Noëlle Revaz

En 2002, Gallimard publie Rapport aux bêtes de Noëlle Revaz. L’écriture de styliste de cette jeune auteur délicate fait couler beaucoup d’encre. Elle imite le parler des paysans comme peu y sont parvenus après Ramuz, elle est d’une finesse extrême. Il lui faut 7 ans pour sortir son deuxième livre, toujours chez Gallimard Efina, roman d’amour ironique et ciselé dont la presse française s’empare. Née en Valais en 1968, Noëlle Revaz vit à Bienne.

Efina (2024, Zoé poche)

Efina

Efina amatrice de théâtre, T un grand comédien, chacun prétend avec insistance n’avoir aucun sentiment pour l’autre. S’ils ont eu à l’occasion un rapport amoureux, ce n’était rien, bien sûr. Ils s’écrivent des lettres qu’ils envoient rarement, mais qui se répondent avec la même mauvaise foi sur leur aversion réciproque, et révèlent malgré elles «ce lien particulier qui clignote depuis des ans».

Avant-propos d'Eleonore Sulser

Viceversa littérature 15 – Histoires de famille

Qu’elle soit biologique ou par affinités, nucléaire ou élargie, la famille suscite d’immenses attentes. Mais la famille idéale, celle dont on voudrait faire partie, existe-t-elle ? Transmission d’un nom, d’une langue, de valeurs morales, héritage d’objets ou de maisons, déceptions, mensonges, secrets et luttes de pouvoir, la famille est en tout cas une mine pour faire des histoires. En inventer, en raconter. Le patrimoine familial se compose aussi de mots. Les écrivains en ont une conscience aigüe, ce qui leur permet d’interroger leur vécu, de débusquer du nouveau, tout en nous y associant intimement, nous laissant entendre l’écho de notre propre expérience.

Fabio Andina • Michelle Bailat-Jones • Yvonne Böhler • Zora del Buono Gianna Olinda Cadonau • Ludmila Crippa • Elisa Shua Dusapin Yael Inokai • Barbara Klicka • Naim Kryeziu • Line Marquis • Thierry Raboud • Noëlle Revaz • Maria Rosaria Valentini • Ivna Žic

L'Infini Livre (2019, Zoé poche)

L'Infini Livre

Jenna et Joanna, deux écrivaines à succès, mènent leurs vies entre familles et plateaux de télévision. Dans un univers fait d’écrans et d’algorithmes, la musique est un objet, les enfants peuvent être des autocollants. Et plus personne ne songe à regarder à l’intérieur des livres. Mais le temps n’est pas loin de les ouvrir à nouveau et de redonner du relief au monde.

Satire anticipatrice, L'infini livre est porté par une profonde ironie à l’égard de notre société de fakes news et d’amitiés virtuelles.

L'infini livre (2014, domaine français)

L'infini livre

PRIX SUISSE DE LITTERATURE 2015

Jenna et Joanna, deux écrivaines à succès, mènent une vie tranquille entre leurs familles et les plateaux de télévision. Dans le monde simplifié qui est le leur, les livres sont devenus de banals objets, dont la valeur et l'intérêt s'arrêtent à la couverture. Présentateur, acheteur ou écrivain, plus personne ne songe à les ouvrir. Le geste est tombé dans l'oubli. Mais cette simplification va plus loin et s'étend à tous les domaines de la vie. La musique est un objet. Les enfants peuvent être des autocollants. Les amis ne sont plus qu'un mot. Il n'y a plus de for intérieur.

 

Satire du monde du livre ou fable hyperréaliste, ce roman est avant tout une réflexion sur les façons que nous avons de vivre aujourd'hui. Dans cet univers confiné aux accents futuristes on progresse entre inquiétude et rire, pour s’apercevoir enfin que c’est de notre quotidien qu’il s’agit.

 

Roman à l'implacable logique, L'infini livre est porté par une profonde ironie.

 

Laudatio le 20 février 2015 par Eléonore Sulser pour le Prix Suisse de littérature:

 

Noëlle Revaz a écrit L’Infini livre à l’imparfait. Un temps de malaise, un temps incomplet qui s’étire, monotone, atone, blanc. Un temps qui ressemble à ce que les livres sont devenus dans l’univers qu’elle décrit: des boîtes, purement décoratives, qui restent closes. Même si elles font l’objet d’une adoration béate.

Dans cet univers-là tout est à plat. Il n’y a plus de littérature. Seule compte l’apparence, la fine couche médiatique qui enveloppe chacune et chacun. Il n’y a presque plus de mots. Sur les écrans sans profondeur, batifolent quelques élus qui s’expriment à coup de bons mots et de slogans. C’est un monde en deux dimensions peuplé de simulacres. Une romancière a ainsi pour amis, des inconnus croisés sur les réseaux sociaux;  pour enfants, des stickers géants collés à ses fenêtres.

Dans L’Infini livre, Noëlle Revaz déconstruit tout ce qu’elle sait, tout ce que nous aimons du livre. Métaphore du monde actuel, qui dit l’arrogance des écrans, des algorithmes, de la conversation, au détriment de la pensée, de l’art, de l’humain aussi. Pourtant, une fois cette destruction opérée ­– démontrée ­­– Noëlle Revaz va, mot à mot, phrase à phrase, reconstruire la possibilité d’un livre.

Il y aura des échappées, des mutations soudaines. Une chrysalide, des papillons. Des ailes s’agiteront comme les pages d’un livre ouvert, le monde reprendra des couleurs, du relief. Le livre pourra, de nouveau, nous emporter ailleurs.

Il y a quelque chose d’un manifeste poétique dans L’Infini Livre. C’est aussi un objet littéraire singulier, qui interroge l’étrangeté matérielle du livre, tout autant que le miracle fragile qu’il représente.

Eléonore Sulser

 

 

Quand Mamie (2011, Minizoé)

Quand Mamie

« Quand Mamie sera morte. Quand Mamie sera morte. Quand Mamie sera morte c’est fou le temps qu’on aura. On pourra enfin faire du sport. »

Dans Quand Mamie, on attend que Mamie s’en aille pour vivre. Au long de cette veille qui s'éternise, le corps de Mamie devient le symbole de tous les obstacles qu’on s’invente. La vie n'est vécue qu'en rêves. Ce texte drôle et glaçant sur la peur de vivre a des allures de chant incantatoire, il fait entendre une, deux, cent voix et leurs refrains, aux ruptures qui peuvent être brutales.

Noëlle Revaz est née en 1968 à Vernayaz. Elle vit à Bienne. Elle est l'auteur de deux romans, Rapport aux bêtes, Gallimard, 2002 et Efina, Gallimard, 2009.

Postface de Muriel Zeender