hâte de la nuit. Je me tenais à son bras et nous avancions reliés par cette attente muette de la nuit. Reliés par nos corps appuyés l’un dans l’autre, sans mot. Nos mains mêlées à nos manteaux, nos jambes qui aux pas se touchaient. Nous appelions la nuit, qu’elle vienne ! Nous attendions qu’elle nous recouvre, nous fasse basculer en elle, accrochés l’un à l’autre dans cette envie mutique, tomber ensemble dans la nuit quand elle serait là, s’immerger, se noyer dedans.

Il y avait des ombres avec des chiens près d’une fontaine et cela m’avait dérangé de passer près d’eux. L’eau était sale et les lumières continuaient d’éloigner cette nuit dont nous cherchions le La. Dont nous cherchions la trame. Nous avons alors commencé à prendre des rues de moins en moins fréquentées, notre mouvement était muet. Nous avancions dans l’espoir que cela devienne plus noir. Les rues en effet étaient plus noires. Nous avions quitté les bars et les commerces clignotants. Nous avancions dans la ville doucement silencieuse. La lumière résistante était celle des lampadaires. Nous cherchions la place, l’endroit qui serait à l’abri. De quoi ? De qui ? Pourquoi étions-nous si éperdus ? Peut-on noyer des souvenirs brûlants dans la nuit, dans une nuit seulement, dans son noir, peut-elle vraiment nous faire passer profond derrière son huis ?

Nous voulions définitivement y croire. Quand il faut se sauver de ce qui fait horreur ou vomir, l’on est prêt à tout croire. L’espoir est alors le dernier rempart contre la nuit. Mais nous voulions faire tomber le rempart, et croire que l’espoir et la nuit, mêlés, seraient pour nous.

Nous tentions de changer le cours désespéré qu’avait pris notre fleuve. Il y a en Russie un fleuve nommé Amour. J’aimerais le voir un jour.

Quand nous nous étions rencontrés dix années plus tôt lors d’une marche en forêt organisée par l’Université, nous avions jeté si vite nos eaux l’un vers l’autre. L’un dans l’autre. Il y avait alors quelque chose d’évident à devenir ce « nous ». Le cours des jours avait changé. Comme si rien ne pouvait échapper à cela, à cette couleur-là. Je t’aime. Mot susurré au calme d’un trottoir. Je t’aime. Vrille dans la poitrine au moment où les corps s’enclavent. Nous nous étions connus très vite et très fort pourrait-on dire. Forte. Pas piano. Mais Forte et Allegro.

Maintenant nous tentions de changer le flux terrible qu’avait pris notre fleuve Amour. Pas qu’il se change en multiples ruisseaux, en mares. Qu’il se sépare en spasmes. Essayer d’avancer, encore. Dans une sorte d’ultime évidence qui portaient nos corps à se tenir, je lui tenais le bras, j’enfouissais ma main dans l’espace de sa poche, nos jambes se collaient. Et là où tout autour valsait, là au centre restait ce noyau fou, cette envie de fusion et d’être ensevelis, engloutis ensemble et collés dans cette nuit, là, qui finirait bien, pensait-on par nous avaler.

Marcher ensemble est une prière collective.

Une parole versée dans la nuit, qui était ce soir-là notre dieu, celui auquel nous avions décidé de croire. La prière est un mouvement de l’âme, la marche n’est pas autre chose. Une piété abstraite suintait de nous, qui nous hantait les corps, là où je touchais sa peau et son mouvement, là où je touchais son battement physique, une petite lueur s’allumait qui nous collait plus encore, qui nous faisait être.

Nos points de contacts nous maintenaient.

Je voulais que la nuit nous mange. Qu’elle soit cette eau noire qui efface. Je cherchais cette nuit qui nous abolirait. Les lampadaires s’espaçaient et nous aurions dû craindre de nous perdre. Mais ce n’était pas encore suffisant. Il y avait des lumières aux fenêtres, il n’était que vingt-deux heures. Il y avait des bruits qui s’élevaient. Je regardais nos pieds et le goudron mouillé, j’avais envie de ça, de continuer à ne pas penser, de voir le goudron et nos chaussures sur le goudron et de ne penser à rien. Je regardais devant moi par instant mais je ne le supportais pas et je retournais rapidement au goudron, je m’enfonçais plus profondément dans sa poche chaude, je sentais sa cuisse droite et je m’appuyais, je sentais sa main sur ma hanche et je m’y mouvais.

Je ne voulais plus que le temps nous tienne. Je voulais incliner le temps, qu’il soit nôtre, qu’il se plie. À un moment donné de notre marche cette nuit-là nous nous étions soudain arrêtés au centre de la chaussée vide pour se saisir brusquement l’un de l’autre. Quelque chose semblait nous étreindre au-delà de nous. Je me suis dis plus tard, nous allumions un feu, là dans la nuit de la chaussée vide, un feu. Cela n’avait pas de sens mais nous le faisions. Je ne voyais plus rien son odeur était mon air et sa peau mon contour son manteau me traçait le corps et ses mains fouissaient sous les laines mes jambes ouvraient son entrejambes et mes mains tenaient ses cheveux. Nous faisions un feu.

Ce fût le bruit strident d’une sirène qui nous désunis.

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