parution février 2021
ISBN 978-2-88927-834-3
nb de pages 208
format du livre 140 x 210 mm

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Rose-Marie Pagnard

Gloria Vynil

résumé

Porter en soi une amnésie comme une petite bombe meurtrière, avoir cinq frères dont un disparu, vivre chez une tante folle de romans : telle est la situation de Gloria, jeune photographe, quand elle tombe amoureuse d’Arthur, peintre hyperréaliste, et d’un Museum d’histoire naturelle abandonné. Dans une course contre le temps, Gloria et Arthur cherchent alors, chacun au moyen de son art, à capter ce qui peut l’être encore de ce monument avant sa démolition. Un défi à l’oubli, que partagent des personnages lumineux, tel le vieux taxidermiste qui confond les cheveux de Gloria et les queues de ses petits singes. Avec le sens du merveilleux et le vertige du premier amour, Gloria traverse comme en marchant sur l’eau cet été particulier.

Rose-Marie Pagnard jongle avec une profonde intelligence entre tragique et drôlerie pour nous parler de notre besoin d’amour.

biographie

Rose-Marie Pagnard a notamment publié La Période Fernandez (1988, Actes Sud, prix Dentan), Dans la forêt la mort s’amuse (1999, Actes Sud, prix Schiller), Janice Winter (2003, éditions du Rocher, Points Seuil), J’aime ce qui vacille, 2013, Zoé, Prix suisse de littérature).

AcuaLitté

"Entre vertige du premier amour, euphorie du désir naissant et tragique de ce qui meurt, porté par un sens du merveilleux unique et peuplé de personnages inoubliables, Gloria Vynil propose un voyage lumineux et subtil au pays de l'art, de l'émerveillement et de l'amour."

un article à lire ici

La cinquième saison

"Dans Gloria Vynil, la frontière entre les arts et la vie s’estompe comme s’efface la frontière entre le réel et l’imaginaire. Une musique, un livre, un nom, passe d’une génération à l’autre, ou disparaît si personne n’y prend garde. Pour cela, la création est nécessaire et la narratrice invite ses personnages à se fondre dans son récit. Elle les soutient ; mieux, elle les aime, et cela se voit comme une évidence. Leurs réflexions se mêlent à la sienne sans que souvent la ponctuation ne l’indique. La répétition sert à la nuance. La langue, attentive, délicate, saisit les moindres soubresauts de leur âme. Les images de leurs nuits comme leurs plus vieux souvenirs, se retrouvent au détour d’une ruelle, à l’écoute d’un nom ou d’une chanson." Christophe Gaillard

Encres vagabondes

"La grande originalité de Gloria Vynil se niche dans sa structure, l’étrangeté de son atmosphère et l’imaginaire qui emporte tout. (…)

Le goût romanesque de l’auteure entre l’épopée amoureuse de Gloria et Arthur et les rebondissements parfois rocambolesques concernant la fratrie Vynil aussi peu conventionnelle que les laborieux sauveteurs du musée, viennent parachever cette conjugaison entre angoisse, humour et légèreté. Tout cela fait de Gloria Vynil un étonnant conte moderne, troublant et tout aussi enchanteur qu’inquiétant, entre rêve et réalité Rose-Marie Pagnard nous raconte de l’intérieur, avec sensibilité, vivacité, finesse et musicalité. La superbe illustration de couverture (d’après l’œuvre de Sophie Calle) en donne une parfaite traduction.

Un excellent roman sur la mémoire, l’art, l’amour et la vie, dont la tension nous tient en haleine, qui, entre ombre et lumière, nous fait côtoyer l’improbable et nous transporte dans un ailleurs où les êtres et les choses se parent d’une troublante et fascinante ambiguïté."

Un article de Dominique Baillon-Lalande à lire ici

Fréquence protestante

"Un sens musical du français éblouissant. [Un] équilibre rare entre ce qui est onirique, fantastique, mystérieux et ce qui relève de l’intime".

Rose-Marie Pagnard était l’invitée de Frederick Casadesus dans l’émission « Une heure avec… », à écouter en entier ici

Regards Protestants

"Autant le dire, [Rose-Marie Pagnard] nous bouleverse. Toujours le péril est grand de faire connaître une littérature en quelques mots. N’empêche, on court le risque, parce que cette helvète est fantastique – au propre comme au figuré. Lisez-ceci : « Dans leur cage plantée à la lisière de la forêt, les grands chiens noirs menaient leur tapage matinal. Sur le seuil de la cuisine apparut, bien avant l’heure habituelle, une petite fille flottant dans une chemise de nuit bleue à motifs de voiliers blancs. C’était par pur désir de promener ces voiliers dans la cour de la ferme, comme sur la mer, que l’enfant était sortie seule de la maison. »"

Un article de Frédérick Casadesus à lire en entier ici

Transfuge

"Dans ce roman où une vidéaste croise un peintre, les armes sont celles de l’art, mais aussi cette écriture alerte, poétique, défi à elle seule à l’entropie." Damien Aubel

Livresuisse Magazine

"Gloria Vynil est un roman d'initiation émouvant et teinté de surréel, implanté dans des décors quotidiens merveilleusement dépouillés de leur banalité. Par la plume de Rose-Marie Pagnard, le sommeil se transforme en éléphant africain, une boîte à linge se mue en un compagnon nocturne. Et Gloria Vynil devient, pour ceux qui acceptent l'invitation, plus qu'une simple connaissance, une compagne de voyage, qui leur apprend à laisser entrer la vie." Salomé Walz

Le Temps

"L’écriture est électrique : elle excelle à peindre le désir naissant et ses vertiges. L’histoire d’amour entre Gloria et Arthur ressemble à un doux rêve naïf, puis se teinte d’inquiétude, d’angoisse. (…)

Ce roman étrange (c’est un compliment) allie pulsion de vie et péripéties, style enlevé et pétulant, tension euphorisante. Il n’en est pas moins traversé par une pulsion morbide (la taxidermie, la ruine, la mort au travail), qui contribue grandement à son charme et à son mystère. (…)

L’écriture de Rose-Marie Pagnard, qui vous porte comme un filtre magique, une incantation, plus encore lorsqu’elle décrit les choses simples: «Le mois de juin s’était retiré comme un tigre roussi, la queue entre les pattes, puis juillet s’est élancé, frais et mouillé de pluies.»"

Un article de Julien Burri à lire en entier ici

RTS - La 1ère

"Hors de tout, bien d’ici : dans l’espace humain mais pour des rencontres d’ailleurs. Par l’écriture, Rose-Marie Pagnard rend l’invisible visible."

Rose-Marie Pagnard était l’invitée de Manuella Maury dans l’émission « Alice s’émerveille », à réécouter ici

Théâtre du Sentier

Gloria Vynil en lecture par le comédien Claude Thébert : une plongée sonore dans l'univers de Rose-Marie Pagnard à écouter par ici :

Plume au vent

"Un ouvrage exigeant et original qui ne laissera pas indifférent notamment par le charme de certains personnages."

RFJ

"Dans un texte de fiction, chaque auteur se dévoile. C’est comme une scène consacrée sur laquelle on va mettre ses propres questions, ses propres fantaisies, ses propres rêves, ses propres désirs, en les métamorphosant, en les faisant jouer par des personnages."

Rose-Marie Pagnard était l’invitée de Jean-Michel Probst sur Radio Fréquence Jura. Une émission à réécouter ici

Le Courrier

"Dans Gloria Vynil, comme dans tous les romans [de Rose-Marie Pagnard], se côtoient le drame et le merveilleux, le tragique et le burlesque. (…)

Rose-Marie Pagnard se dit « imprégnée par les images », qu’elles soient réelles ou issues de son riche monde onirique. Ses livres sont « composés », à la manière d’une toile où divers éléments se côtoient et se superposent. Les chapitres aux titres évocateurs sont les « parties d’un tableau » avec ses trompe-l’œil, ses surfaces sombres ou claires, ses glissements. Et comme en musique, le texte impose une durée de création, souligne-t-elle. « Il est une partition musicale avec un rythme, des césures, des temps morts, des reprises et variations. » (…)

Les mots sont déjà porteurs d’histoires. Rose-Marie Pagnard sait jouer avec eux pour donner vie et mouvement à des mondes singuliers, libres et teintés d’enfance, immédiatement reconnaissables."

Un article d’Anne Pitteloud à lire en entier ici

RTS - Culture

"A la manière d’un conte à la fois enchanteur et inquiétant, le nouveau roman de Rose-Marie Pagnard, "Gloria Vynil", compose le portrait fragmenté d’une héroïne poétique. (…) Gloria nous propose un lieu magique où les contraires s’unissent, les différences s’épousent, où chacun trouve sa place. Le chemin pour y parvenir est long, sinueux, touffu. Tant mieux!"

Un entretien de Rose-Marie Pagnard avec Isabelle Carceles à écouter en entier ici

Marie Claire édition suisse

"Son nom évoque évidemment le vinyle, synthétique et noir : tout le contraire de Gloria, jeune photographe dont le regard et les émotions s’accrochent à tout ce qu’elle frôle, comme des étamines portées par le vent. Réclamant de la vie le minimum, soit une aventure et des projets « pétillants », elle doit sa sécurité à un « vieil ange » providentiel, sa tante, qui va cependant devoir céder le terrain: Gloria a un amoureux, Arthur, ensemble ils vont adopter un musée abandonné... Fantasque et primesautier, ce roman-kaléidoscope aux éclats colorés mais aigus est une crissante ode à la joie d’être en vie!"

Daily Passions

"C’est fort, dense et écrit avec une finesse poétique qui balaye toute résistance. Et je suis sûr que parfois, dans le courant de votre lecture, vous allez percevoir ce qui n’est pas dit mais que l’on sent bien. Le symbolisme de l’histoire et de la situation de Gloria. Si j’osais, je vous recommanderais d’offrir ce livre à votre ado préféré, comme si de rien n’était et d’attendre un retour qui je pense ne tarderait guère. Peut-être devriez-vous retrouver une certaine adolescence pour mieux goûter Gloria Vynil."

Une chronique de Noé Gaillard à lire en entier ici

ArcInfo

"Lauréate de nombreux prix littéraires, Rose-Marie Pagnard poursuit avec son dernier roman une œuvre légèrement étrange et poétique, mêlant souvent musique, arts visuels et écriture. (…) Des motifs récurrents comme la meute de chiens affamés du père de Gloria et une robe rouge offerte structurent le récit comme une œuvre musicale. Sensible et merveilleux." Laurence de Coulon

Un entretien à lire en entier ici

Le Quotidien Jurassien

"Si l’œil de Rose-Marie Pagnard a gardé la tendresse de l’enfant, l’expérience lui a donné du tranchant. Sa plume délicate relie sans accroc le sombre et le cocasse, l’image et la matière, pour créer un mouvement aérien. Avec une parfaite maîtrise… elle s’amuse ! Son écriture enlevée donne de l’allant et emporte le lecteur, soulevé avec légèreté, pris dans un mouvement de tourbillon pour atteindre, proche de l’ivresse, le dénouement ambigu de ce fragment de la vie de Gloria Vynil." Julie Seuret  

Viceversa Littérature

"Le style de Rose-Marie Pagnard est délicat, alerte, musical, plein de brio, avec des descriptions inattendues. Ainsi, en deux phrases brèves, l’été des six ans de Gloria Vynil apparaît à la fois comme un espace troué et trop dense : « Un été comme dévoré par les mites. Noir, comme un prisme de verre éclatant. » De manière impressionnante, elle peut, en une seule phrase, concentrer l’espace et le temps, la réalité et l’imaginaire, tout en rendant perceptibles des choses invisibles (…).

Au fil des pages, Gloria Vynil est un roman qui démontre le pouvoir, la force et la nécessité de la création artistique, ainsi que des liens qui peuvent se tisser autour d’un projet artistique, autant d’éléments qui seront pour la protagoniste le moteur de sa résilience."

Une chronique de Claudine Gaetzi à lire en entier ici

Ma collection de livres (blog)

"Rose-Marie Pagnard vit dans le Jura suisse. Son écriture précise et virtuose est au service d’un monde réel qui pourtant glisse sans cesse vers l’étrange et l’onirique. (…) Ses romans racontent la vie ordinaire, rendue étrange et invérifiable par l’irruption de hasards catastrophiques ou féeriques, par la mise à néant de certitudes sur la folie, sur le don de l’imagination."

Une chronique de Henri-Charles Dahlem à lire en entier ici

Aux arts etc... (association)

"Le récit est à la fois totalement ancré dans le réel et l'époque actuelle et d'une grande finesse d'observation, mais aussi empreint de merveilleux et d'étrangeté. (…)

La langue est magnifique d'originalité et de précision. Les phrases se savourent doucement, on a envie de laisser fondre lentement en nous la douceur qui s'en émane, notamment celles qui relatent la rencontre amoureuse. Arthur et Gloria « se remplissent de lumière ». En entendant la voix de l'homme à l'allure d'ours, « le cœur lui bat dans les oreilles ». « Sa voix est comme un petit doigt de velours »... Tous les sens sont en émoi. L’entrée en amour est superbement décrite.

La Musique traverse le roman de Lo & Leduc à Sophie Hunger tout comme la littérature. [Le récit est aussi un joli portrait du monde culturel actuel.]

(…) Arthur, Till, le professeur Ambühl... tous les personnages ont un petit grain de folie ou une obsession, une pièce manquante qu'ils trouvent sans la chercher. Ce livre est un enchantement !"

Une chronique de Sandrine Charlot Zinsli à lire en entier ici

La Méridienne

" Lu en une seule journée: adoré cette ambiance et TOUS ces personnages. Je suis sous le charme !" Chantal Nicolet

Librophoros

"L'univers de Rose-Marie Pagnard est étonnant. Elle cultive les lisières, le merveilleux, une écriture foisonnante et imaginative. D'une cour de ferme à un musée qui va disparaître, d'une voisine de train à un bateau, ce roman amène de la fantaisie!"

Payot Lausanne

"Un bijou tortueux, sombre, étrange, parfois drôle, j'ai l'impression en le lisant de voir flotter autour de moi la poussière magique de ce musée en cours d'effacement, c'est envoûtant." Laetitia Bourquenoud

Jours merveilleux au bord de l'ombre

Dans une petite ville des années 60, Brun, génial garçon de treize ans et sa  petite soeur Dobbie ne supportent plus la réputation de voleur qui menace la vie de leur père. Une terrible injustice, d’autant plus que le voleur, le magistral escroc n’est autre que leur oncle Räuben Jakob, directeur d’une fabrique de feux d’artifice et astucieux bienfaiteur... Passant de leur misérable logis à la villa de leur oncle, Brun et Dobbie pourchassent une vérité qui ne cesse de s’esquiver; d’ailleurs, n’y a-t-il pas de multiples vérités?

Inventifs et solaires, ils charment tout une bande de partisans de la justice. Dobbie s’amourache de chacun, Brun tient des propos désabusés d’adulte plein d’expérience, tandis que le comte Mato Graf, le professeur de violon, le marchand de cristal, les frères Jakob et d’autres se laissent aller à des comportements puérils qui provoquent, chez le lecteur, un indéniable sentiment de danger.

Le Conservatoire d'amour (2014, Zoé poche)

Le Conservatoire d'amour

Deux sœurs adolescentes, bien que soumises à leur père, lui faussent compagnie et fuguent vers leur amour de la musique. Elles prennent alors leur flûte et disparaissent. Le chemin du Conservatoire est pavé d’épreuves singulières, mais rien n’arrête Gretel et Gretchen qui veulent être admises au paradis de la Musique.

Un roman, un conte, une histoire de passion pour la musique, une enquête-opéra qui revisite la Flûte enchantée. Rose-Marie Pagnard est l’auteur d’une œuvre aux pouvoirs subtils, dix romans et recueils de nouvelles dont Janice Winter et J’aime ce qui vacille.

 

 

J'aime ce qui vacille

 

Comment les parents de la jeune Sofia retrouveront-ils la force de vivre après sa mort ? Illmar, le père, lance alors le projet d’un bal qui réunira tous les habitants de la tour où il vient d’emménager avec sa femme – comme si les vies apparemment ordinaires de leurs voisins allaient les aider à comprendre le drame de Sofia et peut-être les sauver des eaux noires du chagrin. Mais tel un reflet du monde, la tour se révèle être un empilement de vies vacillantes, de destins tous farouchement tendus vers la douceur et la joie intérieure. 

J'aime ce qui vacille a reçu le Prix suisse de littérature 2014

Laudatio de Marion Graf

J’aime ce qui vacille, le onzième roman de Rose-Marie Pagnard, mêle les genres et les tonalités avec une évidence toute musicale. C’est un roman et c’est un conte, ou même une comédie ; une fiction primesautière et ironique, et un poignant livre de deuil personnel; une plongée dans les eaux noires du chagrin et de la culpabilité, et une explosion de couleurs, de matières et de mots chatoyants.

Deux ans après la mort de leur fille, toxicomane, ses parents, Sigui et Ilmar, semblent s’éloigner l’un de l’autre, chacun se retranche dans son deuil, face au vide : elle dans ses errances, en quête d’une vérité impossible, lui dans ses rêves et son travail de costumier de théâtre. Alors s’engage ce roman grave et dansant, sur le tranchant de la solitude et de l’amour, de la douleur et de la fête, entre la vie et la mort, la lucidité et la folie qui guette. Peu à peu, dans les sept étages de la tour vacillante où vivent Sigui et Ilmar, les portes s’ouvrent sur d’autres personnages assez excentriques, naissent des solidarités, autour d’un projet saugrenu et peut-être salvateur.

La perspective est surtout celle de Sigui, le livre est rythmé par ses retours en arrière, somnambuliques ou réalistes, et par les sollicitations et les interactions du présent, par tout ce qui la dérange comme une violence faite à son deuil, et l’arrache à son jardin noir. Exclamations et questions sans réponse, bribes de dialogues, rencontres et tohu-bohu métamorphosent peu à peu son monde intérieur.

A l’heure où domine l’autofiction, Rose-Marie Pagnard recourt avec bonheur aux détours de l’art et de l’imaginaire pour affronter la réalité.

 

                                                                        Marion Graf

 

Ce qu'en dit l'auteur (texte paru dans la revue des belles-lettres, 2012, I):

"Entre elle et lui un contrat moral est signé. Il oublie sa signature. Elle oublie cette histoire. Elle et lui ne se reconnaissent pas dans l'ascenseur. Dans un fatras d'intentions le contrat se perd. Un contrat aux conditions particulièrement rudes pour elle comme pour lui qui préfèrent l'oublier, se sentir libres, libres, libres, et en bonne santé. C'est dans l'air du temps. Cependant. Cependant ici et là des contrats tout aussi rudes sont à la lettre respectés, dans toutes sortes de domaines, entre deux personnes, voire entre une personne et elle-même, mettons, entre un écrivain et lui-même. 

Plus je veillis, plus je suis consciente de cette étrange anticipation. Longtemps avant de tracer le premier mot d'un roman, ce symbolique contrat occupe mon esprit (c'est à la fois grave et excitant). D'une part je sais que je m'y mettrai, à ce roman, oui, la chose est entendue au plus profond; d'autre part je ne sais plus rien, je me sens dans mes petits souliers, un peu,  comme avant un mariage secret, radical (divorce interdit), aventureux, plein de responsabilités envers moi  seule quoi qu'il arrive (ce dernier point surtout me trouble).

Sur cette confidence absolument inutile au lecteur, je me permets une remarque utile à la vérité. J'ai quelquefois l'impression que l'art est considéré comme le sujet unique de mes romans. Or, c'est un sujet parmi les autres, un sujet que j'aime, mais qui ne saurait réduire, dans ces romans, la vie des personnages, la vie prosaïque, ou poétique, l'intrigue, le romanesque..." Rose-Marie Pagnard

Le Motif du rameau, et autres liens invisibles

Maman Reinhold, ex-cascadeuse convertie en protectrice de l’innocent et dangereux Leonard ; Ben Ambauen, écrivain et chasseur de lièvres ; la fille d’un marchand de vaisselle transformée en héroïne de conte ; Ennry Pinkas, juriste dont la petite taille cache une imprévisible folie ; un extravagant éditeur qui se croit « sans imagination » ; la ville de Bergue et Tokyo la mégalopole : le lien entre ces personnages et ces lieux s’appelle Ania.

Ania, fille adoptée, élève forcée du Foyer des enfants spéciaux, est devenue l’épouse d’Ennry. Elle incarne ici l’amour absolu, mais aussi l’incroyable aptitude qu’ont certains êtres à supporter les vicissitudes de leur destin.

Ce roman à l’écriture musicale et ardente est un éloge à la force de l’imagination. « J’essaie de me relever, mais je suis fatiguée d’entendre la réalité et le rêve penchés sur moi à plaider chacun pour son compte, en japonais ! » Mais voici que le hasard saute dans l’histoire…

Le Collectionneur d'illusions

 

Les trois récits de ce livre se répondent par le thème de l’art et grâce à leur personnage principal, Cornelius. Dans «Le collectionneur d’illusions», il raconte comment son père, après sa ruine, suit à la trace, en parfait illusionniste, sa collection d’œuvres d’art perdue dans des hôtels et des restaurants de luxe. «Figures surexposées» est une véritable allégorie surréaliste de l’inspiration et de la création artistiques. «Le violon de ma mère» fait la part belle au pouvoir imprévisible de l’imagination grâce à la mère de Cornelius, une vieille aveugle qui invente un monde invisible.

 

Postface de Doris Jakubec 

 

Gloria Vynil: extrait

Peut-être parce que la famille vivait avec désinvolture, coups de cœur et de hasard, personne n’avait remarqué l’enfant déjà levée.

Dans leur cage à barreaux plantée à la lisière de la forêt, les grands chiens noirs menaient leur tapage matinal. Sur le seuil de la cuisine apparut, bien avant l’heure habituelle, une petite fille flottant dans une chemise de nuit bleue à motifs de voiliers blancs. C’était par pur désir de promener ces voiliers dans la cour de la ferme, comme sur la mer, que l’enfant était sortie seule de la maison. Il faut dire que la chemise venait de son frère Till, le navigateur, et que tout ce qu’elle se figurait qu’il faisait, elle devait le faire aussi. Elle avait l’air de boire la lumière, la clarté, les sons délicats de l’étable, ces choses exquises du réveil.

Mais les chiens pleuraient, les malheureux pauvres chiens, des larmes giclaient autour de leur cage coiffée d’éclairs bondissants, aide-nous, console-nous, criaient-ils. Et le soleil jouait sans se soucier de rien ! Je pourrais leur apporter un morceau de rôti ou une assiette de lait, pensa l’enfant, ou les laisser filer dans la forêt.

 

Ses pieds nus l’emportent jusqu’aux odeurs puissantes, qui demandent en lettres rouges de ne pas ouvrir, de ne pas ouvrir ! Mais voilà la porte disloquée comme par magie. L’enfant la tire contre elle en reculant et les chiens – les douze molosses à revendre, dit maman –, les chiens volent droit sur l’étable où papa nettoie en sifflotant l’enclos des truies et des porcelets. L’enfant crie non, non ! allez dans la forêt, les chiens ! allez chasser et manger dans la forêt ! À travers l’éblouissant soleil elle voit une fourche avec un chien pendu au manche, elle voit des couleurs laides et papa couvert d’un manteau de chiens et de petits cochons. Ça ruisselle entre ses jambes et sur son visage, la voix de maman lui ferme les yeux, on préfère que, dit quelqu’un, oui, il vaudrait mieux que cette enfant oublie un tel massacre.