Ses grands-parents étaient paysans dans la Mayenne, son père, séminariste puis charpentier à Laval, à Arras et à Paris, sa mère, ouvrière dans le textile. De son ascendance terrienne et provinciale, Louise Gouillet a conservé une vigueur qui ne l’a pas quittée au cours d’une vie souvent dramatique.
Vivant depuis 1926 à Genève, où elle rejoint son futur mari, tapissier ambulant, elle jette un regard aigu sur le monde qu’elle a connu, et fait revivre une époque où la vie populaire était faite d’incertitude et de violence quotidienne. Tandis que le couple déménage fréquemment à la cloche de bois, Louise affronte une belle-mère suisse allemande qui accueille sans sympathie cette Française venue lui prendre son fils.
C’est Jo Kuntz, animatrice à Genève, qui a recueilli le récit de sa mère, pour reconstituer l’histoire de sa famille et la transmettre à ses enfants.
Dans sa postface, Luc Weibel situe ce témoignage, dont l’articulation dégage ce qu’on pourrait appeler « l’histoire de trois femmes » (et de trois générations) : Elisa, la belle-mère, née en 1876 dans le canton de Berne, Louise, la belle-fille, née en 1905 ; et Jo, la petite-fille, née en 1930.