Domaine français
Parution Sep 2017
ISBN 978-2-88927-459-8
160 pages
Format: 140x210 mm
Disponible

Domaine français
Disponible

Anne Brécart

Coeurs silencieux

Domaine français
Parution Sep 2017
ISBN 978-2-88927-459-8
160 pages
Format: 140x210 mm

Résumé

Quarante ans après un  premier amour clandestin, Hanna retourne dans la région de son adolescence, y retrouve le génie du lieu mais aussi ce même trouble auprès de l’homme qu’elle avait aimé très jeune fille. La présence du lac et de la forêt, l’humidité qui envahit tout, l’odeur de la terre, la force du vent traversent le roman avec une puissance qui s’apparente à celle du désir. Les souvenirs d’enfance d’Hanna, de ses premières années passées dans la grande maison, remontent avec naturel. Mais dans ce lieu encore imprégné du passé, les préjugés à l’égard des sentiments qu’elle éprouve pour Jacob rejaillissent avec la même dureté que jadis.
Cœurs silencieux raconte la renaissance d’une femme, une reconquête de l’amour et du désir.

Autrice

Anne Brécart

Bien qu’issue d’une famille francophone, Anne Brécart a suivi dans son enfance à Zurich l’enseignement d’écoles de langue allemande. Elle a ensuite fait des études de Germanistik en Suisse romande, où elle réside aujourd’hui. Traductrice littéraire de l’allemand (notamment de Gerhard Meier), elle anime des ateliers d’écriture et enseigne à Genève l’allemand et la philosophie. Tous ses romans ont été publiés chez Zoé.

Dans les médias

«  Depuis vingt ans, la romancière suisse Anne Brécart, professeure d’allemand et de philosophie à Genève, construit chez Zoé une oeuvre délicate qui arpente les lisières entre la mémoire et l’oubli. Elle observe ce que le temps fait aux attachements […]. Elle explore ce qui n’est plus et ce qui reste, inaltéré : les émotions anciennes, les liens ressurgis de la nuit des temps. […].

Dans Coeurs silencieux, son sixième roman, la narratrice Hanna fait ainsi une expérience de retour du refoulé : cette femme d’une cinquantaine d’années, écrivaine, […] revient dans le village de son enfance où elle retrouve Jacob, son premier amour. […] Jacob lui confie le journal où sont consignés les deux ans de leur histoire et voudrait qu’elle écrive sur lui. […]  »Quelque chose du grand mystère du désir et de l’amour est resté attaché à lui« , constate-t-elle tandis qu’elle retrouve tout : les dérobades de ce garçon taiseux qui disparaissait sans crier gare, ses sortilèges, son mystère,  »l’enchantement«  en dépit de la  »trahison« , cette séduction sans parole à laquelle elle succombe à nouveau. Le silence est ici un personnage à part entière : celui  »épais et ouateux«  des tête-à-tête, celui qui monte dans une chambre  »comme de l’eau« , ou celui qui  »remonte des profondeurs de la terre, ce silence que les arbres vont puiser dans l’obscurité du sol« . Il accueille aussi l’explication de la rupture, des résolutions tardives et ambiguës.  »C’est grâce à Jacob que j’ai découvert cet interstice entre le vrai et le faux qui n’est ni mensonge, ni réalité.«  L’espace où se tient la romancière.  » Véronique Rossignol

« La présence de la nature, de la neige, du feu et du vent offrent un écrin voluptueux à ce roman sur le désir. Une écriture poétique pour décortiquer le passé et le présent, les regrets et les espoirs. » Christine Grivel

« Avec son écriture souple et lisse comme les volumes des Editions Zoé, Anne Brécart unifie l'enveloppe et son contenu. […] Coeurs silencieux raconte [une] histoire d'amour interrompue, […] puis reprise […]. C'est un délice de suivre le cours incertain de cet attachement, l'écriture élégante et finement imagée d'Anne Brécart traçant la route à travers les non-dits, les occasions manquées et les rapprochements inattendus. Le temps qu'il fait, la température, les odeurs, les bruits, le spectacle de la nature, toutes ces composantes d'un roman d'atmosphère sont réunies en toute simplicité dans ce texte admirable. » Benjamin Chaix

« La romancière genevoise Anne Brécart continue son exploration de l’intime dans cœurs silencieux. Il y est question d’un premier amour et de la nature. Interview autour du temps et du pouvoir de l’écriture » à lire ici. Par Laurence de Coulon.

« L’histoire se déroule à partir de l’esprit des lieux. Il y a une sorte de pureté lustrale qui se dégage de ce livre. Un roman sur le clair-obscure de l’intime. » Karine Henry

« Peut-on retrouver la flamme d’un amour inachevé ? Le sixième roman d’Anne Brécart, Cœurs silencieux, fait revivre ce qui a été, s’interroge sur ce qui est et ce qui pourrait être. D’une écriture souple, presque douce, attachée aux lieux et aux ambiances, la romancière nous embarque dans le monde feutré d’Hannah et Jacob. Sur la piste de leurs sentiments, anciens et actuels, entre souvenirs et espoirs. Une nostalgie tout automnale. » JK

« D’emblée, Cœurs silencieux distille un charme: celui de l’automne, de sa langueur, de son flamboiement, de cette annonce de fin et de proche recommencement qu’il contient. Le roman est porté de part en part par les vents, les ciels, les premières neiges, les «crépuscules violets», la forêt et son «ample respiration». Anne Brécart signe ici un sixième roman qui, avec douceur, et par cercles concentriques, tente de s’approcher le plus possible d’une définition du désir ou de ses mystères. […]  » Lisbeth Koutchoumoff

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« Cœurs silencieux, le sixième roman d’Anne Brécart, donne envie de marcher en forêt pour célébrer l’automne. Il permet aussi, avec douceur, de réfléchir au cap de la cinquantaine, à la permanence des sentiments et du désir. »

« Anne Brécart évoque les effets du temps qui passe sur les êtres, la puissance inaltérable des souvenirs à peine brouillés par la distance des années. »

« S’il fallait peindre les mots d’Anne Brécart dans son sixième roman, Cœurs silencieux – en lice pour le Prix des lecteurs de la Ville de Lausanne –, le ciel et la terre déjoueraient la ligne d’horizon pour ne faire qu’un seul décor. Abstrait, ouaté, monochrome et pourtant si éloquent ! […]  Émotionnelle, l’écriture d’Anne Brécart, approchée avec un amour visible des mots qui décrivent, simples et vrais, lui assure cette texture particulière. […] » Florence Millioud Henriques

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« […] Anne Brécart […] est une exploratrice de l’intériorité. Tout au long de son œuvre, elle a développé une écriture qui sonde l’intime, incarnant des voix de femmes dont l’âge, de livre en livre, va croissant, suivant de près celui de l’auteure. […] »

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« Une fois de plus, Anne Brécart évoque les effets du temps qui passe sur les êtres, la puissance inaltérable des souvenirs à peine brouillés par la distance des années. En mêlant à l’épaisseur du paysage automnal une étrange sensualité des corps. Silencieux. »

Anne Brécart était l’invitée de Jean-Marie Félix dans l’émission Versus-Lire. A réécouter ici

Coups de cœur

« Un roman subtil et délicat sur le temps qui passe, l'effet qu'il a sur les personnes… que signifie revoir son premier amour… » Graziella

« Que reste-t-il de notre première histoire d'amour ? Douceur et poésie. » C. Grivel

« Revoir l'homme que Hanna a aimé, lui dire son désir, ses doutes, son amour infinimment… écrire cette histoire à sa manière, traversée par les éléments naturels environnants et les lieux et leurs odeurs qu'ils habitent et qui les habitent. »

« Un livre qui fait revivre toute l'histoire d'une femme qui revient dans une maison pour des retrouvailles platoniques avec un ancien amant. L'histoire se déroule à partir de l'esprit des lieux. II y a une sorte de pureté lustrale qui se dégage de ce livre.  » Karine

« Une grande vague d’émotion tissée par l’écriture sensible et maîtrisée de l’auteur. » Diane

http://www.librairiebaume.fr/selec-18793-mots-des-libraires/

Droits vendus

Géorgien
Acquéreur Nectar Publishing
Année 2020

Extrait

Depuis trois mois, je vis chez une amie en attendant de trouver un appartement. Le soir, Nicole et moi nous retrouvons autour de la table de la cuisine, elle me dit, sans doute pour me rassurer : « Il n’est pas nécessaire de tout posséder, de se raccrocher aux objets ou aux gens. Il y a un temps où il suffit d’avoir eu un amour, une famille ; quand tu les as perdus, tu peux te contenter d’y repenser. »

Elle me sourit en disant cela, tire sur sa cigarette. Je souris en retour, surtout pour la forme ; en fait je n’en crois rien, mais je ne veux pas être seule et suis donc prête à entendre tout ce qu’elle veut bien me dire.

Je n’en peux déjà plus de cette existence déracinée, de cette vie de vieille nomade, de quinqua déboussolée. Je ne supporte plus mon état d’incertitude, ce sentiment d’être décalée, désabusée. « Dé » étant le préfixe de la séparation et de la perte.

 

Il y a quelques mois j’ai quitté l’homme avec lequel j’ai vécu pendant vingt-cinq ans. Alors j’ai eu l’impression d’avoir intégré une grande communauté qui pourrait s’appeler « la maison des femmes seules ». J’y ai retrouvé des amies rencontrées pendant les études, découvert leurs rituels, leurs habitudes. Elles parlent beaucoup, érigent des villes de mots, avec leurs avenues, leurs monuments aux disparus, leurs places et leurs passages secrets, mais aucune d’elles ne comprend ce qui est arrivé.

Nous avons perdu l’amour, comme ça, comme d’autres perdent un gant ou des clés, par mégarde. Il nous est arrivé un accident, une rupture. Autant, jeunes, nous étions intarissables sur notre vie sentimentale, autant aujourd’hui notre bavardage tait scrupuleusement ce qui nous est arrivé d’intime.

 

La saison est en train de tourner, les arbres perdent leurs feuilles et les nuits fraîchissent. Je décide de passer à l’appartement familial où mon ex-compagnon habite encore pour aller chercher quelques affaires.

Après avoir traversé la place en contrebas de l’immeuble de Nicole, laissé l’avenue à ma gauche pour rejoindre le parc des Bastions avec ses beaux arbres et son kiosque à musique vitré, je passe devant le bâtiment de l’université d’où émane le calme des choses anciennes.

C’est là que, sans crier gare, le visage de Jacob s’impose à moi. Pas le visage que je lui ai vu à l’enterrement de ma mère il y a quelques mois mais celui qu’il avait jeune homme. Je revois son regard et nos mains qui se cherchent mais qui, de manière incompréhensible, ne se mêlent pas. Le ballet des mains sur la table efface la réalité du café dans lequel nous nous trouvons. Je m’arrête prise de tremblement et revois son regard plein de douceur et de désarroi.

Ma vie aurait-elle été différente s’il avait abrité mes mains dans les siennes ce soir-là, s’il m’avait caressé les cheveux de manière plus appuyée? J’essaie de chasser le regret qui monte en moi comme une vague. Puis je me redresse. C’est derrière moi tout ça. J’ai fait ma vie autrement.

Au moment où je franchis le grand portail du parc et que je me retrouve dans la rue, le vent me pousse et dépose un baiser ambigu sur ma joue. A la fois chaste et enjoué, il me caresse les cheveux et murmure des choses mystérieuses à mon oreille. De son corps fluide le vent me serre de près, attire mon attention avant de s’éloigner pour aller faire tournoyer les feuilles le long du trottoir. Les lumières électriques s’allument, luttent avec les reflets mauves du crépuscule puis prennent le dessus et envahissent les rues de leur clarté blanche.

Je suis légère dans cette soirée de novembre, le vent me jette un parfum frais d’écorce et de feuilles. Puis il s’affaire autour de moi et m’interroge sans que je comprenne ce qu’il me veut.

 

A moins que cela soit la question que me pose le souvenir des mains de Jacob. C’était il y a quarante ans, une nuit de début d’automne. Il avait fait chaud et sec durant tout l’été, la campagne était jaunie, les arbres avaient perdu leurs feuilles bien avant la saison, les sources étaient taries. Le niveau du lac de Morat avait baissé. Ce soir-là le vent était chaud et nerveux.

Nous avions échoué dans un bistrot. Jacob s’était penché vers moi, m’avait effleuré les mains, timidement comme s’il craignait de me faire mal ; à ce moment, les voix des autres clients n’étaient plus qu’un lointain murmure. Sur la table, nos quatre mains se cherchaient, s’effrayaient de se frôler, s’évitaient, puis revenaient l’une vers l’autre, comme si elles avaient pris leur indépendance. Lorsque ma main avait tenté de se réfugier dans celles de Jacob, il les avait brusquement retirées ce qui avait rompu le cercle magique. Les bruits alentours s’étaient précipités sur nous ; verres entrechoqués, bruits de voix. Puis nous étions sortis côte à côte, vacillant tous deux. Nous nous étions réfugiés dans la normalité des saluts échangés comme si rien n’était arrivé.

Mais j’ai fait des choix, je suis partie et j’ai bien fait. Jacob était un homme si compliqué, il m’aurait rendu malheureuse toute ma vie. Pourtant aujourd’hui quelque chose me manque, c’est  une question insistante et insidieuse qui ne veut pas me laisser en paix.

 

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