Domaine allemand
Parution Mar 2021
ISBN 978-2-88927-869-5
224 pages
Format: 140 x 210 mm
Disponible

Nouvelle traduction de l'allemand par Marion Graf
Postface: Peter Utz, Lukas Gloor, Reto Sorg

Domaine allemand
Disponible

Nouvelle traduction de l'allemand par Marion Graf

Carl Seelig

Promenades avec Robert Walser

Domaine allemand
Parution Mar 2021
ISBN 978-2-88927-869-5
224 pages
Format: 140 x 210 mm

Nouvelle traduction de l'allemand par Marion Graf

Domaine allemand

Nouvelle traduction de l'allemand par Marion Graf

Résumé

De 1936 à 1956, Carl Seelig accompagne Robert Walser dans ses longues promenades. Au fil de la marche et autour de tables bien garnies, leurs conversations donnent à entendre toutes les inflexions de la voix de l’auteur biennois. Elles composent sur le vif un portrait tout en finesse : on découvre un écrivain qui porte un regard aigu sur le milieu culturel et sur les évolutions politiques, mais aussi sur les étapes de sa propre carrière littéraire, interrompue en 1933. Témoignage unique des vingt ans de silence de Walser, ce livre propose une véritable rencontre avec ce « vagabond de génie » dont l’œuvre ne cesse de surprendre et d’émerveiller.

 

Auteur

Carl Seelig

Journaliste littéraire et écrivain, Carl Seelig (1894-1962) rencontre Robert Walser en 1936 à Herisau, maison de santé où le poète cessera d’écrire, se soumettant sans rechigner à son traitement : plier et coller des sacs en papier, écosser des petits pois. Seelig s’imposera alors comme le porte-parole du « poète muet ». Il contribuera de façon décisive à la diffusion de l’œuvre walsérienne.

Dans les médias

« Traduit en 1989 par Bernard Kreiss chez Rivages, retraduit aujourd’hui par Marion Graf, Promenades avec Robert Walser, de Carl Seelig, est un témoignage précieux, et pour ainsi dire unique, sur les vingt-trois ans qu’a passés l’écrivain suisse dans son asile de Herisau. Année après année, Seelig l’a accompagné en randonnée dans les villages alentour, recueillant ses confessions, ses sentences, sondant son humeur et son état de santé. Walser parle de ses débuts, de ses romans, de l’époque, de ses lectures. Seelig rend compte et condense la conversation de son compagnon de marche en aphorismes, éclats bougons, méditations plus ou moins pénétrables. Un portrait étrange et saisissant. » B.Q.

« Entre 1936 et 1956, Carl Seelig a régulièrement rendu visite à Robert Walser, interné à l’asile de Herisau. L’écrivain et son protecteur et ami faisaient de longues promenades et de plantureux repas. (…) A son retour, Seelig notait leurs conversations. Jusqu’à quel point le tuteur s’est-il approprié les propos de son auteur préféré ? Dans leur postface, Lukas Gloor, Reto Sorg et Peter Utz posent la question irrésolue. Quoi qu’il en soit, ces Promenades ont fait beaucoup pour la renommée de Walser. » Isabelle Rüf

« C'est l'unique et précieux témoignage des vingt-trois années que Robert Walser passa à Hérisau, période pendant laquelle il avait cessé d'écrire. La traductrice Marion Graf dans sa note éditoriale précise : « Ce sont bien ces deux voix contrastées que la traduction veut donner à entendre : celle de Walser, impatiente, blessée, avec sa constante lucidité et ses formules fulgurantes, – et celle de Seelig, avec son goût de l'anecdote et des destins hors du commun, sa sensibilité de journaliste au grand cœur. » (…) Ces « Promenades » sont un délice que nous vous recommandons pour découvrir Robert Walser, l'écrivain et l'homme. »

Un article à lire en entier ici

« Des vingt-trois années que Robert Walser a passées à la maison de santé de Waldau, un témoignage nous est parvenu, le récit du journaliste et éditeur Carl Seelig (1894-1962) qui a joué pour lui le rôle de Max Brod auprès de Kafka et sans lequel sans doute son œuvre ne nous serait pas parvenue. Des propos riches, des réflexions lucides où l’on cherche en vain des signes de maladie mentale. » Francine de Martinoir

« Une des meilleures introductions à l’œuvre et à l’homme. (…) 45 promenades [et] au moins autant de regards rétrospectifs, lucides et souvent fulgurants, du mélancolique vagabond sur son œuvre et ses contemporains ». François Kasbi

Entretien avec Marion Graf, autour de la nouvelle traduction des Promenades avec Robert Walser, de Carl Seelig, par Isabelle Baladine Howald. À lire ici

« Vingt ans durant, Carl Seelig fut à la fois le tuteur et l’ami de Robert Walser. Le seul avec lequel celui-ci consentit jamais à partir pour les longues promenades à pied qu’il affectionnait, avec lequel il maintint sans jamais le rompre le fil d’une conversation pleine de pudeur et d’érudition dont ce livre devait rendre compte avec une émotion d’autant plus prégnante que Walser n’était mort que depuis quelques mois lorsqu’il parut pour la première fois en 1957.

On marche donc beaucoup, au cours de ces 45 promenades, mais on mange et on boit tout autant. Cela devient même un rituel entre les deux amis, qui ne semblent parfois partir en balade que pour mieux visiter restaurants, auberges et pâtisseries. C’est donc l’eau à la bouche et sans fatigue qu’on les suivra dans leurs excursions, au cours desquelles il est aussi bien sûr beaucoup question de littérature. » Yann Fastier

« Ces Promenades avec Robert Walser nous offrent un parcours buissonnier dans la vie et l'œuvre de l'écrivain, admiré par Kafka, Hesse et Sebald, depuis le milieu des années 1930, au moment où il arrête d'écrire, jusqu'à ses derniers jours.

Au fil de leurs balades, qui sont autant d'excursions et de divagations, Walser revient sur le passé, alors qu'il était un « hurluberlu romantique, fantasque et insouciant », multiplie les anecdotes, transfigure les souvenirs, emberlificote, face à son jeune admirateur. » Thierry Clermont

« Le portrait que les Promenades dressent est celui d’un homme lucide, aussi bien sur le monde que sur lui-même. (…) Quelqu’un qui a mûri et en même temps conservé la docilité infantile… Quelqu’un d’humble qui revendiquerait son humilité. (…) On appréciera vivement la qualité de la traduction. »

Une chronique de Noé Gaillard à lire en entier ici

« [Un] chef-d’œuvre de littérature en mouvement. (…) Ces Promenades, et les haltes dans les boucheries-auberges pour assouvir la faim et la soif, forment avant tout un art poétique négatif, les conversations dessinant des éclaircies dans le silence que s’imposa Walser dès le jour où, en 1933, il entra à l’hospice de Herisau. Dans ces pages, Walser apparaît tel que la postérité se souviendra de lui : pauvre, sauvage, virulent, doux, vivant, étrange sage résigné dont l’ambition zéro ne semble jamais vouloir égaler la nullité, mais au contraire lutter toujours contre elle, la dépasser jusque dans la mort. »

Une chronique de Jérôme Orsoni à lire en entier ici

« (…) Les deux hommes [Walser et Seelig] se fréquenteront jusqu’à la mort du poète, toujours interné, en 1956, entrecoupant leurs longues traversées de la région, à pied comme il se doit, par quelques bières et un bon repas, l’évocation de la dramatique situation politique, de la vie littéraire, revenant malgré les réticences de Walser sur sa carrière fulgurante. (…) Nous devons à Seelig la pérennité de l’œuvre de celui qui prétendait être « resté un zéro tout rond », désormais auteur-culte. » Carlos Pardo

« Le beau récit de Seelig, sorte de journal des rencontres et de promenades avec Robert Walser de 1936 à sa mort le 25 décembre 1956, est en parfaite concordance avec l ' œuvre de ce grand écrivain. Ils se sont rencontrés plus d ' une vingtaine de fois, prenaient le train pour quelque petite ville des environs, marchaient des heures dans la campagne et déjeunaient dans un restaurant dont Seelig détaille à chaque fois le menu aussi plantureux qu'appétissant, ce qui donne une vitalité toute particulière au récit.

Chaque promenade racontée par Seelig est comme une page de l'œuvre de Walser où l'infantile, le refus presque panique de la condition d'adulte et la subtile puissance littéraire vont de pair. (…)

C'est une sorte de rébellion douce qu'expriment les romans, les nouvelles, les petits écrits de Walser, une rébellion toute simple, hors de toute intention politique, si ce n'est un pacifisme et un refus absolu du nazisme. Walser n'est en rien un asocial, ses intuitions psychologiques pointues démontrent le contraire. Seulement, la conscience suraiguë qu'il a de lui-même et de ce qui l'entoure le décale à chaque fois de la réalité telle qu'il faut la voir. Un scepticisme bienveillant le tient éloigné des engagements trop sonores, il sait douter. » Georges-Arthur Goldschmidt

« Dans une nouvelle édition, Promenades avec Robert Walser fait entendre au long de vingt années la voix du poète reclus. Carl Seelig raconte les déjeuners dans des auberges, détaille l’aspect vestimentaire de ce randonneur en costume trois-pièces et surtout restitue des pans entiers de conversation. Parfois le comportement de Walser, sa réserve, en font un double de ses personnages. On l’entendra qui « marmotte des bribes incompréhensibles à l’adresse des feuillages roux de l’automne ». Mais quand Seelig l’interroge sur un éventuel roman ayant pour sujet la maison de santé, sa lucidité est entière : « Peut-être que si je vivais deux ou trois ans à l’extérieur de l’hospice, en liberté, alors peut-être la grande percée se produirait.» » Frédérique Fanchette

« (…) Ce coloris nettement alémanique n’ayant pas d’équivalent en français, la traductrice a eu recours pour l’évoquer à des tournures orales et à certains usages du français de Suisse. Il s’agissait aussi de donner à entendre deux voix contrastées qui dialoguent, celle de Walser, « impatiente, blessée, avec sa constante lucidité et ses formules fulgurantes », et celle du journaliste et écrivain Carl Seelig, « avec son goût de l’anecdote et des destins hors du commun ». » Mireille Descombes

Coups de cœur

« Réédition d'une merveille ! Compagnon de promenades, de digression et d'aventures, Carl Seelig fut certainement le plus proche ami de Robert Walser à la fin de sa vie. Une mine d'or ! »

« Sublime réédition de ces promenades qui contribuèrent à faire connaître Walser. Paysages, nourritures, littératures, politique…on entre dans l'intimité du poète, de silences en conversations. Les merveilleurses préface et postface éclairent l'ouvrage autrement. »

Extrait

Le 28 janvier 1943

Marche assez pénible sur la route verglacée de Herisau à Saint-Gall, où nous allons nous réchauffer au buffet de la gare, à grand renfort de café et de cigarettes. Robert s’étonne que nous ayons besoin de tickets de rationnement pour les portions de fromage. (…) Enfin, nous décidons d’aller manger au « Raisin », un restaurant avec boucherie. Mais dans la salle, nous ne trouvons que la propriétaire et une petite fille blonde, attablées devant un plat de maïs, qui nous disent : « Vous ne pouvez rien manger ici ! » Nous apercevons le potager à la cuisine, froid. Nous examinons les menus de quelques autres restaurants et finissons par échouer à l’auberge de la Poste, qu’un douanier m’a recommandé. Nous prenons un vin de Buchberg rouge et le menu, qui est en effet de bon aloi : escalopes de veau et purée de pommes de terre, haricots et petits pois. Nous vidons scrupuleusement nos assiettes, puis allons bavarder dans une pâtisserie devant une tasse de café.

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