« Il a dans toute démarche d'écriture une sorte de quête aveugle : comme une recherche dont on ignorerait la finalité dernière, et qui fait que parfois, simplement, on trouve. Quoi ? Un motif, une forme, un livre… et soi-même, peut-être. (…)
Le titre a des allures d’épitaphe, qui annonce surtout une manière d’odyssée à la fois intime et historique, avec sa part de mystère infracassable et d'absolue nécessité. (…)
L’originalité du récit est de ne pas chercher à unifier ce matériau dans la beauté lisse d’un style: s’il y a un «je», c’est celui d’abord qui collecte les hypothèses, consigne les témoignages, s’interroge, sur le sens du présent retenu, passe dans l’émotion au « tu » de l’absent, presque au poème élégiaque, comme dans un journal de bord ou un carnet de voyage improvisé. (…)
Douna Loup creuse cette question de l’être autant qu’elle interroge les faits, qui sont en eux-mêmes passionnants, car ils amènent progressivement, comme dans les meilleures enquêtes criminelles, à découvrir ce que put être une secte allemande dans un pays de dictature…
Elle en restitue sans insister le trouble, modeste frisson d’abord, qui vibre ensuite jusqu’à une sorte d’horreur feutrée, d’autant plus forte qu’elle est sans image, comme demeure sans corps la mort de Boris. Et c’est pourtant vers une forme de vie revenue que conduit finalement le livre, avec ce que cela suppose d’incertitude, dans la beauté de liens invisibles, retrouvés au-delà du temps. »
Un article de Fabrice Gabriel à lire ici