« Les mots, autant que les images, me retiennent. Comme les murs, les fenêtres, les lierres arborescents, les enseignes couvertes de rouille, ils peuvent être interrogés, scrutés, loin de ce qu’ils jalonnent réellement. »
Par ce début, Luc Weibel expose d’emblée la démarche singulière qui sous-tend son écriture. Flâneur sans repos, il regarde la réalité quotidienne comme un palimpseste qu’il faudrait déchiffrer, évoquant tour à tour: la fête nationale et ses carillons; la réalité de la mort révélée par la lecture des cartes postales de sa grand-mère; les modes successives de la coiffure; le langage codé que pratiquaient les militants d’après Mai 68, et qui lui rappelle celui de l’univers ecclésiastique.
Observateur étonné – d’une naïveté parfois désarmante, celle de l’enfant ébahi devant le spectacle du monde –, Luc Weibel semble déchiré entre le désir de participer à la société dans laquelle il vit, et le sentiment d’y être quelque peu étranger.