Domaine allemand
Parution Août 2024
ISBN 978-2-88907-416-7
352 pages
Format: 140x210 mm
Disponible

Traduit de l'allemand par Barbara Fontaine

Domaine allemand
Disponible

Traduit de l'allemand par Barbara Fontaine

Katja Schönherr

La famille Ruck

Domaine allemand
Parution Août 2024
ISBN 978-2-88907-416-7
352 pages
Format: 140x210 mm

Traduit de l'allemand par Barbara Fontaine

Domaine allemand

Traduit de l'allemand par Barbara Fontaine

Résumé

Si son fils Carsten s’était un peu soucié d’elle, cette chute dans les escaliers aurait pu être évitée. C’est ce que pense Inge, seule dans sa chambre d’hôpital, le col du fémur fracturé. Carsten n’a d’autre choix que de passer l’été au chevet de sa vieille mère. Il embarque avec lui Lissa, son adolescente de quinze ans. Drôle de colocation, dans ce village de l’ex-Allemagne de l’Est, pour les trois membres de la famille Ruck, qui n’ont guère en commun que leur nom. Inge admet mal les idées de sa petite-fille; encore moins l’attitude fuyante de Carsten, toujours prêt à partir au quart de tour.
À travers cette comédie sociale et familiale, Katja Schönherr érige le portrait impitoyable, terriblement réaliste, de trois générations en proie au malentendu.

Autrice

Katja Schönherr

Née à Dresde en 1982, Katja Schönherr avait sept ans lors de la chute du mur. Elle vit aujourd’hui en Suisse et écrit des textes aussi bien journalistiques que littéraires. Marta et Arthur est son premier roman. Il a reçu le prix Millepages 2021.

Dans les médias

« Une mauvaise chute dans l’escalier, et voilà la famille Ruck forcée à la cohabitation. Feu d’artifices garanti !

(…)

Malentendus, frustrations, jalousie… Sous la plume féroce de Katja Schönherr, auteure du remarqué Marta et Arthur, le désordre familial s’ancre ici dans une comédie sociale où les rôles imposés à chacun sont autant de carcans. Empoisonné pour les personnages de La famille Ruck, ce cocktail se révèle jouissif pour le lecteur. » Geneviève Simon

« Dans un roman au vitriol, l’autrice allemande fait cohabiter trois générations empêtrées dans les reproches, l’indifférence et le mépris. Tendre et tragicomique. (…)

« Familles, je vous hais » clamait André Gide dans Les nourritures terrestres. Katja Schönherr s’en distingue par son humour et sa sympathie envers des personnages dont elle révèle avec finesse les limites et les failles. (…)

Dans La famille Ruck, l’écriture visuelle de Katja Schönherr alterne les plans serrés sur le microcosme familial et ceux plus larges sur le village (où il n’y a pas un seul feu rouge) et la métropole, selon une impeccable construction. » Geneviève Bridel

« Les histoires de famille ont le vent en poupe dans la littérature allemande. Cela engendre le pire et le meilleur. (…) Le meilleur quand l’auteur reprend avec originalité le thème jubilatoire du « Familles, je vous hais ! » cher à André Gide. C’est à cette veine que ressortit La Famille Ruck, de Katja Schönherr, qui signe un très bon deuxième roman.

Outre son talent de narratrice, l’autrice a l’art des phrases qui marquent : « Le mariage d’Inge et Richard n’était pas passionné mais il fonctionnait, car les tâches étaient clairement réparties : Inge faisait tout et Richard ne faisait rien. » Tout aurait été pour le mieux si cette inégalité subie et acceptée avait été assumée. Mais la révolte jamais osée du vivant d’Inge cède la place, après la mort de Richard, à un ressentiment qui va se répercuter sur les générations suivantes. Inge est en effet la grand-mère qui, devenue veuve, fait peser sur ses enfants et petits-enfants son aigreur et sa lâcheté. Celles-ci, comme dans un jeu de domino, vont révéler la veulerie de toute une lignée.

Personne n’est droit dans cette famille Ruck où chacun se croit lésé, en évitant soigneusement de se remettre en question. C’est impitoyable, parfois cruel, mais toujours bien vu et bien rendu. A mettre entre les mains de toutes les générations. » Pierre Deshusses

« Parmi les belles surprises de la rentrée, La famille Ruck de la romancière allemande Katja Schönherr, tient une place de choix. Ses 352 pages d’un style enlevé procurent un constant plaisir de lecture. Sans doute parce qu’une bonne dose d’acidité ne cesse de s’y mêler : ce texte agit tel un puissant décapant mettant à nu les relations au sein d’une famille de l’ancienne RDA sans autre particularité que sa désespérante banalité. Les Ruck, cela pourrait être tout un chacun en ce terne premier quart de siècle. C’est aussi une irrésistible représentation de la manière dont l’Histoire irradie le présent.
(…)
Katja Schönherr restitue avec un sens aigu de l’ironie ce qui ressemble à peine à une parodie de ce temps. Cela dure tout un été. Entre l’acariâtre, le veule et la donneuse de leçons. A la fois tendu et continûment drôle, entre comédie sociale et théâtre de boulevard.
(…)
Il ne faut pas s’y tromper, sous les allures d’un drôle de roman familial, cette Famille Ruck renvoie avec une infinie subtilité à une histoire dont les rémanences ne cessent d’être perceptibles. Katja Schönherr, née en 1982 à Dresde, là où bouillonnaient les idées nouvelles en RDA, réalise en l’espèce un véritable tour de force narratif, impeccablement rendu par sa traductrice Barbara Fontaine. »

Un article de Jean-Claude Lebrun à lire ici

« Des scènes drôles et grinçantes, un livre très fin ! » Caroline Leddet

« Après s’être attaquée au couple et ses ellipses (Marta et Arthur, 2021), la romancière allemande change cette fois son lance-roquette d’épaule et perfore la famille, sur trois générations de malentendus. (…) Un roman comme une scène de western, où chacun regarde l’autre dans le blanc des yeux, mais n’y voit que de l’incompréhension. » Quentin Perissinotto

« Carsten, Lissa et Inge ont beau faire partie d’une même famille, il aura fallu un évènement tel que cet accident pour qu’ils commencent enfin à tisser des liens… Cette colocation intergénérationnelle va connaître son lot de problèmes et de malentendus en tous genres, qui vont rendre ce roman férocement drôle! » Cristina Buemi-Savioz

« On reconnaît dans La Famille Ruck l’humour implacable de Martha et Arthur, sur un mode plus réaliste, voire sociologique.

Sommes-nous redevables à nos parents? Jusqu’à quel point? La question traverse tout le livre. Carsten, qui sent sa vie craquer de toutes parts, l’esquive le plus souvent possible, en agitant le joker de voyages d’affaires fictifs à Bruxelles. Lissa aimerait bien se débarrasser de ses géniteurs, du nouvel amoureux de sa mère, mais elle éprouve une certaine affection pour sa grand-mère. Inge, convaincue qu’on fait des enfants pour s’assurer contre la solitude de l’âge, attend que le fils qui lui reste remplisse le contrat. (…)

Qui a raison? Katja Schönherr ne donne pas de réponse. Elle établit des constats. Pourtant, au cours de ce long été quelque chose imperceptiblement évolue, dans les rapports entre ces trois, vers un peu plus de compréhension, l’amorce d’un difficile pardon. » Isabelle Rüf

« Katja Schönherr livre un 2e roman à la fois drôle et incisif où rien n’est épargné à chacun des protagonistes de cette famille qui se retrouve, le temps d’un été, à mêler 3 générations sous le même toit.

On aime tour à tour détester et comprendre les agissements des uns et des autres, tant ceux de Carsten, égoïste patenté, directeur marketing dans une grande entreprise fabricant des films alimentaires (…), que ceux d’Inge, dont la fierté mal placée et l’obstination font d’elle une femme souvent plus qu’odieuse.

Enfin, on adore Lissa, l’ado par excellence, fille précoce, dotée d’une saine intelligence et d’autant d’insolence, passant sa colère permanente dans des messages déposés sur des post-it en tout temps et tous lieux.

Chez Inge, ce ne sont pas seulement 3 générations familiales qui cohabitent le temps d’un été, ce sont surtout trois manières de mal communiquer ou ne pas communiquer du tout qui se heurtent, s’affrontent et se blessent parfois.

Une très belle découverte de la rentrée qu’on vous recommande chaudement. »

Une chronique à lire ici

« Inge vit seule. Elle a chuté dans les escaliers et se retrouve à l’hôpital, faisant tout pour conserver sa dignité et refusant de vivre ailleurs que chez elle. Seul l’un de ses deux fils – son préféré – se rend à son chevet, par obligation. Il emmène Lissa, son ado de fille révoltée contre tout mais aimant sa grand-mère.
Rires, larmes, colère, espoir : tous trois passent du temps ensemble, gérant tant bien que mal les non-dits et graves erreurs du passé qui leur éclatent au visage. Un roman poignant. » JOC

« Le roman pose la question de ce qu’on doit à sa famille et en particulier à ses parents : Carsten s’occupe de sa mère avec si peu d’enthousiasme qu’il est prêt à en laisser la charge à sa fille mais Inge est si désagréable avec lui qu’on ne peut guère le blâmer pour cela. Ulrike, au contraire, veille sur sa mère mourante et s’interdit ainsi toute existence personnelle. Elle n’a pas construit de vie ailleurs, comme l’ont fait les enfants d’Inge, et s’il on peut admirer son dévouement, on peut également se demander pourquoi un tel sacrifice serait impératif. (…)

Les personnages – en particulier les femmes car ce roman met en lumière avec force les différents obstacles qui jalonnent leur vie – sont sommés de choisir sans cesse un modèle de vie qui ne parvient pas à les satisfaire puisque mille doutes viennent toujours amoindrir la force de la décision prise. La narration arrache les masques, certes, mais sans poser de jugement, sans blâmer ni condamner.

Très finement analysés, les personnages – même secondaires – sont tous complexes et nuancés, aucun n’a raison, aucun n’a tort, c’est le portrait de la vie avec toutes ses plus douloureuses et heureuses ambiguïtés qui est là proposé. »

Une chronique de Flore Delain à lire ici

« Bien sûr, les familles ne sont pas toujours aussi haïssables que le claironnait André Gide, mais elles sont parfois déprimantes. La famille Ruck par exemple: trois générations y macèrent dans un jus de reproches continuels entrecoupés de silences boudeurs, de vieilles rancœurs restées indigestes et d’incompréhensions mutuelles. Sans doute éviterait-on de passer une soirée en leur compagnie, mais on les fréquente avec bonheur dans ce roman. C’est dire le talent de son auteure, Katja Schönherr, qui sait transfigurer le banal en lui donnant un air de farce mélancolique. La famille Ruck baigne dans un humour pressé à froid. (…)

Si la satire sociale est omniprésente, jamais elle n’étouffe la singularité de ces personnages qui rusent avec leur mauvaise conscience et s’y empêtrent souvent. Les scènes tragico-cocasses se succèdent; le laconisme du style fait merveille. Quand Sabine décrit son ex-mari, Carsten, comme «un connard égoïste et acrimonieux», on est tenté de lui donner raison. Le miracle, c’est que même ce satané menteur, lâche, toujours en fuite, parvient à susciter en nous quelques bouffées de tendresse. »

Un article de Michel Audétat à lire ici

« A partir de ce motif, trois générations sous un même toit dans un petit village de l’est de l’Allemagne, Katja Schönherr propose dans ce deuxième roman traduit une comédie très installée dans l’air du temps. Que faire d’une vieille personne décidée à ne pas mettre les pieds dans une maison de retraite ? Comment vivre avec une adolescente « woke » ? Et plus prosaïquement, comment tenir professionnellement dans une entreprise qui vend du film d’emballage alimentaire alors qu’un décret de l’Union européenne menace ? Carsten est dans un étau, il a l’impression qu’un tissu noir très serré enveloppe ses côtes. Mais si on change de point de vue, et le livre va et vient d’un membre du trio à l’autre, les choses apparaissent autrement. (…)
Qu’est ce qui ne tourne pas rond dans cette famille Ruck ? Au-delà de l’histoire familiale empoisonnée, le roman est une satire sociale. » Frédérique Fanchette

« (…) Je me permettrai enfin de féliciter Barbara Fontaine pour sa traduction. Il me semble en effet qu’elle a su rendre une des particularités du roman : l’impression que l’autrice porte sur ses personnages le même type de regard qu’ils portent sur eux-mêmes et le monde. »

Une chronique de Noé Gaillard à lire ici

« L’écriture est précise, les phrases courtes, le rythme vif. Il y a quelque chose de très fin dans la façon dont petit à petit on se prend de sympathie pour ces personnages, au début assez imbuvables. Un petit théâtre où les choses se passent de façon subtile et miniature. » Nicolas Julliard

La famille Ruck dans le « Débat rentrée littéraire » de l’émission Vertigo, à écouter ici

« Après Marta et Arthur (2021), l’écrivaine suisse allemande poursuit son massacre à bas bruit des secrets de famille. Soit la tribu Ruck, sise dans un bled de l’ex-Allemagne de l’Est hanté par moult fantômes. Inge la matriarche, vieille dame odieuse, est assignée à résidence après une mauvaise chute. Carsten, son fils aîné, se trouve ainsi réquisitionné pour veiller sur sa terrible maman avec Lissa, sa fille, ado écolo et casse-pieds. Trois générations de fracassé·es, croquées avec un humour vache qui fait de cette saison en enfer un paradis littéraire. »

« La partie se joue entre trois personnages, incarnant trois générations successives. La vieillesse est mise en scène avec une rare justesse sous toutes ses facettes de déni, de souffrance et de tyrannie, l’humour sauvant le portrait du pathétique. Les deux témoins actifs, brutalement investis, jonglent avec l’obligation de mettre entre parenthèses leurs vies propres, leurs différends personnels et leur compétence improvisée dans l’accompagnement d’une vieille dame indigne. Beaucoup d’humour là aussi qui libère du poncif de l’injonction culpabilisante à aimer, au profit de petits « arrangements » mais aussi au profit de fugaces moments de tendresse, jaillis spontanément au sein du trio. Qu’il est difficile d’aimer ! » C.B et J.G

Coups de cœur

« Katja Schönherr excelle à sonder le cœur de ses personnages, à dévoiler leurs pensées les plus secrètes, leurs petites et grandes lâchetés comme leur désarmant besoin de sécurité. Car, chez les Ruck, tout est question de silences et de non-dits, de peurs et de malentendus. La romancière allemande signe un huis-clos familial grinçant où la solidarité et la tendresse peuvent aussi (parfois) fleurir sur les aigreurs du passé. »

« L’autrice passe au crible de façon implacable les relations familiales et intergénérationnelles, avec finesse et nuance. Le résultat: un roman universel, dans lequel chacun pourra se reconnaître ou trouver à coup sûr un membre de sa famille. Une grande réussite! »

« Une satire sociale drôle et subtile sur la famille, le vieillissement et les chocs générationnels. Un roman mordant, drôle et brillamment orchestré, un vrai régal de lecture! »

« Katja Schönherr dissèque la famille Ruck sur trois générations avec un talent sans pareil pour pointer du doigt nos petits travers. (…) Une comédie douce-amère qui confirme le talent de cette autrice. » Pierre Dufrenoy

« Une comédie intergénérationnelle rythmée, à l’humour mordant! L’auteure maîtrise à la perfection l’art de mettre en tension ses personnages pour notre plus grand plaisir. » Catherine Zafonte

« Après le brillant Marta et Arthur, Katja Schönherr poursuit son exploration des liens familiaux et c’est jubilatoire! (…) Pince-sans-rire, clairvoyant et tellement caustique: on adore! » Brindha Seethanen

« Ah les famille dysfonctionnelles! Un motif littéraire inépuisable, pour notre plus grand plaisir coupable. Impitoyable! »

« On rit des travers de ces personnages très représentatifs de l’époque et de ses contradictions. Et comme un miroir le lecteur cherche sa place dans son cercle et dans son temps. Réjouissant! »

« La famille Ruck, c’est un roman complètement intergénérationnel, très bien construit. Entre rire et émotions, c’est un vrai régal de suivre cette tranche de vie de famille. Un roman à lire absolument. L’autrice a fait un travail remarquable en réussissant à donner une véritable voix à chacun des personnages. » Charlotte

« L’auteure dresse ici un tableau drôle et réaliste de trois générations aux prises avec des malentendus, et révèle les préoccupations contemporaines et universelles de ses protagonistes. » Laurence de Vaulchier

«  Katja Schönherr est impitoyable! Après la terrible anatomie d'une vie de couple dans son premier roman Marta et Arthur, elle revient avec une aventure familiale où trois générations confrontent leurs attentes, espoirs et surtout toutes leurs incompréhensions ! Cette épatante satyre de nos conflits familiaux nous émeut autant qu'elle nous sidère et nous fait rire, une vraie réussite! » Simon Gémon

Extrait

Inge tourne la tête vers la femme qui est couchée dans le lit voisin. Au moins dix ans de plus que moi, songe-t-elle. Celle-là est vraiment vieille. Comment peut-on ronfler aussi fort? Même Richard, le mari d’Inge, ne ronflait pas comme ça quand il était encore en vie.

Inge essaie d’attraper le verre d’eau qui est posé sur sa table de nuit. Il est trop loin, elle ne l’atteint pas. Elle est immobile, son bras est suspendu à la perfusion.
Et l’infirmière ne lui a pas encore apporté d’eau gazeuse.
Et sa voisine de chambre continue à ronfler.
Et cette nuit les crapauds de l’étang vont encore pétarader sous la fenêtre.
Et Carsten ne se montre pas. Carsten ne se montre pas du tout.
Il a dit au téléphone qu’il ne pouvait absolument pas abréger son déplacement professionnel. Il est à Bruxelles – une fois de plus. Il doit s’occuper «de tout».
Il doit toujours s’occuper de tout. De tout sauf d’Inge.
Quand elle demande quelque chose à Carsten, elle a l’impression de sonner à une porte en sachant qu’il y a quelqu’un, mais personne ne lui ouvre.
Quant à Jens, le «grand», elle ne l’a même pas appelé. Qui sait combien ça coûte d’appeler aux États-Unis avec le téléphone de l’hôpital. Et sans doute que là-bas ce serait le milieu de la nuit; est-ce qu’elle doit ajouter ou retirer six heures, elle n’arrive pas à retenir ça.

L’indifférence de Carsten n’a certes pas surpris Inge, mais ça l’a blessée. Carsten est fort pour blesser. Carsten est le «petit», deux ans de moins que Jens. Et secrètement elle l’a toujours un peu préféré. Inge a beau avoir essayé d’écarter ce penchant, c’était comme ça depuis le début: Carsten réchauffait les parties vides, en elle, que Jens n’atteignait jamais.

Elle ne peut pas oublier la première fois où Carsten, devant le miroir, avait montré son ventre de son petit doigt boudiné en disant «Moi!» D’ailleurs, la précocité avec laquelle il avait clairement prononcé «moi» aurait dû lui apparaître comme un présage. Mais elle est restée aveugle face à l’égoïsme de Carsten, ne voyant que ses yeux rayonnants au battement de cils particulièrement long. D’une certaine manière, tout était plus agréable avec Carsten qu’avec Jens: le nourrir, le baigner, l’envelopper dans une serviette et le serrer contre soi. Lui caresser la nuque, qui entrait parfaitement dans l’arrondi de sa paume. Le regard vif de Carsten faisait vraiment ressortir le caractère fermé, hostile et buté de Jens.
Cela fait longtemps qu’elle n’attend plus rien de Jens, mais de Carsten, par contre, si.

C’est la faute de Carsten si elle est à l’hôpital, se dit Inge.

De la même autrice

Marta et Arthur
Marta et Arthur

Marta était à peine sortie de l’adolescence quand elle a rencontré Arthur, l’homme aux yeux menthe givrée. Et voilà qu’Arthur est mort, étendu à ses côtés. Tout au long de la journée tourmentée qui suit ce mystérieux décès, les souvenirs remontent pour dérouler l’histoire d’une relation faite de non-dits, d’incompréhension…