Autrefois blotties dans leurs remparts, plus tard cernées de routes, de voies de chemin de fer ou de banlieues sans âme, les villes de Suisse ont connu, comme ailleurs en Europe, ce formidable bouleversement qu’on appelle la croissance urbaine ou l’urbanisation. Jadis confits de privilèges, les habitants des villes se sont heurtés à l’afflux de nouveaux arrivés entassés pour la plupart dans d’étroits logements. Alors que les plus riches citadins fuient vers les coteaux ensoleillés où s’édifient les beaux quartiers, les autres endurent le choléra ou la tuberculose dans des venelles humides.
Est-il vraiment devenu si difficile de vivre en ville aux 19e et 20e siècles qu’on embellisse à ce point l’image de la ville ancienne, celle qui a précédé l’industrie et le chemin de fer ? Ne vaudrait-il pas mieux mettre en évidence les immenses avantages nés de l’ouverture des cités au 19e siècle ?
Curieusement, personne n’a encore jusqu’ici tenté de comprendre et d’expliquer comment les Suisses ont pensé, aimé et édifié leurs villes, ni comment celles-ci, en retour, ont submergé le paysage et remodelé la société. En outre, l’urgence des questions urbaines – en particulier celles du logement et de la qualité de vie – donne une actualité immédiate à ce livre qui retrace l’histoire des villes en Suisse durant les deux siècles décisifs où s’est fabriquée la ville contemporaine.