Ce roman de la promenade et de la parole échangée nous entraîne dans trois grands mouvements circulaires. Comme le musicien choisit une tonalité ou le peintre une couleur, le romancier décide d’un moment : l’été de la Saint-Martin, l’irruption d’une saison dans une autre, du passé ou de l’avenir dans le présent, des vivants chez les morts.
Le premier cercle est celui de la déambulation : dans les rues d’Olten, le long de l’Aar, avec les quais et les ponts, les mouettes et les voitures, les parcs, les piétons et les maisons. Deux amis, en imperméable, mains parfois dans les poches, rattachant les lacets de leurs souliers ou redressant leur pantalon, marchent tout en parlant de ce qu’ils voient, sentent, éprouvent. Le présent pèse de tout son poids. C’est le cercle du mouvement.
Le deuxième cercle parcourt les mondes enfuis : les visages comme les villages ont perdu leur forme, les familles et les fleurs leurs parfums. Les deux amis reconstituent par leur parole un monde antérieur, plus accompli que le présent. C’est le cercle de la poésie, du silence et de l’amour.
Le troisième cercle s’élance vers les chemins du désir, du rêve, de la beauté et de l’éternité, avec pour points d’appui des tableaux, des livres, des films, la musique de Bartok et de Chopin, un air de flûte que joue une statue de pierre, la vision d’Ezéchiel. Les deux amis, dont l’humour protège la parole et l’amitié, sont habités par le souffle de la création et métamorphosent le présent en fête. C’est le cercle des enfants de la lumière.