parution janvier 2024
ISBN 978-2-88907-318-4
nb de pages 176
format du livre 140x210 mm
Une simple intervention
Traduit de l'allemand par Camille Logoz
résumé
Meret est infirmière dans un grand hôpital. Le docteur l’a recrutée pour son sens de l’empathie. Elle soulage les gens de leur douleur, et grâce à une intervention d’un nouveau genre, leur offre une vie meilleure. Jusqu’au jour où une patiente ne se réveille pas. Sarah, dont Meret tombe amoureuse, confirme ses premiers doutes envers l’opération. Et quand on fait comprendre à Meret qu’on pourrait l’aider, elle aussi, à revenir sur le droit chemin de l’amour, c’est toute sa vision du monde qui bascule.
Un roman d’une profonde douceur tendu d’un bout à l’autre. Comme si sous la surface lisse, des eaux vives n’attendaient qu’une fissure pour déferler. Une histoire d’émancipation, qui est aussi l'histoire d'un amour intense.
Yael Inokai, née en 1989 à Bâle, vit à Berlin. Pour ce troisième roman, elle a reçu les prix Anna Seghers 2022 et Clemens-Brentano 2023. Les rapports de pouvoir sont au coeur de tous ses romans. Une simple intervention est son premier livre traduit en français.
Une simple intervention: extrait
Octobre, le temps des fantômes. Je me revois jeune femme dans le miroir. Dans mon regard, de la conviction. Sans un soupçon de doute. J’ai la vingtaine et j’ai compris le monde.
Plus tard, quand j’en saurais davantage, je regretterais cette époque. Ma certitude m’avait protégée.
J’étais infirmière dans une clinique où se pratiquait un nouveau genre d’intervention. Ces interventions avaient pour but de délivrer des personnes de leurs troubles psychiques, pour qu’elles ressortent avec un nouvel avenir, un véritable avenir, pas juste une existence qui piétine.
Je me retenais à cet espoir. Parce qu’à la clinique, la règle était plutôt le désespoir. Il nous arrivait souvent d’être à bout de ressources. À bout de ressources, une autre infirmière n’aurait jamais dit ça. Après tout, nous étions là jusqu’à la fin, et même au-delà. Mais ce constat ouvrait chaque fois pour moi un gouffre.
Pendant l’intervention, j’étais celle qui assistait le docteur. Il dirigeait ses instruments vers les zones atteintes du cerveau, et les neutralisait. Les femmes et les hommes restaient conscients. Nous nous assurions ainsi de ne pas toucher à ce qui était en bonne santé. Je les occupais et leur enlevais leur peur. J’appelais ça la compassion: la compassion, c’est mon terrain, quelque chose que je maîtrise bien.
C’était une intervention toute simple. Les suites pouvaient être douloureuses, mais c’était passager. Et quelque chose de nouveau commençait. C’est ce qu’on m’avait appris. Je m’y raccrochais.