Domaine allemand
Parution Oct 2020
ISBN 978-2-88927-791-9
224 pages
Format: 140x210 mm
Disponible

Traduit de l'allemand par Nicole Le Bris & Dominique Laure Miermont-Grente
Préface et postface de Nicole Le Bris Postface: Nicole Le Bris

Domaine allemand
Disponible

Traduit de l'allemand par Nicole Le Bris & Dominique Laure Miermont-Grente

Annemarie Schwarzenbach

Les Forces de liberté. Écrits africains 1941-1942

Domaine allemand
Parution Oct 2020
ISBN 978-2-88927-791-9
224 pages
Format: 140x210 mm

Traduit de l'allemand par Nicole Le Bris & Dominique Laure Miermont-Grente
Préface et postface de Nicole Le Bris

Résumé

En mai 1941, Annemarie Schwarzenbach embarque à Lisbonne pour le Congo, devenu désormais le cœur de la France libre. Mais en Afrique la guerre de propagande fait rage entre l’Allemagne d’Hitler et la Résistance. Débarquée à Brazzaville dans l’espoir de rallier les « Forces de la liberté », la journaliste est suspectée d’être un agent nazi, et n’échappe pas à la censure.
Les Forces de liberté regroupe des textes écrits par Annemarie Schwarzenbach au cours des neuf mois et demi que dure son voyage. Pour la plupart inédits en français, ces reportages, récits et poèmes interrogent son rapport à la vérité, tout en donnant à lire la réalité peu connue du continent africain durant la Seconde Guerre mondiale. Ils accueillent aussi l’évocation de parfaits moments de plénitude, la description de contacts miraculeux avec le fleuve, la jungle et la brousse.

 

Autrice

Annemarie Schwarzenbach

Ecrivain, archéologue, Annemarie Schwarzenbach (1908-1942) fut aussi journaliste et photographe. Ses reportages la menèrent sur les routes du monde, d’Istanbul à Persépolis, de l’Europe centrale à New York, de Lisbonne à Brazzaville, de Madrid à Tanger. Les grands lointains l’attiraient irrésistiblement, mais elle ne perdait jamais de vue le dramatique combat du moment en Europe, la lutte contre le nazisme.

Dans les médias

« Au-delà de ce que voit [Annemarie Schwarzenbach] et qu'elle rapporte avec beaucoup de poésie, pas seulement dans ses poèmes, ce sont les réflexions qui sont les siennes, dans son récit, à la fin de son périple, qui retiennent l'attention, parce qu'elles sont d'actualité. (…) Une Combattante à la plume étincelante. »

Une chronique de Francis Richard à lire en entier ici

« Le livre Les Forces de Liberté : Écrits Africains 1941-1942, d’Anne-Marie Schwarzenbach, s’avère dès l’abord un moyen magnifique d’accéder à l’Afrique de manière singulière tant elle propose une vue transcendante et pertinente des personnes [et] des contrées qu’elle découvre. D’autre part, il propose un portrait magnanime d’une aventurière qui se pose des questions en permanence à propos de l’existence et de sa présence au monde. Il faut percevoir que ses propos ont été écrits pendant la Seconde Guerre mondiale, mais qu’ils sont emplis de positivité alors qu’elle sait qu’elle a perdu des proches et que son quotidien ne sera pas le même à son retour en Suisse. »

Une chronique d'Émeline Dardoff à lire en entier ici

« C’est sans doute un esprit de liberté qui peut pousser une jeune femme à chercher à participer activement à la résistance aux nazis. Cette liberté qui concerne les mœurs, la culture, la vie. »

Une chronique de Noé Gaillard à lire en entier ici

« Dans un style tendu, admirable, frôlant le désespoir, souvent, Les Forces de liberté ajoutent encore au génie salvateur d’Annemarie Schwarzenbach. (…) [L’auteure] veille sur une somme littéraire farouche, radicale, de pages dépourvues de poses, mais d’un instinct devant les vérités impératives, d’une fidélité vibrante aux faits éprouvés, constatés. Le sens moral, en somme. »

Une chronique d'Alain Dugrand à lire en entier ici

« Annemarie Schwarzenbach n’était pas seulement une journaliste et une poète brillante, mais aussi une philosophe veillant à sa liberté et à son équilibre intérieur. » Christine von Garnier

Extrait

Préciser le jour de la semaine n’aurait pas grand sens là où nous sommes, car rien ne distingue entre elles les journées qui se succèdent, et sur le bateau personne ne se soucie de la date, à part le capitaine. Mais même lui, à force de faire et refaire ce voyage, ne voit plus dans le calendrier qu’une espèce de machine à calculer ; et ici, de toute façon, nombres et noms de jour ne signifient plus grand-chose. La seule réalité encore tangible, c’est le fleuve, et assez vite on en vient à se demander si on arrivera un jour à le quitter, et surtout s’il se termine quelque part. Le Congo est le deuxième fleuve du monde par la longueur, à ce qu’on dit, et en certains endroits où nous sommes passés il était large de trente-cinq kilomètres, mais moi qui ai beaucoup voyagé je n’aurais jamais pensé que notre Terre puisse sur une telle étendue présenter pareille uniformité, et le paysage y rester si continûment semblable à lui-même. En certains lieux on s’oriente sur une montagne comme sur une constellation, en d’autres on finit par atteindre un rivage, on a des tours comme points de repère, ou bien une route vous accompagne fidèlement à travers collines et chaînes de montagne, comme la route militaire géorgienne dans le Caucase. Sur le haut-plateau persan, même quand nous cessions de voir le cône blanc du Demavend planant au-dessus de lui comme un astre, partout on pouvait au moins porter ses regards au loin, croire à l’existence d’autres vallées et d’autres pays, apercevoir un horizon. Ici en revanche, seul existe le fleuve.

Des deux côtés du fleuve les rives se déroulent comme deux décors verts hermétiques : c’est la muraille impénétrable de la forêt vierge. Dans de petites clairières apparaît parfois un village, et parfois la muraille s’ouvre pour livrer passage à un affluent, et on voit alors de gracieuses pirogues, manœuvrées par un Noir debout maniant sa rame, glisser dans la pénombre, et c’est tout. Autour de nous s’étendent d’innombrables îles qui limitent le champ de vision, et rien n’indique qu’on se trouve sur un fleuve géant qui conduit au cœur même de l’Afrique. Pourtant, bien sûr, c’est à cela qu’on pense sans cesse.

[…]

La nuit suivante je suis restée sur le pont avec le capitaine. A deux heures du matin nous nous sommes arrêtés à un village où les tam-tams avaient déjà annoncé notre arrivée. Deux heures durant, les Noirs ont monté à bord des charges de bois destinées à alimenter nos machines. Pendant ce temps nous inspections le rivage à la lumière du projecteur. Son rayon blanc glissait sur les cimes des palmiers, les pirogues, et s’attardait sur l’eau lisse, où se reflétaient déjà les îles que nous allions trouver sur notre route. Nous avons écouté à la radio des nouvelles de Moscou, Londres, Berlin et New York, un peu de musique douce, puis nous nous sommes signalés à Léopoldville : « Ici le vapeur fluvial Colonel C, ici le vapeur fluvial Colonel C, Hello Monsieur le Directeur, le ‘Colonel C’ se trouve au kilomètre cinq cent trente, a chargé dix stères de bois à Bulongo, dix stères de bois à Bulongo, tout va bien, bonne nuit Monsieur le Directeur, le ‘Colonel C’ cesse d’émettre et prend l’écoute, Colonel C stop stop stop. »

Quand vers trois heures la cloche du bateau a sonné le départ, on ne distinguait plus les palmiers et les manguiers dans le clair de lune. Seules transparaissaient les îles et les rives voilées de brume blanche – pour un peu on se serait cru dans l’archipel suédois, – le capitaine a coupé la radio, et la surveillance du fleuve nous a tant absorbés que nous n’avons pas vu l’aube se lever.

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