Trois univers en fin de course s’entrecroisent et s’entredéchirent avec rigueur, subtilité et détermination. Un palais labyrinthique, abritant comme son homonyme parisien l’histoire de l’humanité. Escaliers, galeries et couloirs, portes et fenêtres, salles, salons et bibliothèques, caves, souterrains et mansardes, tout est savante construction pour vivre et empêcher de vivre. Une mystérieuse délégation, venue peut-être des pays de l’Est pour tenir une conférence qui devrait s’achever sur un accord. Ces porte-parole de l’humanité en crise auraient alors droit à un festin préparé dans les règles de l’art.
Une femme, belle, intelligente, d’âge mûr, qui a accepté à la légère peut-être, mais forte d’une somme d’expériences positives, de préparer ce repas pour lequel elle ne dispose que de deux poissons solidement emballés dans du papier journal et arrivés du Mexique. A la recherche de nourritures, elle examine tout ce qu’elle rencontre, mais tout est en train de mourir, ou alors de pourrir. Ses conversations avec sept serviteurs étranges la renvoient, non sans tendresse ni humour, à la solitude, au vide et à l’insignifiance.
Puissante méditation sur les paradoxes de la pensée et de l’action, conte de fée où ni miracle ni merveilleux ne surviennent, cauchemar où s’actualise le syndrome de l’imposteur, histoire caustique de la libération de la femme, critique cocasse d’un monde clos, régi par les idéologies et fermé à toutes les échappées du rêve, de l’imagination et du chant, ce roman résolument post-héroïque, comme le dit la ménagère philosophe, est une contribution à l’histoire culturelle de l’attente.