Domaine allemand
Parution Jan 2022
ISBN 978-2-88927-990-6
208 pages
Format: 140x210 mm
Disponible

Roman traduit de l'allemand par Marion Graf

Domaine allemand
Disponible

Roman traduit de l'allemand par Marion Graf

Thilo Krause

Presque étranger pourtant

Domaine allemand
Parution Jan 2022
ISBN 978-2-88927-990-6
208 pages
Format: 140x210 mm

Roman traduit de l'allemand par Marion Graf

Domaine allemand

Roman traduit de l'allemand par Marion Graf

Résumé

Un homme hanté par son enfance rentre au pays. Il y retrouve ses souvenirs intacts, les meilleurs comme les pires. Les allées de pommiers. Le ciel immense. Les falaises de grès. Et Vito, l’ami d’enfance qui fut, dans un système asphyxiant, son compagnon d’apesanteur. Mais avec lui ressurgit le spectre de l’accident originel. Bientôt, la présence aimante de sa femme et de sa petite fille ne suffisent plus à chasser le vertige. Des néo-nazis rôdent, une sourde menace plane, diffuse mais persistante. La nature échappe, se déchaîne. Quelle force pourra lever la chape de silence et d’hostilité ?
Le suspense subtil de ce roman place le lecteur au plus près du narrateur. Dans un va-et-vient entre l’enfance et l’âge adulte, l’amplitude de la langue mêle avec un naturel inédit l’intime et le politique dans le paysage bouleversé de cette région frontalière des bords de l’Elbe.

Auteur

Thilo Krause

Thilo Krause est né à Dresde, en ex-Allemagne de l’Est, en 1977. Il est l’auteur de trois recueils de poèmes, tous primés. Presque étranger pourtant est son premier roman, lauréat du prix Robert Walser. Thilo Krause a l’art de traduire physiquement les émotions avec une précision et des images à couper le souffle.

Distinctions

 Presque étrange pourtant  de Thilo Krause dans la sélection du prix Nerval-Goethe 2024

Dans les médias

« Presque étranger pourtant est le premier roman (fort bien traduit) du poète Thilo Krause, né à Dresde en 1977. Fiction et autofiction s’y entremêlent, Krause tissant avec une grande habileté les fils de la part autobiographique dans une toile plus large. Une toile qui est aussi le reflet d’une situation politique où la chute du Mur semble avoir exacerbé les oppositions au lieu de les estomper. » Pierre Deshusses 

« (…) Tel est le ressort de l’intrigue, mais il ne dit pas tout d’un roman dont le mécanisme fonctionne comme une spirale que le narrateur creuserait peu à peu, pris entre son passé et son présent. Celui auquel Thilo Krause n’a pas donné de nom cherche à savoir qui il est, et compte sur son retour au pays : ressassant les souvenirs jamais enfouis qui reprennent vie sur les chemins de son enfance, il confond l’espace et le temps dans une même quête, une même rêverie, dont la traduction de Marion Graf suit les méandres. Les mots, par leur seule puissance évocatrice, ont désormais tous les pouvoirs, y compris celui de faire surgir de l’absence la femme qu’il aime : « à force de la raconter, je l’ai fait survenir » : on ne saurait faire meilleur éloge de la littérature, et la poésie s’empare de ce jeu de correspondances entre la mémoire et le paysage, entre l’intérieur et l’extérieur, entre l’éphémère et l’immuable. Un détail happé au passage, une couleur, un geste fugace, tous ces petits riens minutieusement captés font vivre le texte et réservent de belles surprises de lecture. Ainsi : « Je me souviens que la pluie m’enveloppait comme un manteau. J’avais l’impression que j’y disparaissais, que je devenais invisible dans le camouflage tremblotant des gouttes et du crépuscule ». »

Un article de Jean-Luc Tiesset à lire ici

« Thilo Krause a l’art de traduire physiquement les émotions avec une précision et des images à couper le souffle. »

« Une écriture méticuleuse, très précise ; les décors, les atmosphères, les sensations, c’est très frappant. »

Marion Graf, invitée d’Anne-Laure Gannac pour parler de sa traduction de Presque étranger pourtant. Écouter l’émission « Vertigo » ici

« Thilo Krause est poète, auteur de trois recueils primés, et c’est en poète qu’il signe son premier roman. Presque étranger pourtant est une fresque intime ancrée dans le monde révolu d’une enfance en ex-RDA qui distille son parfum toxique dans le présent du narrateur.

(…)

Le passé est tapi dans les plateaux tabulaires de la plaine de l'Elbe, au sud-est de Dresde, dans les monts métallifères et les falaises de grès, la vue à couper le souffle, l’étang des pompiers, les arbres fruitiers, le ciel immense. Dans une alternance entre enfance et âge adulte, Thilo Krause brosse le tableau d'un monde où l’intime est marqué par le politique. Une aura d’étrangeté plane sur le récit, comme une attente fiévreuse, alors que le narrateur retrouve Vito mais sombre loin des siens.

(…)

Dans ce premier roman, il mène son récit par petites touches allusives, fragmentaires, loin du spectaculaire, jusqu’à l’inondation finale. Car l’Elbe déborde dans un déluge baptismal qui réveille les vieilles haines tout en engloutissant le vieux monde sous la boue. Scènes presque oniriques d’un effacement réel et symbolique, qui permettra au narrateur de retrouver l’élan perdu. » Anne Pitteloud

« Délicat retour, le voilà [le narrateur] presque étranger en ces lieux pourtant familiers. La mélancolie afflue, sa femme et sa fille n'y peuvent rien. Une rupture, le vide, le vertige, une menace. Puis un jour l'eau monte et emporte le passé. Que retrouve-t-on lorsque l'on perd tout ? Thilo Krause, né à Dresde, à l'Est, ménage le suspense par petites touches qui confèrent au texte sa puissance. » Florian Sägesser

« Presque étranger pourtant est un roman puissant, où la nostalgie du paradis perdu lutte contre l’âpreté du réel, l’itinéraire d’un homme qui n’oublie pas d’où il vient, et qui revient, lui devenu le presque étranger. » Geneviève Senger

« Poète et économiste, Thilo Krause se risque avec grand succès au roman. On y lit un hommage vibrant aux paysages de son enfance et un regard critique sur la société qui y vit.

(…)

[Il y a] un dépouillement, une sensualité et une précision dans les images que la traduction de Marion graf rend superbement. » 

Un article d’Isabelle Rüf à lire ici

« Cette lecture finit par être envoûtante, on lit, on décolle avec la poésie bien présente, on ne sait pas trop où on va, ni ce qui va résulter de cette histoire qui agit un peu comme un charme; très intéressant de ne pas savoir ce qui va advenir des vies de ces personnages, ça s’appelle le suspense? Si oui alors il y en a pas mal ici. Assez loin de tout genre identifié ou identifiable, j’ai lu ce roman enfoncée dans mon fauteuil, hypnotisée. Et ça, j’ai aimé. »

Une chronique à lire ici

« Le va-et-vient subtil entre l’enfance et l’âge adulte, entre l’intime et le politique donne au récit un souffle qui captive et envoûte. Le poète allemand Thilo Krause, reconverti en romancier pour la première fois avec Presque étranger pourtant, n’oublie pas la force des images pour exprimer les états d’âme. Il puise son lexique dans la nature brute, brutale, parfois fatale, et tient son lecteur en haleine jusqu’au dénouement.

(…)

Bravo aussi à sa traductrice Marion Graf. Il n’est pas simple de reproduire, dans une autre langue, la confusion des sentiments et de donner du rythme à toutes les gammes de l’imagination. » Maire-José Brélaz

« Il y a dans le roman une densité de l’atmosphère, aussi bien narrative que physique. Le temps est un mystère qui dure. (…)

Thilo Krause décrit, ou raconte, un univers de sensations inhabituelles, étouffantes, comme on dit souvent, mais aussi bien absorbantes. Au fil des pages, elles ne sont pas exactement ce qu’on en attend. « II devait voir, non, il devait sentir ce que je voyais. » « L’après-midi feulait à ma rencontre. » « J’ai humé le bois. Et cette odeur m’a semblé lumineuse, si cela peut vouloir dire quelque chose. » » Mathieu Lindon

« Presque étranger pourtant se construit par glissements imperceptibles entre narration présente et restitution de souvenirs passés, autant de strates qui se fondent l’une dans l’autre en une même irréalité poussiéreuse qui serait l’esprit embrumé du narrateur, frappé d’immobilité. L’écriture romanesque, hypnotique, tout en apesanteur, est rendue verdoyante et aqueuse par Marion Graf, la brillante traductrice de Robert Walser. » Feya Dervitsiotis

« Le lecteur accompagne pas à pas le narrateur, parcourant avec lui les méandres de ses réflexions, de ses doutes et obsessions. Cette intimité est envoutante, dans l’attente de ce qui va se produire. En explorant le passé comme le présent progressivement, par de courts chapitres sauf exceptions, par touches très légères, l’attention demeure en éveil grâce à la tension permanente qui sourd dans ces pages pleines de poésie, de nostalgie, de regrets et de culpabilité. »

Une chronique de Chris L. à lire ici

« Le romancier est d’abord un poète et cela se sent. Dans les descriptions des paysages de cette région de l’ex-Allemagne de l’Est qu’on appelle la Suisse saxonne, les éléments naturels, l’eau, la roche, le vent sont souvent évoqués. Et comme c’est le cas pour de nombreux poèmes, le texte garde une part de mystère qui étonne et laisse parfois perplexe.

Mystère admirablement rendu par la traduction de Marion Graf, pour qui « la précision sensuelle et visuelle de la langue est caractéristique du travail de poète de Thilo Krause. Son roman décrit par métaphores et de manière symbolique des impressions et des sentiments inexprimables autrement. » Un inexprimable que l’auteur nimbe d’une étourdissante beauté par la force de la littérature. (…) Le voile noir du fascisme plane aussi sur ce paysage ancien. (…) Le politique se mêle à l’intime et la présence discrète des crânes rasés fait planer une menace diffuse sur ce magnifique roman. Le retour sur les terres de son enfance permettra- t-il au narrateur de se retrouver lui-même ? »  Stéphane Maffli

« Le brouhaha d'une rentrée littéraire, fut-elle d'hiver, cache toujours des notes plus fines et plus durables, des livres éloignés de l'actualité, présents autrement. Presque étranger pourtant est de ceux-là. (…) Les descriptions de la nature sont d'une précision stupéfiante. Elles contribuent à son étrangeté, son mystère tout n'est pas expliqué. (…)

Il faut souligner là la sensibilité de la traductrice, Marion Graf, qui différencie et fusionne à la fois les temps, jouant très subtilement de tous ceux qu'offre la langue française. Sa traduction est d'une folle sensibilité. (…)

Presque étranger pourtant dit le titre. Le récit ne va pas vers la paix et l'unité de soi retrouvée. Les eaux montent, l'inondation oblige à fuir, de mauvais sujets chassent le fils du pays, devenu l'étranger, des croix gammées flottent. « Une catastrophe au paradis » glisse l'écrivain quelque part, dans les fourrés de son récit qui s'achève comme une parabole.

Un article de Cécile Dutheil de la Rochère à lire ici

« La traduction de Marion Graf est merveilleuse, qui rend au texte la grâce d’un poème et la complexité d’un récit dont l’axe principal est la boussole déréglée des perceptions du narrateur, de ses rêveries, de ses souvenirs qui butent sur le sol inégal de la réalité. L’atmosphère de conte qui se dégage de ce roman est envoûtante, les paysages semblent avoir leur volonté propre bénéfique ou maléfique, la forêt, les grottes, le château forment un ensemble propre à faire voyager en esprit, le sens de ces mots démultiplié par les rêves qu’ils procurent. »

Une chronique de Flore Delain à lire ici

« Le narrateur et nous embarque avec lui dans une balade terriblement mélancolique. On sent la fébrilité de ses intentions et ses gestes à chacun de ses pas. Il est dans une profonde solitude, un isolement de pensées qu’il nous partage. Le lecteur est son confident. »

Une chronique à lire ici

Coups de cœur

« De retour sur la terre de son enfance, un père, accompagné de son épouse et de sa fille nouvellement née, tente de retrouver son insouciance d’antan. Les montagnes de la vallée de l’Elbe furent le terrain de jeu de ce narrateur sans nom, ainsi que le lieu d’un drame qu’il semble vouloir exorciser coûte que coûte. La nostalgie imprègne brillamment ces pages d’une poésie sans fard. » Christelle Moncalvo

Extrait

« Une fois que j’ai contemplé la maison à satiété, par-delà mes orteils, je traverse en équilibre quelques crevasses pour atteindre la face ouest de la falaise, et j’aperçois l’autre village, celui où Vito et moi avons vécu enfants. D’ici en haut, je peux regarder en avant et en arrière. D’un côté la maison, où Christina met en ce moment la petite au lit. De l’autre le village de mon enfance. Entre deux, une route serpente, se perd dans les boqueteaux pour surgir à nouveau entre les champs, comme un ruban luisant. Le crépuscule dure une éternité, toutes les ombres s’étirent, plus longues que les choses elles-mêmes. Les couronnes se balancent. Tout se met à tournoyer. Tout se brouille. Vito, qui à présent vit en bas, au bord de l’Elbe, Christina, la Petite, hier, aujourd’hui. Quand ça tournoie ainsi, c’est l’heure de descendre, en prenant appui sur le grès, pour rejoindre le sentier équipé d’étais de fer et de madriers, toujours le même, celui que je suivais à l’époque avec Vito. Pendant la journée, les gens viennent, se hissent par les crevasses et les saillies jusqu’au point de vue où se dresse la girouette en fer-blanc. Le soir, il n’y a personne. Par les cheminées et les fissures, un reste d’humidité monte et s’évapore. »

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