parution août 2023
ISBN 978-2-88907-246-0
nb de pages 144
format du livre 140x210 mm

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Elisa Shua Dusapin

Le vieil incendie

résumé

Après quinze ans d'éloignement, Agathe, scénariste à New York, retrouve Véra, sa cadette aphasique, dans la bâtisse du Périgord où elles ont grandi. Elles ont neuf jours pour la vider. Les pierres des murs anciens serviront à restaurer le pigeonnier voisin, ravagé par un incendie vieux d'un siècle. Véra a changé, Agathe découvre une femme qui cuisine avec agilité, a pris soin de leur père jusqu'à son décès, et communique avec sa soeur en lui tendant l'écran de son smartphone.

C'est dans une campagne minérale qu'Elisa Shua Dusapin installe son quatrième roman, peut-être le plus personnel à ce jour. À travers un regard précis et affirmé, empreint de douceur, elle confronte la violence des sentiments entre deux soeurs que le silence a séparées.
 

biographie

Née d’un père français et d’une mère sud-coréenne, Elisa Shua Dusapin grandit entre Paris, Séoul et Porrentruy. Aux éditions Zoé, elle a publié Hiver à Sokcho (2016), Les Billes du Pachinko (2018) et Vladivostok Circus (2020). Son œuvre est traduite ou en passe de l’être dans une douzaine de langues. Hiver à Sokcho, lauréat d’un National Book Award 2021, est en cours d’adaptation cinématographique par le réalisateur Koya Kamura.

jeudi 24 août 2023

Elisa Shua Dusapin à la librairie Nouvelles Pages (Genève)

Vernissage du Vieil incendie
Nouvelles Pages, 15 rue Saint-Joseph, 1227 Carouge
 

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Viceversa littérature 15 – Histoires de famille

Qu’elle soit biologique ou par affinités, nucléaire ou élargie, la famille suscite d’immenses attentes. Mais la famille idéale, celle dont on voudrait faire partie, existe-t-elle ? Transmission d’un nom, d’une langue, de valeurs morales, héritage d’objets ou de maisons, déceptions, mensonges, secrets et luttes de pouvoir, la famille est en tout cas une mine pour faire des histoires. En inventer, en raconter. Le patrimoine familial se compose aussi de mots. Les écrivains en ont une conscience aigüe, ce qui leur permet d’interroger leur vécu, de débusquer du nouveau, tout en nous y associant intimement, nous laissant entendre l’écho de notre propre expérience.

Fabio Andina • Michelle Bailat-Jones • Yvonne Böhler • Zora del Buono Gianna Olinda Cadonau • Ludmila Crippa • Elisa Shua Dusapin Yael Inokai • Barbara Klicka • Naim Kryeziu • Line Marquis • Thierry Raboud • Noëlle Revaz • Maria Rosaria Valentini • Ivna Žic

Vladivostok Circus

A Vladivostok, dans l’enceinte désertée d’un cirque entre deux saisons, un trio s’entraîne à la barre russe. Nino pourrait être le fils d’Anton, à eux deux, ils font voler Anna. Ils se préparent au concours international d’Oulan-Oude, visent quatre triples sauts périlleux sans descendre de la barre. Si Anna ne fait pas confiance aux porteurs, elle tombe au risque de ne plus jamais se relever. Dans l’odeur tenace d’animaux pourtant absents, la lumière se fait toujours plus pâle, et les distances s’amenuisent à mesure que le récit accélère. 

Dans ce troisième roman, Elisa Shua Dusapin convoque son art du silence, de la tension et de la douceur avec des images qui nous rendent le monde plus perceptible sans pour autant en trahir le secret.

Les Billes du Pachinko

Claire va avoir trente ans et passe l’été chez ses grands-parents à Tokyo. Elle veut convaincre son grand-père de quitter le Pachinko qu’il gère pour l’emmener avec sa grand-mère revoir leur Corée natale, où ils ne sont pas retournés depuis la guerre. Le temps de les décider à faire ce voyage, Claire s’occupe de Mieko, une petite Japonaise à qui elle apprend le français. Elisa Shua Dusapin propose un roman de filiation, dans lequel elle excelle à décrire l’ambivalence propre aux relations familiales. Elle dépeint l’intériorité de ses personnages grâce une écriture dépouillée et plonge le lecteur dans une atmosphère empreinte d’une violence feutrée où l’Extrême-Orient joue son rôle.

Hiver à Sokcho

À Sokcho, petite ville portuaire proche de la Corée du Nord, une jeune Franco-coréenne qui n’est jamais allée en Europe rencontre un auteur de bande dessinée venu chercher l’inspiration depuis sa Normandie natale. C’est l’hiver, le froid ralentit tout, les poissons peuvent être venimeux, les corps douloureux, les malentendus suspendus, et l’encre coule sur le papier, implacable : un lien fragile se noue entre ces deux êtres aux cultures si différentes. Ce roman délicat comme la neige sur l’écume transporte le lecteur dans un univers d’une richesse et d’une originalité rares, à l’atmosphère puissante.

LAURÉAT DU NATIONAL BOOK AWARD 2021 (littérature traduite)

"Un roman sobre et viscéral qui explore les failles identitaires – culturelles, intimes et nationales. L'élégante traduction d'Aneesa Abbas Higgins sublime la langue d'Elisa Shua Dusapin." Le jury

"J'ai voulu écrire un livre comme un pont entre les cultures et les langues qui m'habitent. Recevoir un prix pour la traduction internationale de Hiver à Sokcho est un immense honneur." Elisa Shua Dusapin

Le vieil incendie: extrait

La bâtisse a l’air fatiguée, le toit affaissé sur les briques comme un géant asphyxié par le lierre. Une voiture est garée sous le noisetier. La fougère écartèle les marches du perron. Par la fenêtre, je devine de la lumière. Je me plaque contre l’oeillet de sécurité, recule aussitôt. Je ne m’attendais pas au visage de ma soeur, front énorme, sourcils écartés, yeux de poisson, ma soeur enflée par cette loupe que mon père prétendait avoir délibérément installée à l’envers. D’après lui, nous n’avions rien à craindre ni à cacher, nos richesses étaient intérieures et le monde entier devait savoir que les plus belles personnes vivaient ici.
— Salut.
Ma voix a sonné plus fort que prévu. Véra répond par un sourire trop grand pour sa bouche. Elle me prend la valise des mains, la pose en bas des escaliers dans la cuisine. Je retrouve le sol de pierre, les meubles en bois, la porte de la salle de bains dans l’ombre de la cheminée. Je ne l’avais pas connue ainsi, l’âtre bouché par des livres. Au-dessus de la table, une cage à oiseaux remplace le luminaire. Des fromages s’entassent derrière les barreaux.
Véra me montre les escaliers puis se désigne au plan de travail, je dois m’installer pendant qu’elle termine la préparation du repas. Je l’ai connue bordélique. Je la complimente. Elle écrit sur son téléphone, me montre l’écran :
« C’est pour bien t’accueillir. »
Je réponds un peu sèchement que nous sommes soeurs et c’est aussi chez moi, passons-nous de ce genre de politesse. Elle allume le gaz d’un geste précipité. Je ne peux m’empêcher d’ajouter :
— Surtout qu’on ne va rien garder.