Poche
Parution Août 2023
ISBN 978-2-88907-269-9
208 pages
Format: 105x165 mm
Disponible

Préface de Daniel Maggetti

Zoé Poche
Disponible

Catherine Colomb

Pile ou face

Zoé Poche
Parution Août 2023
ISBN 978-2-88907-269-9
208 pages
Format: 105x165 mm

Préface de Daniel Maggetti

Résumé

Lausanne, un soir de mars 1929. En attendant le retour de son mari, Élisabeth L. imagine une vie sans lui : un appartement mieux chauffé, moins de tâches ménagères. Mais voilà Charles, renfrogné sous son chapeau, qui rêve de se consacrer à l’écriture, enfin débarrassé d’épouse et d’enfant. Thérèse, leur fille, arrive à son tour, broyée par un chagrin d’amour. On passe à table.
Le portrait incisif d’une famille terriblement ordinaire, où les aspirations des uns empoisonnent en silence celles des autres.

 

Autrice

Catherine Colomb

Catherine Colomb (1892-1965) a fait des études de lettres à Lausanne, entrecoupées de séjours en Allemagne, en Angleterre et à Paris. Mère de deux enfants, elle consacre à l’écriture le temps qu’elle arrache à sa vie familiale. Avec ses romans Châteaux en enfance (1945), Les Esprits de la terre (1953) et Le Temps des anges(1962), elle est considérée comme un des écrivains les plus novateurs du XXe siècle en Suisse romande.

En 2022, le Centre des littératures de Suisse romande, l’Université de Lausanne et Chahut média réalisent « Aux abîmes de la mémoire », un podcast de quatre épisodes, pour (re)découvrir cette auteure majeure: https://www.podcastics.com/podcast/episode/catherine-colomb-aux-abimes-de-la-memoire-205782/

 

Dans les médias

« Pile ou face, c'est le jeu qui occupe les solitaires dans les cafés, quand elles ne regardent pas les passants déambuler. C'est aussi le titre d'un incroyable roman de Catherine Colomb, écrivaine romande majeure que les Éditions Zoé viennent de rééditer en poche. Paru en 1934, il constitue une satire cruelle de la petite bourgeoisie vaudoise. Le mariage est décrit comme un horizon terne et décevant, mais la liberté rêvée est à peine plus tentante. L'ironie parcourt tout le texte, mordante et fraîche comme un moment de solitude sur une terrasse. » Géraldine Savary

« Ces trois êtres évoluent dans l’appartement exigu sans jamais s’effleurer. L’incompatibilité manifeste entre le mari et sa femme donne lieu à des scènes à l’ironie incisive (« Et voyant sa pelote de laine à terre, il se baissa machinalement pour la ramasser. C’était le seul service qu’il lui rendît jamais, et justement le seul inutile. »). Derrière ce couple mal assorti, Catherine Colomb semble se faire une joie de détruire le mirage que représente l’institution du mariage. Calculs financiers, rivalités petites-bourgeoises, méprises constantes : rien ne résiste à sa plume, surtout pas le désir romantique.

(…)

L’écriture est percutante, pétrie de lucidité et de douleur, criblée de comparaisons fulgurantes (« Son amour était comme ces crevasses qu’on a en hiver au coin du pouce ; elle se heurtait à chaque objet. ») qui sont autant de pépites à la fois mordantes et désolées. C’est cette ambivalence déchirante, laquelle s’affranchit sans aucune retenue des convenances de l’époque, qui nous saisit au tant à la lecture du texte. Comme le souligne l’écrivain Daniel Maggetti dans sa préface, ce premier roman constitue « le socle nécessaire à l’édification de l’œuvre à venir, dont le soubassement, on l’aura compris, repose sur des décombres intimes ». La modernité avec laquelle Catherine Colomb s’empare de ses empêchements, déconvenues et échecs personnels pour attaquer l’hypocrisie du mariage, les injustices dont les femmes sont victimes ainsi que la petitesse des mentalités bourgeoises est remarquable. C’est ce qui explique sans doute sa reconnaissance trop tardive, elle qui était néanmoins admirée de son vivant par les poètes Gustave Roud et Philippe Jaccottet, et qui est désormais considérée comme une des plus grandes autrices de la Suisse romande, au même titre que sa contemporaine Alice Rivaz. » Camille Cloarec

« Un père, une mère, leur fille, chacun empêtré dans une insatisfaction poisseuse, ruminent : l’un sa volonté d’écrire, l’autre, d’être ailleurs (à propos de son époux : « Comme je l’aimerais, si je l’aimais ! »), la troisième, le désespoir d’un chagrin d’amour. C’est d’un gris flamboyant et d’un féminisme si subtil… Le présent y est inhabitable, et le passé, le contraire d’un refuge : « Décidément, il n’y a pas de place dans le monde pour ceux qui ont de la mémoire. » L’issue, fatale, est d’un fait divers.
Ces “scènes de la vie quotidienne” (sous-titre envisagé), qui sont aussi des “scènes de la vie intérieure”, d’un pessimisme dru accentué par l’absence de pittoresque, n’évoquent qu’une seule autre grande romancière, romande et occultée elle aussi, puis redécouverte en 2015 grâce à Zoé : Alice Rivaz, la Tchekhov suisse. » François Kasbi

« Catherine Colomb plonge dans la vie de cette famille suisse normale, où l'homme ramène l'argent à la maison et compte chaque centime qu'il permet à sa femme de dépenser ; où la femme rêve à des activités propres, autre que de donner des ordres à la domestique qui ne lui convient jamais ; où la fille désespère de gagner son indépendance pense-t-elle ! – grâce à un homme qui l'épouserait et l'aimerait enfin.
Un court roman tragique sur la société suisse de l'après-guerre, inspirée de la vie de l'autrice qu'on a plaisir à redécouvrir grâce aux éditions Zoé ! » Mathilde Ciulla

« D’une plume mordante de lucidité, sinon désabusée, Catherine Colomb sondait les dissonances relationnelles et les échecs amoureux. Cette auteure compte toujours autant. » Thibaut Kaeser

Coups de cœur

« Dès 1929, on joue sa vie à pile ou face! Avant Mona Chollet et Simone de Beauvoir, Catherine Colomb imagine une vie sans mari, sans homme…et quelle vie! Avec ironie mais tendresse, ce roman est féministe avant l’heure. » Lucie

Extrait

Mais pourquoi ne rentrait-il pas ? Le flot des passants s’éclaircissait déjà ; il était dix-huit heures et demie.
Mon Dieu ! un accident était si vite arrivé…
Elle pourrait tout juste vivre seule avec l’assurance-vie de son mari ; Thérèse allait terminer ses études et partirait prochainement pour l’Angleterre ; elle se marierait bientôt sans doute. Elle pourrait donc prendre un appartement de deux pièces, chauffage central général, service d’eau chaude, dévaloir, peut-être même un frigorifique. L’idéal serait d’avoir un restaurant dans la maison et de pouvoir se contenter du service d’une femme de ménage ou d’une petite volontaire.
— Voici, Emmy ; vous n’aurez que ces deux pièces à faire, le thé, le souper, la vaisselle ; pas de charbon à monter ni de balayures à descendre…
Par exemple, elle ferait raccommoder dorénavant ses bas par la bonne. Trente francs de gages seraient bien suffisants ; douze fois trente font trois cent soixante ; cinq francs de gaz par mois, soixante francs par an… Se coucher à neuf heures du soir…
Adieu veau, vache, cochon, couvée. M. L. s’avançait sur le trottoir, sa serviette sous le bras. Hélas ! Son chapeau est furieusement incliné en avant. Du reste, on ne peut s’attendre à mieux un lundi ; ce n’est guère que le vendredi à midi qu’il rentre du Collège le chapeau posé droit sur la tête et faisant sonner dans sa poche son trousseau de clefs… Elle soupira et referma la fenêtre.

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