Écrits d’ailleurs
Parution Fév 2019
ISBN 978-2-88927-635-6
288 pages
Format: 140x210 mm
Disponible

Roman traduit de l'anglais par Christine Raguet

Écrits d’ailleurs
Disponible

Roman traduit de l'anglais par Christine Raguet

Yewande Omotoso

La Voisine

Écrits d’ailleurs
Parution Fév 2019
ISBN 978-2-88927-635-6
288 pages
Format: 140x210 mm

Roman traduit de l'anglais par Christine Raguet

Écrits d’ailleurs

Roman traduit de l'anglais par Christine Raguet

Résumé

Octogénaires au caractère bien trempé, Hortensia et Marion passent leurs vieux jours dans une banlieue chic du Cap. Marion a su gérer de front brillante carrière d’architecte et famille nombreuse, et Hortensia, seule propriétaire noire du quartier, est devenue une légende du design vénérée jusqu’au Danemark. Voisines sur Katterijn Avenue, elles se vouent une haine si farouche qu’elle en devient comique. Mais lorsque les dettes, les frasques d’un défunt mari ou les problèmes de santé les rattrapent, les deux ennemies doivent remonter à l’origine de leur rivalité pour faire face.
Roman vif et drôle, La Voisine est aussi un manifeste politique et social subtil sur cette Afrique du Sud contemporaine où la plupart des habitants portent en eux, encore ouverte, la question de l’Apartheid.

Autrice

Yewande Omotoso

Née à la Barbade en 1980, enfant au Nigeria et désormais sud-africaine, Yewande Omotoso a développé un regard piquant et fécond sur les frottements culturels. Après son premier roman, Bom Boy, en 2011, La Voisine a été finaliste de l’International Dublin Literary Award 2018. Aujourd’hui, Yewande Omotoso écrit tout en travaillant dans le domaine du design et de l’architecture à Johannesburg.

Dans les médias

« Sous l’apparence d’une comédie, c’est toute la crise de l’Afrique du Sud contemporaine qui se rejoue dans ce microcosme burlesque, grinçant et touchant. » Joëlle Brack

« Née à la Barbade dans les années quatre-vingt, Yewande Omotoso (…) voue une passion sans faille à l'écriture, bercée par les thèmes des frottements culturels qu'elle brosse avec beaucoup d'humour et de réalisme. Son deuxième roman La voisine est un petit bijou (…). Sous couvert de guéguerres de voisinage, l'auteur dépeint avec férocité la fresque sociale et politique d'une Nation arc-en-ciel encore en proie aux fantômes de l'Apartheid. » Marine Rebut

« Cette chronique passionnante éclaire la complexité de la société sud-africaine. Plutôt qu'un affrontement binaire, Omotoso renvoie, à l'aide de flash-back parfaitement intégrés à l'intrigue, à des éléments biographiques qui dessinent des portraits de femmes courageuses et émancipées. Elle leur ôte toute forme de glamour, non pas pour les enlaidir mais pour les dépeindre sur un autre mode que la séduction. Reste qu'avec ses personnages qui ont dû lutter pour voir leur talent reconnu, elle tance aussi cette élite économique qui nie la souffrance des classes défavorisées, fait mine d'oublier le passé douloureux du pays, veut s'octroyer une légitimité à bon compte. Cette œuvre troublante et captivante apparaît comme le roman lumineux de la résilience de la Nation arc-en-ciel et porte en elle les germes d'un futur apaisé et plus égalitaire. » Michaël Mélinard

« Sous des dehors cocasses, une comédie sociale pimentée et féministe. »

« Un regard extrêmement lucide et une plume, à l’image des personnages, perfide. »

« Piquant et tout en finesse. »

Réécouter le coup de cœur de Joëlle Brack sur Radio Lac ici

« Un récit drôle, au ton caustique et à la plume incisive, où l'intimité et la complexité des questionnements abordés font profondément réfléchir. A noter de magnifiques pages de réflexion crue sur le mariage, l'amour à l'épreuve du quotidien. »

Réécouter le coup de cœur d’Anne Bocandé en entier ici

« « L'enfer, c'est la voisine », aurait pu dire Sartre à propos du deuxième roman de Yewande Omotoso. Les accrochages entre Marion et Hortensia vont bien au-delà de querelles de voisinage entre deux octogénaires aigries d'une banlieue huppée du Cap. Dans cette Afrique du Sud post-Mandela, les relents nauséabonds de l'apartheid sont toujours latents et ne demandent qu'à embraser à nouveau tout un quartier. (…)

Les aléas de la vie des deux désormais veuves – Marion ruinée par son mari, Hortensia trompée par le sien – vont-ils modifier leur amour-haine quotidiennement entretenu ? Pas sûr que Yewande Omotoso donne la réponse dans son subtil et très drôle roman. » J.T.

« (…) Dans ce roman, Yewande Omotoso donne réellement vie à cet antagonisme rassurant pour les deux femmes : elles s'affrontent verbalement à fleurets non mouchetés, destinés à blesser, comme un jeu entre elles, cruel et amusant.

Le lecteur comprend finalement le pourquoi de la citation de Simone Weil, tirée de La pesanteur et la grâce et mise en épigraphe de ce roman habilement mené : « Le mur est ce qui les sépare, mais aussi ce qui leur permet de communiquer. »  »

Une chronique de Francis Richard à lire en entier ici

« Règne des apparences, illusion de sécurité, solidarité de femmes : il y a dans La Voisine un peu de Desperate Housewives. Tandis que Marion et Hortensia repassent le film de leurs vies – l’une élevée dans la ségrégation, l’autre fille d’immigrés de la Barbade -, on craint une réconciliation larmoyante. Ce serait mésestimer Omotoso, plus attachée à saisir la dignité de ces femmes quand tout leur échappe. » Gladys Marivat

« Un vrai spectacle. Avec ses reparties cinglantes, ses rebondissements, ses coulisses pleines de fantômes et d’amertume. Le tout, sur fond d’Afrique du Sud fraîchement délivrée de l’apartheid. » Catherine Simon

« Le lecteur se délecte d’échanges acides et de piques bien senties. »

Un article de Julie Gonnet à lire en entier ici

« J’adore Hortensia et sa formidable combativité, la façon dont elle s’exprime avec une insolence vacharde et lucide qui fait mouche. (…) Les deux femmes ont en commun d’avoir obtenu du succès dans leur travail uniquement grâce à leur grand talent et d’avoir dû batailler ferme dans un monde patriarcal pour ne pas renoncer à leur carrière. »

Une chronique de Flore Delain à lire en entier ici

« Elles sont voisines et se détestent. Mais les murs peuvent parfois tomber. Et libérer la parole. Drôle et subtil. » Catherine Faye

« Dans une banlieue chic du Cap, un conflit de voisinage sur fond de racisme offre à Yewande Omotoso l’occasion d’une comédie tragicomique entre deux vieilles dames (…) en situation de faiblesse, l’une caparaçonnée de rancœur, l’autre accrochée à ses privilèges caducs. L’intrigue et les caractères vont en se complexifiant, échappant à la fable manichéenne. Des perspectives dévoilent le passé d’Hortense, son combat pour accéder à la notoriété, ses zones d’ombre, sa fragilité hargneuse. (…) Un récit vivement mené. » Isabelle Rüf

« Il pourrait s’agir d’une querelle de voisinage au sujet de la hauteur de la haie ou de n’importe quelle broutille susceptible de finir en bataille rangée. Mais La Voisine, de Yewande Omotoso, raconte bien plus qu’une relation mitoyenne tendue entre deux octogénaires. C’est l’histoire d’un pays – l’Afrique du Sud – qu’elle concentre dans les allées d’une banlieue cossue du Cap. (…) Au fil des pages de ce roman caustique, le lecteur comprend l’inflexibilité d’Hortensia, découvre l’éducation marquée par l’apartheid de Marion. Puis comment leurs mondes juxtaposés finiront par se rencontrer. Incisif et truculent. » Tamara Bongard

« L’écriture rythmée et truculente kidnappe instantanément le lecteur, dans cette Afrique du Sud où le racisme est encore ardent. »

« Aussi drôle que profond, touchant, vivant, ce roman est une réussite. » Marc-Olivier Parlatano

« La Voisine est un truculent roman de Yewande Omotoso. (…) Un régal de férocité et de drôlerie. »

Un article de Martine Freneuil à lire en entier ici

« Roman tour à tour drôle et bouleversant sur les conséquences actuelles de l’apartheid en Afrique du Sud – au Cap en particulier – La voisine pose la question de l’histoire, de la mémoire et de l’oubli. Comment retrouver une certaine sérénité dans un pays qui n’a pas réglé les questions de l’injustice et du pardon ? Yewande Omotoso répond avec finesse, sensibilité et humour dans un roman où le comique de la querelle de voisinage le dispute au tragique de l’histoire. » Laurence de Coulon

« Yewande Omotoso trace avec verve mais aussi empathie un portrait plus complexe qu’il n’y paraît d’une société minée par les conflits de classe, de race, de genre et d’égo. » Isabelle Rüf

La Voisine « un roman jubilatoire qui empoigne le sujet du racisme avec vigueur et humour. »

Lire l'article en entier ici

« La Voisine, c'est un peu la série Desperate Housewives transposée dans une banlieue chic du Cap, en Afrique du Sud, encroûtée dans les préjugés de l'Apartheid. (…) Un récit vif et drôle sur les contrastes culturels et sociopolitiques dans un quartier, apparemment si paisible, où le racisme distille – au quotidien – son poison haineux. » Marie-José Brélaz

« J'ai été embarquée par cette lecture qui a un sacré potentiel sur le fond, à la fois sérieux et drôle sur la forme. (…) Au-delà des conflits entre les deux femmes, c'est toute la problématique de l'apartheid et de ses suites qui est dessinée. »

Une chronique à lire en entier ici

Coups de cœur

« La voisine raconte l’histoire de deux octogénaires aux caractère bien trempés, vivant côte à côte dans une banlieue chic du Cap en Afrique du Sud… et qui se détestent. Yemande Omotoso va nous faire entrer progressivement dans le passé de chacune de ces deux femmes, pour nous aider à mieux comprendre leurs comportements actuels.

De fait, ce magnifique roman montre remarquablement bien que la fin de l’apartheid en Afrique du Sud ne signifie en rien la fin du contentieux entre les Blancs et les Noirs.

Mais si le sujet est grave, le style est direct, insolent, très plaisant ; et l’humour, certes souvent grinçant, est très présent. J’ai été profondément touché par cette histoire dont je recommande vivement la lecture. » François

« À travers la rivalité entre deux femmes octogénaires, qui se retrouvent voisines, Yewande Omotoso nous plonge dans le monde de l'architecture et dresse un tableau social de l’Afrique du Sud contemporaine. » Mandana

« A mettre entre toutes les mains, même celles de vos ennemis ! » Manon

« Dans ce roman croustillant, plein d'enthousiasme, Yewande Omotoso fait preuve d'un art de conter incontournable, d'une vivacité absolument savoureuse. Une littérature venue d'ailleurs irrésistible dont on se délecte sans modération. » Rosalie

« Une histoire émouvante et deux femmes indépendantes, une noire et une blanche, dans un contexte de ségrégation et d'apartheid pas encore tout à fait endigué en Afrique du Sud. » 

« Sous l'apparence d'une comédie, c'est toute la crise de l'Afrique du Sud contemporaine qui se rejoue dans ce microcosme burlesque, grinçant et touchant. » Joëlle
 

Extrait

Une fois par mois, le comité de Katterijn se réunissait. À ce qu’Hortensia avait compris, il avait été institué par une femme du nom de Marion Agostino, qui se trouvait aussi être sa voisine, une femme désagréable qu’Hortensia n’aimait pas. Mais il faut dire qu’Hortensia n’aimait pratiquement personne. Elle était tombée par hasard sur ces réunions, peu après son arrivée à Katterijn. Personne n’avait songé à lui signaler qu’en tant que propriétaire, elle bénéficiait du droit de tuer le temps avec les autres membres du comité. Cette indication était sortie par inadvertance. Quand Hortensia avait senti que cette omission initiale n’était pas un oubli, mais délibérée, il lui fut facile d’en déduire que cet affront était dû à la couleur de sa peau. Forte de cette prise de conscience, Hortensia avait parcouru la courte distance qui la séparait de chez Marion et avait pressé le bouton de l’interphone.

« C’est Hortensia James, la voisine. »

Elle n’avait pas été offensée par l’absence de manifestations de bienvenue de sa part, ni de celle des autres résidents. Ils n’étaient pas venus à Katterijn pour se faire des amis, chose dont Peter et elle s’étaient dispensés pendant la majeure partie de leur vie.

« Un instant, je vais appeler ma patronne », dit une voix désincarnée. Hortensia appuya son épaule contre le mur.

« Oui ? » Ce devait être Marion.

« C’est Hortensia. La voisine.

— Ah bon ? »

À ce moment précis, Hortensia comprit qu’elle ne serait pas invitée à entrer. Cet affront la contraria brièvement, mais elle n’en fit pas cas, le considérant sans importance.

« Je vais assister aux réunions. » Cela ne devait pas laisser penser qu’elle demandait une autorisation. « Les réunions du comité.

— C’est que… je n’avais pas compris que vous étiez propriétaires. »

Hortensia, toujours en train d’écouter à l’interphone comme une mendiante :

« Oui, eh bien, c’est le cas.

— Ah, c’est que… je ne savais pas trop. Et… » Hortensia entendait presque Marion chercher un autre argument. « … est-ce que ce monsieur est votre mari ? » Ce n’était pas tant une question qu’une remontrance.

« Qui, Peter ? Oui. » Une fois encore ceci n’avait pas surpris Hortensia. Elle était tombée amoureuse d’un Blanc à Londres dans les années cinquante. Bien des fois, on leur avait demandé de s’assurer de leurs sentiments, d’affirmer qu’ils tenaient l’un à l’autre, de prouver le bien-fondé de leur amour. Au bout d’un an ensemble, ils en avaient pris l’habitude.

« Oui, Peter est mon mari.

— Je vois. »

Dans le silence, Hortensia imaginait Marion en train de réfléchir, de s’appliquer à élaborer le coup suivant, de préparer une autre pique, mais au lieu de cela, elle entendit un soupir et faillit rater les détails concernant la prochaine réunion. Marion alla même jusqu’à parler de code vestimentaire en guise de cadeau d’adieu.

« Nous nous habillons pour nos réunions, Mrs James. Nous respectons de rigoureuses convenances. » Comme si elle pensait que la dignité était une chose à laquelle Hortensia devait être éduquée.

 

Les réunions semblaient avoir été créées dans le but de surveiller le quartier : être vigilant aux « éléments », avait expliqué à Hortensia la bibliothécaire de la communauté. N’importe quoi, avait-elle pensé, et après avoir assisté à quelques séances, elle se sentit bientôt confortée dans son impression. Les réunions visaient à afficher une importance qui n’existait pas. De vieilles femmes portant perruque, aux ongles vernis, au rouge filant dans les ridules du contour de leurs lèvres. De vieilles Blanches riches et effrayées, voulant faire croire au monde alentour qu’elles étaient importantes. Hortensia y assistait parce que ces femmes étaient divertissantes, à papoter avec le plus grand sérieux de sujets futiles. Cela l’amusait de penser qu’elle se riait d’elles. Mais, en vérité, cela lui faisait passer le temps, en distrayant son esprit de ce qui l’encombrait.

Certaines fois, pourtant, les réunions cessaient d’être divertissantes pour devenir choquantes. Un jour, un couple noir vint s’installer à Katterijn ; ils avaient loué un duplex, pas sur l’Avenue, mais près d’une des rues secondaires. Ils avaient deux enfants. Un voisin, un vieil homme, un peu décati et n’ayant plus qu’une dent, se plaignit, ces enfants devaient arrêter de s’en prendre à sa boîte aux lettres. L’affaire fut débattue en comité. Il prétendit que les enfants s’attaquaient à sa boîte aux lettres, qu’ils l’endommageaient. Comment le savait-il ? les avait-il vus ? Non, il l’avait senti en descendant de son stoep pour aller chercher son courrier. Il connaissait l’odeur des enfants de couleur. Est-ce que ces tracas pouvaient enfin trouver leur terme ? supplia-t-il. Hortensia l’avait maudit, avait quitté la réunion. Et comme si le Ciel avait entendu la requête de cet homme, les tracas stoppèrent – il mourut.

Néanmoins, Hortensia retournait toujours aux réunions. Pour se moquer d’eux, pour leur montrer qu’ils étaient hypocrites, pour s’occuper.

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