Domaine allemand
Parution Mar 2025
ISBN 978-2-88907-495-2
208 pages
Format: 140x210
Disponible

Traduit de l'allemand par Raphaëlle Lacord

Domaine allemand
Disponible

Traduit de l'allemand par Raphaëlle Lacord

Sarah Elena Müller

L’enfant hors champ

Domaine allemand
Parution Mar 2025
ISBN 978-2-88907-495-2
208 pages
Format: 140x210

Traduit de l'allemand par Raphaëlle Lacord

Domaine allemand

Traduit de l'allemand par Raphaëlle Lacord

Résumé

Un couple élève leur enfant dans un village de montagne. Il n’y a pas de télévision à la maison, mais la petite peut aller la regarder autant qu’elle le souhaite chez le voisin Egon. Elle ne parle pas beaucoup et, à cinq ans, fait encore pipi au lit. Les parents sont un peu perplexes, mais, l’un occupé à sauver les espèces en voie de disparition, l’autre à s’affranchir des rôles de mère et d’épouse, ils manquent d’écoute.
Jouant avec les réalités parallèles que crée l’imagination, Sarah Elena Müller dessine avec finesse les mécanismes d’aveuglement et de déni qui empêchent les adultes de voir ce qui cloche. Grâce à une langue qui grandit avec l’enfant placée au centre de son récit, et à travers des portraits de femmes, elle interroge sans jugement les faux-semblants de plusieurs générations.

Autrice

Sarah Elena Müller

Sarah Elena Müller est née en 1990. Elle s’intéresse à toutes les formes de langage: littérature, musique, réalité virtuelle, radio et performance. Elle participe notamment à la formation Spoken Pop Cruise Ship Misery, explore les liens entre l’écriture littéraire et le récit de soi dans le cadre du projet de recherche du FNS Autofiction & conscience, et fait partie des membres fondatrices du collectif féministe RAUF. L’enfant hors champ est son premier roman.

Dans les médias

« L’éléphant dans la pièce, c’est cet élément énorme, évident, que pourtant personne ne voit, dont on ne peut pas parler. Dans L’Enfant hors champ, la primo-romancière alémanique Sarah Elena Müller excelle à évoquer cette présence, entre menace sourde et tension invisible – un danger qui reste hors champ, comme dans les films d’horreur et comme l’enfant du titre. Dans sa langue sous-tendue de silences s’égrènent ainsi des scènes étranges, anodines en apparence, suivant une fillette livrée à elle-même qui squatte la maison de son voisin Egon, où elle passe des heures devant la TV. (…)

Entre déni parental et pouvoir de l’imaginaire – la fillette voit des anges -, jeu avec le cadre et le hors-cadre, avec ce qui révèle et ce qui cache, l’autrice tisse de riches associations qui se déploient et se resserrent peu à peu autour de la vérité, si évidente, si invisible. Une réussite. » Anne Pitteloud

« Au moyen d’une écriture polysensorielle, qui fait voir les formes, les couleurs avant de savoir ce qu’elles représentent, ou entendre les sons avant de connaître leur provenance, Sarah Elena Müller nous confronte directement avec cette imagination perturbée et infiniment productrice. Personne ne voit la réalité de la même façon. Les visions de la petite fille rejoignent celles de la grand-mère à l’esprit dérangé par l’âge et la maladie : elles les tiennent toutes les deux hors du monde. «La fille sait combien c’est compliqué quand les gens qui vous entourent ne perçoivent pas les mêmes choses que vous.»
(…)
L’Enfant hors champ déploie ainsi une réflexion très profonde sur les relations entre transmission et imagination. Mais en raconter l’histoire ou dire ce qu’elle pourrait signifier écrase un texte tout en finesse et subtilité. Sa qualité est de n’être sans aucun jugement ni surplomb, même dans son sujet le plus grave. Sa force est de nous plonger au milieu des choses, selon un art perspectiviste, qui adopte le point de vue que les personnages en ont. Ainsi, selon les âges de la fille, les lignes, les masses, les contours changent, comme dans les tableaux cubistes. La langue aussi se transforme : de littérale, elle accède peu à peu au symbole. Le roman devient alors ce qu’est la fille pour ses camarades de classe: une «bombe à retardement». Lorsqu’on arrive à la fin, il faut alors tout relire, avec d’autres yeux, une nouvelle responsabilité. » Tiphaine Samoyault

« La magie de ce roman, troublant à plus d’un égard, tient à l’originalité de son écriture : on lit, on relit, sans que le sens soit imposé définitivement. On lit au rythme des images qui bâtissent la réalité de chaque personnage. La vie n’est-elle pas une fabrique d’images qui font sens et la littérature le terrain par excellence où explorer les champs du possible ? » (C.B et E.M)

Extrait

L’enfant sanglote sous la mousse. La fenêtre est entrouverte, le sentiment risque de s’enfuir. Il faut que ses parents l’attrapent, qu’ils le conservent. Pour plus tard. L’enfant sait qu’il se passe quelque chose qu’elle ne comprend pas. Quelque chose que même les parents ne comprendraient pas. Pourtant ils devraient. Ils devraient savoir ce qu’il faut faire. À propos de l’éducatrice. Et du prix à payer. Ils avaient dit raison. Être raisonnable.
Le visage de la mère apparaît à travers un trou dans la mousse. Deux bras plongent, attrapent les épaules de l’enfant et la hissent hors de l’eau. Dans le masque de plongée, les larmes de l’enfant. La mère tire sur l’embout du tuba et débouchonne les pleurs. Le père qui est aux fourneaux s’immobilise un instant. La cuillère en bois à la main, il remue les galettes de pommes de terre dans la poêle. Qu’est-ce qui lui arrive, à l’enfant? Les galettes vont la réconforter, se rassure le père. La mère dépose l’enfant ébouriffée sur la banquette en coin. Elle ne voyait que le tuba qui sortait de la mousse, et soudain elle a entendu un sanglot s’en échapper. Elle jette au père un regard désemparé.