Domaine allemand
Parution Août 2023
ISBN 978-2-88907-256-9
272 pages
Format: 140x210 mm
Disponible

Roman traduit de l'allemand par Raphaëlle Lacord

Domaine allemand
Disponible

Roman traduit de l'allemand par Raphaëlle Lacord

Martina Clavadetscher

Trois âmes soeurs

Domaine allemand
Parution Août 2023
ISBN 978-2-88907-256-9
272 pages
Format: 140x210 mm

Roman traduit de l'allemand par Raphaëlle Lacord

Domaine allemand

Roman traduit de l'allemand par Raphaëlle Lacord

Résumé

Iris dans la prison dorée de son penthouse new-yorkais ; Ling en Chine, ouvrière d’une usine de poupées à taille humaine ; Ada Lovelace, fille de Lord Byron et mathématicienne de génie bien à l’étroit dans l’Angleterre victorienne : elles vivent à des époques et dans des lieux différents, mais toutes trois sont unies par un lien mystérieux, une quête commune qui les font braver l’ordre établi.
Roman gigogne, Trois âmes sœurs brouille les frontières entre l’humain et la machine, bouleverse nos a priori sur l’intelligence artificielle. Pour acclamer le pouvoir de l’imagination et activer la mécanique de la désobéissance.

Autrice

Martina Clavadetscher

Martina Clavadetscher, née en 1979, a étudié les lettres allemandes et la philosophie. Elle est aujourd’hui reconnue comme dramaturge; ses pièces de théâtre, beaucoup montées en Suisse alémanique et en Allemagne, sont souvent primées. Trois âmes soeurs est son deuxième roman, le premier traduit en français. Il a reçu le Prix suisse du livre en 2021.

Distinctions

 Trois âmes sœurs  de Martina Clavadetscher, traduit de l’allemand par Raphaëlle Lacord, sélectionné pour le prix Pierre-François Caillé de la traduction 2024

En savoir plus

Dans les médias

« Le deuxième roman de Martina Clavadetscher orchestre la dictature soft d’un futur dominé par les corps et les âmes artificiels. Vertigineux par son dispositif romanesque virtuose, machiné dans une langue qui emprunte au langage informatique certaines tournures insolites, ce récit d’une sororité souterraine réactive l’esprit des grandes fictions fantastiques, de Frankenstein à Metropolis. » Nicolas Julliard

« La frontière entre artifice et réel vacille. La dramaturge a choisi une prose poétique, rythmée, fortement sensorielle, que rend efficacement la traduction. Cette scansion ajoute au trouble inhérent au sujet. » Isabelle Ruf

« De l’Angleterre victorienne à une New York futuriste en passant par une fabrique de poupées sexuelles en Chine, Trois âmes sœurs brouille les frontières entre l’humain et la machine tout en célébrant le pouvoir insurrectionnel de l’imagination. (…) Martina Clavadetscher sonde ces interrogations à travers trois figures féminines, dans un vertigineux roman gigogne. (…)
[Elle] imagine une forme singulière : une prose heurtée où les sauts à la ligne donnent au récit un rythme, un véritable élan, ses phrases syncopées se liant en un chant qu’on voudrait dire à voix haute. (…)
Magnifique de poésie et d’émotion retenue, Trois âmes sœurs réaffirme le pouvoir de l'imagination et son potentiel de rébellion, la puissance de la création face à la répétition, la possibilité toujours vive de s’inventer. » Anne Pitteloud

« Brouillant les frontières entre le faux et le vrai, l'écrivaine suisse Martina Clavadetscher construit une intrigue perturbante autour de la filiation. Une quête nourrie de références cinématographiques, où la bataille entre naturel et artificiel est déjà périmée : ce qui compte, c’est la capacité de toutes ces femmes à s’unir pour désobéir. » Florence Noiville

« [Un] roman unique en son genre. (…) Ce qui fait une belle part de son intérêt et sa subtilité, c’est la façon dont il est écrit, construit et le fond du propos, à décrypter peu à peu. Ce roman parle beaucoup, je crois, de désobéissance. Et j’ai vraiment aimé ça. »

Une chronique à lire ici

« Trois femmes, dont l’une, Iris, est une IA, trois âmes sœurs vivant à des époques différentes, et qui ont en commun de se rebeller contre le destin qui leur a été assigné. Le roman, d’une construction rigoureuse, symétrique, comme une poupée gigogne à trois niveaux, est d’un abord déroutant et laisse des questions en suspens. La curiosité est en éveil d’un bout à l’autre. Une atmosphère singulière, à l’image des personnages qui le sont tout autant, est entretenue par une belle écriture évocatrice, cadencée, qui alterne prose classique et coupée. Le thème de l’intelligence artificielle prend finalement moins d’importance que ceux de la sororité, de l’imagination et de la libération des forces de vie. Un conte semi-fantastique original et prenant. » M.D. et E.M.

« Dans ce livre peu ordinaire, on suit les quotidiens de trois femmes dont les récits sont imbriqués les uns dans les autres. Trois décors et trois époques très variés ; le New-York futuriste à la Blade Runner, la Chine contemporaine et l’Angleterre victorienne avec Ada Lovelace. Malgré toutes les différences, ces trois âmes sœurs sont liées, elles vont presque mystérieusement, chacune de leur côté, inventer l’émancipation.

L’écriture incroyable rappelle le formidable A la ligne de joseph Ponthus. Martina Clavadetscher mêle le poétique au mécanique pour parler aussi bien de robot que d’amour, d’universel, de particulier, d’histoire et d’imaginaire. Si l’écriture de cet extraordinaire roman peut surprendre au début, on finit par se laisser porter pour vivre le destin de ces femmes et pour nous aussi nous soulever dans un grand élan d’insurrection, d’émotion et de création. Un gros coup de cœur ! »

Ecouter Aurore dans l’émission « Le coup de cœur des libraires » ici

« Trois femmes, trois destinées. La construction narrative habile de Trois âmes sœurs, faite de récits enchâssés, matérialise le lien mystérieux unissant ces personnages situés dans des lieux et des époques différentes, lien qui s’éclaircira au fil des pages. (…) Ce roman ne cesse d’interroger la frontière, déjà poreuse, entre le réel et l’artificiel. Parmi les personnages que nous croisons, lesquels sont humains ? Lesquels sont des machines ? Nous ne sommes jamais certains. (…) L’homme n’est-il pas, après tout, « la machine la plus triste qui soit » ? La question que pose l’auteure en filigrane de ce texte est d’une profondeur et d’une actualité brûlantes : qu’est-ce qui nous rend humains ? Nos sentiments ? Nos corps ? Ou sont-ce là des choses que les machines peuvent imiter ? La réponse tient peut-être dans notre capacité à désobéir. (…) Ce récit féministe, aux questionnements philosophiques, a valu à la Zougoise Martina Clavadetscher le Schweizer Buchpreis 2021. Signée Raphaëlle Lacord, la traduction rend parfaitement cette langue délicate et sensorielle avec laquelle Martina Clavadetscher parvient, en quelques mots bien choisis, à faire éprouver des atmosphères parfois lugubres. Les nombreux retours à la ligne qu’opère l’auteure dessinent l’espace sur la page et dictent le rythme de lecture. Le lecteur est happé dans les méandres de la fiction. Une puissance de la création qui, peut-être, est également ce qui fait de nous des humains : comme l’écrit l’auteure à la fin du récit, « notre plus grand pouvoir est celui d’inventer ». » Isaure Hiace

« Prix suisse du livre 2021, Martina Clavadetscher est une des voix les plus prometteuses de la littérature suisse du côté alémanique. Paru en été, Trois âmes sœurs réunit et bouscule des femmes et des époques, dans une écriture tantôt poétique, tantôt mécanique. »

Coups de cœur

« Si l’écriture de cet extraordinaire roman peut surprendre au début, on finit par se laisser porter pour vivre le destin de ces femmes et pour nous aussi nous soulever dans un grand élan d’insurrection, d’émotion et de création. Un gros coup de cœur! » Aurore

« Trois récits ardents imbriqués les uns dans les autres, circulant de femme en femme, racontent la nécessité de l'émancipation. Les machines, productions humaines bien souvent révélatrices de notre part monstrueuse, sont ici fort tristes et leurs créateurs quelque peu dépassés. Servi par une construction narrative vertigineuse (et un travail de traduction à saluer), ce roman-gigogne, ode à la liberté créatrice, célèbre les vertus de la désobéissance, sans renoncer à déranger. En attendant l'émergence de la meilleure génération… » Lucile

« Troublant, intime, décalé, ce roman bouleverse nos représentations de l'intelligence artificielle, des robots, de l'amour et des émotions en général. La fragmentation de l'écriture nous entraîne à tous petits pas dans l'étrange. Faites confiance au récit et laissez-vous surprendre! » Manon Picot

« Trois femmes. Trois époques. Un destin. Un texte qui capte l'ère du temps, l'ère des IA avec intelligence hybride du poète-philosophe-chasseur-cueilleur, c'est-à-dire que le futur serait les origines, que les origines auraient déjà bouffé le futur. Car tout s'imbrique dans une prose poétique, une universalité intemporelle, une danse des temps. Réussir dans un seul et même roman à nous poser le décor très XVIIIe dans les poches d'un futur proche, ou inversement, est une gageure en soi. De la basique mécanique au synthétique intelligent, de la chair à une autre chair. Et tout ça dans un fluide intime, réflexif, ouvert à mille méditations. » Fabien Bernier

Extrait

Tout le reste devient secondaire. Iris chuchote dans le silence.
Seul le bruit des glaçons accompagne son récit.
C’est à ça qu’on reconnaît le coeur d’une chose,
poursuit Iris.
Et je suis sûre que pour Ada aussi tout passa instantanément au second plan : la soirée donnée par Babbage, les messieurs de la Royal Society, les murmures dans la salle richement ornée, la chaleur de la capitale, de même que les manèges ou les marchands affairés qu’elle avait vus cet après-midi-là au bord de la Tamise ; tous les forains qui, sous des tentes de toile ou sur de petites estrades, présentaient des expériences terrifiantes et des découvertes exotiques, non, Ada le sut aussitôt, ce qu’elle venait de découvrir était mille fois mieux, mille fois plus intéressant que la pieuvre pâle dans son réservoir d’eau salée, les crocodiles à la gueule ligotée, les serpents venimeux dans des paniers en raphia, les joueurs de cartes, les cracheurs de feu, les têtes informes et chauves des haltérophiles, les femmes à barbe ou ce jeune bossu qui, main dans la main avec un singe tête de mort, déambulait dans le public pour récolter des pièces.
Le regard d’Iris glisse lentement sur la table dressée devant elle.
La nappe blanchie, le vase avec les pivoines, les plats vides, quatre assiettes, deux bougies – un monde feutré, crépusculaire, la lueur des flammes lèche le visage des auditeurs. Wollstone et Godwin attendent de connaître la suite. Leurs joues rougeoient, leurs lèvres sont à l’affût d’une question.
Seul Éric est assis là les bras croisés.
Iris prend une inspiration. Son excitation est audible.
Elle est dans son élément.

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