Domaine français
Parution Avr 2021
ISBN 978-2-88927-854-1
160 pages
Format: 140 x 210 mm
Disponible

Domaine français
Disponible

Poche
Parution Jan 2023
ISBN 978-2-88907-178-4
176 pages
Format: 105x165 mm
Disponible

Poche
Parution Jan 2023
ISBN 978-2-88907-178-4
176 pages
Format: 105x165mm
Disponible

Avant-propos de Julien Burri

Douna Loup

Les Printemps sauvages

Domaine français
Parution Avr 2021
ISBN 978-2-88927-854-1
160 pages
Format: 140 x 210 mm

Domaine français
Parution Jan 2023
ISBN 978-2-88907-178-4
176 pages
Format: 105x165 mm

Domaine français
Parution Jan 2023
ISBN 978-2-88907-178-4
176 pages
Format: 105x165mm

Avant-propos de Julien Burri

Résumé

Après une enfance solitaire au bord d’un lac, la narratrice part main dans la main avec sa mère à la recherche de son frère inconnu. Quatre années à vagabonder sur les chemins, à travailler dans les fermes ou les usines. Mais quand l’adolescente découvre l’amour, il est temps pour elles de s’éloigner l’une de l’autre.
Senteurs, matières, couleurs, tous les sens sont aux aguets pour percevoir la beauté du monde, sa fragilité aussi ; et l’urgence de réinventer de nouveaux rapports au vivant.

 

Autrice

Douna Loup

Née à Genève, Douna Loup a grandi dans la Drôme, a travaillé à Madagascar et vit désormais à Nantes. Elle a publié au Mercure de France L’Embrasure (2010, Prix Schiller découverte, Prix Michel-Dentan et Prix Senghor du premier roman), Les lignes de ta paume en 2012, L’Oragé en 2015. En 2019 paraît aux éditions Zoé Déployer, suivi de Les Printemps sauvages (2022, Zoé poche 2023). Son écriture se caractérise par un rythme entêtant et sensuel, par une langue qui revient à la ligne quand elle veut, et qui traduit le sentiment de liberté auquel aspirent ses personnages. Avec Boris, 1985 (Zoé, 2023), Douna Loup dit « je » pour la première fois.

Dans les médias

« « Partir. C’est simple tu lèves le menton et tu traces une ligne. » Sur le ton de l’introspection poétique, d’une sensibilité toute tournée vers soi, le récit d’un double arrachement autant de printemps par lesquels la narratrice se construit : elle quittait un lieu premier, était partie avec sa mère à la recherche d’un frère, mais l’adolescence lui offre un amour qui la mets à distance de celle dont elle avait pris la main. »

« Avec Déployer en 2019, un roman composé de sept livrets réunis en coffret et offrant de multiples combinaisons de lecture possibles, Douna Loup avait déjà montré combien l’exploration de la liberté intérieure lui était chère. Sa jeune narratrice radicalise l’expérience en mettant en pratique une vie en autonomie, une vie brute et nue, nourrie de soleil, de vent et d’eau vive, pieds et mains dans la terre, tous sens en éveil. Regarder, humer, toucher, écouter, pour s’absorber dans la beauté du monde. Une véritable naissance à elle-même faite d’arrachements douloureux et de révélations. De contemplation solitaire – « Pour trouver le calme, je cherche l’ennui » – et d’élans collectifs. De refus d’assignation et de mise en mouvement. Dans le « Petit manuel d’ensauvagement » qui clôt ce livre vibrant, ode à l’invention d’un nouveau mode de relation au vivant, on trouve ce conseil : « Savoir s’asseoir avec des cailloux et rien d’autre. » Pour se recueillir devant Les printemps sauvages. » Véronique Rossignol

« Le nouveau roman de l’auteure genevoise Douna Loup désaltère comme un bol d’eau fraîche. »

« « Les Printemps sauvages » célèbre dans une langue solaire la saine rébellion. Celle qui pousse sur les routes l’héroïne du roman, Olo, et sa mère revenue à elle après une séparation tragique. Cette révolte intime les conduit à mener dans l’extrême simplicité des arbres une vie dépouillée de tout ce qui ne tend pas vers la sincérité du cœur et des relations entre les êtres devenues douces. (…) On absorbe la lecture de ces « Printemps sauvages » comme un bol d’eau fraîche, apaisante et astringente à la fois. Douna Loup nous offre avec son Petit manuel d’ensauvagement une recette à picorer : « Se connaître nu […] Manger des feuilles de pissenlit fraîches lavées à l’eau de rivière. S’en foutre de tout […] Se dissoudre dans le soir sur une véranda vide ou ailleurs […] Hurler […] Poémiser […] Jouer au loup. » Chiche ? »

Un article de Pascale Zimmermann à lire en entier ici

« Et nous retrouvons la belle langue poétique libre et sensuelle de l'auteure, une langue musicale, imagée et colorée, qui tantôt s'écoule avec fluidité dans des phrases souvent sans ponctuation interne, tantôt revient à la ligne comme dans un poème et joue avec la respiration de grands espaces blancs. (…) Les Printemps sauvages est ainsi un livre bouillonnant et incandescent qui, au travers des mille rebonds de la vie, nous entraîne dans sa danse «sur les sentes sauvages du monde», nous faisant admirer toute la splendeur du vivant. »

Une chronique d’Emmanuelle Caminade à lire en entier ici

« Un véritable voyage, aux portes de l’adolescence, et dans l’intimité de la nature. L’auteure des Printemps sauvages, Douna Loup, nous fait toucher, sentir, goûter à cette vie de vagabondes et, surtout, à la beauté du monde. »

« On la suivrait au bout du monde, cette adolescente devenue femme, porté par l’écriture charnelle de Douna Loup, par cette langue rythmée et ondoyante qui coule comme une rivière.

Si ce roman raconte une histoire (le passage de l’enfance à l’âge adulte), c’est avant tout une utopie sensuelle, la proposition d’une nouvelle façon d’être au monde qui passe par la joie et par le corps. Les Printemps sauvages fait partie de ces rares romans sous-tendus par une vision globale du vivant, en partant du plus petit, par exemple l’observation de l’accouplement des cétoines dorées, ou le chant des grives musiciennes. (…)

L’art, la nature, l’amour ou la sexualité sont pour Douna Loup des moyens de s’augmenter, d’ouvrir les possibles pour être de plus en plus soi-même, tout en se connectant intensément avec le monde et les autres. L’œuvre invente peu à peu la voie d’une anarchie qui serait inclusive, organique et harmonieuse. »

Un article de Julien Burri à lire en entier ici

« Un texte de la nature. Un texte de la honte.

Un texte de l’amour de soi. Un texte du désir.

Un texte du bonheur de la solitude. Un texte de l’humanité.

Un texte de la liberté. Un texte de peu de pages, mais un texte de beaucoup. »

Une chronique de Velia Ferracini à lire en entier ici

« C'est l'histoire d'une fugue, d'une quête, d'un voyage initiatique. Un récit vieux comme le monde, et pourtant toujours neuf. Avec Les printemps sauvages, Douna Loup reprend le fil de cette aventure inépuisable, offrant à la génération présente un conte universel au lyrisme puissant. (…)

Les printemps sauvages inscrit son propos dans une écriture grouillante de vie, riche de sensations charnelles et de métamorphoses intimes. Ode délicate à la complexité de notre vie intérieure et de cette présence au monde qu'on ne finit pas de réinventer. »

Un entretien de Douna Loup avec Nicolas Julliard à écouter en entier ici

Douna Loup, invitée d’Emmanuel Khérad dans La librairie francophone :

« Un dépaysement total et d’une grande liberté. Un livre du « tout est possible ». Douna Loup joue avec le style, avec les personnages, avec le jugement de la société. »

L’avis des libraires :

Déborah Danblon de la Librairie La Licorne (Bruxelles) a « trouvé le récit réellement enchanteur, au sens étymologique du terme : comme si on était touchés par un chant ou par de la magie. Dès les premières phrases on est aspirés dans ce monde légendaire, organique, charnel et on vogue avec les personnages dans leur univers. Un conte qui nous permet de prendre du recul et qui nous parle de nous ici et maintenant. »

« Une écriture peut-être un peu trop vaporeuse » pour Matthieu Colombe de la Librairie Goulard (Aix-en-Provence) pour lequel ça n’a pas marché.

Une émission à réécouter ici

« Voilà un roman très original, un hymne panthéiste et sensuel à la Nature qui nous conte une utopie heureuse, le rapport charnel au monde d'une ado. Un texte musical, frais, sauvage comme son héroïne. C'est une ode à la joie de vivre des plus salutaires. » Bernard d’Epenoux

« Révélée il y a plus de dix ans par l’extraordinaire Embrasure, Douna Loup poursuit avec Les printemps sauvages une œuvre centrée sur la nature et les souffles de liberté. Son écriture sensuelle fait à nouveau merveille pour transmettre aussi bien les odeurs et les matières que les impressions et les sentiments. Le traitement de la chronologie peut paraître déstabilisant (les années défilent rapidement), mais l’essentiel demeure cette manière admirable d’évoquer la beauté du vivant et sa fragilité. » Eric Bulliard

« Après Déployer (étonnant univers combinatoire), Douna Loup montre ici, fond et forme, l'éclosion totale d'une jeune fille. Des fragments de manifeste viennent ponctuer le texte, pour ne rien oublier des métamorphoses nécessaires. Traité d'ensauvagement joyeux, le roman est poreux à toutes les sensations, s'alanguit dans une langue en frémissements constants, jamais avare de merveilles. »

Une chronique de FOCUS VIF à retrouver en entier ici

« L’ode aux forces de la nature, d’une puissance solaire et incantatoire, durera quatre Printemps sauvages, métamorphosant le couple mère-fille en deux femmes libres. »

« En plus d'être un délice, la lecture du roman de Douna Loup est une joie. La joie intransigeante qui invite à vivre son corps et aimer sa nature. La légèreté miroite aux abords de chaque mot et gagne inévitablement le lecteur, quels que soient au départ ses goûts. »

Une chronique à lire en entier ici

« Tout, dans l’écriture de Douna Loup, raconte ce souhait de fusion du vivant, des corps végétaux et animaux. Le propos pourrait sembler naïf, utopique. Être Homme et vouloir retourner à la terre. Être jeune et vouloir changer le monde. L’auteure a cependant réussi avec brio à naviguer entre les écueils. Sans toucher au post-apocalyptique tranché, ou peut-être au pré-apocalyptique moralisateur, elle dit la nécessité de repenser notre rapport à la nature et aux autres. (…) Au sortir du roman, alors que l’on revient à la réalité des routes de béton et des Zones-A-Défendre échouées, le désir de l’ensauvagement est ancré. Quelque chose, quelque part, nous appelle, un vieux désir de forêts profondes, de rivières chantantes et d’eaux secrètes. » Aliénor Vauthey

« (…) Le premier amour marque la séparation d'avec la mère, puis la découverte des milieux alternatifs, de l’anarchisme et des expériences communautaires. Une histoire toute en poésie qui introduit très graduellement des idées de plus en plus politiques. Ambiance finale qui fait penser aux difficultés relationnelles à Notre-Dame-des-Landes ou dans d’autres ZAD. » FV

« Chant nouveau à la Nature, ce livre doit être considéré comme le chantre du modèle idéal de vie car il s’agit d’échapper à toute contrainte. [Que la narratrice] vive à deux ou avec un groupe de 5 amis, le lecteur est emporté par son univers, d’une sensualité totale, englobant aussi les animaux, surtout un chien, et son amoureux Barnabé, au sexe de « femme-homme ».

(…)

Des paragraphes en décalé surgissent pour rappeler que tout va disparaître et que personne ne se rappellera de tout cela, à l’image de la pensée stoïcienne qui n’avait pas du tout mis l’ego au centre de l’univers. Pourtant des lettres de sa mère, des projets, viennent redonner une épaisseur temporelle à une existence partie pour vivre l’instant seulement. » Françoise Favretto

« Lorsque j’avançais avec ma mère sur les sentes sauvages des monts et des replats, lorsque nous courions dans les haies bordant les champs et que je chantais des refrains sauvages, mon ventre de gamine tout le jour affamé exultait de vie brute et je n’espérais rien, j’avais tout. »

« De cet extrait se dégagent le rythme et la sensualité de ce roman tout à la fois terrien et onirique. (…) D’une écriture jaillissant ici telle la source, puis soudain calme comme l’eau dormante, cette ode à la liberté est un enchantement. » Céline Prior

« Dans une écriture poétique portée par la lumière, Douna Loup nous invite à un retour à l'essentiel, à la nature et à sa beauté et ses merveilles. »

Coups de cœur

« Aventure initiatique au cœur de la nature et l’urgence de réinventer de nouveaux rapports au vivant. »

« Un roman très prenant, qui raconte l’histoire d’une mère et de sa fille, leur relation, le monde qui va mal et l’amour queer. » Pauline Basset

« Un manuel d’ensauvagement sous la forme d’un roman solaire pour réinventer nos rapports avec l’ensemble des êtres vivants. »

« C’est un livre d’une intensité, d’une poésie et d’une justesse que peu d’ouvrages possèdent. Un texte qui restera un de mes préférés, et pour longtemps je pense. » Axelle

« On suit les pérégrinations de la narratrice en prise permanente avec la nature (….) Elle suit sa piste  »lente et sauvage« , qui lui permet tout à la fois l'exploration de soi (liberté intérieure et découverte des chemins de caresse), d' »affiner sa solitude«  (contemplation de la nature) et ce qui l'engage dans le monde. La vie en autonomie à l'état brut : à se frotter au collectif, lors de  »réunions chuchotées au sommet des collines« . À construire  »des rêves dans le sable de la rivière« ,  »à marcher sur les sentes sauvages du monde» et à «alchimiser en elle tout ce qui lui tombe dessus« . Il y a dans ce récit brut un zeste d'Arrachée belle de Lou Darsan, un peu de Mousse de Klaus Modick et un arrière fond de Walden de Thoreau, un subtil ménage ensauvagé. Il y a aussi, dans l'invention d'un mode de relation renouvelé au vivant, du Baptiste Morizot, d'ailleurs cité dans la biographie sauvage de fin du livre. Vivifiant. » Xavier Robert

« C'est une lecture forte et puissante dans les sensations, et véritablement essentielle ! Nous trouvons dans Les printemps sauvages tout ce dont nous avons besoin en ces temps troublés: de la vie, de l'amour, du sauvage, des réflexions essentielles sur notre rapport au monde, et beaucoup de réconfort ! » Blandine Delrot

« On retrouve les thèmes chers à Douna Loup et son évocation de la nature sensuelle. On suit une fille, la narratrice, et sa mère, durant quatre années passées à vagabonder sur les chemins. »

« C'est l'histoire d'une maman qui part avec sa fille, pour retrouver le frère de celle-ci. Elles marchent sur les routes pendant des années et se découvrent. L'écriture est poétique et organique. » Alice Breniaux

« Avec Les Printemps sauvages, nous déployons une réflexion sur le vivre ensemble et sur la tolérance envers tous les êtres, humains ou non, qui nous entourent. On y parle d'amour, de la différence, d'inclusion, de vivre en harmonie avec le vivant (…). Un appel à se laisser ensauvager, à s'extasier d'être, une invitation à poémiser la beauté de la nature et à tisser des liens profonds avec le vivant. (…) Douna Loup nous envoûte avec cette écriture à couper le souffle, tellement sensuelle et sensorielle…157 pages de poésie qui sentent la terre après la pluie et l'odeur suave et chaude des forêts…Indispensable aujourd'hui ! » Laura Rosello

« Vivre d’amour et d’eau fraiche », dit-on parfois…Les printemps sauvages de Douna Loup en est un exemple : contemplation poétique, liberté retrouvée, nature omniprésente, expérience solitaire ou collective pour vivre ce monde autrement… Réinventer le monde, comme Douna Loup réinvente la langue ! Un texte solaire et sensible qui fait du bien et que je conseille à tous les amoureux du « sauvage » qui se trouve autour de nous mais aussi en nous ! » Sophie

« Un roman inspiré, de Antoine Wauters à Baptiste Morizot… Un texte “manifeste” inspirant un infini respect pour le vivant sous toutes ses formes…Une presque certitude en refermant le livre : l’ensauvagement pourrait être l’étape ultime de l’humanité… »

Droits vendus

Allemand
Acquéreur Limmat Verlag
Année 2022

Italien
Acquéreur Produzione Editoriale XY
Année 2022

Extrait

1

Lacs

 

 

 

 

Personne ne se souviendra plus de nos morsures, de nos jeux dans le noir, de nos pleurs.

Rien ne reste. Tout passe. Ne crois pas qu’une seule trace restera. Seuls cendres et sable. Silence. Le souvenir est une ronde et la ronde serpente et puis se perd, comme il est naturel de se perdre dans l’eau des lacs.

 

 

Le soir venu je buvais l’eau des lacs car ma mère ne rentrait pas, ma mère était loin jusque dans la nuit et alors je me couchais dans l’herbe et lapais l’eau de la surface comme une chienne. J’aimais regarder au profond de sa masse et voir les poissons. Je passais des heures à tremper mes doigts et à rêver de rien, dans le vide, courir librement dans l’air bleu du soir et laisser les étoiles apparaître comme des mirages dans mon songe de gamine attardée. Attardée car je tardais, j’attendais, il était tard et le froid s’engouffrait d’un coup dans mes vêtements. Mais je ne voulais pas rentrer seule dans la maison alors j’attendais ma mère bien trop tard. Le lac devenait aussi un lac attardé sur les rives défaites de sable et de cailloux. Il ne partait pas. Il était là, calme, plat et rien ne bougeait à sa surface sauf à l’époque des têtards blancs qui se frottaient et se collaient aux pierres, alors le lac s’irisait, se froissait de leurs coups et j’aimais voir leurs taches blanches trouer son eau lisse.

— Pourquoi tu t’attardes encore près de cette eau visqueuse ? disait mère quand elle arrivait.

Parce que je l’aime je répondais silencieusement, parce qu’elle n’est pas visqueuse cette eau elle est limpide et fraîche et je la bois. Je ne disais rien et on rentrait. On s’endormait. On rêvait silencieusement.

Lorsque je m’éveillais je lisais l’avenir du jour dans les plis de mes draps. C’était important, j’avais pris très tôt cette habitude. Je m’asseyais et sans bouger je regardais la façon dont les draps s’organisaient et se plissaient autour de moi. Leurs froissés, leurs ombres, leurs courbes, leurs trous, tout cela m’informait sur le jour à venir et c’était important, vu les circonstances, d’avoir déjà une idée globale du court de la vie.

Ce jour-là j’ai regardé mes draps, longtemps, regardé, regardé et je n’ai pas compris. Ça partait tellement dans tous les sens et ça parlait une autre langue que celle bien connue des jours ordinaires, alors j’ai pensé on verra.

Et j’ai vu.

Ce soir-là, comme d’habitude, ma mère est revenue tard.

S’assoir

ne rien dire directement

parler avec les ombres à l’intérieur de moi. Ne pas bouger.

Et puis quand elle entre dans la cuisine, me jeter sur les carottes et les couper en demi-lune sans la regarder jusqu’à ce qu’elle se mette à pleurer et alors, la serrer dans mes bras et pleurer avec elle longtemps, même si on ne coupe pas d’oignons, même si elle est froide et que je suis brûlante, même si on ne sait pas se parler.

L’eau de nos larmes mouille mon t-shirt jaune, je m’arrête la première et je reste là, et je la serre et on se noie et elle s’éloigne et elle annonce soudain : on va arrêter.

On va tout arrêter.

On va arrêter et on va recommencer sur rien.

Sur du vide mais ce sera nouveau et ce sera pour nous.

On va arrêter sans se soucier de plaire.

Oui, on va arrêter de se faire du mal pour le seul plaisir de quelques brutes et on va choisir notre vie.

Ça va être Notre vie. La nôtre tu m’entends ?

 

Tu comprends ?

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