Marie Typhus, c’est une page inédite de la mythologie américaine, un chapitre jusqu’alors jamais écrit de l’histoire des monstruosités. Jürg Federspiel reconstitue, à partir de quelques indices et d’une légende, la destinée de la plus spectaculaire porteuse de typhus de tous les temps.
Par un glacial matin de janvier 1868, Maria Caduff, originaire des Grisons, alias Mary Mallon, débarque à New York d’un bateau d’immigrés. Comme ses infortunés compagnons, la jeune orpheline est une rescapée du typhus qui a décimé les voyageurs. Son charme fatal lui gagne la louche sollicitude d’un vieux médecin de service qui lui permet de passer entre les mailles du cordon sanitaire. Dès lors, la jeune fille, une habile cuisinière, contaminera à son insu ceux qui l’approcheront de trop près. Marie, la terrible innocente, traverse la misère crasse, les rapports humains cyniques, les barrières de classes irréductibles qui font le vrai visage du Nouveau Monde. Cet Ange de la Mort (étrangement, elle ne succombe pas à la maladie qu’elle colporte) devient un symbole fabuleux : elle incarne tous les virus, toutes les pestes que la vieille Europe rêve d’exporter en Amérique.