Décrites avec une rare sensibilité, les femmes sont au premier plan de ce roman situé en Somalie, dans l’ambiance de répression et de compromission avec le pouvoir que génère la dictature.
La principale d’entre elles est Médina, journaliste que le Général tout-puissant vient de priver de son travail, mère attentive qui entend éviter à sa fille les horreurs de l’excision.
A travers ses héroïnes, ce sont les rapports familiaux, le poids de l’islam et le fonctionnement de la société somalienne traditionnelle que Nuruddin Farah nous donne à comprendre. Une société dont il dit lui-même qu’elle permet la dictature parce qu’elle est dictatoriale dans la famille et dans le clan.
La force de cette démonstration tient à celle du style, à une écriture d’une grande liberté où les images semblent s’inventer les unes les autres. Elle nous donne à sentir les violences du feu, la présence subtile de la brise, l’eau qui accueille les nageuses et les amants, et la terre qui nourrit les jeux des enfants.