Écrits d’ailleurs
Parution Mar 2024
ISBN 978-2-88907-338-2
192 pages
Format: 140x210 mm
Disponible

Traduit de l'anglais par Marie-Odile Fortier-Masek

Écrits d’ailleurs
Disponible

Traduit de l'anglais par Marie-Odile Fortier-Masek

Romesh Gunesekera

Récifs

Écrits d’ailleurs
Parution Mar 2024
ISBN 978-2-88907-338-2
192 pages
Format: 140x210 mm

Traduit de l'anglais par Marie-Odile Fortier-Masek

Résumé

Triton, onze ans, est engagé comme domestique par Ranjan Salgado, biologiste passionné par les récifs coraliens et préoccupé par leur fragilité. Ceylan, futur Sri Lanka, 1962 : dehors, l’instabilité politique s’installe, mais à l’abri de la grande maison, Triton devient le cuisinier officiel de Salgado. Consciencieux et astucieux, il relate ses exploits aux fourneaux et la vie aux côtés de son maître et de ses familiers : Dias l’ami de toujours, ou la troublante Nili qui intégrera bientôt la maisonnée. Mais alors que le garçon s’épanouit et trouve sa place, le pays approche d’une guerre civile qui le déchirera pendant des décennies.

Auteur

Romesh Gunesekera

Né en 1954, Romesh Gunesekera grandit en parlant anglais et cinghalais, à Ceylan puis aux Philippines. Depuis 1971, il vit à Londres. Il est l’auteur de plusieurs livres en anglais, dont Récifs (1994), finaliste du Booker Prize.

Dans les médias

« Tout au long de Récifs, le romancier britannique Romesh Gunesekera, né à Ceylan en 1954, balance, par petites touches sensibles, entre plaisirs gastronomiques et bascule d’une société postcoloniale (…).

Récifs montre un Sri Lanka aujourd’hui disparu, tout en éclairant rétroactivement le chemin de réconciliation semé d’embûches emprunté depuis la fin du conflit entre Cinghalais et Tamouls. » Guillaume Delacroix

« Romesh Gunesekera, né à Ceylan en 1954, est l’auteur de ce roman de toute beauté, finaliste du Booker Prize. Un texte comme mille rêveries, récit d’apprentissage tranquille, de l’ombre à la lumière. Les tensions entre Tamouls et Cinghalais, les jeux de l’amour entre Salgado et Miss Nili, l’art de préparer une dinde farcie : tout s’éclaire peu à peu pour Triton. Puis, tout s’effondre. Reste la possibilité de quelque chose à sauver : le rêve d’un restaurant pour l’adolescent, et ce monde marin menacé que Salgado étudie inlassablement. » Gladys Marivat

« Ce roman se déroule dans un huit-clos, imprégné de culture européenne, où la vie s'écoule paisiblement, à l'abri de ce qu'il se passe à l'extérieur, tel un vaisseau d'un ancien temps qui vogue sur une mer qui commence à se déchaîner. (…) Récifs est un roman qui vous fera saliver, les plats préparés par Triton et les détails de leur préparation, est une véritable ode à la cuisine. Récifs devait également être l'occasion pour l'auteur de profiter de son histoire pour transmettre à ses lecteurs, un message quant à la fragilité de l'écosystème marin avec la destruction des récifs et de ses conséquences à long terme. »

Une chronique à lire ici

« Un délicieux roman d’apprentissage au style poétique de l’innocence enfantine et qui donne à voir et à déguster la fin d’un monde face à l’émergence d’un autre. Pour Romesh Gunesekera, « tout roman est politique » en ce qu’il « propose un point de vue alternatif, la narration étant la seule autorité ». Pari réussi avec Récifs ! En décentrant le regard, Il éclaire et montre le monde du point de vue du déraciné. »

Camille Douzelet et Pierrick Sauzon à lire ici

« Avec ce livre, lecteurs et lectrices ont soudain 11 ans eux aussi. Ils regardent les adultes s'affairer et les ustensiles tournoyer, s'imaginent qu'ils ne pourront jamais tout apprendre ni tout connaître, découvrent le plaisir qu'il y a à donner du bonheur avec une assiette, comprennent que la cuisine est un langage qui veut dire beaucoup. On a pu ressentir cela récemment avec La Passion de Dodin Bouffant, si beau film de Trân Anh Hùng, et Récifs prolonge l'expérience avec ravissement. »

Une chronique de Thomas Messias à lire ici

« On est à Ceylan, bientôt Sri Lanka, en 1962. A l’extérieur la violence est partout. Dans la maison, avec ou sans invités, règne une harmonie, un ordre bientôt chavirés. Réédition d’un merveilleux roman paru au Serpent à plumes en 1995,dans une traduction revue par la traductrice elle- même. » Claire Devarrieux

« Si le monde extérieur ne pénètre ainsi dans la bulle de la grande maison que sous forme d’échos, son impact n’en est pas moins bien réel. C’est en fait tout le combat de Triton, son employeur et la compagne de ce dernier pour mener une vie à leur mesure, protégée, qu’évoque le récit. Marqué par le profond attachement – réciproque – entre le maître et le domestique, cet effort inexorablement voué à l’échec pour maintenir à l’extérieur la montée des violences s’appuie beaucoup sur… la cuisine. Les talents culinaires de Triton, son inventivité, son désir d’explorer sans cesse de nouveaux domaines gustatifs jouent un rôle central dans la bonne marche de la maison et le contentement de ses habitants – jusqu’à ce que cela ne suffise plus, bien entendu. En attendant, le lecteur aura été régalé par de nombreuses descriptions de plats sri-lankais et autres. Un roman plein de saveurs délicates à déguster ! »

Une chronique de Patrick de Jacquelot à lire ici

« (…) Tout cela se déroule à la périphérie des yeux attentifs de Triton. Récifs a ses pudeurs. Nul besoin d’être précis sur les malheurs de l’île du sous-continent indien (la guérilla tamoule n’est même pas encore un spectre). Ce roman de formation se concentre sur l’éveil d’un enfant. Sur la relation avec son maître, une sujétion qui devient sublimation paternelle. (…)

Ce court roman, à la nostalgie poignante mais viable, est un très beau coquillage mi-opalescent mi-irisé. Le souvenir d’une poignée de trépassés et de survivants s’y est réfugié. La littérature est un long collier enfilé de mondes perdus. Romesh Gunesekera y a remarquablement apporté sa perle. » Thibaut Kaeser

« Dans une langue sensuelle et minutieuse, l’écrivain sri-lankais Romesh Gunesekera se délecte à décrire les plats mitonnés par Triton, qui font le délice des nombreux invités qui se présentent à la table de Mister Salgado. D’abord apprenti coupeur d’’oignons – « l’omniprésence de l’oignon qui revient et revient comme s’il était le pouls de notre vie culinaire » -, Triton devient à force d’obstination et de malice un cuisinier hors pair à qui aucune recette ne résiste, surtout pas la dinde de Noël rôtie à souhait. (…)

Mais derrière les hauts murs de la maison, la guerre civile gronde entre Cinghalais et Tamouls. Assassinats, enlèvements, disparitions deviennent le sombre quotidien. Mister Salgado et Triton n’ont d’autres choix que de quitter le Sri Lanka pour les brumes de l’Angleterre, l’un sombrant dans la mélancolie, l’autre écumant les bibliothèques, apprenant à conduire, s’affranchissant peu à peu de sa condition d’orphelin tout en veillant, dans un doux renversement de situation, comme un père sur son maître adulé. » Laurence Péan

« Dans le Ceylan d’avant la guerre civile, un enfant apprivoise le monde des adultes à travers la cuisine. Un subtil roman de formation dans un pays au bord du gouffre. (…)
[Le regard de Triton], d’une extrême acuité, son appréhension intuitive des conflits à venir, entre un univers archaïque, nourri de mythes et le capitalisme ravageur, donnent à son récit un chatoiement enchanteur. » Isabelle Rüf

« Pour qui ne connaît de Ceylan que le thé, rien n’est plus sauvage et bouleversant qu’un voyage entre les pages d’un livre, au bout du monde. (…) Disons-le d’emblée, c’est une merveille. Que nous importe le ridicule des superlatifs, il est essentiel, urgent, chouette en un mot, que vous vous le procuriez. C’est l’histoire d’un enfant qui devient le cuisinier d’un biologiste, en 1962, dans un pays que menace une guerre d’épouvante. L’action l’emporte ici sur le commentaire. Mais les effets ne manquent pas, qui surgissent des silences, de l’observation des comportements. C’est le grand art, celui qui demande à la fois le sens de la justesse du trait, la méticulosité quand il s’agit des mots, la discrétion – l’écrivain semblant se mettre en retrait derrière les caractères et les sentiments des personnages. » Frédérick Casadesus

Coups de cœur

« Tout au long de ce roman délicieux et attachant, Triton séduit par son émerveillement permanent face aux beautés du monde, qu'elles soient féminines ou coralliennes! » Kieu Mai

« Voici un roman délicat sur la fragilité du monde et la perte de l'innocence, tout autant qu'une déclaration d'amour à l'art culinaire. » Brindha Seethanen

« Le récit du quotidien de ces personnages attachants nous plonge dans une humeur voyageuse, dans un temps un peu suspendu… » Valérie Saliou

« On aime! Le livre-mémoire d'un âge d'or de bonheur, la douceur du quotidien, un cadre enchanteur… à l'orée d'un monde qui change. » Ségolène Méheut

« Dans ce roman d'apprentissage lumineux, épicé, parfumé, la description des recettes concoctées par Triton nous met l'eau à la bouche, et la nostalgie du paradis perdu laisse finalement la place à l'accomplissement d'un homme et de ses rêves. » Nilala Siméon

Extrait

Certains soirs, je m’asseyais par terre à côté de Lucy-amma pour écouter les histoires d’autrefois. Elle avait connu Mister Salgado petit garçon quand elle élevait son propre enfant, elle avait connu le père de Mister Salgado enfant, quand elle-même était enfant. Elle avait servi du whisky et du café au grand-père de Mister Salgado, lors des émeutes de 1915. Elle avait vu des hommes politiques à la moustache en guidon de vélo, à la houppe retenue par une barrette en écaille, en jaquette et sarong fileté d’or, pieds nus dans leurs chaussures du dimanche. Elle avait vu les spencers le céder aux chemises à la Nehru; l’argenterie de Sheffield se faire détrôner par des cuillères en bois de cocotier. Mais sa cuisine et son fourneau à bois – deux pierres noires à l’extérieur de la cuisine – eux, ne passeraient pas. Le riz mettrait toujours vingt minutes à cuire et si l’on soulevait le couvercle avant que l’eau commence à frémir, tout serait gâché; de même, expliquait-elle, la seule manière de savoir si une noix de coco était fraîche ou non, c’était de la secouer et vous ne pouviez pas faire de polsambol sans la casser. Le goût de la cuisine n’était pas une affaire de mode, disait-elle: la façon dont on avale la nourriture et celle dont on fait des enfants n’avaient pas changé au cours de l’histoire humaine.

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