Les histoires bien tournées me plaisent infiniment, les commentaires y abondent. Pourtant, je n’ai guère eu l’occasion d’écouter autre chose que des récits qui sont comme la pointe d’un iceberg. Et j’ai toujours eu la sottise de poser des questions.
Devi, la narratrice, déclare d’emblée son amour des histoires. Petite fille de l’Inde du Sud, elle a écouté les contes de sa grand-mère sur les déesses guerrières et les nobles épouses prêtes aux plus grands sacrifices – ces légendes fabuleuses qui brillent tout au long du roman. Pourtant, quand elle se retrouve femme, dans un mariage arrangé avec un homme qu’elle n’aime ni ne déteste, dans une vaste demeure vide entourée d’un jardin trop ombragé, elle dérive loin du secours des mythes. Seule la musique saura encore la toucher et l’entraînera vers une vie irrémédiablement hors des normes.
Si le monde évoqué ici est exotique, il est en même temps familier, comme si les désirs et le destin de cette jeune femme indienne contenaient les rêves et les cauchemars de toutes les femmes.
Avec une grande maîtrise du récit où légendes et événements s’imbriquent, avec un art consommé du dialogue, Githa Hariharan mène brillamment son premier roman.